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Accueil du site > Tribune Libre > Faut-il des programmes ?

Faut-il des programmes ?

L’un des principaux arguments qu’opposent à Ségolène Royal ceux qu’indispose son irrésistible ascension dans les sondages serait son absence supposée de programme.

Je ne sais si cette candidate potentielle maintiendra jusqu’au bout de son parcours l’attitude consistant à renvoyer ceux qui l’interpellent sur cette question au futur programme du Parti socialiste. Je ne sais pas non plus si sa popularité d’aujourd’hui persistera suffisamment pour la faire sélectionner par le Parti socialiste et pour la faire élire, le cas échéant, par les Français. Mais je dois dire que sa réticence au moins apparente à s’engager dans la course aux programmes, que confirme encore son interview dans Les Echos de ce matin, retient favorablement l’attention, à vrai dire aux côtés de quelques autres traits de son discours, en dépit de quelques scories ici ou là.

On ne dira jamais assez le mal qu’ont fait à la France et aux Français les "programmes" de ceux qu’ils portent à leur tête. Le général de Gaulle n’avait pas de "programme". Il avait des convictions et une vision de la France, et cela suffisait. Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing, malgré quelques dérapages, s’étaient tenus grosso modo à cette ligne. C’est avec François Mitterrand que les choses ont changé. Désormais les présidents de la République ou les futurs Premiers ministres de cohabitation se sont fait élire ou choisir sur une liste de promesses et d’engagements qui devait être mise en oeuvre en "cent jours" ou pendant la législature ou le quinquennat.

Certes, proposer un "programme" pour se faire élire a toutes les apparences d’une démarche démocratique. Mais en réalité il s’agit d’un attrape-nigaud. Le bon sens populaire le sait bien quand il se réfère aux promesses qui n’engagent que ceux qui les reçoivent. Et encore, ce qui peut arriver de mieux à certaines de ces promesses, c’est qu’lles ne soient pas exécutées. La France ne se porterait-elle pas mieux si les "programmes" des uns et des autres n’avaient conduit à réduire la durée du travail quand la question du financement des retraites commençait à se poser, à baisser les impôts quand la situation des finances publiques imposait de les stabiliser, sinon de les augmenter, à accroître le nombre des fonctionnaires par des titularisations massives quand il fallait songer à le réduire, à supprimer hâtivement les mesures d’aide à l’emploi, mises en place par les prédécesseurs, au lieu de les maintenir avant de les rétablir, à finasser sur les frontières du secteur public alors qu’il fallait privatiser sans faiblir ? La liste est longue des mesures, issues des "programmes", sur lesquelles, une fois qu’elles ont été mise en oeuvre, il a fallu revenir, directement ou indirectement, au prix souvent de difficiles contorsions et en ayant perdu beaucoup de temps pour le pays.

Ce résultat n’est pas pour étonner quand on observe le mode d’élaboration de ces "programmes". Le plus souvent la source principale en est des comités "d’experts" constitués plus ou moins spontanément autour des candidats. Ces "experts" relèvent de quatre catégories : ceux qui, ayant exercé des fonctions importantes au cours de la période précédente, ont une revanche à prendre, mais n’ont plus depuis plusieurs années la connaissance directe de leur domaine d’expertise supposé ; ceux qui, occupant des positions de haut potentiel dans l’appareil gouvernemental, aspirent à entrer dans le premier cercle à la faveur de l’élection, mais n’ont pas encore l’information globale et l’expérience qui permettraient de garantir la fiabilité de leurs avis ; ceux qui, venant de l’extérieur et souvent frustrés d’une carrière publique dont les circonstances les ont privés, croient dangereusement avoir la solution des problèmes qui se posent ; ceux, enfin, qui viennent défendre des causes idéologiques ou catégorielles et n’ont pas pour préoccupation première l’intérêt général.

La conséquence est que le candidat ne peut pas avoir la certitude de disposer, à travers ces personnes, d’un diagnostic exact et à jour de la situation qu’il trouvera réellement si les Français lui confient la responsabilité du pays. S’engager sur les mesures concrètes qu’un "programme" est supposé inclure constitue donc un exercice à la fois périlleux et irresponsable.

Dès lors, sur quoi l’électeur peut-il fonder sa décision ? Ce qui semble déterminant, c’est de connaître les convictions, la vision, la méthode et, si possible, le caractère du candidat. Pendant les cinq années où le futur président sera en fonction, les situations changeront et des circonstances imprévues surgiront. L’important est de se convaincre de la capacité du candidat choisi à y faire face, et d’être d’accord avec lui sur l’essentiel, sur lequel il ne transigera en aucun cas. L’important est aussi de s’assurer que sa vision du pays est en accord avec ce que devraient être, aujourd’hui, au jugement de chacun, ses vraies priorités.

Bien entendu, les points de vue des électeurs seront nécessairement différents au sujet des convictions qui importent ou de la hiérarchie des priorités. Mais si le débat reste à ce niveau, il aura le mérite de porter sur l’essentiel, et ne s’engluera pas dans des discussions surréalistes, opposant de manière stérile telle mesure à telle autre mesure, alors que la situation du pays pourra et devra conduire celui ou celle qui le gouvernera à adopter, au plan opérationnel, une tout autre approche, dictée par les circonstances réelles du moment, sans qu’il renonce pour autant à ses convictions ni à sa vision.


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39 réactions à cet article    


  • Marsupilami (---.---.63.98) 19 mai 2006 13:16

    Ouaf !

    Evidemment, tout ça c’est la faute à Mitterrand...

    Je trouve parfaitement hallucinant qu’on puisse élire un homme politique sans programme. Il faut vraiment être un ultracapitaliste pour avoir ce genre de « pensée ». Si on ne l’élit pas sur un programme, on l’élit en fonction de quoi ? De la longueur de son nez ? De la marque de ses chemises ? De la sympathie qu’il inspire ? De ses prouesses télévisuelles ? De son compte en banque ? De sa religion ?

    Cet article c’est le degré zéro de la réflexion politique.

    Houba houba !


    • lulu07 (---.---.166.183) 19 mai 2006 14:14

      Mieux vaut une vocation qu’un « programme » fait de fausses promesses ! Si un candidat montrait une conviction pure et dure, il serait de ce fait beaucoup plus crédible que tous les autres déballant une armada de mensonges pour se faire élire. Maintenant si vous préférez ces derniers, soyez heureux en France il n’y a que ça... Voyez ou cela mène (que ce soit des personnages de gauche ou de droite...)... à rien, voire à une régression.


    • Marsupilami (---.---.40.93) 19 mai 2006 15:05

      Ouaf !

      1) Je suis heureux en France, vu que le bonheur ne se réduit pas à la politique, heureusement...

      2) Tes propos sont démagogiques, comme ceux de l’auteur de cet article. Il faut vraiment être le dernier des naïfs pour croire à toutes les promesses électorales d’un candidat, de quelque bord qu’il soit. Il faut tout autant être le dernier des naïfs pour penser qu’un candidat élu n’essaiera pas de faire appliquer une certaine partie (variable selon les conditions économiques, sociologiques, nationales et internationales qui seront celles de la période où cette application devra se faire) du programme pour lequel il a été élu.

      3) Un candidat sans programme, c’est comme un coutelier vendant des couteaux sans manche auquel il manque la lame.

      4) Mais vu l’état de déliquescence où se trouvent nos sociétés abruties de pub et de consumérisme, il n’est pas impossible qu’un jour les candidats à des postes politiques soient les vainqueurs sans programmes de téléréalité. Ce jour là, je ne voterai plus...

      Houba houba !


    • Antoine (---.---.216.56) 20 mai 2006 08:57

      @lulu07

      Il y a des vocations suspectes parfois ?


    • davideo (---.---.94.118) 19 mai 2006 13:27

      Ségolène sera autant candidate aux élections présidentielles que Jacques Delors l’a été en son temps, plébiscité lui aussi comme elle pour l’être. La France est une femme à conquérir.


      • spiritstm (---.---.198.150) 19 mai 2006 13:37

        C’est amusant, selon la grande tradition gaulliène, l’élection présidentiel était la rencontre entre un homme et le peuple français.

        C’est vrai que cette histoire de programme m’a toujours fait rigoler.

        L’hôte actuel de l’Elysée, salué à l’époque pour sa vision de la fracture sociale (et accessoirement le cultissime « mangez des pommes ») a dit que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » ce qui en disait long sur la valeur qu’il accordait aux programmes. Quand à faire ce qu’il dit...on a vu.

        Le « on va faire ceci ou cela lorsqu’on sera élu » relève plus d’une tromperie qu’autre chose. Tromperie parce que le dit programme sera le plus souvent parfaitement inapplicable parce que contradictoire en lui même et double tromperie parce que le contexte économique et social évoluant sans cesse, une idée qui paraitra bonne au moment de l’élection ne le sera plus quelques mois plus tard.

        Mais au PS on touche le fond puisque le candidat désigné ira à la rencontre des français avec un programme imaginée par d’autres...grosso modo un candidat à la présidence relégué au simple rang de VRP d’un parti.

        Ce principe n’a pas été inauguré par mitterand loin de là ( LO et LCR pratiquent cela depuis longtemps) mais il a été le premier à être élu sur ce principe...et il a été le premier à ne pas respecter son programme un an plus tard. Son successeur n’a pas fait mieux depuis.

        Le prochain, à gauche comme à droite d’ailleur respectera surement la même règle programmatique, qu’il ne respectera pas une fois élu, circonstance social et économique oblige (ah ces satanés circonstances sociales et économique...du pain béni)


        • Marie Pierre (---.---.1.17) 19 mai 2006 13:38

          Le plus drôle, c’est le lien publicitaire « gagnez 7500 € par mois » !!! Tout un programme !!!

          Mais, tous ces experts frustrés (selon vous), qui élaborent des programmes pour la candidature, ne se manifesteraient pas par la suite ? Ils seraient nommés Conseillers et feraient ce qu’ils voudraient !

          Celui qui désire revenir sur la Séparation des Eglises et de l’Etat, ne devrait-il pas l’annoncer clairement ? Grrr


          • Marsupilami (---.---.40.93) 19 mai 2006 14:09

            Ouaf !

            Comment Marie-Pierre ? Tu ne vas pas voter pour le petit Nicolas Sarkozy, l’homme providentiel qui veut faire don de son agitation frénétique à la France ?

            Quelle ingrate...

            Houba houba !


          • Jojo2 (---.---.255.244) 19 mai 2006 14:23

            Faut être juste. Il prend des risques...


          • Jojo2 (---.---.255.244) 19 mai 2006 14:25

            J’espère que les censeurs d’AVox comprennent le 2ème degré...


          • Kelsaltan (---.---.178.45) 19 mai 2006 14:27

            Hum... revenir sur la laïcité risque bien de déclencher une agitation à côté de laquelle celle du CPE ferait figure de p’tit fête de village entre quat’yeux. Ceci-dit, même si cela me paraît peu probable qu’il s’y risque, l’intention reste inquiétante car elle concerne l’un des pilliers de nos institutions et en ce qui me concerne de mon identité.


          • Marie Pierre (---.---.40.106) 19 mai 2006 16:48

            Je crains que les propos sur la réforme de la Séparation des Eglises et de l’Etat ne soient soutenus : trop de monde aimerait revenir là-dessus : les cathos en rêvent, les nouveaux fervents religieux verraient là des occasions de se faire offrir et entretenir des lieux de culte. Même les Témoins de Jehovah qui ne sont pas (encore) considérés comme secte.


          • Jojo2 (---.---.255.244) 19 mai 2006 14:16

            Difficile de donner un programme quand on n’a plus de levier économique. On se cantonne alors aux grands principes, on fait des moulinets (immigration, insécurité, fonctionnaires...) pour flatter l’électeur dans le sens du poil, l’oeil rivé aux sondages.

            Bon. J’ai quand même lu que Ségo est pour la famille (qui est contre ?), et l’assouplissement des 35h (qui est contre ?)...


            • Marsupilami (---.---.40.93) 19 mai 2006 14:46

              Ouaf !

              Et la reine Ségolène a demandé ce matin qu’on ne parle plus de « Royalisme » pour caractériser son « idéologie », mais de « Ségaullénisme ».

              Tu parles, Charles !

              Houba houba !


            • Antoine (---.---.203.171) 19 mai 2006 23:27

              le plus fou, l’obligation envisagée de se syndiquer ...eh ben, comme atteinte aux choix privé c’est du joli !


            • moniroje (---.---.246.62) 19 mai 2006 18:07

              Sans programme, on est dans le flou. Et ceci est à l’avantage de Segolène : le silence est d’or ; en plus elle est mignonne, classieuse ; elle est femme ; vaguement l’esprit de famille, ça plaît, c’est moral ; elle semble comme il faut, allant à l’église le dimanche... Qu’elle dise qu’elle assouplirait bien les 35 heures, ce n’est pas une incongruité de gauche car tous les socialistes sont bien obligés d’admettre la cata qui s’en est suivie. Moi, je la trouve maligne, futée. Evidemment que le peuple n’est pas dupe : ces assoiffés de pouvoir nous promettent monts et merveilles qu’ils tiennent plus ou moins devant la réalité de gouverner. Mais cela nous sert pour avoir une idée du bonhomme et comment il va agir. C’est grâce à ces programmes qu’on a une vue de ce qui va nous arriver avec celui qui propose. Vue faussée, certes et effectivement depuis Miterrand ; je me rappelle qu’il m’avait promis:fini les essais nucléaires (et c’est avec lui que la France en a fait un max), plus de ventes d’armes à l’étranger et jamais nos autoroutes ont vu autant de camions remplis de missiles, pleins de Mirage à notre ami Saddam, etc. mais bon, yen avait marre de cette droite giscardienne pourrie de diams : je connus ainsi une gauche caviar pourrie de sang contaminé et de Crédits Lyonnais ; qu’importe que cette gauche fut à fond à droite ; grâce à elle au pouvoir, je vis Fabius à la télé décidant que nos mines fermeraient, notre Alsace Lorraine en catastrophe et il n’y eut aucune manif dans les rues ; ça aurait été un gouv de droite, ça aurait été la révolution ! Alors, restons lucides : pas de programme = soit rien dans la tête, soit mieux vaut ne pas dire ce qui va vous arriver si je gagne. Nous allons avoir le choix ; nous allons être souverains, alors ne tombons pas dans l’orchestration de la pensée qu’essaie de nous imposer les médias avant 2007 : programmes ou pas, devinons celui ou celle qui puisse faire le mieux pour la France, pour nous.


              • www.jean-brice.fr (---.---.46.57) 19 mai 2006 20:38

                M. BILGER : ce n’est pas un programme qu’il nous faut, mais changer de POLITIQUE ! LISEZ RUEFF, après nous en parlerons ...


                • www.jean-brice.fr (---.---.132.244) 26 mai 2006 20:38

                  Quant à Mme HOLLANDE, nous sommes sûrs qu’elle ne changera pas la politique actuelle qui est celle du chien crevé au fil de l’eau ...


                • Antoine (---.---.203.171) 19 mai 2006 23:23

                  Oui, il faut des programmes et c’est l’avenir d’une démocratie bien gérée.

                  Pourquoi ne pas imaginer que les formations politiques soient obligées légalement de publier leurs programmes avec les précautions que l’on peut imaginer et en faire une publicité encadrée ds un prescrit légal lui aussi.

                  Le but:faire du feedback citoyen et démocratique.

                  Comment ne pas se lasser du marketing politique ?

                  D’entendre un candidat faire l’éloge de Blair et de se dédire tout aussitôt, de surfer sur les idées à la mode quand on devine celles-ci éphèmères et seulement porteuses, de voir un ministre (belge cette fois) faire une campagne contre le sida alors que c’est la corruption de son parti qui fait la une des journaux 1 an plus tard (il aurait mieux valu qu’il dise son désir de réformer la formation qu’il préside) ; ces faits donnent des petits boutons aux électeurs et surtout aux personnes sensées.

                  Et donc personnellement, je trouve qu’il faudrait penser et appliquer un système permettant les évaluations, les appréciations plus réelles, tout en sachant que la poltique est aussi affaire de pragmatisme quotidien.

                  Vers plus de transparence de l’action des formations politiques et des élus ne me semble pas une mauvaise idée.


                  • duong (---.---.194.89) 21 mai 2006 22:00

                    Entièrement d’accord : chaque candidat devrait être obligé de publier un programme AVEC MENTION OBLIGATOIRE DU FINANCEMENT.

                    Les commentaires le prouvent, l’article de monsieur Bilger ne fait qu’acter l’agonie de la démocratie.

                    Les élites ne se sentant plus capables de gérer les fonctionnements démocratiques, elles préfèrent la laisser mourir et la remplacer par des illusions. D’où la cabale montée par le Nouvel Obs et le Monde avec la direction du PS (sans parler qu’on peut s’interroger sur la présence massive de maçons parmi les principaux soutiens à Ségolène Royal).

                    Faut-il laisser mourir la démocratie ?


                  • duong (---.---.194.89) 21 mai 2006 22:04

                    Le fait de prendre De Gaulle comme exemple est d’ailleurs assez significatif : De Gaulle était le contraire d’un démocrate.


                  • duong (---.---.194.89) 21 mai 2006 22:15

                    Sinon, il faut quand même souligner que la plupart des réformes actuellement en question sont des réformes structurelles, pour lesquelles la situation n’est pas susceptible de changer significativement.

                    Pour la démocratie, il est nécessaire qu’il y ait débat sur ces réformes avant les élections ... il faudra aussi un débat au moment de la préparation du projet, mais le seul moyen d’avoir idée des arbitrages qui seront rendus par les dirigeants ELUS, c’est d’entendre les candidats s’exprimer très précisément sur le fond des réformes.

                    Par ailleurs, aucun programme n’est complètrement engageant : en revanche, c’est un excellent exercice démocratique de demander aux dirigeants pourquoi ils ont dû changer le projet ou y renoncer, ce qui a changé dans les situations, dans les contraintes...


                  • (---.---.153.60) 22 mai 2006 15:06

                    eh bien alors c’était quoi pour toi, un dictateur ?


                  • www.jean-brice.fr (---.---.159.136) 23 mai 2006 09:11

                    pour duong : sauf que DE GAULLE a donné une leçon de démocratie en avril 1969 en quittant le pouvoir après le réfendum ; ce que n’ont pas faits ses successeurs MITTERRAND et CHIRAC !!!


                  • duong (---.---.123.107) 23 mai 2006 12:34

                    Pour moi, le comportement de De Gaulle sur le référendum n’était pas un comportement démocrate, car il entretenait la confusion entre la question précise posée et le plébiscite personnel. C’était un détournement profond de la notion du référendum.

                    Au fond, cette notion du plébiscite permanent" était au coeur des institutions actuelles, voulues par De Gaulle, puisque selon Marie-France Garaud, même la cohabitation (dont la possibilité figure pourtant clairement dans le fonctionnement de la Ve république) était un détournement profond de la Ve république.

                    Or, avec la complexité des questions posées à l’heure actuelle, fonctionner par plébiscite permanent sur des personnes, cela revient à refuser le débat sur les sujets de société, sur les choix de société divers, complexes et délicats, et qui nécessitent tous des réponses différentes. Beaucoup parlent même de développer beaucoup plus la procédure du référendum sur ces questions, mais si référendum et plébiscite sont confondus comme le voulait De Gaulle, c’est complètement impossible !


                  • www.jean-brice.fr (---.---.128.150) 24 mai 2006 21:52

                    Pour duong : d’après vous le comportement d’un démocrate est de rester au pouvoir envers et contre tous ...


                  • duong (---.---.123.107) 29 mai 2006 19:07

                    Non il y a des circonstances où il est bon de convoquer des nouvelles élections, mais ça ne doit pas être systématique, sinon le sens même du référendum est systématiquement détourné.


                  • Scipion (---.---.32.174) 20 mai 2006 07:22

                    « Si on ne l’élit pas sur un programme, on l’élit en fonction de quoi ? De la longueur de son nez ? De la marque de ses chemises ? De la sympathie qu’il inspire ? De ses prouesses télévisuelles ? De son compte en banque ? De sa religion ? »

                    Vous n’êtes pas sérieux, marsupilami. Je veux dire encore moins que d’habitude.

                    Un candidat est choisi en fonction des grandes lignes de son engagement personnel (droite, gauche), des intentions dont il a réussi à se faire créditer (sécurité, immigration pour Sarkozy, « mesures sociales »(?) pour le PS), du rejet de son adversaire (Le Pen en 2002), de la sympathie et de la confiance qu’il inspire...

                    Je n’ai pas envie d’y réfléchir au-delà, mais voici déjà quatre points tout à fait essentiels sans rapport aucun avec un programme quelconque... En outre, comme je l’ai déjà dit ailleurs, un vrai programme, assorti d’un projet de société, est désormais impossible.

                    Un programme sérieux, crédible, étayé, « financé », risque de faire perdre plus de voix qu’il n’en rapporterait, ce qui dans l’optique d’une élection se jouant à quelques pour cent près, est définitivement rédhibitoire. Il faut vous y faire...

                    Moi, je m’y suis fait. Mais je reconnais que cette accoutumance m’a été facilitée par le fait que je considère que la démocratie est au bout du rouleau, que ses effets pervers et ses déviances l’emportent, et l’emporteront, toujours plus sur ses avantages...

                    Et que, dans ces conditions, la seule manière lucide de faire de la politique, c’est de réfléchir à ce que sera l’après-démocratie, de commencer à tracer des pistes, à indiquer des directions, à tester des options, allant dans ce sens...


                    • jms - DiaBlog 20 mai 2006 07:54

                      un candidat a besoin d’être lisible (en ça je rejoins scipion). Aujourd’hui qui apporte cette lisibilité (je ne porte pas de jugement de qualité sur celle-ci) ? Sarkozy, Le Pen, Besancenot. Pour les autres ont doit se contenter de bonnes intentions marquées au coin de la démagogie (n’excluant pas que ceux cités ci-dessus n’en utilisent pas également) : plus de démocratie, plus de famille, plus d’argent, du travail pour tous j’en passe et des meilleures.....


                      • hysteria (---.---.19.206) 20 mai 2006 09:35

                        Article tres interressant qui revele le besoin de show telerealite politique des francais et plus largement des occidentaux... Effectivement De Gaulle n’avait pas de programme mais des convictions, on a vu malgré tout que ça l’a mené au même endroit (« 10 ans ça suffit ») mais l’avantage c est que ce n’était pas un programme désavoué mais l’homme lui même et il l’a compris en quittant le pouvoir. Aujourd’hui le fin de règne déliquescent Chiraquien nous montre que les hommes ne tirent plus les conséquences de leurs actes et se réfugient derrière les institutions, les même qui servent à protéger le peuple de ce genre d’abus !

                        « La France ne se porterait-elle pas mieux [...] il a fallu revenir, directement ou indirectement, au prix souvent de difficiles contorsions et en ayant perdu beaucoup de temps pour le pays. » Ce passage est en décalage avec l’article certes il y a eu des erreurs, mais ce sont des choix politiques pas forcément découlant des programmes ! De plus je suis étonné qu’on ne reproche que des mesures de gauche alors que la liste des âneries réalisées par nos libéraux tiendraient à peine sur une page web !


                        • Clem (---.---.246.19) 20 mai 2006 10:01

                          Bien sur il faut des idées, des orientations, des valeurs, une conception de la société et une vision de l’avenir : mais à quoi bon faire des catalogues de programmes ? Combien de catalogues de programme déçu ? Je suis attéré quand je vois Sarkozy tous les 2 jours nous balancer ses nouvelles propositions sur la sécurité, l’économie l’école ou sur les institutions (celles qu’il avait fait à ce sujet étaient d’ailleurs complètement délirantes et irréalisables) alors qu’étant ministre de l’intérieur, l’insécurité n’a jamais atteint de tels niveaux en France et que comme ministre de l’économie il est responsable d’un cinquième de la dette de la France : à quoi bon nous balancer des programmes théoriques si on est incapable en pratique d’obtenir des résultats ? Alors je préfère qu’il montre qu’il est un bon ministre de l’intérieur plutot que qu’il essaie de nous montrer qu’il pourrait être un bon président alors qu’il est un piètre ministre.

                          La politique aujourd’hui doit se faire sur la preuve et sur des idées claires. Au début concernant Ségolène Royal j’étais sceptique parce que c vrai elle ne disait rien, on ne la connaissait pas et on ne peut pas voter pour quelqu’un juste sur du flou ! Mais depuis elle s’est exprimée et je dois dire que j’adhère tout à fait à sa méthode et à ses idées. De plus, contrairement à Sarkozy elle obtient d’excellents résultats notamment en matière d’emploi dans sa région -http://www.lesechos.fr/info/rew_france/4423156.htm

                          Relisez son interview dans les échos hier !! Il ya une vraie conception et de vraies idées ! Et surtout c’est un langage de vérité ELle ne tombe pas dans la démagogie facile du, comme elle le dit bien, « demain, on rase gratis » ; elle aborde des questions tabous à gauche : les 35 heures, la question du travail et de l’ordre ; et il faut le faire parce que la Droite a échoué sur tous ces points et Sarkozy en première ligne ! Il faut que la gauche se réapproprie ses questions qu’elle a trop longtemps et de façon scandaleuse d’ailleurs ignoré

                          Il faut parler ce langage de vérité tout en étant au clair avec de vraies valeurs de gauche ; c’est ce qu’est en train de faire Ségolène Royal En tout cas c’est la première fois que je lis une interview sans tabous ni langue de bois de la part d’une personnalité politique de gauche sur des questions aussi difficiles ! http://www.lesechos.fr/info/rew_france/4423506.htm


                          • Scipion (---.---.32.174) 20 mai 2006 12:18

                            « ...il faut des idées, des orientations, des valeurs, une conception de la société et une vision de l’avenir... »

                            Je me demande en quoi les conceptions respectives de la société et les visions de l’avenir de Sarkozy et de son adversaire socialiste, présent ou à venir, diffèrent.

                            Ils ne se distinguent que par le choix des moyens à utiliser pour parvenir au même résultat : que les gens qui ont moins aient un peu plus, que des emplois soient créés pour les chômeurs, que la sécurité soit ramenée là où elle n’existe plus, que la famille soit mieux protégée...

                            Bref, ils proposent de continuer comme jusqu’à présent en améliorant ce qui peut l’être sans se donner trop de mal et en reportant, indéfiniment, ce qu’ils jugent plus prudent, plus opportun, plus commode, plus rigolo aussi, sûrement smiley), de refiler à leurs successeurs...

                            Tout ça, c’est bleu bonnet et bonnet rose...

                            "Relisez son interview dans les échos hier !!

                            Je ne l’ai pas relue, mais lue tout simplement, à l’instant, sur votre conseil...

                            « Il y a une vraie conception et de vraies idées ! »

                            Cette appréciation confirme ce que je pense depuis bien longtemps, à savoir qu’en politique, la seule vérité qui vaille, c’est ce que les gens tiennent pour vrai..

                            En réalité, sans parti pris hostile, le discours de Mme Royal est comme ces vins médiocres, dont les vignerons de chez moi disent : « A peine plus plat, il ferait le creux... »

                            Démonstration : Mme Royal se propose de

                            - faire confiance à l’intelligence collective des citoyens et des territoires

                            - mettre en place les nouvelles sécurités qui doivent conjuguer deux formes d’efficacité : économique et sociale

                            - mettre la libre concurrence au service du progrès

                            - élaborer un statut fiscal très incitatif pour les investissements dans la recherche et l’innovation. Et dans l’environnement, pour toutes les éco-industries

                            - réconcilier les Français avec l’entreprise et en finir avec l’archaïsme des relations sociales

                            - créer en France un syndicalisme de masse

                            - substituer un nouvel équilibre dynamique alliant la performance économique et la justice sociale

                            - augmenter le SMIC

                            - gèrer les impôts payés par les citoyens, avec le souci de ne pas gaspiller

                            - réduire les déficits

                            - réduire le train de vie de l’Etat, ses gaspillages et ses doublons.

                            Sur 100 candidats à la présidence, il y en a au moins 95 qui sont prêts à signer ce catalogue de banalités des deux mains, et à deux ou trois modifications près, ils seront 100 sur 100 !

                            Et c’est là-dedans que quelqu’un parvient à trouver un « langage de vérité », dans cette suite de lieux communs rebattus, dont on se demande pourquoi il n’en pas été tenu compte depuis 1981 et dont on ne voit pas pourquoi Mme Royal pourrait mieux les maîtriser que Mitterrand, Mauroy, Rocard, Fabius, Cresson, Bérégovoy et Jospin avant elle.

                            De fait, elle ne les maîtrisera pas et, à l’exception des Clem - qui restent assez nombreux -, tout le monde le sait... Mais après tout le monde aussi, sait que Sarkozy ne fera pas mieux, le cas échéant...

                            Il y a du joueur de Loto dans chaque électeur. Il joue toutes les semaines, ne gagne jamais, et justifie sa participation en observant que la prochaine fois sera peut-être la bonne...

                            Rendez-vous au prochain tirage... smiley)


                            • www.jean -brice.fr (---.---.1.162) 20 mai 2006 19:24

                              Tous ces programmes du passé et de l’avenir ne sont que du bla-bla, car ils n’ont comme base que LA PENSEE UNIQUE, C’EST POURQUOI, IL FAUT CHANGER DE POLITIQUE : CELLE CI EXISTE, mais la classe dirigeante refuse de la faire. Résultat : chomage, précarité et pauvreté, SAUF POUR LES PRIVILEGIES ! Cette situation ne peut durer : il faudra que cela change en 2007, ou nous aurons la REVOLUTION !!!


                              • levoisin (---.---.36.212) 20 mai 2006 21:43

                                L’article pose la bonne question, mais apporte une mauvaise réponse en considérant que Ségolène Royal avait déjà gagné l’élection présidentielle en 2007, et surtout en soutenant cette stratégie.

                                Il n’est pas normal d’encenser la stratégie du PS qui lui a si bien réussi et qui est destructeur pour le pays : s’appuyer sur des bonnes intentions, se référer à des programmes révolutionnaires qui vont apporter du « progrès social », et une fois au pouvoir, recruter des fonctionnaires dans les secteurs qui votent statistiquement le plus à gauche, et laisser les autres vivoter dans la rue sous perfusion de subventions, afin qu’ils soient obligés de voter à gauche pour continuer à survivre.

                                Sarkozy est en train de pratiquer quasiment la même tactique, avec la différence que, s’adressant à la droite et étant déjà au pouvoir, il propose quelques petites lois pour prouver ses dires.

                                Bref, la politique est en train de virer à la promotion « CocaMcDo », on vote pour quelqu’un parce c’est à la mode, ça fait chic.

                                Je rappelle que c’est avec une stratégie similaire que Bush Junior a été élu.

                                Commentaires (après le =>) sur la liste des propositions de MmeRoyal qui se propose de

                                - faire confiance à l’intelligence collective des citoyens et des territoires => Ultra-libéralisme avec tout pouvoir pour les lobbies.

                                - mettre en place les nouvelles sécurités qui doivent conjuguer deux formes d’efficacité : économique et sociale => Compromis à la 35H qui avantagent les classes aisés et les fonctionnaires au détriment des employés, des ouvriers et même des chômeurs.

                                - mettre la libre concurrence au service du progrès => Ultra-libéralisme avec ouverture de la Sécu aux mutuelles et assurances privées (libre concurrence sociale au service du progrès social !)

                                - élaborer un statut fiscal très incitatif pour les investissements dans la recherche et l’innovation. Et dans l’environnement, pour toutes les éco-industries => Subventions à gogo pour les entreprises qui mettent au point les OGM

                                - réconcilier les Français avec l’entreprise et en finir avec l’archaïsme des relations sociales => Passage du code du travail au broyeur à ordures, ainsi que des prétendus « acquis sociaux »

                                - créer en France un syndicalisme de masse => Mise en oeuvre du Soviet Suprême car venant du ps, on a tout à craindre que la seule liberté encore existante du salarié disparaisse au profit de cinq syndicales toutes-puissantes sans aucune légitimité démocratique, à moins qu’ils ne deviennent tous des fonctionnaires.

                                - substituer un nouvel équilibre dynamique alliant la performance économique et la justice sociale => Une justice à l’américaine dont le résultat dépend de vos moyens financiers car la seule signification possible de « justice sociale », c’est la justice de classes.

                                - augmenter le SMIC => Seule mesure a priori de gauche, mais proposée aussi par les partis de centre et de droite et même par les partis d’extrême-droite

                                - gèrer les impôts payés par les citoyens, avec le souci de ne pas gaspiller => Accusation terrible contre la gauche d’avoir gaspillé les impôts pendant des années

                                - réduire les déficits => Ultra-libérlisme avec réduction drastique du nombre de ses fonctionnaires, des montants des retraites et des investissements.

                                - réduire le train de vie de l’Etat, ses gaspillages et ses doublons. => Ultra-libérlisme avec réduction drastique du nombre de ses fonctionnaires

                                Moi je dis que Ségolène Royal, elle est trop à droite de Sarkozy. Si elle est de gauche, alors c’est un communisme à la chinoise version 21e siècle.


                                • Jojo2 (---.---.157.177) 20 mai 2006 21:55

                                  Ca, c’est de la double vue ou je m’y connais pas...


                                • candidat 007 (---.---.122.128) 21 mai 2006 03:47

                                  ah ! on remet, tout à plat !. Le prochain sujet sera « faut’il des partis » parce que sans programmes, pourquoi faudrait’il des partis ? C’est vrai que certains disent qu’ils sont trop nombreux. Ils préconisent une bipolarisation. Mais sans programme, pourquoi deux ? Pour avoir le choix entre deux candidats ?

                                  Mais non, On peut les choisir entre les membres d’une même organisation, qui sera, bien sûr, sans programme. Mais alors, il n’y a plus besoin d’électeurs hormis les membres du parti unique. Exact !


                                  • (---.---.45.131) 21 mai 2006 10:51

                                    « On peut les choisir entre les membres d’une même organisation... »

                                    Ah, parce que selon vous, ils ne font pas partie de la même organisation, Sarkozy, Royal, Jospin, Chirac, Strauss, Fabius, Kahn, Villepin, Lang (Jack), Copé ?

                                    Divertissant... smiley)


                                    • duong (---.---.123.107) 23 mai 2006 12:33

                                      Pour moi, le comportement de De Gaulle sur le référendum n’était pas un comportement démocrate, car il entretenait la confusion entre la question précise posée et le plébiscite personnel.

                                      C’était un détournement profond de la notion du référendum.

                                      Au fond, cette notion du plébiscite permanent" était au coeur des institutions actuelles, voulues par De Gaulle, puisque selon Marie-France Garaud, même la cohabitation (dont la possibilité figure pourtant clairement dans le fonctionnement de la Ve république) était un détournement profond de la Ve république.

                                      Or, avec la complexité des questions posées à l’heure actuelle, fonctionner par plébiscite permanent sur des personnes, cela revient à refuser le débat sur les sujets de société, sur les choix de société divers, complexes et délicats, et qui nécessitent tous des réponses différentes. Beaucoup parlent même de développer beaucoup plus la procédure du référendum sur ces questions, mais si référendum et plébiscite sont confondus comme le voulait De Gaulle, c’est complètement impossible !


                                      • moebius (---.---.143.43) 19 décembre 2006 22:02

                                        C’est quoi un « progamme » ? OH ! ça n’est certainement pas un « petit livre rouge » et soudainement la clarté innonde nos esprits embrumés, allons de ce chef déposer notre précieux bulletin au tréfond de cette urne.

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