Président cambrioleur, Corinne Lhaïk : « Emmanuel Macron est un diamant »
Je viens de lire Président cambrioleur de Corinne Lhaïk, journaliste à L'opinion, un portrait d'Emmanuel Macron.
Le ressenti de l'auteure est assez bien synthétisé dans cet extrait :
« II (Emmanuel Macron) sait ce que l'autre attend et le lui offre parce que c'est aussi à lui-même qu'il s'adresse. L'autre se sent reconnu, aimé, comblé. Il existe. Il (L'autre) ne sait pas ce qu'il risque. Emmanuel Macron est un diamant. Brillant et dur. Aux commencements, le miroitement éblouit ; au fil du temps, le tranchant menace. Un séducteur fait souffrir, c'est son poinçon. (...) Je (L'autre) suis reconnu par cet homme jeune, charmeur, accessible et si intelligent. »
Aux personnalités qu'elle a rencontrées pour écrire ce livre, elle a demandé leur sentiment après leur première rencontre avec Emmanuel Macron et l’a retranscrit à la fin de l’ouvrage.
Philippe Grangeon, ex de la CFDT, conseiller à l'Élysée sous François Hollande et désormais d'Emmanuel Macron :
« Ce premier rendez-vous dure bien plus longtemps que prévu. Je l'ai vécu comme un coup de foudre politique, avec la certitude que nous allions cheminer ensemble. Dans ma vie, j'ai croisé beaucoup de personnalités. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un qui en avait autant sous le pied. En fait, personne ne m'a impressionné autant que lui, sur le coup. Huit ans après cette première rencontre, je maintiens qu'il est exceptionnel. Rare et unique, avec des forces et des faiblesses. »
Jacky Bontems, ex-numéro deux de la CFDT :
« Nous parlons des régimes de retraites complémentaires, du paysage syndical ; a priori, il a une bonne connaissance des sujets, mais pas du mouvement syndical. J'éprouve une sorte de fascination pour sa maîtrise technique. Ses yeux essaient de "m'hypnotiser". Mais il en faut plus pour un syndicaliste, car je me pose la question : où veut-il en venir ? (...) J'ai le sentiment de sortir plus intelligent qu'en entrant, sans être convaincu sur le fond. Il y a eu d'autres rencontres et j'y prenais plaisir. Il est humain, se met au niveau de son interlocuteur, son discours est simple. Comme si on se connaissait depuis
longtemps. »
Marc Ferracci, ami rencontré à Sciences Po, conseiller au cabinet de Jean Castex, premier ministre :
« Emanuel Macron m'est présenté (...) comme quelqu'un de formidable, d'original. (...) J'ai eu de la chance de croiser le chemin d'Emmanuel. (...) Sa capacité d'empathie, de partage, à nouer des relations m'a frappé. »
Stanislas Guerini, délégué général de La République en marche :
« Je rentre à Paris, je suis en reconversion professionnelle, (...) je vais le voir pour lui demander des conseils en orientation. (...) Je ressors un peu ébloui et très flatté. »
Bruno Le Maire, actuel ministre de l'Economie et des Finances :
« Emmanuel Macron est secrétaire général adjoint et nous sommes invités à dîner chez Frédéric Mion directeur de Sciences Po. (...) On a bien accroché. (...) Je suis sous le charme, je le trouve d'un abord facile. On s'entend bien, mais l'on n'est pas du même bord. »
Stéphane Richard, PDG d'Orange :
« Durant l'été 2007, il est à l'inspection des finances et je le vois débarquer dans mon bureau de directeur de cabinet à Bercy (...) Il est volubile, plein de charme, brillantissime, souriant, très séduisant. On sympathise, on se tutoie. »
David de Rothschild, président de Rothschild and Co :
« J'ai été contacté à la fois par Serge Weinberg et par Jean-Michel Darrois, le mari de ma nièce Bettina Rheims, me recommandant chaudement de rencontrer Emmanuel Macron. Nous passons une heure et demie ensemble. Je le trouve follement séduisant, charmant, attirant sans pour autant qu'il fût un expert en finances. Son intelligence et sa vivacité sautaient aux yeux. (...) Emmanuel Macron a accepté de venir chez nous. Il a commencé comme gérant mais je lui avais promis qu'à l'issue de la première année il deviendrait associé gérant. C'était une décision exceptionnelle, car nous ne prenons pas d'avance ce genre d'engagement. »
Pourquoi cette curieuse pratique ? Craignait-elle d'être trop dénigrante ? Passons.
Elle rapporte aussi certains des traits de caractère et façons de faire plus discutables d'Emmanuel Macron.
Envers son entourage.
« Le 1er juillet 2018, Emmanuel et Brigitte Macron téléphonent à Richard
Ferrand : "On t'appelle pour te souhaiter ton anniversaire," (...) "On aimerait te faire un cadeau", dit le couple présidentiel. (...) "Ah, si la France est en finale de la Coupe du monde, j'aimerais bien aller en Russie avec toi", lâche Ferrand à Macron. "Bien sûr, on va faire ça" acquiesce le président. (...) Il (Richard Ferrand) comprend qu'il ne sera pas du voyage et envoie un texto ironique au chef de l'État. Qui répond enfin : "J'avais décidé de n'emmener aucun politique." Pourquoi ne pas l'avoir dit ? »
[...]
« Ce fils idéal collectionne les pères et réveille les Pygmalion (...), Jean-Pierre Jouyet, (...) Jean-Michel Darrois (...)
Le "Merci" (d'Emmanuel Macron), très fréquent, ne doit pas faire illusion : il est de pure forme. Le destinataire est ravi, il est mis au frigo, on ne sait jamais... Les vrais échanges, nourris, sont rares. Ceux d'hier ne font pas forcément ceux d'aujourd'hui. L'avocat d'affaires Jean-Michel Darrois, qui a beaucoup aidé la carrière d'Emmanuel Macron, souffre du silence de son ancien poulain. Deux SMS en un an. »
Rappel : Jean-Pierre Jouyet !
Jouyet, volontairement oublié dans le livre ?
C'est à sa demande que François Hollande a nommé Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de la présidence puis ministre de l'économie. Après son élection en mai 2017, le président n'a même plus répondu aux nombreux SMS de son ancien protecteur. Comme ambassadeur de France au Royaume Uni, c'est seulement le 18 janvier 2018 que Jean-Pierre Jouyet a pu reprendre contact avec le président lors de la préparation du sommet franco-britannique.
« Laissant certains conseillers ou ministres s'enferrer dans un no man's land. Tel collaborateur de l'Élysée est resté trois ans en disgrâce avant de quitter le palais, tel rouage essentiel de la campagne se voit fixer des rendez-vous régulièrement annulés et, en guise de consolation, reçoit des coups de fil de Brigitte Macron sur le mode : "On te doit beaucoup". »
[...]
« Il ne veut pas être celui qui annonce les mauvaises nouvelles : quand il décide que Richard Ferrand, son grognard des premières batailles, ne fera plus partie du gouvernement issu des législatives de 2017 en raison d'une affaire immobilière en Bretagne, il ne l'en prévient pas. C'est Alexis Kohler qui s'en charge. »
Sur la pratique du pouvoir.
« En 2012, tout nouveau secrétaire général adjoint à l'Élysée, il confie : "Les bons technos (il parle de lui), ils en ont marre de travailler pour de mauvais politiques" (il parle de ceux qui ont précédé Hollande). Passé de l'autre côté de la barrière, il endosse les habits du politique et prend à son compte le procès instruit contre la fonction publique. »
[...]
« À force de lamentations, Macron finit par ressembler à un chef d'État arabe, jamais responsable de rien. Mais qui dirige l'administration ? »
Sur ses choix politiques.
« Edouard Philippe a lu le programme d'Emmanuel Macron avec cent vingt mille suppressions de postes de fonctionnaire. Macron l'a lu aussi - peut-être qu'il l'a écrit ! - mais cet objectif n'a rien d'impératif pour lui. Il y renonce officiellement le 25 avril 2019. »
[...]
« Du débat qui oppose Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 3 mai 2017, (...)
Marine Le Pen : "Votre proposition (sur les retraites) je la connais, elle consiste à faire un régime unique. (...) Notamment ce sera la fin des complémentaires."
Emmanuel Macron : "Je ne propose pas du tout de toucher aux complémentaires ou autres. Donc ne mentez pas aux gens."
Une fois au pouvoir, il fait le contraire et balaie les régimes complémentaires. Marine Le Pen avait raison. »
La journaliste n'a pas caché un épisode vraiment pas très glorieux, celui-ci :
« En 2010, Emmanuel Macron travaille chez Rothschild. Il conseille la société des journalistes du Monde, pro bono, c'est-à-dire sans se faire payer. (...) Deux offres de rachat s'opposent. Celle du trio Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, surnommé BNP (La préférée des journalistes conseillés par Emmanuel Macron), et celle de Claude Perdriel, patron du Nouvel Obs, associé à Orange et au groupe espagnol Prisa, dont Alain Minc est le conseiller. (...)
Le 3 septembre 2010, Alain Minc et Emmanuel Macron sortent ensemble de l'immeuble du 10, avenue George-V, qui abrite la société de Minc. Et croisent les journalistes du Monde, en visite chez Jean-François Bretelle, le directeur financier de Pierre Bergé. (...)
Les journalistes sont surpris de trouver leur "ennemi", Minc, en compagnie de leur "ami", Macron. Qui cherche à échapper à cette rencontre, se réfugie dans les étages de l'immeuble. Un des journalistes du Monde, finit par le coincer au sixième et dernier étage, sur le palier. »
De toute évidence, Emmanuel Macron était un sous-marin d’Alain Minc. Non ?
Cependant, elle a utilisé une déclaration de celui-ci pour atténuer la très mauvaise image laissée par Emmanuel Macron dans cette affaire.
« Je pense qu'il voulait faire leur bien en essayant d'épauler Prisa, estime aujourd'hui Alain Minc, il était convaincu que la solution que nous offrions était meilleure pour eux. Il y avait deux solliciteurs, il dialoguait avec celui qu'il pensait convenir le mieux. Il a tendance à vouloir faire le bonheur des gens malgré eux. »
Peut-être que le livre lui paraissait déjà suffisamment épais, 365 pages, pour y inclure d'autres aspects et faits de la courte carrière du Président, autrement plus marquants.
Passons rapidement sur ses déclarations tonitruantes ou dédaigneuses. Tout le monde s'en souvient, un florilège quand même.
« Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. »
« Quand on est jeune, 35 heures de travail ce n'est pas assez ! »
« Je ne veux pas moi, faire des économies sur le dos, ni des retraités, ni de celles et ceux qui sont à quelques années de prendre leur retraite - je ne toucherai pas leur CSG. »
« Un treizième mois pour toutes les femmes et tous les hommes qui travaillent au SMIC. »
« Nous devons accueillir les migrants, car c’est notre tradition et notre honneur. »
« Une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien. »
« Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues. »
« Il faut maintenant dire que lorsqu'on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire. »
Et venons-en à d’autres déclarations parfois encore plus extravagantes.
Un citoyen judicieusement curieux est allé regarder la déclaration de patrimoine d'Emmanuel Macron ministre de l'économie à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et quelques autres documents, articles de presse en particulier. J’espère qu’il ne m’en voudra pas d’utiliser ses documents.
En 2007, avec 40 000 euros de revenus annuels il s'est lancé dans l'achat d'un appartement de 950 000 euros à Paris.
- (Source : JDD)
Plus un prêt familial de 50 000 €.
A cela s'ajoute un emprunt au Crédit Mutuel de 350 000 € pour des travaux dans la résidence secondaire du Touquet en 2011.
Emmanuel Macron aurait gagné 2 930 688 euros comme banquier chez Rothschild et 596 378 euros comme fonctionnaire, secrétaire général adjoint à la présidence de la République et ministre, soit 3 527 065 euros brut et environ 1 800 000 nets après impôts entre 2007 et 2016.
A voir sa déclaration de patrimoine à la HATVP :
Emmanuel Macron est un très mauvais gestionnaire puisqu'il s'est ruiné : dette de -39 503 euros et il reste encore 156 139 euros d'intérêts à comptabiliser.
Paradoxal : on remarque qu'Emmanuel Macron disposerait de 40 157 euros sur un LDD dont le plafond des dépôts est fixé à 12 000 euros hors intérêts capitalisés.
Paradoxal : en 2014 Emmanuel Macron aurait revendu 6 000 euros sa Volkswagen EOS achetée 40 000 € d’occasion en 2005.
Or, la VW EOS n'a été commercialisée qu'à partir de 2006 au prix maximum de 36 000 euros. Sa côte d'occasion en 2014 était en moyenne de 10 000 euros, source La Centrale.
Vraiment Emmanuel Macron n'a pas le sens des affaires, s’il a acheté de l'occasion plus chère que du neuf et s’il l’a revendue 40 % en dessous de la côte !
Ajoutez à cela que la revente de son appartement parisien en 2016 ne lui a procuré qu'une plus-value de 5 % alors que l'immobilier dans l'arrondissement a augmenté de 33 % en moyenne.
Vraiment pas doué pour les affaires le ministre de l'économie devenu président.
En revanche il est champion toute catégorie pour le baratin :
« Quelque chose ne fonctionne plus dans ce capitalisme qui profite de plus en plus à quelques-uns. Je ne veux plus que nous considérions que le sujet d'ajustement économique et de la dette prévaut sur les droits sociaux. »
Discours à la Conférence internationale du travail de l’OIT, Organisation internationale du travail, le 11 juin 2019 à Genève.
Beau et émouvant discours qui va faire beaucoup de peine aux amis intimes du couple présidentiel, Bernard Arnault, 1ère fortune française et mondiale, et Xavier Niel, gendre du précédent lequel est tellement admiratif de ce super chef de l’état :
« Je ne suis pas à la mode en disant cela, mais je crois qu'on a un super président, qui est capable de réformer la France. Il faut qu'il réforme la France de tous les côtés. On a le sentiment qu'il l'a fait uniquement pour les plus aisés. Mais il est en train de faire des lois fantastiques ». 6 /12/ 2018
Quand le ministre de l’économie et son épouse dinent régulièrement avec un couple, on peut dire qu’ils sont intimes. C’était le cas à l’époque.
Amis intimes, fervents et efficaces soutiens lors de sa candidature.
« Ce capitalisme qui profite de plus en plus à quelques-uns » !
Comment pourrait-on croire à la sincérité de ce réquisitoire ?
« Ce capitalisme qui profite de plus en plus à » … Bernard Arnault : « Sur l’ensemble de l’année 2020, malgré la crise, la fortune de Bernard Arnault augmente de 44 milliards d’euros, soit un bond de 41%. Après le pic de la crise, sa fortune a doublé entre mars et décembre. » OXFAM, rapport 2021.
Ce Macron, c’est un phénomène !
« Il est vraiment,
Il est vraiment,
Il est vraiment phénoménal
La lalala lala la la lalala lala la »
En complément des chroniques suivantes :
De Reagan et Margaret Thatcher à Emmanuel Macron, la même politique qui détruit l’humanité
Macron 2017 : la révolution, la modernité, la probité, la moralisation ! Début 2020, confirmation ?
Les girouettes politiques ont pris le pouvoir. Pauvre France !
1% de la population de la planète possède deux fois plus que les 90% autres. Où est le problème ?
C’était mieux avant, pour une fois c’est vrai !
D’autres chroniques, des réflexions et une sélection de livres éclairants sur :
Pour information, les actionnaires du journal L’opinion sont Bernard Arnault, Ken Fisher, Nicolas Beytout, famille Bettencourt, Claude Perdriel.
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