Mon cher doctorix, inutile de préciser que je bois du petit lait en vous lisant, mais ce qu’il y de plus surprenant sur ce blog c’est que, plus les développements et les arguments rationnels s’accumulent dans cette rubrique commentaires, plus la côte de mon discours initial diminue ! Ce qui tendrait à prouver que, à défaut de posséder le matériau rationnel et culturel permettant d’apporter la contradiction, les croisés du « sauvetage de la planète » - pensez donc ! -, probablement très nombreux à fréquenter Agoravox, préfèrent retrouver anonymement leurs coreligionnaires dans la dénégation de principe.
Sisyphe, vous qui n’êtes sensible qu’aux gros titres d’une presse servile et aux prophéties d’Élise Lucet - à celles de la télé en général - parviendrez-vous à comprendre ce qu’écrit ici Jacques Duran (http://pensee-unique.fr/news.html#chaude) sur cette année parait-il « la plus chause de tous les temps » ? Je ne doute pas qu’avec la grande culture qui vous caractérise vous ne manquerez pas de tenir la dragée haute à ce prétentieux directeur de recherche du CNRS, ancien directeur des études de l’École Supérieure de Physique et Chimie de Paris... auprès de, feu, notre Nobel Pierre-Gilles de Gennes.
...Tout le monde aura compris que mon dernier commentaire s’adressait à Sisyphe le fils d’éole, dont le courage des sentences n’a d’égal que sa propension à dissimuler sa propre identité.
Que c’est facile d’insulter les autres, derrière son écran, barricadé dans son salon, sans même avoir conscience de l’image d’homo sapiens primaire que donne d’aussi grotesques éructations. Il ne voit même pas que c’est à cette inconscience qu’on reconnait l’espèce.
Que de vérités définitives assénées, à l’appui desquelles pas le moindre embryon de justification scientifique avérée n’est fourni ! Que d’hypocrisie aussi, dans ces exhortations gratuites (au moins implicites) à grossir les rangs des croisés climatiques, en se gardant bien de préciser qu’on est ou non personnellement prêt à en payer le vrai prix, quel qu’en soit le montant !
« ...avec mon bac +8 je n’ai pas compris deux mots. »
Ce que je veux dire ici c’est que, en matière d’énergie, le temps n’est plus au simulacre de concertation, ni à celui des bavardages oiseux que ce dernier a suscités. Désormais, le seul moyen de provoquer le déraillement du train fou de la transition reste d’attiser les velléités insurrectionnelles contre une loi scélérate ; et ceci commence par la dénonciation de tout ce qui en a fait le lit. Penser que le bon sens populaire, la sagesse et l’expertise institutionnelles peuvent encore arrêter ce train ou seulement en retrouver le désir c’est se leurrer sciemment. Non seulement l’équipe gouvernementale revendique l’adoption de cette loi comme le marqueur principal du quinquennat, mais le succès des ambitions politiques de Ségolène Royal y est entièrement suspendu.
Tout ce que ce pays compte d’avis autorisés en la matière n’a pas le moindre doute sur le fait que cette prétendue loi de transition est le pendant énergétique de la sinistre loi ALUR de Cécile Duflot. Le drame est que personne n’est aujourd’hui en mesure de saisir l’autorité suprême de la démonstration imparable qu’il y a urgence à empêcher que l’irréparable ne se produise. Pourtant, tous les connaisseurs s’accordent sur le fait que les conséquences de cette loi seront infiniment plus désastreuses que celles de la loi ALUR, dont certains estiment qu’elle a déjà coûté quelque 0,5 point de PIB au pays.
Oh ! revoilà l’expert en tout genre, le mage investit de la science infuse qui porte son auguste regard sur les choses triviales de la civilisation technologique. Lui va vous dire comme on vit bien dans la sobriété tous azimuts, en économisant l’eau à l’aide de son chiote à la sciure, en cultivant son jardin potager pour éviter de faire travailler notre infâme agriculture industrielle et en faisant tourner un équipement électroménager de quelque 4 à 6 kW à l’aide de ses magnifiques panneaux solaires fournissant, au mieux, de 10 h à 17 h, quelque 0,06 à 0,07 kW par m2 !
« Bref, avant de parler, il faut se renseigner »... Non, avant de parler, il faut commencer par comprendre l’exposé de votre interlocuteur, ce qui n’est manifestement pas votre cas ! En accablant le nucléaire à l’aide de digressions oiseuses voire mensongères sur l’exploitation de cette filière industrielle, vous me faites penser au gamin qui donne des coups de pied dans les tibias de l’infirmière le vaccinant contre la polio, au prétexte que la piqure lui fait mal. Comme lui le concept très vague de la protection de sa vie, peu vous importe à vous les âpres modalités de la production d’une électricité abondante, à des coûts raisonnables, respectueuses de l’environnement et du bien vivre de la population, très exigente en compétences et en efforts collectifs. Dans la mesure où vous n’y connaissez que dalle, comme beaucoup de Français, vous vous foutez de tout ça et vous contentez d’exiger de la « république » et de la « démocratie » ce dont vous n’avez pas le moindre doute qu’elle vous doit, envers et contre tout : des kWh abondants et pas chers, ne provenant surtout pas d’un nucléaire dont Hulot vous a convaincu qu’il est le mal absolu.
Tu ne te trompes pas : je méprise en effet les gus dans ton genre qui tutoient sans y avoir été autorisé et qui, se contentant d’invectiver, prétendent avec arrogance à un droit au chapitre dans des domaines scientifiques et techniques auquel il ne comprennent manifestement « que dalle », mais sur lesquels ils tranchent souverainement et sans appel.
Que d’experts anti nucléaires autoproclamés, sur cette agora, qui manient les poncifs et la logorrhée de leurs gourous avec une suffisance et un grotesque qui laissent sans voix. Pour la plupart, ce sont d’ailleurs les mêmes qui ont élu les brillants experts également auto proclamés qui nous gouvernent depuis deux ans et demi, avec le succès que l’on sait.
On prend plaisir à provoquer tous ces gens… ce que je n’ai pas fini de faire sur ce blog ! Au demeurant, c’est la seule thérapie de choc restant aux Français lucides, pour tenter de contrecarrer l’irréparable forfaiture que nos parlementaires (experts) ourdissent en ce moment même.
Le moment venu de la grande lessive, c’est au portefeuille de tous ces experts auto proclamés, grands et petits, qu’il faudra s’en prendre préférentiellement.
André Pellen
Prenez garde, le croisé anti nucléaire joue avec votre pognon ! Il nie avec un aplomb incroyable l’évidence du désastre que donne à voir au monde une Energiewende que, de surcroit, il souhaite dupliquer chez nous. Or, ce qu’il ne vous dit pas c’est que la descente aux enfers de nos voisins allemands n’en est qu’à ses débuts, si l’on en croit l’article ci-après : http://www.bastamag.net/Sortie-du-nucleaire-des
Bonjour Joletaxi,
C’est toujours un plaisir de dialoguer avec vous.
Si le virus Ebola venait soudainement à se répandre dans le pays, la démocratie aurait à confier le salut de la communauté française à des médecins et à personne d’autre. Elle n’aurait même d’autre choix que leur donner carte blanche, quitte à tolérer qu’ils prennent quelques libertés avec elle, comme décider autoritairement des mises en quarantaine. Or, dans nos sociétés contemporaines de plus en plus complexes, une telle problématique s’applique désormais à beaucoup plus de domaines qu’on ne croit. Dès lors, la pertinence de la désignation du « qui fait quoi » y devient de plus en plus vitale et l’intégrisme démocratique, arme favorite de tous les démagogues à statuts, un poison de plus en plus mortel.
Ainsi, ne soumet-on pas à élection la puissance que l’astre du jour distribue à chaque mètre carré de notre planète, la présence, la localisation ou la vitesse du vent, pas plus que la puissance spécifique de chacune des énergies primaires, mises à notre disposition par la nature. En un mot, on ne décide pas par référendum de forcer cette dernière à donner ce qu’elle est incapable de donner, ni ce que la science et la technologie des hommes ne savent pas ou pas encore lui faire donner.
L’énergie n’est qu’un des domaines dans lesquels des idéologies au pouvoir de nuisance de plus en plus grand s’emploient quotidiennement à dévoyer le champ d’action de la démocratie. Le drame c’est que l’efficacité de la défense de leurs intérêts particuliers ou de leur inconscience parvient à masquer au pays les nombreux motifs de sa mise en danger. La survie de celui-ci n’en dépend pas moins d’une lucide identification du péril, de son imminence et, pour l’affronter efficacement, du caractère idoine de la nature et du volume des armes dont on décide de confier la conception et la matérialisation à ses meilleurs spécialistes ; pour rendre un tel service, qu’attendre du suffrage universel ?!
Au plan militaire, c’est cet état de faits que nos ainés des années 30 ne voulurent pas voir, qu’un Japon très mal entouré ferait bien de méditer aujourd’hui et que, pour son salut, Israël comprit très tôt. Aujourd’hui, confrontés à un péril socio économique plus universel et probablement plus durable que la guerre, c’est également de cet état de faits que nombres de compatriotes semblent détourner le regard ou simplement ignorer la nature funeste.
Or, ce péril là requiert plus que jamais de mobiliser les forces vives intellectuelles du pays, ses meilleurs experts et spécialistes des domaines les plus stratégiques de l’industrie, de la science, de la technologie et de l’économie. Il est même du plus haut intérêt national que les missions à leur confier, accordent à chaque spécialiste, dans son domaine, une grande autonomie de moyens et de résultats, sans pour autant mettre en péril la démocratie ; ceux qui la mettent sont précisément les ignorants qui revendiquent de se substituer aux experts, dans le cadre de rituels « démocratiques » de plus en plus grotesques… Parmi eux, on compte pas mal d’économistes.
Sans aller jusqu’à recourir au quasi coup d’État, massivement plébiscité (!), du Général De Gaulle, en 58, Hollande et son exécutif ont toute légitimité pour mettre en œuvre cette stratégie de la dernière chance et disposent pour cela de tous les outils constitutionnels garantissant le respect rigoureux le notre démocratie. Ils leur suffit de le vouloir.
Pour le reste, je suis bien entendu de votre avis.
Cordialement,
André Pellen
Cher Démosthène,
Bonjour Jr Bupp,
Il ne vous surprendra probablement pas que Krolic soit un ami, de même que J.M Berniolles. Depuis pas mal de temps déjà, avec beaucoup d’autres, nous déployons tous trois la plus grande pugnacité à défendre la rationalité technique et scientifique – le plus souvent même le simple bon sens – contre un obscurantisme galopant dans ce pays, chacun dans sa sphère d’influence se trouvant fréquemment être la même.
S’il suffisait d’énoncer des vérités fondamentales inattaquables pour voir l’opinion publique se ranger massivement derrière soi, les choses seraient tellement simples ! En ce qui me concerne, j’ai largement payé de ma personne en guerroyant quelquefois durement depuis près d’une dizaine d’années, sans hésiter à m’exposer. Hélas, lorsque l’alignement politicien ou partisan s’en mêle, dans la communauté pro nucléaire, le message principal est rapidement brouillé et le militant ne voit pas arriver les coups de son propre camp. C’est surtout le cas lorsque, comme en ce moment, il faut se rendre à l’évidence que, pour sauver ce qui peut encore l’être de notre superbe système électro énergétique, le pays a provisoirement moins besoin de pédagogie technique et scientifique que d’un militantisme politique ou syndical déterminé. Or, pour bien des amis, c’est un réel traumatisme de se résoudre à admettre que les singes se sont emparés du zoo et que, par conséquent, la guerre sans merci s’impose désormais contre le pouvoir actuel.
Néanmoins, les organisations que vous appelez de vos vœux existent déjà. Pour vous informer correctement et pour les renforcer, il vous suffit d’y adhérer. Je ne citerai que Sauvons Le Climat, au lien http://sauvonsleclimat.org/ ,qui, indépendamment d’un domaine climatique de plus en plus controversé, est de mon point de vue l’organisme pro nucléaire le plus compétent et, surtout, le plus pertinent du point de vue socio économique. Bien entendu, il y a également la SFEN que vous connaissez sans doute, ou le Think-tank que vous trouverez au lien http://theshiftproject.org/fr … et sur lequel il ne faut surtout pas oublier de cocher la langue française !
Bien cordialement,
André Pellen
Bonjour Jean-Marie,
Dernier essai d’introduction des nécessaires alinéas !
Derrière ce réglage primaire, vient l’indispensable et stabilisateur réglage secondaire, fourni par les groupes thermiques (y compris nucléaires) à raison de 5 % à 10 % de leur puissance nominale unitaire et jusqu’à 25 % de cette même puissance pour les groupes hydrauliques. Lors de certaines pointes d’hiver, la demande nationale d’un tel réglage peut atteindre 3 à 4 GW. Il ne vous surprendra pas que la perte des 90 MW de réglage secondaire de Fessenheim sera intégralement compensée par de la production fossile.
Enfin, dans des situations hivernales tendues, les deux réglages précédents peuvent ne pas parvenir à résorber totalement les écarts de transit de puissance d’interconnexion, ainsi que les écarts de fréquence : la réserve secondaire est épuisée, la réserve primaire devient dangereusement insuffisante. Pour reconstituer au mieux des réserves indispensables à la sécurité du système, une provision supplémentaire de puissance est alors mobilisée, apte à entrer en action en moins de 20 minutes, bien entendu, à moindre coût : c’est la réserve tertiaire ou réserve tournante. On y trouve les moyens de production thermiques classiques, notamment les turbines à combustion (TAC) et à gaz (TAG), ainsi que les groupes hydrauliques.
On appelle marge d’exploitation la somme de cette réserve tertiaire et de la capacité secondaire totale. Actuellement, cette marge du parc de production français peut dépasser 7 GW.
Je vous laisse donc imaginer comment il serait possible d’assurer sans défaillance trois fonctions aussi vitales pour le système, consistant à solliciter à discrétion, 24h/24, des réserves de puissance quelquefois significatives, avec un parc de production dans lequel la puissance éolienne occuperait en permanence et de façon erratique plus de 30 % de la puissance distribuée !
Comme le dit si bien Jean-Marc Jancovici dans un article paru dans Les Échos du 12 octobre, dont je vous recommande vivement la lecture, « en matière d’énergie il est plus que temps de sortir de l’amateurisme ! »
Cordialement,
André Pellen
Présentation améliorée Ma réponse forcément synthétique s’adresse également àaberlainnard, à Jr Bupp et à quelques autres dont je sais qu’ils en feront un réel profit. En tout cas, ils méritent que je prenne la peine de m’efforcer de les éclairer. Il y a la raison structurelle que je développe plus loin et une raison empirique à la limitation de 30 %. Cette dernière raison n’est autre qu’une modélisation dont j’ai eu connaissance, exécutée in situ par des spécialistes sur l’ile de Crète… ou de Malte, je ne me souviens plus très bien. J’attire au passage votre attention sur le fait que le Japon annonce sa sortie totale du nucléaire pour 2030, en prévoyant un mix énergétique national, à cette échéance, dans lequel les renouvelables n’entreront, comme par hasard, que pour 30 % ; tout le reste étant naturellement assuré par le fossile. Par ailleurs, outre que je suis prêt à prendre les paris sur la non exécution intégrale de cette résolution… et donne RV à tout le monde en 2030 ( !), vous n’aurez pas manqué de noter que la deuxième puissance économique et technologique du monde ne sait pas programmer sa sortie totale du nucléaire en moins de 20 ans. Et Belges, Suisses, Français et autres Allemands prétendraient, eux, à une sortie quasi immédiate ? Présomptueux et grotesque ! Au demeurant, grotesques les Allemands le sont déjà dans les faits sous les yeux du monde. Mais, revenons aux différents volets de la raison structurelle à cette limitation. Tout d’abord, la réserve primaire de puissance destinée à maîtriser la fréquence. Dans notre pays, elle doit être constamment d’au moins 3 à 4 % de la puissance totale en service. Par ailleurs, du fait que les forces électromagnétiques rendent physiquement solidaires tous les groupes débitant sur un même réseau, chacun apporte sa contribution permanente à ce réglage primaire, dans la limite d’une capacité dimensionnelle s’exprimant en MW/Hz. Celle d’un groupe nucléaire de 900 MW est par exemple de 450 MW/Hz et celle de l’ensemble du parc français peut dépasser 10000 à 15000 MW/Hz. Où l’on voit que la disparition de Fessenheim nous prive d’une participation au réglage primaire de 900 MW/Hz.
Derrière ce réglage primaire, vient l’indispensable et stabilisateur réglage secondaire, fourni par les groupes thermiques (y compris nucléaires) à raison de 5 % à 10 % de leur puissance nominale unitaire et jusqu’à 25 % de cette même puissance pour les groupes hydrauliques. Lors de certaines pointes d’hiver, la demande nationale d’un tel réglage peut atteindre 3 à 4 GW. Il ne vous surprendra pas que la perte des 90 MW de réglage secondaire de Fessenheim sera intégralement compensée par de la production fossile.
Enfin, dans des situations hivernales tendues, les deux réglages précédents peuvent ne pas parvenir à résorber totalement les écarts de transit de puissance d’interconnexion, ainsi que les écarts de fréquence : la réserve secondaire est épuisée, la réserve primaire devient dangereusement insuffisante. Pour reconstituer au mieux des réserves indispensables à la sécurité du système, une provision supplémentaire de puissance est alors mobilisée, apte à entrer en action en moins de 20 minutes, bien entendu, à moindre coût : c’est la réserve tertiaire ou réserve tournante. On y trouve les moyens de production thermiques classiques, notamment les turbines à combustion (TAC) et à gaz (TAG), ainsi que les groupes hydrauliques.
On appelle marge d’exploitation la somme de cette réserve tertiaire et de la capacité secondaire totale. Actuellement, cette marge du parc de production français peut dépasser 7 GW.
Je vous laisse donc imaginer comment il serait possible d’assurer sans défaillance trois fonctions aussi vitales pour le système, consistant à solliciter à discrétion, 24h/24, des réserves de puissance quelquefois significatives, avec un parc de production dans lequel la puissance éolienne occuperait en permanence et de façon erratique plus de 30 % de la puissance distribuée !
Comme le dit si bien Jean-Marc Jancovici dans un article paru dans Les Échos du 12 octobre, dont je vous recommande vivement la lecture, « en matière d’énergie il est plus que temps de sortir de l’amateurisme ! »
Cordialement,
André Pellen
Bonjour Serviteur, Ma réponse forcément synthétique s’adresse également àaberlainnard, à Jr Bupp et à quelques autres dont je sais qu’ils en feront un réel profit. En tout cas, ils méritent que je prenne la peine de m’efforcer de les éclairer. Il y a la raison structurelle que je développe plus loin et une raison empirique à la limitation de 30 %. Cette dernière raison n’est autre qu’une modélisation dont j’ai eu connaissance, exécutée in situ par des spécialistes sur l’ile de Crète… ou de Malte, je ne me souviens plus très bien. J’attire au passage votre attention sur le fait que le Japon annonce sa sortie totale du nucléaire pour 2030, en prévoyant un mix énergétique national, à cette échéance, dans lequel les renouvelables n’entreront, comme par hasard, que pour 30 % ; tout le reste étant naturellement assuré par le fossile. Par ailleurs, outre que je suis prêt à prendre les paris sur la non exécution intégrale de cette résolution… et donne RV à tout le monde en 2030 ( !), vous n’aurez pas manqué de noter que la deuxième puissance économique et technologique du monde ne sait pas programmer sa sortie totale du nucléaire en moins de 20 ans. Et Belges, Suisses, Français et autres Allemands prétendraient, eux, à une sortie quasi immédiate ? Présomptueux et grotesque ! Au demeurant, grotesques les Allemands le sont déjà dans les faits sous les yeux du monde. Mais, revenons aux différents volets de la raison structurelle à cette limitation. Tout d’abord, la réserve primaire de puissance destinée à maîtriser la fréquence. Dans notre pays, elle doit être constamment d’au moins 3 à 4 % de la puissance totale en service. Par ailleurs, du fait que les forces électromagnétiques rendent physiquement solidaires tous les groupes débitant sur un même réseau, chacun apporte sa contribution permanente à ce réglage primaire, dans la limite d’une capacité dimensionnelle s’exprimant en MW/Hz. Celle d’un groupe nucléaire de 900 MW est par exemple de 450 MW/Hz et celle de l’ensemble du parc français peut dépasser 10000 à 15000 MW/Hz. Où l’on voit que la disparition de Fessenheim nous prive d’une participation au réglage primaire de 900 MW/Hz.
Derrière ce réglage primaire, vient l’indispensable et stabilisateur réglage secondaire, fourni par les groupes thermiques (y compris nucléaires) à raison de 5 % à 10 % de leur puissance nominale unitaire et jusqu’à 25 % de cette même puissance pour les groupes hydrauliques. Lors de certaines pointes d’hiver, la demande nationale d’un tel réglage peut atteindre 3 à 4 GW. Il ne vous surprendra pas que la perte des 90 MW de réglage secondaire de Fessenheim sera intégralement compensée par de la production fossile.
Enfin, dans des situations hivernales tendues, les deux réglages précédents peuvent ne pas parvenir à résorber totalement les écarts de transit de puissance d’interconnexion, ainsi que les écarts de fréquence : la réserve secondaire est épuisée, la réserve primaire devient dangereusement insuffisante. Pour reconstituer au mieux des réserves indispensables à la sécurité du système, une provision supplémentaire de puissance est alors mobilisée, apte à entrer en action en moins de 20 minutes, bien entendu, à moindre coût : c’est la réserve tertiaire ou réserve tournante. On y trouve les moyens de production thermiques classiques, notamment les turbines à combustion (TAC) et à gaz (TAG), ainsi que les groupes hydrauliques.
On appelle marge d’exploitation la somme de cette réserve tertiaire et de la capacité secondaire totale. Actuellement, cette marge du parc de production français peut dépasser 7 GW.
Je vous laisse donc imaginer comment il serait possible d’assurer sans défaillance trois fonctions aussi vitales pour le système, consistant à solliciter à discrétion, 24h/24, des réserves de puissance quelquefois significatives, avec un parc de production dans lequel la puissance éolienne occuperait en permanence et de façon erratique plus de 30 % de la puissance distribuée !
Comme le dit si bien Jean-Marc Jancovici dans un article paru dans Les Échos du 12 octobre, dont je vous recommande vivement la lecture, « en matière d’énergie il est plus que temps de sortir de l’amateurisme ! »
Cordialement,
André Pellen
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération