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Commentaire de Marsupilami

sur Un Fabius peut en cacher un autre


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Marsupilami (---.---.175.22) 24 septembre 2006 14:52

@ Patrick Adam & Ka

« Tout le monde se dépêche de rentrer à la maison avec un sachet dans la main qui contient les dernières commissions, pour bouffer TOUS la MEME chose, à le MEME minute, avec les MEMES gestes, et comme si c’était la meilleure chose du monde !... Consternant de stupidité et de soumisson ».

Ta description s’applique aussi bien au comportement des stupides « foules sentimentales » de Souchon (quelle chanson con !), ces foules consuméristes de l’Occident post-chrétien qui sortent des supermarchés avec leurs caddies bourrés des mêmes produits qu’ils boufferont devant les mêmes télés en faisant les mêmes gestes de zapping, et qui sont consternantes, elles aussi, de stupidité et de soumission. Je suis tout à fait d’accord avec Ka sur ce sujet.

Je préfère revenir - puisque ce fil a dérivé vers le ramadan - au cœur de ce sujet, qui est le jêune, un phénomène que je connais très bien puisque je jeûne totalement un jour par semaine (donc 24h ininterrompues) et une semaine par an (7 jour ininterrompus) depuis une vingtaine d’années, non pas pour des raisons religieuses vu que je ne crois en rien, mais pour deux raisons étroitement imbriquées : d’une part pour éliminer les toxines, vu que je suis tout sauf un ascète, et d’autre part pour le pur plaisir spirituel de n’être pas encombré par un corps qui digère : sensation extatique de légèreté, raffinement de toutes les perceptions, sentiment d’être libéré des pesanteurs de la chair. Le pied intégral.

En une vingtaine d’années de jeûnes réguliers, j’en ai appris long (et sans aucun bouquin) sur la physiologie du jeûne et sur les rapports de la conscience avec le corps. Les premières années, pendant les trois premiers jours de jeûne intégral, on est travaillé par une terrible sensation de faim qu’in faut combattre par une volonté de tous les instants. Au bout de ces trois jours, cette sensation disparaît. On commence alors à se sentir extraordinairement bien, totalement libéré de l’appétance. Puis, année après année, on s’aperçoit que cette sensation de faim est dans une très large mesure une construction purement mentale, très largement conditionnée par les rites & rythmes sociaux que sont les heures des repas. Et puis un jour, on se rend compte qu’il suffit de dire à son corps : « Bon, demain je jeûne, donc demain je supprime la sensation d’appétance ». Et ça se fait comme ça, d’une manière naturelle et instinctive, en un clin d’œil. Il m’a fallu 15 ans pour en arriver là. Dès le moment où je commence un jeûne, désormais, j’anihile la sensation d’appétance. Et je n’ai plus faim, dès la première seconde du jeûne. Ce qui accélère la venue des moments extatiques que produit le jeûne : faut pas bouder son plaisir.

Bon. Voilà pour la neurophysiologie du jeûne. Il est évident qu’il s’agit dans mon cas d’un processus voulu, choisi, volontaire, qui n’a rien à voir avec l’état dans lequel on se trouve quand on crève de faim sans l’avoir voulu. Et j’ajouterai que le jeûne peut être dangereux : au bout d’une semaine de jeûne volontaire, on n’a plus envie de bouffer. Ça peut être craignos pour la survie...

Je reviens maintenant au ramadan, qui n’a strictement rien à voir avec ce genre de jeûne. Le ramadan est une coercition socio-religieuse, donc de soumission à un ordre collectif, alors que le genre de jeûne que je pratique est une totale insoumission, une démarche totalement personnelle, volontaire, associale. La plupart de ceux qui pratiquent le ramadan claquent stupidement du bec (et pas dans la « patrie de l’innocence » comme chantait ce cher Léo Ferré) en attendant de se faire exploser la panse au crépuscule, ce qui relève d’une spiritualité crépusculaire. Une infime minorité d’entre eux, tels Ka ou Wrysia, vivent authentiquement cette privation de nourriture très relative dans la dimension spirituelle qu’ils ou elles leur donnent (et j’ajoute que c’est pareil pour le carême des chrétiens). Ceux-là et celles-là, et eux-elles seul(e)s, sont capables de donner au jeûne très relatif du ramadan une signification spirituelle personnelle. Les autres sont aussi cons que des pousseurs de caddies bouffeurs de chipolatas post-chrétiens sans religion pendant le ramadan.

Tout celà revient à considérer que le jeûne, même partiel et hypocrite comme le sont ceux du carême ou du ramadan n’est qu’une connerie lorsqu’il résulte d’une prescription socio-religieuse. Je dirais même que c’est une absurdité du point de vue strictement physiologique. L’être humain n’étant pas un hibou, il est dans sa nature de bouffer le jour et de ne pas bouffer la nuit (sauf pour les noctambules & insomniaques, qui sont une minorité). Il est donc stupide et contre nature de transférer la nutrition du diurne vers le nocturne. Et c’est encore plus stupide de le faire dans les pays musulmans, où les températures diurnes demandent d’être très hydraté.

Le jeûne (le vrai) relève au fond d’une mystique sauvage, basique, naturelle. L’extase qu’il procure n’appartient pas aux religieux.

Bon, je laisse tomber le jeûne et je reviens à ton trio politique de rêve ou plutôt de cauchemar carpe-lapin (peu importe, il est impossible), Patrick : Fabius-Bayrou-Chevènement. Je n’en pense rien, comme je n’ai aucune opinion à propos du sexe des anges...


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