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Commentaire de Antoine Diederick

sur Scientologie - Quid du couac


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Antoine Diederick 9 octobre 2009 12:30

Allard, je vais me permettre de faire un copier/collé de votre texte.....on ne sait jamais.....que cela puisse inspirer quelques condidérations, tant , en accord avec vous sur le fond, moi aussi, je m’interroge.

"

Presque tout le monde connaît Dante et sa fameuse vision de l’enfer. C’est en son “honneur” qu’on qualifie de “visions dantesques” les grandes fresques du cinéma de l’horreur, du type “Apocalypse Now” ou “Débarquement en Normandie”. Ce qui ne veut pas dire que l’on a tous lu la Divine Comédie, ou qu’on s’en souvienne.

Tenez, par exemple, savez vous quel groupe de pécheurs Dante a jugé les plus ignobles de tous et a mis dans son dernier “cercle”, au plus profond des enfers, dans les bras de Satan, si on peut dire ? Les meurtriers ?, les violeurs d’enfants ?… Non. Pour Dante et son époque, l’être le plus infâme était celui qui, “feignant l’amitié et ayant obtenu avec malice la confiance d’autrui, lui était félon et usait de cette confiance pour le mener à sa perte”. Le modèle “Judas”, quoi.

Aujourd’hui, il semble que les temps ont changé. Traîtrise, félonie… ? Mais non, voyons ! Disons plutôt : “astuce”, “sens des affaires”, “ré-alignement”, “mise à jour”… Heureusement que les temps ont changé, sinon Satan en aurait plein les bras… ! Mais les gens, eux, ont-ils vraiment changé leurs valeurs ? Pas sûr, parce que, vous n’avez peut-être pas remarqué, mais les groupes professionnels qui ont plongé au niveau le plus bas des sondages d’opinions ont tous quelque chose en commun : ce sont ceux à qui, traditionnellement, la population faisait confiance.

Ce ne sont pas des “capitalistes” ou des “banquiers” dont la population à la plus piètre opinion. Même s’il est évident que c’est bien par eux que le plus clair du mal arrive, le monde ordinaire ne le prend pas “personnel”, selon l’expression courante, quand les riches et les forts le dépossèdent, car il en a toujours été ainsi. Les plus mal-aimés, ce sont ceux qui ont feint d’être ses amis et l’ont mené à sa perte : les politiciens, les avocats, les leaders syndicaux, les journalistes…

Ce qui met le monde ordinaire sérieusement en rogne, c’est quand il s’aperçoit que le journaliste qui devrait lui dire la vérité ne lui dit que ce qui fait bien l’affaire du système. C’est quand il voit que les défenseurs de la classe ouvrière ne défendent que leurs cotisants et se recyclent en investisseurs. Quand il comprend qu’il vaut souvent mieux ne plus même parler à un avocat que de risquer une facture dont le montant pourra dépasser la valeur des droits en litige. Quand il doit se résigner à choisir ses gouvernants parmi des candidats interchangeables, qui ont tous pour programme de défendre le système tel qu’il est et de voir à ce que les choses ne changent pas.

Le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Et politiciens, avocats, leaders syndicaux et journalistes ne sont que les quatre Rossinantes vedettes de la parade des félonies. Le monde ordinaire, de mémoire d’homme, a vu ses curés défroquer… et accusés en masse de molester les enfants, ses médecins faire la grève… et mis en demeure de ne pas faire des heures supplémentaires, ses enseignants se réfugier dans une convention collective… et astreints à dire des insignifiances devant trop d’enfants pour qu’ils puissent même se souvenir de leurs noms.

On a vu nos militaires commettre des atrocités et des bassesses, nos policiers coupables d’agression et de corruption, nos fonctionnaires s’acharner à NE PAS faire justice, quand ils refusent d’obtempérer à des jugements de cours ordonnant que soient dédommagées les victimes de la mauvaise foi et du crétinisme administratif. On a vu un premier ministre en accusation, des sénateurs en prison, des juges démis pour des écarts de langage… ou blamés pour avoir pris le parti des enfants.

Tous ceux qui d’office servaient de balises à la société et de confidents à la population ont soit trahi massivement la confiance qu’on mettait en eux, soit été eux-même calomniés au point de ne plus offrir un refuge tranquille. Et quand Monsieur ou Madame tout-le-monde va se blottir auprès de son ou sa conjoint(e), il doit encore prendre garde d’oublier que la majorité des mariages finissent en divorces et que le partage obligé du patrimoine est une embuscade qui se prépare de longue main…

On se plaint – et moi le premier – de l’apathie de la population face à son sort, à son évolution sociale, à ses choix politiques… Mais vers qui la population pourrait-elle se tourner ? Où sont les hommes de confiance ? A quel saint se vouer ? On rêverait qu’une cohorte d’Abbés Pierre, une légion de Don Quichotte, une armée de gens de bonne volonté, compétents, dignes de confiance et faisant voeu d’altruisme apparaisse à l’horizon, comme des moines mendiants ou des jésuites de l’an 2000.

Jusqu’à maintenant, je ne vois rien venir. Mais je regarde tous les jours."


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