Allard, je vais me permettre de faire un copier/collé de votre texte.....on ne sait jamais.....que cela puisse inspirer quelques condidérations, tant , en accord avec vous sur le fond, moi aussi, je m’interroge.
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Presque tout le monde connaît Dante et sa fameuse vision de l’enfer.
C’est en son “honneur” qu’on qualifie de “visions dantesques” les
grandes fresques du cinéma de l’horreur, du type “Apocalypse Now” ou
“Débarquement en Normandie”. Ce qui ne veut pas dire que l’on a tous lu
la Divine Comédie, ou qu’on s’en souvienne.
Tenez, par exemple, savez vous quel groupe de pécheurs Dante a jugé
les plus ignobles de tous et a mis dans son dernier “cercle”, au plus
profond des enfers, dans les bras de Satan, si on peut dire ? Les
meurtriers ?, les violeurs d’enfants ?… Non. Pour Dante et son époque,
l’être le plus infâme était celui qui, “feignant l’amitié et ayant
obtenu avec malice la confiance d’autrui, lui était félon et usait de
cette confiance pour le mener à sa perte”. Le modèle “Judas”, quoi.
Aujourd’hui, il semble que les temps ont changé. Traîtrise,
félonie… ? Mais non, voyons ! Disons plutôt : “astuce”, “sens des
affaires”, “ré-alignement”, “mise à jour”… Heureusement que les temps
ont changé, sinon Satan en aurait plein les bras… ! Mais les gens, eux,
ont-ils vraiment changé leurs valeurs ? Pas sûr, parce que, vous n’avez
peut-être pas remarqué, mais les groupes professionnels qui ont plongé
au niveau le plus bas des sondages d’opinions ont tous quelque chose en
commun : ce sont ceux à qui, traditionnellement, la population faisait
confiance.
Ce ne sont pas des “capitalistes” ou des “banquiers” dont la
population à la plus piètre opinion. Même s’il est évident que c’est
bien par eux que le plus clair du mal arrive, le monde ordinaire ne le
prend pas “personnel”, selon l’expression courante, quand les riches et
les forts le dépossèdent, car il en a toujours été ainsi. Les plus
mal-aimés, ce sont ceux qui ont feint d’être ses amis et l’ont mené à
sa perte : les politiciens, les avocats, les leaders syndicaux, les
journalistes…
Ce qui met le monde ordinaire sérieusement en rogne, c’est quand il
s’aperçoit que le journaliste qui devrait lui dire la vérité ne lui dit
que ce qui fait bien l’affaire du système. C’est quand il voit que les
défenseurs de la classe ouvrière ne défendent que leurs cotisants et se
recyclent en investisseurs. Quand il comprend qu’il vaut souvent mieux
ne plus même parler à un avocat que de risquer une facture dont le
montant pourra dépasser la valeur des droits en litige. Quand il doit
se résigner à choisir ses gouvernants parmi des candidats
interchangeables, qui ont tous pour programme de défendre le système
tel qu’il est et de voir à ce que les choses ne changent pas.
Le monde ordinaire souffre de ne plus faire confiance à personne. Et
politiciens, avocats, leaders syndicaux et journalistes ne sont que les
quatre Rossinantes vedettes de la parade des félonies. Le monde
ordinaire, de mémoire d’homme, a vu ses curés défroquer… et accusés en
masse de molester les enfants, ses médecins faire la grève… et mis en
demeure de ne pas faire des heures supplémentaires, ses enseignants se
réfugier dans une convention collective… et astreints à dire des
insignifiances devant trop d’enfants pour qu’ils puissent même se
souvenir de leurs noms.
On a vu nos militaires commettre des atrocités et des bassesses, nos
policiers coupables d’agression et de corruption, nos fonctionnaires
s’acharner à NE PAS faire justice, quand ils refusent d’obtempérer à
des jugements de cours ordonnant que soient dédommagées les victimes de
la mauvaise foi et du crétinisme administratif. On a vu un premier
ministre en accusation, des sénateurs en prison, des juges démis pour
des écarts de langage… ou blamés pour avoir pris le parti des enfants.
Tous ceux qui d’office servaient de balises à la société et de
confidents à la population ont soit trahi massivement la confiance
qu’on mettait en eux, soit été eux-même calomniés au point de ne plus
offrir un refuge tranquille. Et quand Monsieur ou Madame tout-le-monde
va se blottir auprès de son ou sa conjoint(e), il doit encore prendre
garde d’oublier que la majorité des mariages finissent en divorces et
que le partage obligé du patrimoine est une embuscade qui se prépare de
longue main…
On se plaint – et moi le premier – de l’apathie de la population
face à son sort, à son évolution sociale, à ses choix politiques… Mais
vers qui la population pourrait-elle se tourner ? Où sont les hommes de
confiance ? A quel saint se vouer ? On rêverait qu’une cohorte d’Abbés
Pierre, une légion de Don Quichotte, une armée de gens de bonne
volonté, compétents, dignes de confiance et faisant voeu d’altruisme
apparaisse à l’horizon, comme des moines mendiants ou des jésuites de
l’an 2000.
Jusqu’à maintenant, je ne vois rien venir. Mais je regarde tous les jours."