Un droit
On ne le dira jamais assez : c’est un droit.
Leur droit.
Et la société ne devrait même pas le calculer.
Les handicapés n’ont pas besoin de
condescendance, pas besoin de charité, pas besoin de règlements
discriminatoires, fussent-ils positifs, qui pourraient avoir le
redoutable effet pervers d’en faire une population à part.
La loi de 2005, « à bout de souffle » selon l’association de défense
des accidentés de la vie, ne pouvait qu’être insuffisante.
Les bonnes intentions politiques ne manquaient pas dans son contenu,
mais les obligations qu’elle contient ont les limites de la volonté
collective.
Elle a pu, aussi, donner un peu trop rapidement
l’illusion que le problème était sinon réglé au
moins pris en compte dans tous les programmes d’équipements publics.
La logique législative est parfois démobilisatrice même quand elle est
indispensable pour faire évoluer les situations et les mentalités.
Bien sûr, d’incontestables progrès ont été accomplis. Pour lutter
contre toutes les formes d’exclusion qui pénalisent les personnes
handicapées.
Mais, le temps passant et la dureté de la crise
générant toutes les frilosités, les efforts se sont peu à
peu relâchés, supplantés par d’autres priorités.
Les contraintes de l’économie et les diktats de
la compétitivité ne font pas bon ménage avec la
prise en compte des besoins différenciés à l’intérieur d’une société.
Ainsi, il a bien fallu ménager le secteur du
bâtiment fragilisé par la crise en suggérant l’introduction
de dérogations à l’accessibilité d’un certain nombre de lieux publics
ou privés.
Quant aux entreprises qui se plaignent d’un excès de contraintes
administratives ou sociales, elles ont obtenu le report d’un
durcissement programmé des sanctions contre les
récalcitrantes.
Ainsi, de petits reculs en aménagements marginaux, c’est la place des
handicapés qui se rétrécit derrière le rideau des apparences.
Le président de la République et le chef du gouvernement devront
maintenant veiller à ce que l’élan nouveau qu’ils ont voulu donner ne
soit pas une simple velléité de circonstance.
La réponse au handicap ne peut
s’inscrire que dans la durée et
l’obstination.