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Commentaire de Dominique Lacroix

sur Gouvernance de l'Internet : le pouvoir en embuscade


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Dominique Lacroix Dominique Lacroix 17 février 2010 13:06

Digit a écrit :

« 

DL : « Si vous contestez qu’existe un pouvoir US sur l’Internet, il me semble difficile de discuter. »

« Non, je ne conteste pas qu’il existe un lien entre le gouvernement américain et internet.
Effectivement, si on regarde le mode de fonctionnement officiel de l’ICANN, le gouvernement américain y est représenté, et c’est le seul. Mais ça ne lui donne, dans la pratique, que très peu de pouvoir : il peut essayer d’infléchir les prises de positions de l’ICANN, mais ça doit se faire publiquement, et être ensuite accepté par tout le monde, par tous les administrateurs système et réseau de la planète, en France comme en Chine, par FDN comme par Orange. Si on trouve une règle qui convient à autant de monde, alors il y a fort à parier qu’elle laisse assez peu de place aux envies des politiques locaux...

==> DL : Vous prenez pour argent comptant une fable de communication qui met en scène un nouveau système de « Nations unies virtuelles » où les US auraient une voix parmi les autres.

Vous faites l’impasse sur tous les biais, notamment sur la présence massive des entreprises US dans les instances de normalisation et de gouvernance.
Vous faites l’impasse sur la force du pouvoir du fait accompli, de l’état de fait.
Vous faites l’impasse sur les problèmes linguistiques.
Vous faites l’impasse sur les pouvoirs exorbitants et unilatéraux de surveillance des réseaux permis aux pouvoirs US, officiels et officieux. Et en cas de conflit, sur les pouvoirs asymétriques de coupure des accès.

DL : « Évacuation du politique par l’alibi technique. Encore. »

Votre article ne decrit pas bien le fonctionnement de l’ICANN, et donne une fausse impression au lecteur... Et effectivement, l’aspect technique a de l’importance...

==> DL : Décrire le fonctionnement de l’ICANN n’est pas l’objet de cet article.
Sur l’ICANN, j’évoque les défauts de la procédure de contrôle exposée au regard des prétentions affichées (engagements sur transparence, responsabilité, intérêt général).
Et je propose une lecture linguistique des propos récents de Rod Beckstrom.

Sur le fonctionnement de l’ICANN, au lieu de vous en tenrir à la fable du story telling, peut-être auriez-vous avantage à lire des points de vue critiques de juristes américains ?
Par exemple sur ICANN Watch : http://www.icannwatch.org/articles/09/11/06/2116203.shtml

DL : "Et je dis qu’en continuant de nier la souveraineté des peuples, comme le fait Rod Beckstrom dans son interview par l’AFP, ce sont les dirigeants US qui provoquent les schismes."

Je ne pense pas que cela soit le seul faite des US, quand on regarde ce qui se passe actuellement en France avec HADOPI, LOPPSI, et dans d’autres pays, on se dit que la souverainete du peuple n’est pas une priorite pour nos politiques. Je vous rejoint sur ce point.
La neutralité du réseau, me semble
être la notion fondamental, en terme de libertés ! »

DL : Ne dérivons pas le sujet. Quand on vole, on ne peut pas prendre pour excuse qu’un autre vole aussi. C’est une règle fondamentale de droit.

Quant à la « neutralité du réseau », c’est un slogan. Pour se comprendre, il me semble nécessaire de définir précisément de quoi on parle.

Un réseau peut-il êre neutre quand la majeure partie de ses infrastructures est contrôlée par une partie, et gérée dans la plus grande opacité ?

Un réseau peut-il être neutre quand sa périphérie y paie plus cher que son centre pour une connectivité de moindre qualité ?

Il me paraît dangereux de déclarer « défendre la neutralité du réseau » comme si c’était un acquis, qui serait nouvellement mis en cause. Alors que, par construction, il est structurellement non neutre : topologies, accès, contrôle etc.

Si on parle de l’interdiction qui devrait être faite d’inspecter les contenus, alors oui, demandons-nous qui aujourd’hui, dans le monde, pratique la Deep packet inspection ?
Et les États ne sont pas les seuls tentés...

Si on parle de l’interdiction qui devrait être faite aux opérateurs de privilégier les contenus qu’ils distribuent par rapport aux échanges de bout en bout entre usagers, oui, on peut toujours essayer de s’opposer à l’instauration de réseaux à plusieurs vitesses, à plusieurs niveaux de qualité...


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