Un exemple de
l’hypocrisie ambiante :
extrait de http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2219_huile_de_palme_deforestation.php
« Le rapport des
Amis de la Terre souligne notamment que dans les trois dernières années, le
gouvernement du Ketapang(3) a concédé des permis pour des plantations d’huile
de palme sur 40% de la surface du district, en violation des lois pour protéger
les forêts, l’environnement et les populations locales. 39 des 54 permis sont situés
sur 400 000 hectares de forêts protégées, incluant un parc national où vivent
des orangs-outangs, menacés d’extinction. Au total, les permis couvrent 1,4
million d’ha au Ketapang...
Ce qui pose problème pour l’ONG c’est le fait que ces
violations légales proviennent également (pour 43 %) de compagnies membres de
la « La Table ronde pour la production durable d’huile de palme » (Roundtable
for Sustainable Palm Oil - RSPO) pourtant fondée par l’organisation
de protection de la nature WWF.
De même, il est utile de
bien faire la distinction entre le produit brut : l’huile de palme
utilisée par le pêcheur brésilien pour faire frire son poisson et le produit
technologique répandu dans les cantines et restos de tous les pays occidentaux, très éloigné du premier.
Il faut aussi rappeler que la culture
intensive aujourd’hui = hybride et non ressource naturelle.
Pour clore ce point, je terminerai par ces mots de Kostas Vergopoulos dans le numéro 105 de la revue des sciences sociales publiée par l’UNESCO :
« l’agriculture ne s’industrialise pas, comme certains l’attendaient depuis longtemps, mais elle est remplacée par l’industrie. L’agriculture capitaliste ne triomphe pas, mais c’est l’industrie qui se substitue à toute forme d’agriculture, capitaliste ou familiale. »
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Pour revenir au sujet de la déforestation et de la nutrition :
Les
groupes miniers qui s’accaparent des territoires inviolés, oh c’est horrible
mais bon… les bois précieux dilapidés, oh c’est horrible mais bon… la culture
du soja en Amazonie, oh c’est horrible mais bon… l’urbanisation croissante, oh
c’est horrible mais bon… Tous ces arbres abattus sont pour certains
remplacés par des rangées de pin en
Europe ou des rangées de palmiers à huile hybrides en Asie du Sud-est. Même en
les qualifiant de « forêts de substitution », le compte n’y est pas
puisque 13 millions d’hectares de forêts « normales » (je ne dis même pas « primaires ») disparaissent néanmoins
chaque année dixit un expert du CIRAD (article du Monde). J’ai pris leurs
chiffres pour ne pas être taxée d’activiste partisane. Rappelons que le CIRAD ne lutte pourtant pas pour la Décroissance, se proposant même de créer le palmier à huile du futur !
Au final, dans un tel contexte
d’indifférence marquée à l’égard du problème de la déforestation au niveau
mondial, la mobilisation des occidentaux
sur l’huile de palme mériterait tout un article tant elle a été rapide et
efficace. Si elle a trouvé un tel écho, c’est d’abord à cause de ses
conséquences sur la santé, très habilement mises en avant mais fausses
partiellement, ensuite parce que les moyens de rétorsion sont simples à mettre
en œuvre.
Le combat
n’est pas terminé. Tandis que de nombreuses marques ont décidé d’investiguer le
segment « sans huile de palme » paradoxalement, les industriels du bio
n’ont aucun scrupule à l’introduire dans leurs produits déjà très chers, ce qui
est une double imposture.
A propos des graisses :
Les biscuits sont au
beurre en Normandie, au saindoux en Andalousie… L’hécatombe de maladies
cardio-vasculaires ou de cancers est trop complexe et trop récente pour
l’attribuer à nos traditions culinaires. Difficile de croire à de bonnes ou
mauvaises graisses tant que l’on fait l’effort de préparer soi-même sa cuisine
avec des ingrédients de base archi-connus et naturels. Même l’huile de palme n’est pas à
bannir en tant que telle. Elle n’est sans doute pas un poison pour nos artères
si elle est utilisée non transformée et dans le cadre d’une alimentation
spécifique puisqu’elle intervient dans de nombreuses traditions. Chaque culture
a su tirer parti de ce que lui offrait son environnement. Si je veux cuisiner
chinois, j’utiliserai aussi de l’huile de sésame par exemple, si je veux
cuisiner indien, j’utiliserai du ghee, de l’huile de coco dans les îles sous le vent et dans certains
coins d’Afrique, d’Asie ou autres, j’utiliserai cette belle huile orange qu’est
l’huile de palme… mais ce ne sera pas pour cuisiner des plats européens. En revanche, la margarine : belle « graisse d’usine » continue à prospérer dans nos rayons.