Puisque nous sommes sur ce sujet, je vais en outre revenir
sur une de vos affirmations : Il faut être
un fieffé inculte, sincèrement, pour oser douter encore que TOUS les courants
libéraux (minarchistes, anarco-cap., socio-libéraux, néo-classiques…)
s’accordent pour dire qu’il y a une dualité évidente et consubstantielle entre
le libéralisme économique et celui politique. De ce point de vue, c’est à dire
du point de vue de la théorie libérale et de ces éminents penseurs, il y a
unanimité. Il y a un consensus formel et limpide.
Tout d’abord, si je comprends bien le fil de votre pensée,
vous qui supportez une personne qui, dites vous, affronte le libéralisme, vous
admettez qu’elle lutte indifféremment contre le libéralisme politique et
économique puisqu’en réalité il ne fait qu’un. Je ne sais pas, du coup, si je
peux toujours être considéré comme un « chien de Pavlov » lorsque je
vous dis que Marine Le Pen veut également supprimer les libertés politiques,
mais sans doute m’éclairerez vous sur ma nature animale profonde dans votre future
réponse.
Pour ne pas vous vexer, cependant, je vais plutôt considérer
que vous faites preuve en la matière d’une connaissance très sélective (je
n’aurai pas la prétention de vous traiter de fieffé inculte dans ce domaine que
vous semblez tant maîtriser !). Otez moi d’un doute. Le libéralisme politique,
dans les faits, a-t-il TOUJOURS été lié au libéralisme économique ? Même lors de
la Monarchie de juillet ? Même lors du Second Empire ? Il me semblait même qu’à
ce moment là, libéralisme économique de la bourgeoisie française affairiste et libéralisme
politique des républicains ne faisaient pas bon ménage...
C’est sans doute que vous ne retenez du libéralisme
économique que la liberté de circulation des marchandises et des humains
(ceux-ci semblant vous inquiéter davantage que le premier d’ailleurs). Vous ne
dites rien des deux autres principes fondamentaux de cette utopie :
responsabilité et propriété. Si Marine le Pen était vraiment la plus
anti-libérale de ce que vous appelez nos deux égéries, ne devrait-elle pas
s’attaquer aussi à ces deux autres bases ? Le fait elle ? Non ! Le droit à la
propriété, pour ne parler que de lui, n’est pas remis en question, il est même
conforté dans ses excès (dans son programme : suppression de l’impôt sur le
revenu, réduction des droits de succession, suppression des prélèvements sur
les plus-values boursières...).
Son anti-libéralisme masque en réalité un profond
attachement au système inégalitaire mis en place depuis des années par la
doctrine libérale qui prétend que tout individu est seul responsable de ses
actes par son mérite personnel, présomption sur laquelle, je le sais d’ores et
déjà, nous ne sommes pas d’accord : pour mesurer véritablement le mérite
personnel, encore faudrait-il que nous partions tous, dès la naissance, du même
pied d’égalité, ce qui n’est pas le cas et ne le sera probablement jamais. Je
le redis donc : non, Madame Le Pen n’est pas pleinement anti-libérale et si, ces
derniers temps, elle en a fait son cheval de bataille c’est bien dans des
perspectives opportunistes qui lui permettent par la même occasion de légitimer
ses lubies xénophobes.
Ensuite, je ne suis pas anti-protectionniste, certainement
pas. Mon protectionnisme, contrairement à vous, se borne aux limites de
l’Europe, qui doit être une instance de solidarité sociale entre les différents
peuples qui la composent. Alors, bien évidemment, nous en sommes loin et je
n’ai absolument pas les connaissances pour savoir comment faire. Mais j’ai tout
de même l’impression qu’avec des préceptes sages comme "les mêmes règles
pour tous« et »des secteurs publics forts dans tous les domaines
indispensables pour garantir la dignité de chaque être humain", cette
ambition devrait être à notre portée.
Enfin, je suis désolé, mais je ne vois toujours pas en quoi
le fédéralisme que vous dénoncez est actuellement au pouvoir. La chienlit
(puisque vous semblez être amateur du général De Gaulle) actuelle est au
contraire la conséquence directe de l’absence d’un pouvoir politique fort qui
fasse de cette Europe plus qu’une Europe du fric gérée par des technocrates
Bruxellois. Libre à vous de ne pas y croire parce qu’hélas aucune preuve
scientifique ne permet de prouver quoi que ce soit dans ce domaine, mais je
crois en l’intelligence de l’être humain et en son besoin fondamental de vivre
en société, et en harmonie avec les autres de surcroît. Nous sommes encore une
fois aux franges des raisonnements rationnels. Vous parlez de chimères et
d’illusions mais une nouvelle fois vous omettez que votre propre vision du monde
repose aussi sur des spéculations : votre vision de la Nation n’est pas moins
une construction mentale que ce que l’est celle de la construction d’une Nation
Européenne.
Enfin, je vous répondrai sur le même ton que vous avez
employé avec moi en ce qui concerne les crimes communistes : votre blabla et
votre réflexe pavlovien d’anti-bolchevik primaire, votre simplification à
outrance de l’histoire sur ce propos, et votre oubli des crimes similaires
perpétrés chaque jour et depuis le XIXème siècle (voire avant) par votre idéal
nationaliste et/ou capitaliste me font doucement rire. Ce sont des propos de
cours d’école (« c’est toi qu’en as tué le plus ! Non c’est toi ! ») qui
me déçoivent un peu venant de la part d’une personne si pointilleuse que vous sur
les choses de l’Histoire.