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Commentaire de C BARRATIER

sur Les contrats d'avenir...pour quel avenir ?


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 C BARRATIER C BARRATIER 1er octobre 2012 17:30

L’expérience que j’ai de l’emploi de jeunes financé par l’Etat porte sur les années 1985-1995. J’avais à diriger de gros lycées, avec de gros besoins de sécurité des abords, d’encadrement des restaurants scolaires, d’ouverture tardive du Centre de documentation (porté jusqu’à 20 h pour le plus grand bonheur des nombreux et nombreuses internes), d’activités pour les jeunes sans cours..etc... J’ai eu jusqu’à 55 jeunes en même temps. Répartis dans tous les services. Pour le plus grand bien du lycée et de ses usagers, et pour le plus grand bien de ces jeunes...qui très majoritairement ont trouvé du boulot ensuite.

Car chacun avait un tuteur (tutrice) (comptable, secrétaire, magasinier, conseiller d’éducation, documentaliste, jardinier, factotum, infirmière, cuisinier, distribution des repas...) qui l’initiait et obtenait des choses qui paraissent évidentes :
Etre propre y compris côté cheveux
Arriver à l’heure
Ne pas utiliser un langage familier mais celui d’un milieu d’éducation.
Pas de tutoiement
Boulot boulot, sans machouiller ni sortir hors du lycée pour fumer pendant le temps de service. On est là pour bosser et fournir un travail irréprochable sans traîner.
Noter les difficultés rencontrées et en discuter avec le tuteur
Participer à une séance d’évaluation et si possible à des formations (en langues avec une classe, en dehors du temps de service ; en natation avec préparation du brevet de surveillant de baignade ; en informatique ; en premier secours etc...formations qui ne coûtaient rien puisque les volontaires s’ajoutaient aux groupes scolaires ou non en formation)

Pour gérer tout ce monde (déclarations, paye...) un jeune précaire dont c’était le job avec son tuteur.

Peu à peu ils croyaient en eux. Parfois changeaient de service.
 Des embauches réussies au bout.

Je ne suis pas sûr qu’ils y seraient arrivés directement par le Pôle emploi. Et on ne leur disait plus qu’ils manquaient d’expérience, nous leurs fournissions les attestations de travail !

Certains ont même pu faire un petit diplôme.

J’ai appris plus tard que j’aurais dû avoir un comité d’entreprise, car ils n’étaient pas fonctionnaires (dans la fonction publique cela n’existe pas, il y en a dans les établissements privés). Nous aurions pu en faire un, cela aurait été utile à leur apprentissage du travail

Tous les chemins peuvent mener au travail, sauf celui d’attendre sans rien parce qu’on ne trouve rien. Là on s’enfonce ! Et il est ensuite difficile de s’y mettre, et le CV avec un grand vide entre la scolarité et la candidature à un emploi dissuade tout employeur (qui a le choix) de s’intéresser à ce candidat là.

On parle d’apprendre un métier, là il s’agissait d’apprendre à travailler, le métier venait après et tout seul.

Alors observons et surtout occupons nous de ceux qui vont accueillir ces « contrats d’avenir » qui devront quelque part être des éducateurs.


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