Une réaction du COLLECTIF CITOYEN DE
CHÂTEAU-ARNOUX / SAINT AUBAN
Le
11 juin 2013
CHÂTEAU-ARNOUX,
TERRE
D’ACCUEIL POUR DES TRAVAILLEURS ÉTRANGERS
A travail précaire,
logement précaire !
La
Construction d’ITER (International Thermonucléaire Expérimental Réactor) à
Cadarache sera assurée, entre 2014 et
2017, par 3 à 4000 travailleurs
exclusivement recrutés dans tous les pays de l’Union européenne, exceptée la France ! Parmi ces salariés, 1500 à
2000 d’entre eux seront en recherche d’un hébergement à proximité du chantier,
pour des durées très variable. Mais hélas pour eux, les conditions
d’hébergement qui leur sont réservées sont à l’image de leurs conditions de
travail : précaires !
Le
« Guide du logement » édité en juin 2012 à la demande de la société
« ITER France », indique notamment que le Camping de Château-Arnoux pourrait accueillir 779 personnes dans
des mobil-home. Il s’agit là d’une proposition très sérieuse, présentée à la
municipalité de Château-Arnoux il y a près de deux ans.
Pour
le respect des conditions de vie des travailleurs accueillis
Dès
2010, la CGT s’est inquiétée des conditions de travail sur ce site
international hors norme. Les premiers chantiers ont tous été confiés à des
entreprises du BTP qui ont toutes des filiales dans les pays de l’Est, et les
travailleurs Polonais, Russes ou autre ont été logés on ne sait où… Pire, les
militants syndicaux n’ont aucune information sur leurs conditions de travail,
le CHSCT du CEA ne pouvant mettre les pieds sur le chantier ITER…
De
son côté, le Conseil Régional, une fois connu les propositions d’hébergement
d’ITER France, a réagi en adoptant une motion présentée par Martine Carriol,
élue Front de gauche dans notre département, et adoptée par la seule majorité
de gauche. On peut y lire : « En tant que financeur public (du projet
ITER), nous devons faire preuve de la plus grande vigilance » ;
de plus, le « recours massif au travail précaire sans impact bénéfique sur le
taux d’emploi local doit nous alerter ». Enfin, « le Guide du logement (préparé par ITER)
envisage certaines solutions qui ne nous apparaissent ni dignes ni
respectueuses de conditions de vie des travailleurs du site »
Conditions
de travail et d’hébergement sans contrôle
Le
recours aux salariés étrangers est possible depuis l’adoption, en 1996, de la directive 96/71 de l’Union Européenne. Ce
texte organise l’emploi des travailleurs
recrutés dans les autres pays de l’Union. En quelques années, le nombre de
salariés détachés sur le territoire national a été multiplié par 20. Et
l’effectif déclaré est estimé, selon un rapport parlementaire de 2011 à un
tiers seulement des détachements connus, soit 450 000 salariés détachés en
2011.
Cette possibilité de recrutement est
devenue une « aubaine » par exemple pour les entreprises du BTP, au
point que pas une seule proposition d’emploi pour le chantier ITER ne figure à
l’agence pour l’emploi de Manosque !
Cette directive prévoit que ces
travailleurs détachés (pour deux ans maximum) doivent bénéficier du
« noyau dur » de la législation sociale du pays où est réalisé le
travail. Hélas, les possibilités de contrôle, aussi bien de la part des
syndicats que de l’inspection du travail, sont quasi inexistantes, au point que
la Commission européenne envisage de renforcer les dispositifs de contrôle.
Non au dumping social ! Les solutions
existent !
Face à l’ampleur du chantier d’ITER,
le label « Grand chantier »
s’impose. Ce label avait par exemple été attribué à la construction du viaduc
de Millau. Une telle qualification implique pour les groupements d’entreprises
la construction de logements en vue d’héberger les constructeurs. Alors que
Manosque compte actuellement un taux de logement social scandaleusement bas,
alors que la demande est forte, et très sociale, ce label aurait permis à la
fois d’éviter l’habitat précaire pour les constructeurs, et aurait permis, à
terme d’améliorer les difficultés de logement de la population locale.
Cela aurait également permis de
freiner un peu la spéculation foncière. D’ailleurs, l’Etablissement Public
Foncier régional préconisait en 2006 « d’effectuer
des acquisitions foncières et ainsi accompagner les grands projets, tel ITER… »
D’autre part, le contrôle du respect
des droits de ces travailleurs doit être garanti. Par exemple, la convention
entre ITER et l’URSSAF mettant en place un calendrier et un délai de prévenance
interdisant tout contrôle inopiné, risque de rendre ces contrôles totalement
inopérants. Cela ne va pas dans le sens du « projet d’amélioration de la
directive de 96 » présenté par la Commission européenne, même si ces
améliorations restent très modestes. Cela conforte au contraire le blocage organisé
par le Royaume Uni et les nouveaux pays entrant dans l’UE, qui préfèrent
encourager le travail low-cost en Europe, c’est-à-dire la persistance d’une
main d’œuvre à bas coûts, souvent surexploitée, alors qu’il faudrait une
harmonisation sociale pour améliorer la solidarité entre les peuples européens.
Accueillir
dignement des travailleurs étrangers à Château-Arnoux
Le
camping de Château-Arnoux est fermé depuis de nombreuses années par manque de
moyens pour le rendre accueillant et conforme aux normes en vigueur. Il ne peut
donc recevoir personne avant que soient réalisés tous les aménagements
nécessaires et obligatoires.
Mais
s’agissant de résidents à long terme, et sans doute maîtrisant mal ou pas du
tout notre langue, d’autres dispositions sont indispensable pour leur assurer
un séjour digne et conforme aux traditions d’accueil de notre territoire.
Alors
que l’arrivée de ces travailleurs devrait intervenir d’ici quelques mois, alors
que ce projet est connu depuis bientôt deux ans par la Municipalité de
Château-Arnoux, qu’est ce qui a été mis en place à ce jour ? Qu’est-ce qui
a été prévu, en matière sociale, au niveau culturel et distractif, ou encore
dans le domaine du suivi médical ? Alors que l’offre de santé s’amenuise à
Château-Arnoux, qu’en sera-t-il face à cette importante augmentation de
population résidente ?
Enfin,
comment notre population sera-t-elle associée à cet accueil ?
Il est grand temps d‘ouvrir les dossiers et d’organiser la
réflexion collective pour accueillir dignement ces travailleurs.