@chantecler
Ce n’est pas le peuple
français qui a appelé Pétain mais le président Albert Lebrun dont de Gaulle
disait "Au fond, comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué :
qu’il fût un chef ; qu’il y eût un Etat." D’ailleurs il n’en fut pas directement
l’initiateur inspiré par Raynaud qui espérait qu’il échoue dans les
négociations d’armistice et soutenu par les partisans de la paix, souvent des
collaborationnistes avant l’heure. Mais le peuple français n’y est pour rien.
Reste, et il serait
malhonnête de le nier, Pétain disposait d’une aura auprès du peuple français.
Par une transposition hasardeuse, le vainqueur de Verdun allait devenir le
sauveur de la France. L’histoire n’est pas avare de ces transpositions. Par
exemple ceux qui ramenèrent l’homme du 18 juin au pouvoir en 1958 pour que
l’Algérie reste française se sont aussi fourvoyés.
Il y a comme ça des
images qui se créent d’hommes et qui sont erronées. Pétain par exemple fut un
chef timoré qui prolongea sans doute la première guerre mondiale par son attitude
attentiste (des USA), ce qui évidemment ne retire rien à ses autres
mérites, notamment celui de vouloir préserver la vie de ses hommes. Il fut
surtout populaire après d’eux et pas très considéré par ses pairs et
Clémenceau. Son attitude timorée, et un certain défaitisme, se retrouvent
ensuite à l’approche de la seconde guerre mondiale et au moment où elle se
déroule. Mais finalement peut-être était-t-il à l’image d’une France qui
n’avait peut-être pas envie de remettre ça et misa sur la ligne Maginot, même
si ses soldats ne manquèrent pas de courage pendant la courte période de la
guerre en 1940 atteignant un taux de mortalité équivalent à celui de la guerre
précédente.
Quant au programme
politique de Pétain, c’est vraiment du rudimentaire, même du primaire. ça
pourrait être un écolo de droite si on osait une transposition. Vraiment rien
de transcendant et aucune perspective d’avenir. Bon soyons sérieux, c’est un
vieillard sans grande consistance, mais d’autant plus nuisible que son
imaginaire est étriqué qui arrive au pouvoir en 40, et se fait remettre les
pleins pouvoirs dans des conditions douteuses et qui n’ a rien à voir avec
l’image qu’en ont les Français quand il prend la tête d’un Etat qui n’existe
plus dans les faits, puisque soumis à son vainqueur. Mais sans doute fut-ce
moins dommageable pour la France, même si l’honneur est absent de cela, que
comme pour la Belgique ou les Pays-Bas par exemple, qu’elle soit soumise à une
administration directe de la part des nazis.
Mais confondre ce régime
avec la France, c’est un crachat jeté à cette dernière et à son histoire.
C’est juste un triste épisode de son histoire qui devrait au passage faire
réfléchir sur l’exercice du pouvoir par ceux auquel il est confié et se
prennent une fois élu pour Jupiter, clamant là où ils passent qu’ils sont le
chef et que l’alternative qui reste aux autres est de se soumettre ou se
démettre (voir mon précédent billet). Le chef militaire timoré de la première
guerre fit preuve d’autoritarisme une fois installé à la tête de l’Etat. C’est
souvent la marque des faibles et des insuffisants.