Pékin accusé de livrer du pétrole à la Corée du Nord, malgré les sanctions
Publié le Samedi 30 Décembre 2017 à 09:56
AFP
- La Chine s’est défendue vendredi de livrer clandestinement du pétrole
à la Corée du Nord, après des accusations en ce sens de Donald Trump et
l’arraisonnement par la Corée du Sud d’un navire hongkongais qui aurait
transbordé des hydrocarbures sur un bâtiment de Pyongyang.
"Pris
la MAIN DANS LE SAC", a lancé le président américain jeudi sur Twitter,
se disant "très déçu de voir la Chine permettre au pétrole d’entrer en
Corée du Nord" en violation des sanctions adoptées par l’ONU pour forcer
Pyongyang à renoncer à son programme nucléaire.
"Il n’y aura
jamais de solution amicale« avec la Corée du Nord »si cela se poursuit",
a menacé le président américain qui a déjà évoqué une action militaire
contre ce pays.
Un responsable du département d’Etat a précisé
que « certains navires », dont des bateaux chinois, "se livraient à des
activités prohibées par l’ONU, y compris des transbordements de produits
pétroliers raffinés entre deux vaisseaux et le transport de charbon
provenant de la Corée du Nord".
Une accusation catégoriquement
rejetée par Pékin qui a qualifié ces informations « d’inexactes » et s’en
est pris en termes à peine voilés au tweet de Donald Trump. "Faire du
battage sans raison via les médias ne contribue pas au renforcement de
la confiance mutuelle et de la coopération", a déclaré la porte-parole
du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.
Mais
les accusations du locataire de la Maison Blanche semblent corroborées
par la Corée du Sud qui a annoncé vendredi avoir brièvement arraisonné
en novembre un navire hongkongais ayant transféré des produits
pétroliers sur un bateau nord-coréen.
L’annonce de ce contrôle
est intervenue au lendemain d’un nouveau durcissement par l’ONU des
sanctions contre le régime de Kim Jong-Un. Le Conseil de sécurité a
banni des ports du monde entier quatre navires soupçonnés de transporter
ou d’avoir transporté des marchandises interdites, a appris l’AFP de
sources diplomatiques.
Un responsable du ministère sud-coréen des
Affaires étrangères a précisé que les douanes de son pays avaient
arraisonné le 24 novembre le navire hongkongais Lighthouse Winmore, pour
avoir transbordé le 19 octobre des produits pétroliers sur le Sam Jong 2
dans les eaux internationales.
"C’est un cas typique de la façon
dont la Corée du Nord contourne sournoisement les sanctions du Conseil
de sécurité de l’ONU en utilisant ses réseaux illégaux", a-t-il déclaré
aux journalistes.
La porte-parole de Pékin a contesté ces
informations en affirmant que le bateau en question n’avait pas mouillé
dans des ports chinois depuis août.
Le Conseil de sécurité a
multiplié ces dernières années les trains de sanctions pour contraindre
Pyongyang à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique.
Et
en bannissant jeudi trois navires nord-coréens et un de Palau, selon
une liste finale adoptée par l’ONU, l’exécutif onusien a en fait doublé
le nombre de bateaux interdits de ports.
Quatre autres navires,
battant pavillon des Comores, de Saint Kitts et Nevis, du Cambodge et de
la Corée du Nord, avaient déjà été interdits de ports en octobre, une
première dans l’histoire des Nations unies.
Une liste de dix
navires avait été proposée à l’interdiction par les Etats-Unis, mais
« seulement quatre navires ont été acceptés » par l’ONU, même si "la
procédure reste ouverte" pour les autres bateaux, a indiqué à l’AFP un
diplomate sous couvert d’anonymat.
Plusieurs sources
diplomatiques ont indiqué que la Chine s’était opposée à l’inscription
sur la liste noire des six autres navires proposés par les Etats-Unis.
En
2017, le Conseil de sécurité a imposé à l’unanimité trois séries de
sanctions économiques à la Corée du Nord, toutes plus fortes les unes
que les autres : le 5 août (fer, charbon, pêche...), le 11 septembre
(textile, limitation de livraisons de pétrole) et le 22 décembre
(produits pétroliers raffinés notamment).