Trop d’Etat, les Français maintenus sous assistance, le syndrome de la tête
qui dépasse
Cette campagne présidentielle 2007 est incroyablement complexe.
Tous les
Français, qu’ils se l’avouent ou non, ont en ligne de mire la gravité des enjeux et ont conscience que leurs choix sont moins liés à une vision claire et honnête de leurs motivations profondes, qu’à une harangue continue, populiste, surmédiatisée et très pauvre en pédagogie.
Les Français sont pris dans un psychodrame qui trouve sans doute ses racines
dans leur Histoire. Syndrome d’un pouvoir toujours centralisateur issu de la
Monarchie ; syndrome d’un pouvoir infantilisant qui subventionne en
multipliant des systèmes de tutelles, de distribution d’aumônes, de
règlementations toujours plus complexes et plus illisibles ; syndrome de
haine - issu de la Révolution Française, de la Commune - vis-à-vis des
élites, de la réussite, de l’élévation sociale, de talent, de la propriété,
de l’enrichissement toujours suspect voire présumé coupable ; syndrome de
rejet d’une identité nationale tronquée par une Histoire dont nous n’avons
pas toujours à être fière.
Comme tout bon psychologue, il faut chercher la genèse des phobies de son
patient dans son passé profond. En France, il faut remonter loin dans
l’inconscient collectif pour trouver les points de résistance, pour trouver
la bonne manière d’expliquer, pour être pédagogue.
Et surtout, il faut se concentrer sur les faits, seulement les faits et non
pas sur une interprétation obligatoirement tronquée.
C’est à se demander parfois si on ne peut mesurer la valeur de la liberté
qu’une fois qu’on l’a perdue, et si l’on ne se rendra pas compte de tous les
atouts que nous avions en main une fois qu’on les aura bradés.
La campagne pour les élections présidentielles manque cruellement de vérité.
Et le Gaulois de base, de souche ancienne ou récente, le sait bien.
Un Etat fort ne se mesure pas à la hauteur de son budget, au nombre de ses
fonctionnaires, à la complexité de ses échelons de décision administrative,
à l’incohérence de ses dépenses. Tout Français d’aujourd’hui est assez
évolué pour comprendre que l’Etat ne peut pourvoir à tout, sauf à tomber
dans un système dont même Marx et Engels n’aurait pu rêver.
Il n’est pas certain que les Français n’aient pas envie de s’entendre dire
qu’il peuvent se prendre en charge sur une multitude de sujets, qu’il
peuvent se comporter en adultes responsables dans la plupart des domaines de
leur existence et donc que l’Etat pléthorique, étouffant que nous avons
actuellement n’a pas vocation à perdurer.
Au Grand Jury de dimanche dernier, Laurence Parisot parlait du « maquis »
des subventions en France. Par extension, ce mot « maquis » voire «
broussailles » pourrait s’appliquer à l’ensemble des domaines de compétence
de l’Etat.
On parle de réduire les déficits. Mais la réussite de ces réductions ne peut
passer que par un amaigrissement drastique de la présence de l’Etat. Un
régime amincissant ne peut réussir qu’en réorganisant complètement,
progressivement son régime alimentaire.
Les Français sont prêts à assumer cette modification de régime alimentaire,
par une diminution progressive, intelligente de sa ration quotidienne
d’Etat. Les Français pourraient perdre leur « Etat superflu » en faisant un
peu plus d’exercice c’est-à-dire en allant eux-mêmes chercher les clefs de
leur réussite.
Toutes nos aides, subventions ne sont que de la « junk food » qui nous
rendent obèses et inopérants.
Il est temps de passer du stade enfantin du « Moi je veux... », « Est-ce que
je peux... », « Donne-moi », « c’est à moi » au stade du « je peux, je veux
le faire seul ».
Nous sommes dans l’époque du look, mais la France a du mal à se regarder
dans un miroir. Sa graisse lui fait oublier la ligne qu’elle avait autrefois
lorsqu’elle était jeune, belle et dynamique.
Et la jeunesse Française d’aujourd’hui qui se sent pareillement vieille et
moche, ne demande qu’à prendre l’initiative de cette cure d’amaigrissement.
C’est pour cela que la France est mal dans sa peau. Qu’elle rejette les
vieux, les jeunes, les riches, les étrangers. Qu’elle n’est plus généreuse,
ouverte, créative, capable d’époustoufler le monde par son originalité, sa
singularité, Qu’elle rejette, détériore sa garde-robe et tous ses beaux
accessoires - son pays, ses paysages, sa culture, sa langue.
C’est pour cela que la France foule aux pieds la réussite, la promotion
sociale. Comment aller faire du shopping dans des magasins à la mode quand
on se sent vieux, moche et obèse.
C’est pour cela que la France a choisi le nivellement scolaire par le bas,
le gavage systématique dés que le bébé pleure ou se fait un peu mal en
trébuchant. La boulimie / anorexie d’aujourd’hui ne sont que les symptômes
d’une France qui n’en peut plus.
C’est pour cela que la France écoute un Nicolas Hulot, qui encore
maladroitement, leur donne l’idée que leur « Siècle des Lumières » pourrait
se reproduire si, dans le développement durable, comme dans tous les
domaines qui font leur force, les Français reprenaient l’initiative.
Les Français sont capables d’entendre qu’ils sont responsables de leur
quotidien, de l’éducation de leurs enfants, de leur niveau de vie, de leur
environnement, de l’endettement de leur pays.
Les Français sont capables d’entendre que l’Etat ne peut pas tout, que l’on
apprécie mieux, que l’on respecte mieux ce que l’on acquiert par soi-même
que ce qui vous est donné sans effort.
Et qu’ils ne se sauveront pas sans eux-mêmes changer radicalement leur
rapport à l’Etat.
Et que ce n’est pas en mettant tous leurs caprices sous perfusion, en
maintenant en vie des systèmes qui devraient avoir disparu, en faisant de
l’acharnement thérapeutique avec de l’argent que nous n’avons pas, que les
Français pourront prendre conscience de leurs propres forces, de leur
capacité à agir par eux-mêmes.
Les Français doutent des politiques parce que les politiques ne les croient
pas suffisamment intelligents pour comprendre, pas suffisamment adultes pour
entendre la vérité tout entière, parce qu’ils minimisent la gravité de leur
état, parce qu’ils ne leurs proposent que des demi-traitements et pas des
protocoles complets, parce qu’ils les traitent comme des enfants ne voulant,
ni ne pouvant marcher sans aide.
Les Français doutent des politiques parce, fort de leur bon sens paysan, ils
savent que l’on ne récolte que ce que l’on sème et que l’on sème ni ce que
l’on n’a pas, ni par grand vent.
Les Français savent bien que le dédoublement de personnalité n’existe pas.
Que l’Etat ne pourra pas devenir ce qu’ils se refusent à eux-mêmes de
devenir.
Certains disent que l’on a besoin d’air. C’est un doux euphémisme.