• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Philippe Vassé Philippe Vassé 24 juillet 2007 04:58

Bonjour,

J’ai lu les divers commentaires qui, presque tous, au lieu de suivre la problématique que pointe l’article, se livrent à des commentaires qui n’ont avec lui qu’un lointain rapport.

Peut-être serait-il utile de rappeler, sans passion, mais avec la raison calme, que l’article évoque surtout la problématique des relations entre la Russie et l’UE, et particulièrement essaie de comprendre le JEU POLITIQUE en cours de ces DEUX entités politiques dans les Balkans.

Ceci dit, pour quiconque connaît un peu les Balkans et les passions qui s’y déchaînent dès lors que l’on essaie de « travailler » à l’information la plus équilibreé possible, le sujet est toujours difficile à aborder sans qu’il donne lieu à des réactions parfois assez excessives que je ne peux que déplorer, mais qu’il faut néanmoins prendre en compte.

Aussi, parce que je m’attache d’abord aux faits essentiels, je ne pointerai que deux choses :

- Il est à mes yeux aussi vain que dangereux, tant sur le plan des faits que des intérêts essentiels des peuples en question, d’aborder les événements à travers un prisme exclusivement « national ».

En clair, les accusations mutuelles ancestrales ne devraient pas avoir cours entre personnes cultivées et attentives au bien-être comme au futur pacifique des populations de la région. Cela s’appelle la sagesse raisonnable et l’intelligence du vivre ensemble, deux principes fondamentaux pour que toute collectivité humaine vive en paix et en harmonie.Toute autre voie conduit à des conflits dont tous pâtissent.

- Il est aussi réducteur et stérile de généraliser et de diaboliser à tort, surtout dans les Balkans. Ainsi, quiconque connaît les Albanais et les Kosovars, dans leur réalité profonde, sait que la religion -musulmane comme orthodoxe- y est un facteur secondaire. Confondre une origine historique religieuse majoritaire pour présenter des êtres humains comme des « fanatiques musulmans » revient à manifester son ignorance des réalités vivantes du terrain.

Un seul fait le prouvera : lorsque des intégristes musulmans ont voulu ouvrir une école coranique sur la route reliant Tirana à Dürres en Albanie, il n’y a eu que deux inscrits, et ils sont partis quelques jours après !

Quant à qualifier les Kosovars de « fanatiques musulmans », c’est seulement manifester une méconnaissance totale de cette population et de sa réalité. En réalité, les Kosovars, et tous les observateurs honnêtes le constatent, sont aussi « musulmans » que sont « catholiques » les Français qui se déclarent de cette religion : par habitude, par tradition, mais sans fanatisme, ni intégrisme, phénomènes très minoritaires dans les deux cas.

Les Serbes, de leur côté, forment une peuple cultivé, ouvert, accueillant, avec une longue histoire digne d’intérêt, souvent placé par sa position géographique au « centre » de conflits externes qui les dépassent quand ils ne les utilisent pas. C’est là leur malheur principal dans l’Histoire.

Enfin, stigmatiser des populations entières parce qu’elles ont vu naître des « mafias » après la chute des régimes dictatoriaux staliniens est une aberration absolue.

Tous les pays des Balkans ont de puissantes mafias, voire même plus loin à l’Est. On peut énoncer que la plus puissante mafia, sur tous les plans, en Europe est la mafia russe née sous le régime d’Eltsine, et ce de très loin, ce qui ne doit servir en aucun cas à jeter l’opprobe sur tout le peuple russe qui en est la première victime.

Il existe aussi des mafias, bien plus faibles, en Serbie et Albanie, voire au Kosovo, entre autres pays de la région. Cela ne doit pas plus conduire à stigmatiser des peuples entiers qui méritent TOUS le même respect humain.

Les peuples ne sont pas comptables comme tels des mafias qui sont nées en eux, en Italie comme dans les Balkans.

La responsabilité de la naissance de ces mafias ne revient pas aux peuples serbe, albanais ou kosovar, qui en sont les victimes premières dans leur chair (chômage, pauvreté, drogue, prostitution, violences).

C’est dans l’écroulement des Etats et des économies après 1991, sans aide aucune des autres pays européens à l’époque, qu’il faut chercher l’origine de ces mafias et non dans une supposée « aptitude naturelle » de certains peuples à « être mafieux », ce qui serait indigne pour tout être pensant.

Il serait donc sain et positif pour l’avenir de TOUS les peuples des Balkans que TOUS les acteurs de cette région commencent enfin à dépasser les vieux clivages afin de bâtir ensemble une région pacifiée, démocratique, ouverte et prospère.

De ce point de vue, il me semble que la conclusion de l’article méritait d’être plus discutée au fond : par exemple, une question se pose que les commentaires n’ont pas abordée :

est-ce que justement les « intérêts extérieurs » que tous dénoncent (Russie d’un côté et UE de l’autre) ne devraient pas être laissés de côté afin que les peuples des Balkans se parlent librement et directement entre eux afin de construire ensemble leur avenir paisible commun, en toute indépendance par rapport à des puissances étrangères aux intérêts tout aussi externes ?

Voilà une question qui ouvrirait un dialogue plus constructif et bénéfique pour toutes les parties.

Je la soumets à votre réflexion, ne pensant ni avoir la vérité révélée, ni la science infuse, mais seulement désireux de contribuer à un monde plus sûre car plus pacifique pour tous.

Bien cordialement vôtre,


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès