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Plus robert que Redford (---.---.178.85) 17 octobre 2006 23:31

Assez marrant de constater au fil des posts que la tendance qui semble s’en dégager est que les « Vertueux » scandalisés du bizuthage ne semblent pas y avoir été confrontés, alors que les « Vilains » bizuthés-bizutheurs manifestent une propension à relativiser le phénomène...

J’ai subi un bizuthage à mon entrée en « classe prépa » en 1970, assez hard, je dois l’admettre, puisque les photos prises à Abou Grahib ont réveillé chez moi des sensation de déjà vécu (entassements de mecs à poil, exhibition de bistouquettes, etc... sans toutefois aller jusqu’aux attouchements ou aux viol, rassurez-vous !) C’était à l’époque assez orienté Sexe / Scato, et sans alcool comme il est question maintenant, ce qui revient à conforter le caractère transgressif des pratiques de bizuthage, lesquelles semblent donc varier suivant les époques.

Oui, j’ai subi ces pratiques, passivement pour ne pas sortir la tête du lot, bien sûr, et je n’en ressens, même aujourd’hui encore, aucune fièreté, ni aucun sentiment d’avoir satisfait à un quelconque « rite initiatique »

Oui, ayant moi-même accédé au « grade » de bizutheur, j’ai refusé de participer à ces pratiques, et lâchement, alors que l’honneur eusse voulu que je m’y opposasse, j’ai simplement ignoré la chose et m’en suis écarté avec indifférence. Cela ne me suscite plus aujourd’hui qu’un vague sentiment de gêne insaisissable.

Pourtant, je dois reconnaître que l’expérience, même pour un adolescent de 17 ans, fut très forte et ô combien formatrice !!

J’y ai appris physiquement ce que sont la lâcheté (la mienne et celle des autres), la domination, les prémisses du sadisme, les inquiétants mécanismes du comportement des groupes (ou des foules) par rapport à celui des individus pris isolément, la capacité du groupe à protéger ses individus constituants (les bizuths) alors qu’isolés, ils encourent de pires sévices encore !

Plus encore, je dois admettre qu’après avoir subi un bizuthage difficile, avec « privation » de sommeil pendant quinze jours, marches forcées, traitements humiliants, j’ai envisagé les récits de certaines expériences difficiles, (du style prises d’otages, et même, allez, osons le : récits de déportation !) avec une empathie bien réelle, alors qu’auparavant, ce genre de témoignage me serait resté parfaitement abstrait.

Quand je suis rentré à l’ « Ecole » à laquelle ces prépas étaient destinées, l’accueil y fut plutôt bon enfant et pour tout dire assez convivial. Rien d’un bizuthage tel qu’auparavant, accentuant les rapports dominant/dominé. Plutôt une aimable visite accompagnée des lieux de mes 4 années d’études suivantes. Et à ce titre, aucune volonté de constituer une « caste » de futurs notables. Pourtant, l’esprit de corps s’est bel et bien mis en place au cours de ces quatre ans, et je ne nie pas qu’il perdure encore à l’heure actuelle. Mais pas qu’il doive quoi que ce soit à : « L’épreuve initiatique du Bizuthage »


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