Je suis d’accord avec le propos de cet article, mais pas entièrement
avec la conclusion. C’est effectivement une illusion dangereuse de penser
qu’on puisse connaître et éliminer tous les liens de
dépendance. Mais il serait abusif de les rejeter tous dans la sphère
privée. Il me semble que la solution à ce problème est
pratiquée depuis longtemps dans la (bonne) presse anglo-saxonne. Elle
consiste simplement à déclarer ouvertement les conflits
d’intérêts.
Il serait d’ailleurs plus respectueux de la liberté de tous de rendre sa
subjectivité au journaliste. Qu’il ait le droit de dire « je pense que »,
ou « c’est mon opinion », plutôt que d’être cette espèce de boîte
à parole qu’est le présentateur moyen, afin de préserver une
illusion de neutralité. Cela nous rendrait le recul nécessaire pour
distinguer une opinion d’un fait.
Ça me fait penser au lobbyisme, qu’on ne saurait voir en France. Il
n’est dangereux que lorsqu’il est caché. Un lobbyiste reconnu comme tel
n’est jamais que le représentant d’intérêts a priori légitimes
mais que l’on sait particuliers.
Le problème est donc de savoir ce qui relève du privé, et n’a pas
à être déclaré, et ce qui concerne le public, et doit
l’être. Ça se juge au cas par cas. Par exemple, si Marie Drücker
interviewait son chéri, il serait judicieux qu’elle signale les liens
qui les unissent. Ce n’est pas le cas, à mon avis, si elle interviewe un
autre dirigeant de son parti (ami ou, plus probablement, ennemi).
C’est cette « transparence lorsque nécessaire » qui inspirerait la
confiance. De même que des journalistes qui revendiqueraient leur
subjectivité, plutôt que de la cacher.