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Retorix Retorix 5 mai 2006 15:14

Elémentaire mon cher Watson ?

... ou « un soupçon discret de xénophobie (attention à la loi Gayssot) » comme le dit Ramsey. J’avoue, moi aussi, ne pas très bien comprendre votre article ! Ou alors, et tout devient clair, il expose des convictions plus que discutables et de manière candide, ou plutôt réductrice. Dans ce cas, j’y répondrais bien dans le sens de ce qu’à fait « Cordialement » par un pamphlet grinçant d’humour noir, et très drôle. Je souhaite donc y répondre autrement.

Oui, je pense qu’il ne faut pas « faire dans l’angélisme ». Oui, je penche plus pour une intégration bien pensée. Il me semble en effet normal que lorsqu’on immigre dans un pays, on fasse le maximum d’efforts pour s’y intégrer. Il en va de même lorsqu’on arrive dans n’importe quel « groupe » ou communauté, une nouvelle école, un nouvel emploi, etc. Il est normal de tenter et de vouloir s’y intégrer le plus rapidement possible.

Je pense aussi qu’il est important d’une certaine manière de conserver, au sens qu’a le mot « conservatoire », ses racines comme sa culture. Elie Wiezel, avec son intelligence, sa merveilleuse sensibilité, son humanité et aussi son bel accent, le fait certainement, mais il se dit écrivain français et pas écrivain juif.

En revanche, je me suis posé des questions lorsqu’un de mes amis, juif d’origine, s’en est soudainement souvenu pour procéder à la « brit Mila » (cérémonie juive de la circoncision) pour son fils. Ce sursaut de « retour aux racines » pour un agnostique comme lui n’a pas particulièrement plu à son entourage juif ou non. Tous se sont posé la question du sens d’une telle démarche, de surcroît pour un agnostique athée. Brusque repli communautaire ? Contagion culturelle à l’envers ? Pourquoi alors ne pas imaginer voir bientôt, sans s’étonner, le philosophe laïque Michel Onfray à la communion ?

Conserver ses racines et sa culture, oui ! En ce qui me concerne, je viens d’une vieille famille bourgeoise ruinée par les deux guerres mondiales, je garde l’argenterie dans les armoires et les décorations de mon grand-père gazé en 14-18 dans un tiroir. Je ne les porte pas sur moi avec ostentation. En cherchant bien je pourrais me trouver du côté du père du père de ma grand-mère des racines suédoises, et alors ? Qu’en faire et pourquoi faire ?

Comprendre avant de débattre

Pour comprendre les attitudes des uns et des autres vis-à-vis de leur culture, il ne faudrait pas oublier de mettre également en perspective quelques éléments historiques. S’il y a eu de tout temps en France comme en Belgique (ou encore en Angleterre), tous trois, traditionnellement, pays d’accueil, des immigrations au cours des derniers siècles, il ne faut cependant pas confondrent ces différentes immigrations entre elles. Les dernières fortes migrations (la fameuse « pression migratoire ») sont très majoritairement de nature économique, et pour certaines d’entre elles ont été plus que suscitées par les pays d’accueil. N’oublions pas que c’est par manque de main d’œuvre que la Belgique, par exemple, a recruté massivement dans les années soixante de la main d’œuvre dans les montagnes de l’Atlas marocain. Pourquoi là ? Accord bilatéraux d’abord, et aussi, voire essentiellement parce que c’est dans ces petits villages que l’on trouvait une population vivant dans la plus grande précarité, et qui ne croyait pas ou plus à un avenir économique satisfaisant ou tout simplement « vivable » dans leur pays. Pour la plupart, ils étaient illettrés, ce qui convenait d’ailleurs très bien aux pays d’accueil comme la Belgique. Nous avons pu ainsi avoir une main d’œuvre docile. Une main d’œuvre, dépossédée de tout et d’eux même, avant les lois de regroupement familial, non syndiquée, et acceptant de vivre dans des baraques de chantiers, pour des salaires minimums !

Il est évidemment culturellement et intellectuellement plus difficile de demander, ou de proposer même, à ces personnes et à leurs enfants de s’intégrer rapidement et de comprendre les enjeux d’une telle intégration choisie (j’ai dit « intégration » et pas « immigration » choisie, ne pas confondre)

J’ai eu l’occasion de travailler avec un psychiatre arabe. Pensez-vous que pour un intellectuel tel que lui, il y ait eu les mêmes difficultés d’intégration que pour un berger berbère illettré. Pensez-vous que les enfants de ce psychiatre aient eu une scolarité chaotique et qu’ils soient éventuellement devenus délinquants par désoeuvrement ?

Ne croyez-vous pas, Cher L’Enfoiré qu’il est plus facile pour une fille de psychiatre arabe de faire des études universitaires que pour le fils d’un ouvrier ou d’un chômeur d’origine berbère vivant dans nos banlieues ? Ne croyez-vous pas, Cher L’enfoiré qu’il soit plus facile pour un fils d’avocat de devenir avocat et de reprendre à 35 ans, comme j’en connais un dans mes relations, le très coté cabinet de son père ?

L’ascenseur social ayant brièvement, et très moyennement fonctionné durant les « golden sixties » est en panne, dit-on partout. Et nous le savons tous d’ailleurs ! Et plus on vient de « la France d’en bas » de Raffarin, plus les étages sont nombreux à gravir, et plus on a besoin d’un ascenseur qui fonctionne, même cahin-caha !

Bien d’autres paramètres encore sont évidemment à mettre en perspectives et en discussion*(éducation, éducation civique, travail de terrain, offre culturelle, etc.) La place manque ici, mais heureusement il y a un « dossier de suivi » sur ce thème ouvert sur Agora vox. Je crois qu’il serait intéressant pour vous d’y aller jeter un coup d’œil sans oublier de parcourir, par exemple, les articles du « Monde diplomatique », « Courrier International », les nombreux ouvrages sérieux, etc. déjà parus sur le sujet (A lire aussi, le dernier livre d’Elie Wiesel !) *Relisant avant de poster cette réponse vos réactions et celles de Ramsey, peut-être, en effet, vos propos n’auraient que l’apparence de la xénophobie... A suivre donc !


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