Du côté de la réforme, ou ils mentent ou ils pleurnichent : écoutons-les
Chaque fois que je pense ne plus avoir rien à dire d'important sur la réforme des retraites, j'entends certains de ses partisans débiter ingénument des énormités avec un aplomb qui laisse pantois.
Syndiqués de la CFDT, écoutez.
Lundi 7 janvier 2020.
France Inter, le grand entretien, Laurent Berger, troisième fois depuis le début du mouvement.
Léa Salamé
" Démarrer l'examen de ce texte jugé ni fait ni à faire par le conseil d'état, démarrer l'examen de ce texte-là en début février, est-ce que c'est tenable, est-ce que c'est jouable ? "
Laurent Berger
Il se lance dans une critique de l'étude d'impact de 1020 pages soumise par le gouvernement.
Léa Salamé
" Alors pour être clair sur cet (mot incompréhensible) ... "
Elle interrompt Laurent Berger qui continue de parler de l'étude d'impact : " Non, mais attends. On va, on va faire les choses pour que les gens comprennent... "
Donc Léa Salamé est une journaliste qui tutoie le secrétaire général de la CFDT en toute objectivité et neutralité ?
" que les gens comprennent " ! ! !
" comprennent " quoi ? La déclaration à faire qu'ils ont préparée ensemble ?
Nicolas Demorand
Citant un auditeur : est-ce que ce texte tel qu'il a été présenté est "un brouillon pour le dire autrement selon vous " ?
Laurent Berger
" Ce texte il n'est pas parfait mais ce n'est pas celui de la CFDT..."
Nicolas Demorand
" Entre n'être pas parfait et gravement déficient, il y a une nuance. "
Laurent Berger
" Il est déficient sur beaucoup de points..."
Ensuite il essaie d'expliquer que la CFDT cherchera à obtenir les améliorations nécessaires, que c'est le rôle d'un syndicat qui ne fait pas de politique, qu’il ne supporte plus les insultes...
Léa Salamé
" Et puis parfois il (le syndicaliste) claque la porte. Vous, vous restez (...) Vous gardez confiance. "
Laurent Berger
(...) En gros la CFDT fait toujours pour le mieux pour obtenir des améliorations avec les personnes qu'elles trouvent en face d'elle et qu'elle n'a pas choisies mais pour cela il faut que chacun prenne ses responsabilités...
Donc Laurent Berger espère tirer on ne sait quoi d'un texte qu'il juge " déficient sur beaucoup de points " et il ne " claquera pas la porte ".
Une explication possible : comme la CFDT n'est plus en capacité de mobiliser dans la rue (je l'ai vu à Marseille quand la seule fois où ses militants étaient appelés à manifester, ils n'étaient même pas 500), son secrétaire général n'a d'autre alternative que d'attendre le bon vouloir du gouvernement qui sous la pression des autres syndicats en lutte finira peut-être par faire semblant de négocier avec lui. Et ce sera une nouvelle grande victoire comme pour le retrait de l'âge pivot qu'il est question maintenant de devoir fixer à 65 ans et non plus 64 quand la loi sera votée, dixit le conseil d'état.
Léa Salamé
" Mais, Laurent Berger, comment vous expliquez, cette réforme qui était plébiscitée par les français il y a encore 6 mois, qui était jugée comme juste, comme équitable, on en soit 6 mois après à ça, un énorme gâchis ? "
Laurent Berger
" (...) Le gouvernement, il porte la responsabilité de la situation actuelle (...) Le rôle d'une organisation syndicale c'est d'aller se battre pour obtenir des avancées pied à pied avec beaucoup d'amertume parfois, je vous le dis, auprès de ce gouvernement parce qu'il n'a pas été extrêmement loyal et toujours clair. "
Quel aveu pleurnichard ! Tout commentaire est superflu. Qui peut défendre ça ?
La nouveauté c’est qu’Emmanuel Macron et consorts ont repéré l’impuissance de la CFDT donc ils n’en ont rien à faire des récriminations amères et des menaces ridicules de ses dirigeants.
Le vendredi 20 décembre 2019, sur France Inter, Laurent Berger avait déclaré : « ça va monter très très fort au mois de janvier. »
500 militants CFDT dans la rue à Marseille, c’est très, très fort.
La CFDT porte une lourde responsabilité dans la régression de notre modèle social. Et ceux parmi ses adhérents qui laissent depuis 30 ans leurs directions successives collaborer ainsi, en sont aussi responsables.
Citoyens écoutez.
Vendredi 24 janvier 2020.
France Inter, le grand entretien, Muriel Pénicaud.
Ali Baddou donne la parole à une auditrice. Elle explique qu'ayant eu trois enfants elle a bénéficié de 24 trimestres soit 6 ans comptabilisés en plus dans sa carrière et que ce ne sera pas mieux avec le régime à points.
Muriel Pénicaud
" D'abord 2 choses. Il fallait avoir 3 enfants, ce qui est une minorité de famille, pour que les enfants soient pris en compte. Là, il y a un gros progrès, c'est déjà le premier enfant (...) "
Ali Baddou
" C'était pas compté dès le premier enfant ? "
Muriel Pénicaud
" Non, c'était au troisième (...) "
Pourtant c’est bien attribué dès le premier enfant. Ment-elle ou est-elle incompétente ?
Ali Baddou
" (...) Pourquoi le gouvernement instaurerait un régime spécial pour le salaires de 10 000 euros brut par mois, puisqu'ils n'auront plus de cotisation, plus du tout de droit à la pension ? "
Muriel Pénicaud
" Alors, pour ce qu'on fait sur ce sujet. Aujourd'hui c'est plafonné mais à un plafond qui est plus haut (...) Pour ceux qui gagnent plus de 10 000 euros par mois, ils auront le régime universel comme tout le monde à la hauteur de ce qu'ils cotisent. On leur demandera en plus une cotisation de 2,8 %, là pour le coup qui va direct à la solidarité (...) Et au-dessus, et bien ce sera leur épargne personnelle. Ils ont moins de cotisation donc ils pourront se prendre une épargne personnelle en plus... "
Sibeth Ndiaye avait déjà donné la même explication de cette quasi suppression de la cotisation des riches, le 12 décembre 2019 sur France Inter dans le même temps où elle avait prétendu que la pénalité de 5% liée à l’âge pivot ne serait que temporaire.
Donc ce sont des éléments de langage volontairement serinés.
" La tranche de salaires comprise entre 120.000 et 329.000 euros par an ne sera plus soumise à cotisations vieillesse dans le futur régime universel de retraite. (...) le futur régime universel de retraite va se retrouver avec une facture annuelle de 3,7 milliards d'euros par an pendant quinze ans pour honorer les engagements passés. C'est ce que montre une étude réalisée par les services techniques de l'Agirc-Arrco, dont « Les Echos » ont eu connaissance. " Les Echos, 22 janvier 2020.
L’affirmation de Muriel Pénicaud " Une cotisation de 2,8 %, là pour le coup qui va direct à la solidarité " est donc bien un mensonge délibéré comme l'affirmation concernant le troisième enfant, alors.
Tous les ministres qui en ont parlé, ont juré leur grand dieu qu'il n'était pas question de favoriser l'apparition de la capitalisation pour les retraites. Ils viennent d'être démentis par l'ingénue ministre du travail, Muriel Pénicaud : " Et au-dessus, et bien ce sera leur épargne personnelle. Ils ont moins de cotisation donc ils pourront se prendre une épargne personnelle en plus... " !!!!!
Ça nous fait un gros paquet de menteurs.
SVP, pour une fois ceux qui, dans les réactions sur Agoravox, voudraient contester l'intérêt de ces informations le fassent avec des arguments concrets s'ils en ont. Sinon il ne peut pas y avoir de débat.
Pour compléter cet article, à lire sur Agoravox :
« Ça va monter très très fort au mois de janvier… » C’est Laurent Berger qui le dit ! Alors là non, on arrête de rigoler
Les directions de la CFDT, « Trente ans de détricotage du droit social » ?
Depuis hier, sur la réforme des retraites, les ministres vous mentent encore plus !
Sur la réforme des retraites, les ministres vous mentent !
Mon blog
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON