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Accueil du site > Tribune Libre > Education : qui est responsable ?

Education : qui est responsable ?

Les parents sont-ils responsables des mauvaises orientations prises dans l’éducation nationale ? Ou serait-ce les enseignants ou la hiérarchie du « mammouth » ? La réponse semble mitigée.

On m’a récemment reproché de mettre les parents en accusation, et d’opposer systématiquement le « bon prof » au « mauvais parent ». Ce n’est pas du tout mon but, ne serait-ce que parce que beaucoup de professeurs sont des parents, et beaucoup de parents sont des enseignants.

 
Il existe des parents et des professeurs « responsables », et il en existe d’autres. Mon expérience de parent m’a appris que ce n’était pas toujours rose, qu’il fallait parfois avancer sur du velours pour ne pas arriver au crash pur et définitif, et que l’irruption des jeux vidéo à l’intérieur des foyers n’était pas sans poser de graves problèmes lorsqu’on a un enfant qui « ne désire faire que ça ». C’est un problème parmi tant d’autres, c’est vrai.
 
Lorsque j’étais enseignant en collège, j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de parents qui s’intéressaient vraiment à leurs enfants et tentaient par tous les moyens de leur faire réussir leur socialisation et leurs apprentissages. Du moins dans les « bonnes » classes, et les classes « moyennes ». Dans d’autres sections, celles qui posaient le plus de problème, on voyait très peu de parents venir assister aux réunions, ce qui n’était certainement pas dû au hasard.
 
Il n’y a donc pas de modèle de parent unique ni de « prof » unique. Il existe des cas de parents laxistes, peu intéressés par leurs enfants, et des cas de professeurs peu motivés par leur métier. C’est vrai.
 
Au niveau de la discipline, les heures de retenue existent encore en théorie dans les établissements, mais lorsqu’elles sont utilisées, elles doivent l’être avec une telle parcimonie qu’elles en deviennent inefficaces. Il faut être parcimonieux dans leur utilisation parce que c’est la double peine pour le professeur qui devra corriger un devoir de 3h donné un samedi, parce qu’il n’y a pas assez de surveillants pour prendre en charge les collés éventuels, parce que l’administration aura tôt fait de classer comme « raté » et « incapable » le professeur qui enverrait trop d’élèves en retenue : un par semaine semble déjà excessif, pourtant avec 5 classes de 25 élèves chacune, cela correspond à un élève sur 125 par semaine, ce qui n’est pas rocambolesque...
 
Je me rappelle du collège de Briey où j’ai débuté comme enseignant. La première chose que le principal m’a dite en arrivant était de ne pas utiliser les heures de retenue qui étaient inscrites dans le règlement intérieur, et qu’en fait elles étaient plutôt réservées à l’administration qui n’avait pas beaucoup de moyens de pression sur les bambins. Je comprenais vite que, personnellement, je ne devais éventuellement retenir qu’un ou deux élèves pendant l’année scolaire, et qu’il était vital de trouver d’autres solutions pour survivre et arriver à créer une atmosphère studieuse dans mes classes.
 
Et les recherches en éducation vont dans le même sens : il faut dialoguer avec l’élève même s’il a tendance à passer l’heure de cours à jouer avec son compas avec l’envie visible de le planter sur la main de son voisin… Oui, j’en ai eu un comme ça en collège quelques années plus tard, qui s’ennuyait à mourir dans cette classe où ce que l’on faisait ne l’intéressait pas, et attendait d’avoir 16 ans pour quitter cette galère. Cela se voyait bien.
 
Par ailleurs, cet élève avait déjà une vie « bien remplie » hors du collège : il venait avec des tas de chaînettes en or et de boucles d’oreilles trouvées (arrachées) on ne sait où, qu’il montrait à des filles dans les couloirs pour leur proposer je vous laisse deviner quelles tractations… Il venait une fois sur deux dans mon cours, disparaissait parfois pendant plusieurs semaines, et quand il était dans ma classe, il ne faisait strictement rien. Par chance il acceptait le statut quo que je lui proposais pour qu’il ne « pourrisse » pas l’atmosphère et me permette de travailler avec les autres élèves. J’avais bien essayé de le motiver en lui donnant quelques strokes positifs (à l’époque, j’étais très branché « analyse transactionnelle » dans ma classe, après avoir lu le livre d’Eric Berne intitulé Que dites-vous après avoir dit bonjour  ?), mais sans succès, et j’avais fini par lui faire comprendre que je ne l’embêterai pas s’il ne nous embêtait pas et nous laisser « nous amuser à faire des maths ». J’ai toujours envisagé les maths comme un jeu ou un art, ce qui plaisait à un certain nombre d’élèves, mais ne fonctionnait pas pour tous et surtout pas avec ceux qui étaient en situation d’échec depuis des années et ne restaient plus dans les classes indifférenciées du collège que pour attendre que cela finisse à leurs seize ans : ils ne voulaient plus jouer.
 
J’avais eu de la chance que cet élève accepte ce deal. C’était juste son compas que j’essayais de lui faire « gentiment » ranger quand il jouait trop avec, car je devais protéger les autres élèves (et les tables !). Je le surveillais donc toujours d’un œil, et, heureusement, il passait la majeure partie de son temps à dessiner sur son jean avec des feutres. De temps à autre, je tentais de le faire participer, en vain. D’autres collègues eurent des problèmes graves avec, mais moi, je ne l’ai jamais collé même s’il ne faisait rien en classe : il faut des raisons plus graves.
 
Bref un mauvais professeur utilise des colles et sera catalogué comme tel très rapidement. Les sanctions tomberont : il aura un emploi du temps à trous et uniquement des classes à problèmes l’année suivante. Quand on débute dans le métier, il faut bien se rentrer dans la tête que les colles n’existent plus !
 
Plus de colles ! Qui est responsable ?
 
D’autres questions se posent : qui a décidé des programmes enseignés ? Qui les applique ? Qui a décidé de l’architecture des filières au lycée ? Qui a décidé de l’éclatement du savoir enseigné en une myriade de compétences diverses et variées ? Qui a décidé des compétences à posséder et de la nature de leur évaluation ? Qui abandonne les professeurs à l’agitation de classes surchargées sans leur donner les moyens d’agir radicalement contre ceux qui empêchent les autres de travailler ?
 
On m’a récemment dit que les responsables n’étaient pas les parents, comme on l’entend souvent, mais la hiérarchie et le « mammouth ». Personnellement, je pense que la responsabilité des choix pédagogiques, des programmes, de l’orientation, des cursus et des méthodes éducatives ne revient pas à tel ou tel groupe comme les parents, les enfants, les professeurs, les politiques (qui ne font qu’appliquer ce qu’ils peuvent appliquer compte tenu du mandat limité dans le temps qui leur est donné et de l’opinion publique qui les surveille), les didacticiens, la hiérarchie… En fait les choses évoluent ainsi de façon très naturelle, et tout le monde est responsable. Il s’agit d’une responsabilité collective menant à des choix qui doivent manifestement satisfaire beaucoup de monde. Sinon ces choix ne seraient pas faits.
 
Un exemple : il n’y a pas si longtemps, tous les parents imaginaient que la section C était une section d’élite où il fallait absolument placer ses enfants même s’ils n’avaient aucune accointance pour les sciences ni pour la carrière scientifique. Pourtant la voie professionnelle était souvent un bon choix à faire, une voie littéraire de qualité permettait d’accueillir des élèves qui réussiraient largement dans leur vie professionnelle, travailler les sciences économiques intéressaient certains jeunes gens, et toutes ces orientations auraient dû pouvoir assurer l’épanouissement de chacun dans une direction privilégiée, dans un domaine où il se serait senti appelé et motivé.
 
Et bien non : à une époque il existait une sélection à l’entrée de la seconde C pour que les cours scientifiques puissent profiter réellement à ceux qui s’engageaient dans cette voie, et, par voie de conséquence, on faisait réellement dès la seconde un bon travail dans les matières scientifiques, un travail rigoureux et porteur de sens. Mais on a supprimé cette section C et la classe de seconde est devenue indifférenciée. Tout le monde devait être heureux de cela : finit la sélection à l’entrée en seconde, tous les enfants pourront suivre le même enseignement dans cette classe ! Il y eut un seul perdant, l’élève qui avait envie de se spécialiser dans les sciences : il attendra.
 
Actuellement, c’est la première qui devient indifférenciée : seulement 4 heures de maths en première S au lieu de 6 heures, et 36% d’enseignements scientifiques dans cette classe, toutes sciences confondues. La section S n’est plus une section scientifique. Mais encore une fois tout le monde est content car tout le monde veut et peut aller en section S. Les parents sont fiers, le ministère fait plaisir aux parents et baisse le niveau d’exigence au BAC (j’en parle longuement dans mon livre Délires et tendances dans l’éducation nationale), brouillant ainsi les pistes et assurant la réussite de sa politique. Il y a beaucoup de gagnants dans cette histoire, mais encore un perdant : l’élève qui avait les moyens de travailler les sciences pendant au moins la moitié de son temps hebdomadaire au lycée pendant trois ans, et qui attendra les autres pendant ces trois ans, pour ensuite arriver à la fac et attendre un semestre de plus pour choisir enfin ce qu’il veut faire ! Il y a aussi un autre perdant de taille : la formation scientifique des ingénieurs et des chercheurs français.
 
Quand je parle « d’élève scientifique », je n’oublie pas les autres et je sous-entends qu’on pourrait faire de même dans les autres domaines. Le mieux ne serait-il pas d’orienter les élèves dès l’entrée en seconde dans des voies d’excellence en langue, en lettre, en sciences, en sciences économiques et sociales, en sciences de l’ingénieur, en enseignement professionnel, avec une « petite sélection » à l’entrée pour ne retenir que ceux qui ont la capacité de tirer profit de ces enseignements, et que l’on accueille les élèves qui n’ont pas les capacités requises ou qui ne désirent pas faire de choix précoce, dans des sections généralistes de qualité organisées autour de certains thèmes, comme l’est actuellement la filière S ? 
 
Mais les parents frémissent quand ils entendent parler de sélection, et les politiques emboîtent le pas car, ma foi, trois années d’études en plus après le BAC pour pallier au manque de travail abattu au lycée, cela fait autant de chômeurs en moins et une entrée dans le métier à un âge avancé, donc moins de retraites à payer. Quant aux pédagogues amateurs de pédagogies douces où l’élève doit construire tout seul son savoir, même s’il lui faut gaspiller trois ans pour comprendre le sens d’une division, n’est-il pas heureux d’avoir du blé à moudre, à moudre, et à moudre encore ? Je vous l’ai dit, beaucoup de monde a intérêt à ce que les choses soient ainsi, et personne n’est responsable. Tout va bien !
 
Lu sur Wikipédia : la méthode globale de lecture a été inventée en 1787 par Nicolas Adam pour des enfants de familles riches, et demandait de ne travailler qu’avec un enfant à la fois, puis la méthode a été développée au début du XXe siècle par Ovide Decroly pour aider l’apprentissage d'enfants en difficulté qui n’arrivaient pas à lire par les méthodes habituelles. Cette méthode a été généralisée puis adaptée dans nos écoles pour des classes de 24 élèves. Bilan : on apprend à lire avec une méthode destinée à des enfants en difficultés ! A priori, on estime donc que tout élève « normal » est en difficulté grave avant même de commencer à suivre un enseignement. Ne voilà-t-il pas un prérequis étonnant ? Mais tout le monde est content puisque cela perdure…

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31 réactions à cet article    


  • JPhilippe 12 novembre 2012 18:20

    Remarques pleines de bon sens.
    Parent d’Elève pendant des années, j’ai en effet constaté la grande tendance à confondre égalité des chances et égalité des résultats.

    Pour moi Egalité des chances, veut simplement dire que la chance est passée à portée.
    A chacun de savoir la saisir !
    Que d’élèves arrivent maintenant en terminale, en particulier en S, et sont désarçonnés par le travail à fournir....
    C’est normal, ils ont été « bons » jusque là et n’ont jamais appris à travailler.
    Derrière, le saut avec les études post-bac augmente.. et devinez à quoi on commence maintenant à s’attacher ........ allez, un petit effort.....

    Il faut augmenter le taux de passage en L2 (2ème année de fac)

    La meilleure façon, serait d’améliorer le niveau des entrants en fac


    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 12 novembre 2012 22:10

      Tout à fait juste : offrir l’égalité des chances, ce n’est pas imposer une égalité de résultats, et ce n’est pas accepter tout le monde dans tous les cursus de la maternelle au master. On peut estimer qu’un enfant est suffisamment mûr pour commencer à s’orienter en seconde après avoir potassé le socle commun au collège.


      Repousser un début de spécialisation au lycée, comme c’est le cas actuellement, c’est rendre les choses invivables à l’université et dans les études post-BAC, et pénaliser les étudiants qui pouvaient « avancer normalement ». 

      Et vous avez raison : pour prouver que tout va bien, « on » va s’attaquer aux taux de redoublement en licence, et s’arranger pour faire passer même ceux qui n’ont pas le niveau. On ne peut d’ailleurs pas faire autrement puisque ce « manque de préparation » est orchestré, imposé au lycée, et que l’on ne peut pas sanctionner nos étudiants sous prétexte que les cours de sciences au lycée sont partis en déliquescence. Ce ne serait pas juste. Donc il en sera ainsi...

    • jean rony 12 novembre 2012 18:27

      Il serait temps lorsqu’il s’agit d’avancer raisonnable telle que la fin de la théorie du genre annoncer en Norvège que l’éducation nationale en prenne acte aussi promptement que lorsqu’il s’agissait de prendre des décision dans son sens contraire. Les parents n’éduquent pas de la même façon leurs enfants il n’y a pas un manuel commun pour élever un enfant contrairement au programme scolaire.

      En ce sens, il est difficile d’établir la responsabilité des parents bien que la société partage juste le respect de la loi. 

      jean rony icpr.ch


      • Abou Antoun Abou Antoun 12 novembre 2012 22:21

        Il y a aussi un autre perdant de taille : la formation scientifique des ingénieurs et des chercheurs français.
        Eh oui, mais pour s’en rendre compte il faut une ou deux générations.


        • Romain Desbois 12 novembre 2012 22:37

          Si déjà ils n’étaient pas obligés de perdre du temps à apprendre l’anglais....
          Pendant ce temps les anglophones de naissance bossent , cherchent et auront toujours un avantage sur les autres dans les exercices de leur travail.


        • L’immigré 13 novembre 2012 08:49

          @Abou Antoun :
          « il faut une ou deux générations »
          J’
          ignore si on parle de la même chose, mais, je n’ai pas besoin de deux générations pour me rendre compte qu’il faille m’en rendre compte : cinq minutes suffisent largement.

          @Romains Desbois le Cheminot :
          « perdre du temps à apprendre l’anglais »
          Je parle deux langues et je n’ai pas eu l’impression d’avoir perdu mon temps à apprendre l’anglais.
          If I were you, I would learn English because most of the best technical books dealing with science are written in this language. So, please try to stop telling stupid things, old chap.
          Mon savoir est pourtant dans un domaine lié à la science (c’est-à-dire à BAC +4/5).


        • Romain Desbois 13 novembre 2012 09:01

          l’immigré
          tu parles peut-être deux langues couramment mais cela ne t’a pas apporté deux sous d’intelligence en plus.

          Car je dis que pendant nous apprenons l’anglais , ceux qui l’ont apprise comme langue maternelle n’ont pas à le faire ensuite. D’où l’intéret d’avoir une langue internationale commune qui ne soit pas celle d’un groupe, d’un peuple ou d’une nation .

          Cu si conprenas min ?


        • Abou Antoun Abou Antoun 13 novembre 2012 09:25

          J’ignore si on parle de la même chose, mais, je n’ai pas besoin de deux générations pour me rendre compte qu’il faille m’en rendre compte : cinq minutes suffisent largement.
          J’aurais dû dire pour que les effets s’en fasse sentir sur le marché du travail.


        • Abou Antoun Abou Antoun 13 novembre 2012 09:27

          Pour que les effets s’en fasse(nt) sentir
          Sorry !


        • L’immigré 13 novembre 2012 10:54

          @Abou Antoun :
          « les effets s’en fassent sentir sur le marché du travail »
          Là nous sommes d’accord : vous auriez dû préciser. Je rectifie en conséquence : il faut environ 25 ans pour se rendre compte de l’efficacité de l’enseignement dispensé. C’est ennuyeux, mais, c’est comme ça.
          Les études prospectives trouvent ici toute leur utilité et leur justification...

          @Romains Desbois le Cheminot :
          « cela ne t’a pas apporté deux sous d’intelligence en plus »
          Ce n’est pas le sujet. Néanmoins, parler deux langues demande une plus grande activité au niveau du cortex. À vous de voir où est la place de l’intelligence dans tout cela...

          Quand vous dites « pendant que nous apprenons l’anglais, ceux qui l’ont apprise comme langue maternelle n’ont pas à le faire ensuite », je peux, vous concernant, transposer cela de la manière suivante : « pendant que vous apprenez le français, vous qui l’avez appris comme langue maternelle n’avez pas à le faire ensuite ». Seulement voilà : le français est nettement moins utile que l’anglais dans le monde d’aujourd’hui. Les meilleures universités du monde enseignent leurs matières en anglais (voir le classement de Shanghai) et les meilleurs centres de recherche du monde utilisent l’anglais comme moyen de communication. Je ne vous apprends rien, monsieur...

          « une langue internationale commune qui ne soit pas celle d’un groupe, d’un peuple ou d’une nation »
          Vous êtes en retard ! Elle existe déjà : l’anglais EST la langue de la science, de la diplomatie et des affaires. Ce qui m’intéresse est la science : les meilleurs manuels techniques et scientifiques sont en anglais. C’est LA langue de référence. Mieux : ici en France, une personne, maître de conférences dans une des meilleures universités de France, me dit une fois de préférer les livres en anglais plutôt que leurs traductions en français. Désolé, mais, je préfère sa parole à la vôtre... J’ai encore mieux : dans certaines grandes écoles d’ingénieur françaises, vous ne pouvez obtenir votre diplôme que si vous avez un certain niveau en anglais.

          Conclusion : update sometimes your database, Romain, because the World won’t wait for you...


        • Abou Antoun Abou Antoun 13 novembre 2012 11:37

          @ L’immigré
          Nous sommes donc d’accord pour ce qui concerne l’effet ’retard’ de la déqualification de l’enseignement scientifique. A ce sujet je voudrais signaler une anecdote. Des français d’origine chinoise m’ont enlevé ma meilleure élève de classe de seconde pour l’envoyer étudier (à leurs frais) à Honk Kong. Motif : l’enseignement scientifique français n’est plus crédible. Ces gens savent de quoi ils parlent. Des familles brésiliennes expatriées en Guyane française renvoient leurs enfants étudier dans leur pays natal au Brésil pour le même motif. Il est bien dommage que de tels messages forts ne soient pas compris. 
          Pour ce qui concerne l’anglais je suis complètement d’accord avec vous. L’anglais est la langue internationale c’est un FAIT que cela plaise ou non. Pourquoi obliger des milliards de gens parlant déjà anglais première ou seconde langue à apprendre une langue artificielle. En outre ce qui fait la force de l’anglais c’est sa simplicité plus grande que certaines langues ’construites’ a flexions. Par ailleurs pourquoi imposer l’Esperanto (pour ne pas parler du Volapuk) d’inspiration purement indo-européenne à des peuples sémitiques ou au monde confucéen, alors que la plupart d’entre eux parlent déjà anglais.
          J’aurais 100 fois préféré que le français occupe aujourd’hui la place de l’anglais, mais les anglais ont bâti en empire colonial plus vaste. Ils ont été relayés par leur ’cousins’ américains anglophones dans leurs visées colonialistes et surtout leur langue est beaucoup plus simple que la nôtre. Voilà les raisons de la domination d’une langue. Les faits sont les faits il faut vivre avec.


        • L’immigré 13 novembre 2012 17:20

          @Abou Antoun :
          « Ces [Hong-kongais] savent de quoi ils parlent. »
          Oh, oui ! Ils font partie des meilleurs en termes de qualité de l’enseignement si on se réfère au rapport de PISA (je l’ai évoqué plus bas). Les asiatiques en général font partie des meilleurs à l’école supérieure dans les meilleures universités du monde.
          Vos deux anecdotes sont tellement éloquentes que je me refuse à les placer au rang de simple accident de parcours. On mettrait une peau de banane sous le nez de beaucoup de ceux qui dirigent la France qu’ils marcheraient quand même dessus !

          « Il est bien dommage que de tels messages forts ne soient pas compris. »
          Que voulez-vous ? On ne se refait pas. Une farce !
          La France, imbue et infatuée d’elle-même, est trop aveuglée par ses acquis en termes de savoir : l’esprit qui se veut cartésien et qui est (vraiment) très loin de l’être. Cela ne m’étonne point que ces « messages forts [et évidents] ne soient pas compris » pour ne pas dire sous-estimés. Remember Vietnam !

          « L’anglais est la langue internationale c’est un FAIT que cela plaise ou non. »
          Pire ! C’est un fait implacable que je souligne plus bas.
          Les faits sont effectivement là. Je le prouve, à ma façon : pas question pour moi de perdre mon temps à renforcer mon (bon) français.

          « Pourquoi obliger des milliards de gens parlant déjà anglais première ou seconde langue à apprendre une langue artificielle [...] alors que la plupart d’entre eux parlent déjà anglais. »
          How funny you are ! Vous avez raison, c’est ridicule. L’anglais est officiellement enseignée dans tous les lycées de la planète et ‒a fortiori‒ dans toutes les universités de la planète. Le français non, même quand elle est la langue officielle dans certains pays ! Un comble (du ridicule) !

          « les raisons de la domination d’une langue »
          Effectivement, il faut vivre avec : refuser de voir cette réalité est pire que de l’ignorance. L’anglais est nettement plus facile et ‒ce qui ne gâche en rien, au contraire‒ plus joli à entendre : pas de genre comme en français, structure clairement établie, le seul accord que je connais concerne le singulier et le pluriel.
          J’ajoute ‒pour enfoncer le clou, tellement c’est ridicule‒ que la politique française en matière de géopolitique de l’enseignement est désastreuse : la fameuse Circulaire Guéant de mai 2011 (certes, elle est abrogée, mais, le mal est déjà fait). Je ne sais pas moi, a-t-on besoin d’un doctorat en relations internationales pour comprendre ce que cela implique de décourager les gens de venir étudier en France ? Ces futurs diplômés ne conseilleraient-ils pas à leurs gouvernements de ne pas acheter français, voire, à leurs enfants d’apprendre l’anglais au détriment du français ? Est-ce dans l’intérêt de la France ? La France n’est plus ‒je reprends votre adjectif qui se prête bien à la situation‒ « crédible ». Et, on s’étonne de sa perte de compétitivité martelée dans tous les médias !


        • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 14 novembre 2012 12:34

          @ Romain Desbois et @ L’immigré

          Hum, je me suis trompé dans une réponse écrite un peu plus bas sur cette page ! J’ai confondu Romain Desbois et L’immigré au sujet de ce commentaire sur les langues.

          Je suis totalement d’accord avec Romain Desbois : apprendre des langues différentes peut constituer une perte de temps selon moi, et compte tenu de ses objectifs prioritaires de formation et de carrière.

          Il est utile d’apprendre une ou deux langues dès le collège par exemple, et plus tard d’en approfondir l’étude en lycée, puis dans sa formation universitaire (ou autre), mais sans exagération.

          Or on entend souvent qu’il est très utile de parler plusieurs langues, que l’on ne peut rien faire si ce n’est pas le cas, que c’est un facteur de progrès et de compétitivité, etc. 

          C’est vrai. Parler plusieurs langues est utile et déterminant dans beaucoup de situations. Etre ceinture noire de karaté est vital si on se trouve agressé dans la rue en revenant chez soi en pleine nuit. Savoir conduire un avion peut être grandement utile dans certaines occasions. Est-ce à dire qu’il est judicieux d’imposer l’apprentissage de trois langues, du karaté et du pilotage d’un avion pour obtenir son BAC ?

          Je me contenterai ici de préciser ma pensée en envisageant seulement trois exemples.

          Exemple 1 : Sous prétexte que l’apprentissage des langues entraîne le cerveau et permette de communiquer avec d’autres personnes, imaginerait-on d’imposer à tous les lycéens de passer par exemple 10h par semaine à apprendre l’anglais, l’espagnol et le mandarin ?

          Le temps que l’on passerait à développer son cerveau de cette manière serait tout simplement perdu pour avancer dans l’étude des sciences. Ce serait du temps en moins pour découvrir les nombres complexes, leur interprétation géométrique, les transformations du plan, les similitudes, et les méthodes de raisonnement en logique, etc. On ne peut pas tout faire, il faut faire des choix ! Notre vie est courte vaindious !

          Exemple 2 : Après ma première année de fac, j’avais rencontré, en vacances, une Finlandaise fort sympathique qui était lycéenne dans son pays. En parlant avec elle, elle m’apprit qu’en Finlande, à Jyvaskila où elle habitait, elle apprenait 5 langues différentes depuis l’équivalent de la sixième, si j’ai bien compris. Du finlandais (normal), du suédois (parce qu’il y avait des accords avec la Suède dus à une forte communauté suédoise installée en Finlande, et une volonté politique de souder la Finlande au bloc scandinave, pourquoi pas), de l’anglais (inévitable), de l’allemand (car ils ne sont pas loin), et du français (un choix personnel).

          J’en déduisais qu’elle était dans une section littéraire, mais est-ce sûr ? Bon, et bien moi qui trouvais que l’on avait eu beaucoup à travailler pour réussir sa première année de fac en mathématiques et la physique, je ne voyais pas comment il aurait été possible que l’on me fasse faire autant d’études en langues au lycée sans saboter tous les apprentissages que j’y avais reçus en sciences. Tout ce que j’avais travaillé au lycée en maths et en physique était ENORME, et je remercie encore les professeurs qui m’ont ouvert des voies en sciences, et le programme de la section C qui était parfait ! Trois ans à réfléchir, à m’entraîner et à comprendre des choses sensationnelles. On résolvait des équations du second degré dans Z/11Z, et c’était remarquable. On comprenait mieux ce que représentait le corps des réels. Le programme de terminale C comportait une description précise de la géométrie affine et une explicitation des structures vectorielles (en algèbre linéaire) tellement rigoureuses et convaincantes que je m’aperçus quelques années plus tard, en licence, que je possédais déjà 80% du cours de géométrie affine et euclidienne que je suivais à la fac de Nice (donné par M. Chazarain : j’en profite pour dire qu’il s’agissait d’un une excellent cours, une vrai œuvre d’art). Mon année de terminale C m’offrait pratiquement un module d’enseignement en licence, c’était génial ! Il n’y avait qu’à approfondir et s’entraîner encore.

          Si j’avais passé trois ans au lycée à baragouiner je ne sais quels dialectes, je n’aurais fait que perdre trois ans dans MA formation, celle que j’avais choisie. Je VOULAIS travailler dans un domaine scientifique, en maths ou en sciences physiques surtout.

          Exemple 3 : La dernière réforme des maîtres était pathétique, comme je l’explique dans mon livre Délires et tendances. Une des inventions, sans doute issues d’un think tank génial organisé par des personnes très progressistes et linguistes dans l’âme, qui n’avaient, c’est certain, jamais touché aux maths de leur vie, a été d’imposer une épreuve de haut niveau en langue vivante, appelée CLES2, à absolument TOUS les candidats de TOUS les CAPES de France et de Navarre, quelle que soit la discipline concernée ! Fatale absurdité !

          Si un Einstein avait voulu passer le CAPES de sciences physiques en 2011 pour enseigner en collège, il aurait été salement recalé s’il ne parlait que sa langue maternelle :

          Examinateur : « Candidat Einstein ! Vous voilà bien présomptueux de vouloir enseigner la physique aux enfants de la république alors que vous ne maîtrisez même pas une langue étrangère ! A l’époque de la communication ! Mais vous vous croyez où ? Vous êtes ajourné ! Filez, et qu’on ne vous revoie plus dans cette salle de concours ! ».

          Et se retournant vers son collègue progessif : « Quel toupet ! Il avait bien quelques connaissances en physique, mais comment peut-il imaginer que cela suffit pour enseigner au collège ou dans un lycée au XXIe siècle. Il y en a qui devraient quand même se mettre à jour… »

          Voilà un tableau tordant s’il n’était pas tragique, car ce sont nos étudiants, et parmi les plus méritants, que nous pénalisons. Les conséquences de tels choix abscons n’ont pas tardé à se faire voir : le nombre de candidats présents aux deux épreuves écrites du CAPES de mathématiques est passé de 7969 en 1997 à 1285 en 2011, soit une chute de 84% !

          Et au lieu de continuer à travailler sur mes livres de maths, j’ai dû me mettre à écrire Délires et tendances dans l’éducation nationale pour expliquer ce marasme car je ne comprends toujours pas pourquoi on s’acharne autant sur nos étudiants scientifiques.

          Pour finir, je peux affirmer que l’on n’a pas besoin de connaître l’anglais ni aucune autre langue vivante ou morte pour enseigner les mathématiques de la maternelle au doctorat, que cela ne sert strictement à rien pour tous les enseignements jusqu’à BAC+5, donc au niveau Master, et que bien sûr, un niveau moyen en anglais permet de lire quelques articles de recherche dans la langue de Shakespeare quand on prépare un master de recherche ou un doctorat en mathématiques, mais qu’il s’agit d’un anglais scientifique auquel personne n’est préparé et doit se former tout seul comme un grand. Ensuite on a besoin de l’anglais pour publier dans des revues internationales si l’on devient enseignant-chercheur. Un anglais très spécial. Un niveau moyen d’anglais permet de lire par ailleurs des tas de bouquins intéressants qui n’ont rien à voir avec les sciences, mais là ce n’est pas dans l’exercice de son métier.

          Comment peut-on en arriver à imposer une épreuve de langues au CAPES de mathématiques pour enseigner en collège ou en lycée ?

          Pourquoi pas ne pas carrément envisager de n’utiliser que l’anglais pour tous les enseignements de la maternelle à l’université ? Après tout, cela ferait gagner du temps à tout le monde et serait plus cohérent. La langue maternelle actuelle pourrait être oubliée en une ou deux génération, ce qui ne serait pas un mal puisque nous devons préparer l’avenir, et que l’avenir c’est l’anglais !

          Ah ! Si nos amis du Québec m’entendaient !

          Un hic ! Près d’un milliard de personnes parlent déjà le mandarin sur Terre. Aussi on pourrait bien devoir encore ré-envisager le choix du langage dans quelques années. Alors, plus progressiste que les progressistes, je propose tout de suite de nous mettre tous à l’apprentissage du mandarin ! On ferait d’une pierre deux coups : avec des idéogrammes à la place de l’alphabet, la méthode globale de lecture ferait enfin l’unanimité à l’école primaire, et les parents en perdraient une fois de plus leur latin !


        • Abou Antoun Abou Antoun 12 novembre 2012 22:27

          Mais les parents frémissent quand ils entendent parler de sélection, et les politiques emboîtent le pas car, ma foi, trois années d’études en plus après le BAC pour pallier au manque de travail abattu au lycée, cela fait autant de chômeurs en moins et une entrée dans le métier à un âge avancé, donc moins de retraites à payer.
          Le cas de la France (choix de l’enseignement supérieur de masse pour provoquer un effet ’retard’ dans le développement du chômage) est unique dans le monde. La France sera bientôt le pays comptant le plus de chômeurs diplômés. Paradoxalement le gouvernement crée des emplois assistés pour ceux qui sont sortis prématurément du système scolaire sans diplômes. Que ceux qui comprennent m’expliquent ...


          • L’immigré 13 novembre 2012 11:28

            « La France sera bientôt le pays comptant le plus de chômeurs diplômés. Paradoxalement le gouvernement crée des emplois assistés pour ceux qui sont sortis prématurément du système scolaire sans diplômes. Que ceux qui comprennent m’expliquent »
            Puis-je tenter d’émettre des hypothèses ?
            1
            le chômeur diplômé restera au chômage parce qu’il refuse un emploi en dessous de ses compétences. Exemple caricatural  : un docteur se voit proposer un travail d’infirmier. Dévalorisant...
            2l’entreprise n’embauchera pas de diplômé si celui-ci est sur-qualifié pour le poste : il risque de revendiquer (une fois installé) une meilleure rémunération.

            En outre, le chômeur diplômé, en dehors de toute considération éthique (estime de soi, par exemple), a plus de chance de trouver un emploi qu’une personne sans qualification. Cette dernière verra la plupart des portes se fermer, d’où cette volonté d’aider cette catégorie de personnes plutôt qu’une autre.

            Ce ne sont que des tentatives d’explications sous forme d’hypothèses : je peux très bien être dans l’erreur.
            Quoi qu’il en soit, cela ne justifie en rien le fait de quitter l’école sans diplômes : tout est fait pour réussir en France alors que dans d’autres pays on se bat pour faire entrer les filles à l’école primaire... Oui, je sais ! Cela fera l’objet d’un autre débat !


          • Abou Antoun Abou Antoun 13 novembre 2012 12:22

            le chômeur diplômé restera au chômage parce qu’il refuse un emploi en dessous de ses compétences. Exemple caricatural  : un docteur se voit proposer un travail d’infirmier. Dévalorisant...
            C’est un des effets pervers du système de contention du chômage par l’enseignement prétendument supérieur. Les jeunes diplômés ne se posent guère de questions concernant leur compétence professionnelle et les services qu’ils peuvent apporter à la société. Ils arborent fièrement qui leur licence qui leur maîtrise, voire de plus en plus des doctorats dans des spécialités dont personne n’a cure. Ils font ressortir leur bac+X, bac+XX etc.. sur leur CV sans parfois écrire correctement leur langue ou savoir appliquer une règle de trois (avec cela ils peuvent être ministres...). L’ouverture toute grandes des portes de l’Université (qui n’est pas une mauvaise chose en soi) oblige, comme dans le cas du secondaire à faire des compromis, par la création de sections dont l’intérêt est discutable et l’abaissement du niveau dans les sections classiques (en fait c’est le même phénomène qu’avec le secondaire). Mais j’aimerais qu’on me prouve les bienfaits de la ’démocratisation ’ d’un système quand il conduit à la destruction de ce système.
            Pour illustrer mon propos je vais prendre l’exemple des sections STAPS. Nul doute qu’un pays moderne doive former des sportifs de haut niveau et des professeurs d’EPS, mais chacun doit être conscient que le nombre restera de toutes façons limité. Auparavant ce rôle était tenu exclusivement par le CREPS dont les critères des élection étaient draconiens (il fallait fournir des examens médicaux incluant des radios, etc.). Les STAPS sont aujourd’hui ouvertes à tout le monde et les jeunes s’y engouffrent par centaines. Beaucoup finiront, dans le meilleur des cas, comme vendeurs à Décathlon ou à Go Sport (faut-il vraiment une formation universitaire pour cela ?). Pour ce qui concerne les sections scientifiques, il y a une baisse de niveau due au fait qu’on veut lutter contre la désertification et les suppressions de postes d’enseignants et de chercheurs qui en résulte, on voit donc de plus en plus de promotions à l’ancienneté dans ces sections où les présidents autorisent de façon presque systématique les doublements ou les triplements. L’étudiant ’professionnel’ a fait son apparition.
            Les diplômes universitaires tendent à devenir des chiffons de papier que les employeurs ignorent de plus en plus. une étude réelle sur le chômage des diplômés doit prendre en compte tous ces nouveaux paramètres. On peut étudier pour se faire plaisir ou pour chercher un emploi, la démarche n’est pas forcément la même.


          • Julien Julien 12 novembre 2012 22:32

            Tout à fait d’accord pour la spécialisation dès la seconde. Et, parce qu’on ne sait pas toujours ce qu’on veut faire à cet âge, il faudra prévoir des passerelles entre les sections.

            Cela dit, cette spécialisation plus précoce est probablement utopique : je ne suis pas sûr que tous les profs aient maintenant le niveau nécessaire pour dispenser un enseignement de qualité par exemple en physique.

            Il y a deux semaines, j’ai rencontré un ingénieur qui a démissionné il y a 6 mois, et qui depuis 6 mois s’occupe de manière diverse en programmation (principalement Haskell). Il le fait de manière passionnée, il n’est pas obligé. Grâce à la somme des ressources disponibles sur internet, il peut travailler tranquillement chez lui.
            J’ai fait à peu près la même chose, mais pour étudier l’électromagnétisme. Et si je pouvais, je continuerais. J’ai une grosse grosse bibliothèque, et je peux me poser les questions que je veux, quand je veux. Je peux effectuer des synthèses, comparer tel livre avec tel autre, détecter les erreurs qu’a fait un auteur, mais pas l’autre, etc. Bref, je mène un vrai travail d’apprentissage et parfois recherche, de manière autonome, sans contrainte.
            Je pense que c’est l’avenir. Les gens s’intéresseronts à l’économie. Ils liront Marx, Smith, pour progressivement acquérir des compétences, non pas parce qu’on leur aura demandé, mais parce qu’ils auront envie de s’investir sur certains sujets, probablement les plus polémiques.

            Je pense que ce mode de fonctionnement gagnera du terrain au fur et à mesure que le travail disparaîtra (car il disparaîtra).

            Il reste néanmoins le problème des connaissances de base. Il serait illusoire de vouloir étudier l’électromagnétisme sans savoir donner l’équation d’un plan. Pour moi, il est clair que l’acquisition des connaissances de base doit tenir compte d’une spécialisation toujours plus importante des domaines de recherche et d’application : elle doit donc être spécialisée. Elle doit se faire sous forme de modules de connaissances, à valider un par un (pas comme aujourd’hui où les classes se succèdent, où les gens disent « je passe en 1ère S », et pas « je maîtrise le calcul vectoriel » par exemple). On doit pouvoir choisir ses modules, pour pouvoir mener l’activité (le « métier ») ou la recherche qu’on désire.

            Par exemple, je n’ai jamais eu vraiment de cours d’économie (formation ingénieur), et je dois dire que cela m’aurait fait royalement chier à l’époque. Mais maintenant, je serais heureux de pouvoir suivre un module d’économie. Les gens seraient mélangés, pas de ségrégation par l’âge. Il y aurait par exemple des gens de 60 ans voulant étudier l’économie, et des gens de 16 ans voulant exercer dans ce domaine.


            • L’immigré 13 novembre 2012 08:15

              Pour répondre à votre article sur le culte de l’immédiateté que je n’ai pas encore entièrement lu :

              « Le professeur n’a plus que son discours pour tenter d’instaurer une atmosphère de travail. »
              Voilà l’exemple
              même du défaut de l’enseignement en France : une perte de temps en palabres qui n’ont aucun lien sérieux avec le cours. Ces failles détruisent presque inéluctablement la motivation de certains élèves qui souhaiteraient avancer. Je ne vous parle même pas de la motivation des enseignants qui en prend un coup. Comment se fait-il qu’en France l’éducation ‒qui implique la formation des enseignants‒ ne soit pas vraiment jugée comme étant une affaire sérieuse ?

              « un élève [n’a pas encore] pris conscience de l’importance de ses choix et des enjeux d’une vie »
              Oui et non. J’étais assez conscient de la chance que j’avais d’intégrer une école : je savais déjà avant d’entrer en classe secondaire que j’avais besoin de l’école pour mon avenir. Par contre, j’ignorais le métier que je voulais vraiment faire.
              Quant aux enjeux d’une vie, il est à souligner que beaucoup d’adultes perdent le sens des réalités lorsqu’ils consacrent leur fortune à des animaux de compagnie (vêtements pour chiens et chats) pendant que des SDF peinent à trouver à manger en France... Il m’arrive d’avoir honte d’avoir appris le français à cause de cela.

              « devenir juge ou médecin sans imaginer ce que cela signifie en termes de travail et d’étude »
              Ne sous-estimons pas l’influence des parents ou de l’entourage des enfants dans leurs aspirations. Beaucoup d’enfants souhaitent plaire à leurs « fans » (c’est-à-dire, leurs amis et parents) telle une quête de reconnaissance de l’appartenance à un groupe. Considérons aussi qu’il est possible que l’enfant ne fait que tenter de s’imaginer dans ce qu’il espère devenir, une façon de refouler ses échecs dont il pourrait être (trop ?) conscient. Les enfants ont une vague idée de ce qui les attend parce qu’ils sont peu informés et mal informés : en général, ils savent à peu près que, pour être pilote d’avion, il faut être doué en math, mais, ignorent souvent qu’il faut bien parler anglais.

              « Ce sera toujours ça de pris. »
              J’appelle cela l’« Effet Civilisation » : la facilité procurée par l’apparition de la technologie dans les mœurs qui l’ignoraient auparavant.
              On peut aussi parler d’« Effet Fashion » : les enfants sont de plus en plus des fashion-addict ou fashion victims ‒c’est selon‒ avec cette ruée vers les consoles de jeu dernier cri, vers les vêtements de marque, vers le dernier smartphone, etc.
              J’adore les nouvelles technologies, mais, je peux m’en passer pendant une semaine s’il le faut.

              « Vivre, c’est profiter de l’instant présent en faisant ce que l’on veut. »
              Carpe Diem ! Raisonnement à court terme occultant drastiquement la notion d’avenir en termes de visibilité sur le plan de la prospective. Cela montre aussi la crainte des parents concernant la précarité des emplois en ces temps de crise.

              « Il y a aussi un autre perdant de taille : la formation scientifique des ingénieurs et des chercheurs français. »
              Anormalement, curieusement et dangereusement négligé en France. En théorie, qui dit éducation de qualité dit qualification, qui qualification dit (possibilité de) recherche, qui dit recherche dit innovation, qui dit innovation dit brevet, qui dit brevet dit (en principe) revenus, qui dit revenus dit (en principe) investissement dans le bien-être de la population (éducation, santé), etc. Tout le monde connaît la musique, je crois.

              « Qui est responsable ? »
              Bonne question. Qu’est-ce qu’une responsabilité et quelles sont ses implications dans l’éducation et le succès de cette éducation ?
              Avant de répondre à de telles questions, posez-vous des questions sur les acteurs et les indicateurs utilisés pour analyser la problématique.
              Mes acteurs ? Il en existe trois :
              Les parents : responsables du maintien et de l’entretien des enfants.
              Les enfants : les concernés.
              Les éducateurs : chargés de transformer les enfants afin d’en faire des personnes autonomes en leur inculquant les techniques et méthodes cognitives.
              Mes indicateurs ? Ils sont essentiellement quatre :
              Academic Ranking of World Universities  : Classement de Shanghai, invention chinoise.
              Les Prix Nobel : domaine scientifique, invention scandinave.
              Program for International Student Assessment  : sorte de test de niveau scolaire sur des adolescents d’environ 15 ans, invention de l’OCDE.
              Indice de développement humain : indicateur synthétique statistique, invention de l’ONU.
              Le corollaire de tout cela ? L’environnement. Elle serait définie par l’ensemble des acteurs et facteurs susceptibles d’influer durablement sur la prise de décision : politique, finance, technologie, sociologie, etc.
              La place de la France, chantre et patrie des Droits de l’Homme, dans ces indicateurs ? No comment. Pourquoi  ? Une patrie des droits de la personne humaine devrait être the number one dans tous ces indicateurs : lorsque les droits humains sont respectés, les droits à l’éducation le sont et donc, par effet d’entraînement, les possibilités d’épanouissement intellectuel s’agrandissent considérablement. La France n’est même pas dans le Top Five de ces classements. Such a shame...

              Je me demande même si, déjà à la base, il est si évident que cela de définir l’esprit scientifique. Une idée ?


              • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 13 novembre 2012 22:22

                @ L’immigré


                Chapeau ! Je ne trouve rien à redire à votre long commentaire que je viens de lire. 

                Pour moi vous raisonnez parfaitement, et toutes vos remarques me semblent limpides et porteuses de sens. Les bémols que vous indiquez (ex. : « Ne sous-estimons pas l’influence des parents... »), les pistes d’une analyse que vous proposez (ex. : « posez-vous des questions sur les acteurs et les indicateurs utilisés... ») et les conclusions que vous suggérez (ex : « La place de la France ... dans ces indicateurs ») sont des morceaux de bravoure qui me font superbement plaisir. Et il y a de l’humour et tant de vrai quand vous terminez par « il est si évident que cela de définir l’esprit scientifique. Une idée ? ».

                Je pense que je réagis comme vous sur un bon nombre de points, et je pense que vous avez une sensibilité très fine sur ces sujets, et une approche très personnelle et très structurée. Bon, j’arrête les louanges car vous allez finir par croire que j’exagère, mais non.

                Un dernier point, j’ai lu ce matin votre réaction plus haut au sujet du diktat actuel de l’anglais, et j’ai aussi vu comment l’on vous est « tombé dessus », un peu comme s’il y avait un tabou à cet endroit. Je n’ai pas eu le temps de réagir, car je devais partir, mais je vais essayer d’écrire au moins une petite phrase là dessus maintenant. Car je suis totalement d’accord avec vous sur ce point !!! Et que personne en général ne me comprends. Il faudra un jour écrire un livre pour expliquer cela, car il y a beaucoup de choses à dire pour « équilibrer la balance ». J’en parle dans mon livre Délires et tendances dans l’éducation nationale, où je m’élève avec véhémence contre l’imposition d’une épreuve de langue vivante dans TOUS les CAPES, ce qui est d’un ridicule achevé mais qui montre que le tabou est partagé par beaucoup de décideurs qui sont tous... des littéraires ou des linguistes (?).

                Je vais écrire deux lignes à ce sujet, mais c’est tout car je n’ai pas beaucoup de temps et il me faut passer à autre chose. Une diablerie le temps qui passe... 

                En tout cas merci pour vos commentaires justes (à mon sens), rafraichissants et utiles.

                 




              • L’immigré 14 novembre 2012 19:57

                @Dany-Jack Mercier :
                « J’ai confondu Romain Desbois et L’immigré au sujet de ce commentaire sur les langues. »
                Je me disais aussi... Vous avez du mal dormir, donc, mal lu.
                « apprendre des langues différentes peut constituer une perte de temps »
                Oui et non ! Lisez bien ce que j’ai écrit : il n’a jamais été question pour moi d’approuver ou d’infirmer l’obligation d’avoir un certain niveau en langue vivante (l’anglais, ici).
                Je suis favorable à l’enseignement d’une langue vivante pour les raisons non exhaustives suivantes :
                1‒ le cortex est mieux sollicité et soutenu en termes de connexion neuronales (plus de connexions),
                2‒ les meilleurs manuels dans le domaine scientifique sont en anglais et ne sont pas traduits,
                3‒ l’apprentissage d’un domaine en dehors de la science « pure » (mathématiques et physique) permet de prendre un certain recul (sortir d’un raisonnement trop mathématique et sclérosant) : la langue est imprécise dans son interprétation, chaque mot changeant de sens suivant le contexte.
                Il n’est pas question d’imposer un certain niveau en langues pour obtenir une certification dans un domaine scientifique ou non. Évidemment ! Il faut être (vraiment) bête pour croire qu’à un tel niveau la langue serait un facteur pénalisant ‒et même inéluctablement éliminatoire‒ telle une épée de Damoclès !
                Il n’est pas question d’exiger des heures de cours en langues au détriment des matières principales. Évidemment !
                Par contre ‒et, c’est là que je ne suis pas d’accord avec vous, si je vous ai bien compris‒, les étudiants qui souhaitent, en plus de leur cursus, apprendre l’anglais (ou l’allemand) doivent être satisfaits : des cours doivent leur être ouverts.

                « Si un Einstein avait voulu passer le CAPES [...], il aurait été salement recalé s’il ne parlait que sa langue maternelle »
                Permettez que je vous taquine ? Albert Einstein ‒le vrai, l’unique‒ était germanophone, mais, parlait bien anglais. Cela justifie quelque part le fait qu’une langue fasse partie du cursus (rires). Pauvres futurs Einsteins (là, je ne ris plus).
                Parlons plutôt en termes de recommandations, voulez-vous ? Interdire l’enseignement de l’anglais dans le cursus universitaire : non ! Imposer l’enseignement de l’anglais dans ledit cursus : non ! Inciter ou encourager les personnes dudit cursus à apprendre l’anglais : OUI ! On ne peut plus clair, je pense, non ?

                « je ne comprends toujours pas pourquoi on s’acharne autant sur nos étudiants scientifiques »
                Je vais être très cru : vos gouvernants sont des imbéciles qui ne raisonnent qu’en termes d’électoralisme. Être un beau parleur, séduisant, charismatique serait plus honorable qu’un éminent scientifique maladroit en termes de communication : entre boire et conduire, il faut choisir. Là, la France, un grand pays industrialisé, admiré, adulé, civilisé et policé, me fait carrément honte. Shame on them !

                « anglais scientifique auquel personne n’est préparé et doit se former tout seul comme un grand. »
                Non ! J’ai eu besoin d’un professeur pour m’enseigner plus rapidement cette langue durant ma formation supérieure. Pourquoi ? Pour gagner du temps, justement. Je voulais lire des manuels écrits dans des langues originales : votre « anglais spécial ». Je ne vous parle même pas des forums de discussion, dans le domaine technique, qui sont surtout en anglais...

                « imposer une épreuve de langues au CAPES de mathématiques pour enseigner »
                Cette idée idiote ‒Oui ! Ce mot convient parfaitement ici !‒ vient de quelle instance ? Quel est l’abruti de première qui a pondu cette idée ? Ça m’intéresse.

                « Pourquoi pas ne pas carrément envisager de n’utiliser que l’anglais pour tous les enseignements de la maternelle à l’université ? Après tout, cela ferait gagner du temps à tout le monde et serait plus cohérent. La langue maternelle actuelle pourrait être oubliée en une ou deux générations, ce qui ne serait pas un mal puisque nous devons préparer l’avenir, et que l’avenir c’est l’anglais ! »
                Là, c’est plus logique. Mais, enseigner que l’anglais est une idée un peu osée à laquelle je n’y adhère guère. Difficile à expliquer, ici.
                Oubliez vos Québécois...

                Sur l’apprentissage du mandarin et des langues à écriture non-latine :
                Les asiatiques (Chine, Corée, Japon) font partie des meilleurs élèves du monde. Seulement, à ce que je sache, il est impossible de transposer leur méthode d’enseignement en France. En d’autres termes, faut-il apprendre le mandarin ? Bonne question. Je n’ai pas la réponse. Soulevez le débat.

                Conclusion : bien lire les commentaires (je n’ai pas de « tabou » sur les langues) est plus important pour moi que d’être apprécié...

                J’en profite pour vous dire que la mentalité de votre pays doit changer. Si, pour cela, il fallait que vous renonciez à votre langue française au profit de l’anglais, alors, tant pis (ou tant mieux ?) ! Mais, il est impératif de s’engager dans des réformes.
                Qu’importe qu’ils ne parlent qu’une seule langue, ce sont les scientifiques qui font le monde de demain, pas les beaux parleurs. On n’a pas vraiment l’air d’avoir compris cela, y compris en France pays moderne. Quelle modernité ! Austérité quand tu nous tiens...

                Je parle, je parle... Mais, justement, je suis un immigré bien intégré. La preuve ? Je vous demande humblement de me donner l’équation de la courbe, sachant la force physique à appliquer, qui me permettrait de balancer efficacement un cocktail Molotov sur la voiture de mon voisin... Pas besoin de parler anglais pour cela, j’espère...


              • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 14 novembre 2012 21:15

                @ L’immigré


                Beaucoup d’humour et de vrai dans votre réponse ! Je vous suis mieux. 

                Pour un scientifique la langue sert essentiellement à communiquer, et en ce sens j’imaginerai facilement une langue unique permettant de communiquer tous entre nous. N’importe laquelle. Mais il y a l’histoire et les coutumes, ainsi que les cultures qui sont attachées à ces langues, donc des tas de raison de laisser les choses telles qu’elles sont pour ne pas « faire trop de grabuge ».

                Ah oui ! Restez bien intégré ! C’est important ;)

              • L’immigré 15 novembre 2012 08:33

                @Abou Antoun
                « les Soviétiques avaient un des niveaux d’instruction les plus élevés du monde grâce à une instruction publique de très grande qualité »
                Pourquoi
                ne vous-êtes vous pas inspirés de ce modèle, alors ? Est-ce que ma question est pertinente ?

                « [...] sans parfois écrire correctement leur langue ou savoir appliquer une règle de trois »
                Je connais des gens titulaires de doctorat faisant des fautes d’orthographe en France. Les ingénieurs faisant des fautes d’orthographe sont incroyablement nombreux. Cela reste paradoxal quand on pense à cette rigueur scientifique qui est censée les caractériser.
                Quant à la connaissance de la règle de trois, je me demande vraiment comment
                ils ont obtenu leurs diplômes.

                « qu’on me prouve les bienfaits de la ’démocratisation’ d’un système »
                Malheureusement,
                un pays moderne exige une démocratisation ‒l’accès à tous s’entend‒ du système universitaire. Posez-vous plutôt la question sur un plan épistémologique.
                Par ailleurs, existe-t-il une réflexion sur le plan de la prospective en termes de recherche scientifique ? Le pays a-t-il mis en œuvre une politique industrielle efficace ? L’enseignement de base est-il privilégié dans sa politique de développement ? Existe-t-il une expertise sur l’éducation ?
                Beaucoup de questions me diriez-vous, mais, ces questions peuvent expliquer certains problèmes. Sans les résoudre, certes, je vous l’accorde.

                @Dany-Jack Mercier :
                Tout d’abord, étant donné que vous êtes un fonctionnaire en exercice et que vous écrivez sous votre nom, vous êtes tenu à un devoir de réserve. C’est dommage parce qu’il vous est difficile d’oser exprimer les choses telles que vous estimiez qu’elles sont : vous êtes prisonnier de votre célébrité. C’est indubitablement la preuve que la France est très loin d’être ce pays libre qu’on prétend. D’ailleurs, j’aurais bien aimé voir votre dark side (le côté obscur de la force, quoi !)...
                Ensuite, beaucoup d’entre nous se manifestent derrière un pseudonyme, ce qui nous autorise d’invectiver sans détour qui bon nous semble : the dark side of the Internet. Reconnaissons, toutefois, que certains abusent de ce procédé pour manifester leur addiction profonde pour l’intolérance. Nous sommes, entre autres, là pour remettre de l’ordre dans les affirmations osées de ces derniers.
                Enfin, nous regrettons beaucoup qu’il y ait si peu de personnes qui font des articles sur des sujets ayant trait à la science, surtout, dans un langage (qui se veut) profane. Nous regretterons beaucoup vos commentaires sur ce plan.

                « Pour un scientifique la langue sert essentiellement à communiquer, et en ce sens j’imaginerais facilement une langue unique permettant de communiquer »
                Elle est sous votre nez : Speak English ! Plus sérieusement, votre idée est fort intéressante, mais, il existera toujours, au sein de votre gouvernement ou de votre parlement, un imbécile qui parlera de la souveraineté de la nation. Mais, qu’est-ce qui est important ? Qu’on comprenne votre cours ou qu’on parle votre langue ?

                « Mais il y a l’histoire et les coutumes, ainsi que les cultures qui sont attachées à ces langues, donc des tas de raisons de laisser les choses telles qu’elles sont pour ne pas "faire trop de grabuge". »
                Belle leçon d’anthropologie sociale. La linguistique est liée à la culture dans la plupart des pays, et, effectivement, dans certains cas, il est quasiment impossible de parler correctement la langue associée sans en saisir les aspects ethnologiques sous-jacents. Justement, le Québec ‒province indépendantiste canadien ?‒ est une partie du monde où la langue est indissociable de la nation. Aux États-Unis, au niveau fédéral, il n’existerait pas de langue officielle ! Comme quoi, il faut de tout pour faire un monde...
                S’il est vrai que les musées et les histoires sont faits pour éviter aux enfants de faire la même erreur que leurs ancêtres, une tradition, si noble soit-elle, ne doit pas empiéter sur l’esprit scientifique et surtout la vérité scientifique. Il est à noter que l’esprit scientifique est un concept, la vérité scientifique est sa quête. La Science est son aboutissement, l’application concrète ou le résultat. Puisque « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. », selon François Rabelais, la Science requiert qu’un contrôle, ou plutôt, un audit, soit périodiquement effectué afin de contrecarrer ses dérives : l’éthique est un trop vaste débat pour que j’en parle (aspects socioculturels, sociologiques, économiques).
                Bref, à mon avis, ne pas se remettre en cause, en laissant « les choses telles qu’elles sont », est une erreur stratégique dont on finit toujours par payer les fruits. Hélas, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, sauf, dans le monde des Bisounours où je n’ai point l’honneur de vivre...


              • Abou Antoun Abou Antoun 18 novembre 2012 08:31

                Pourquoi ne vous-êtes vous pas inspirés de ce modèle, alors ? Est-ce que ma question est pertinente ?
                Vous vous adressez à moi ou bien au ministre de l’éducation ?
                Par ailleurs, le modèle français d’il y a 30 ans n’était pas mauvais non plus, c’était même un des meilleurs avec celui de l’URSS, mais les changements sociaux, économiques, politiques dans les deux pays ont conduit au même résultat, c’est donc un parallèle que je voulais faire. La France d’avant 1980 n’avait pas de leçon à recevoir de l’URSS en matière d’éducation.


              • Abou Antoun Abou Antoun 18 novembre 2012 08:35

                Tout d’abord, étant donné que vous êtes un fonctionnaire en exercice et que vous écrivez sous votre nom, vous êtes tenu à un devoir de réserve.
                Ne reprenez pas, s’il vous plaît, à votre compte une de mes affirmations à l’adresse de l’auteur, qui n’a pas eu, pour l’instant, l’occasion de s’exprimer sur ce point. That’s not cute !


              • Abou Antoun Abou Antoun 13 novembre 2012 12:37

                Rebonjour Dany-Jack !
                Lancinante question : Qui est responsable ? (et pourquoi).
                Finalement l’éducation et ses problèmes ce n’est peut-être que la partie visible de l’iceberg. Tel type de société doit donner tel type de système éducatif.
                Notre système éducatif a rejoint dans la nullité le système nord-américain parce que nous avons adopté toutes les ’valeurs’ (ou les contre-valeurs) des USA et de ce qu’ils représentent.
                Le cas de la fédération de Russie est également significatif. je ne fais pas l’apologie du communisme ’made in USSR’ mais il faut être malhonnête pour ne pas reconnaître que les soviétiques avaient un des niveaux d’instruction les plus élevés du monde grâce à une instruction publique de très grande qualité. Tout cela part en lambeaux chez eux aussi, mais il ont de beaux restes (un peu comme nous) mais jusqu’à quand ?
                Vers quoi se tournent aujourd’hui nos étudiants ?
                La gestion (management) les affaires (business) la pub, la communication et tous ces trucs dont l’utilité est plus que douteuse alors que nous avons besoin de chercheurs, d’ingénieurs, d’enseignants, de médecins, etc...
                Bref, nous payons aujourd’hui, dans le monde de l’éducation, les choix de société que nos dirigeants on fait, système libéral, effacement de l’état, mais les transports, les communications, la santé peuvent faire le même constat chacun dans leur domaine. L’instruction des masses n’est plus une priorité, la solution est politique, aucun replâtrage ne remettra en selle l’instruction publique.
                Se rejeter la faute est une pure perte de temps.


                • alice au pays des merveilles alice au pays des merveilles 13 novembre 2012 14:41

                  @ l’auteur

                  Qui écrit

                  « beaucoup de professeurs sont des parents, et beaucoup de parents sont des enseignants »

                  Eh bien un scooooooop Môssieur l’auteur, il existe , mais oui, mais oui, un certain nombre de parents qui ne sont ni des enseignants, ni des professeurs et pourtant qui s’intéressent à leurs enfants et qui tentent par tous les moyens de leur faire réussir leur socialisation et leurs apprentissages.........bien que ces parents n’ont pas pratiquement 5 mois de congés pour les aider , les faire réviser, les encourager, les soutenir ............ ;et qui ne viennent plus assister aux réunions car ils en ont MARRE de ces profs condescendants, de ces enseignants qui pensent que la discipline se gère à coups de retenues et que dès 15 ans, un jeune doit choisir sa voie professionnelle !

                  Et qui ont toujours à nous jeter en exemple un élève particulièrement ingérable.

                  Heureusement, pour nous parents il existe dans chaque établissement des enseignants qui prennent en compte la personnalité , les difficultés sociales des élèves. Qui savent les encourager et les épauler. Et bizarrement, les enfants réussissent avec eux !?!

                  Avec les autres et bien on fait avec .


                  • Mycroft 13 novembre 2012 16:56

                    Cet article étant clairement une réponse aux commentaires d’un article précédent, un lien serait une bonne chose.

                    De plus, le passage sur les jeux vidéos me parait un peu surréaliste, dans un article aussi général, car c’est là un détail qui n’a pas grand chose à voir avec le sujet. Les jeux vidéos sont un loisir comme un autre, l’apparition de ce mode de divertissement n’a aucun rapport avec l’état actuel des élève. Je crains que votre âge vous fasse désigner là un innocent comme coupable.


                    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 14 novembre 2012 04:27

                      J’ai du tomber sur un gamer :) Bah, cela m’arrive de jouer à des jeux vidéos, bien sûr, mais le problème n’est pas là. C’est lorsqu’on a un enfant qui « ne désire faire que ça » que les choses deviennent difficiles et qu’il faut trouver un moyen de ne pas le faire décrocher à l’école, non ?


                    • Mycroft 14 novembre 2012 16:25

                      La question n’est pas là non plus, en fait : qu’un enfant ne désire « que faire des jeux vidéos » ou « que faire du foot », le problème est qu’il ne désire « que faire autre chose que travailler ». Et les jeux vidéos n’ont rien à voir là dedans. C’est le principe du refus du travail qui est en cause.

                      Invoquer le jeux vidéo là dedans est une attaque indirecte a une forme de loisir comme une autre. Qui plus est une forme de loisir trop souvent attaqué par rapport aux autres alors que ces effets néfastes sont loin d’être plus avérés que pour les autres (l’excès de sport est par exemple extrêmement dangereux pour la santé).

                      Il s’agit encore, pour beaucoup de personne (certes âgées, mais le fait est que les personnes âgées sont loin d’être un petit nombre) le jeux vidéo est une nouveauté et, en tant que tel, fait peur. Mais, puisque vous êtes capable d’une analyse pertinente sur la situation de l’éducation nationale, vous semblez donc normalement intelligent, et vous devriez être capable de passer outre votre peur.


                    • Dany-Jack Mercier Dany-Jack Mercier 14 novembre 2012 21:07

                      Je comprends mieux votre réaction. C’est vrai, on attaque trop souvent les jeux vidéos, comme la télé, internet, les réseaux sociaux, ... ce qui est injuste. C’est l’excès qui peut causer des problèmes. 

                      Je tiens quand même à préciser que j’ai déjà beaucoup joué à War Craft, Star Craft, Total Annihilation et beaucoup d’autres jeux de stratégie dont je ne me rappelle pas le nom et qui étaient vraiment bien réussis. L’un de ceux que j’adorai était « Total Annihilation », mais la dernière mouture « Supreme commander » ne m’a pas accroché. Si seulement une nouvelle version de « Total Annihilation » qui ne trahisse pas trop les choix de l’original pouvait sortir un jour, où l’on pourrait avoir beaucoup plus d’unités, ce serait trop cool.

                      Actuellement, je joue un peu et régulièrement au go, mais c’est une autre histoire :)))

                    • Soi même Soi même 19 novembre 2012 02:02

                      Guy Debord parlait de la société du spectacle, combien l’on lue, maintenant il est pas étonnant que l’on soit en plein de dans !

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