La force des opprimés
Des opprimés qui résitèrent au totalitarisme firent peu à peu émerger notre laïcité française, toujours combattue ensuite, parfois fortement, mais toujours victorieuse avec la République. En cette fin 2019, encore des menaces, de nature nouvelle....
La force des opprimés.
L’Eglise catholique toute puissante en France sous les monarchies « de droit divin » a imposé un totalitarisme opposé à la liberté de conscience dont on rêvait peut être.
De nombreux « hérétiques » torturés, assassinés. Des rescapés en fuite dans des communes reculées de la région que nous appelons le Queiras. Triste bilan.
On connait mieux encore la croisade du roi de France contre les Cathares, et le bûcher où les « parfaits » dits « hérétiques » furent brûlés vifs à Montsegur, le 16 mars 1244 .
Le totalitarisme français se manifesta fortement avec le roi de France Louis XIV qui considérait que chacun de ses sujets devait avoir sa religion à lui. Il révoqua le 18 octobre 1685 l’édit de Nantes signé par son grand père Henri IV le 30 avril 1598 qui avait mis fin aux guerres de religion. Les « dragons » de Louis XIV s’en prirent aux huguenots (protestants), torturés, assassinés, contraints d’abjurer leur religion, ce qu’ils firent semblant de faire très nombreux. Ces « hérétiques » là ne furent cependant pas vaincus, même s’ils furent décimés. Mieux, ils résistèrent, en particulier dans le Gard et l’Ardèche. Cavalier et Mazel, de nombreux autres ripostèrent à l’assassinat de leurs pasteurs et la destruction de leurs temples, par des assassinats de prêtres et l’incendie de nombreuses églises catholiques. On ne put les empêcher de se réunir parfois à plus de 3000 par exemple sur un petit plateau de la « Plaine de Less » à Issamoulenc, Ardèche, dans de multiples autres assemblées du « désert ». Avant l’arrivée des troupes royales, ils se dispersaient. Ils avaient des chaires démontables et légères permettant à leur pasteur de prêcher en hauteur. Une célèbre ardéchoise, Marie Durand, fut emprisonnée 38 ans, avant d’être libérée sous Louis 15, en 1767. Dans sa prison de
Résister à quoi ? Au totalitarisme royal bien sûr.
Revendication ferme pour la liberté de conscience et de son expression qui se développa avec
Patrick CABANEL et André ENCREVE dans « De Luther à la loi Debré, Protestantisme, Ecole et laïcité démontrent l’apport des protestants à l’idée de « laïcité »
« Luther insiste beaucoup, dès 1524, sur l’importance de l’instruction et sur la nécessité d’une forte culture classique, non pas dans un but simplement scientifique, mais comme instrument au service de l’Église et de l’État ». Des compétences qui faciliteront l’accès aux responsabilités publiques.
Il réclame « la mise sur pied d’écoles pour les enfants du peuple, .Il ne fait pas de distinction entre les garçons et les filles, et souhaite des écoles pour tous les enfants »…
En fait, le lien entre
Lorsque cela leur est matériellement possible, bien des protestants achètent des livres et les transmettent à leurs enfants. Ainsi, dans son étude sur les bibliothèques de Metz au XVIIe siècle, Philip Benedict montre que 80 % des familles protestantes ont des livres, alors que ce n’est le cas que de 20 % des familles catholiques, et que les familles protestantes possèdent nettement plus de livres que les familles catholiques. Naturellement, parmi les livres les plus souvent présents dans les successions des protestants, on trouve
On peut sans doute, pour l’anecdote, remarquer qu’en 1833, c’est le protestant François Guizot qui est l’auteur de la première grande loi destinée à permettre un véritable développement de l’instruction primaire. Mais une étude de cette loi montre bien qu’elle n’a rien de spécifiquement « protestant » et que Guizot, champion de l’usage de la raison dans le domaine politique, sait qu’une loi « protestante » n’aurait aucune chance d’être mise en application dans un pays catholique comme
La laïcisation des programmes et des personnels, par les lois Ferry et Goblet, en 1882-
…
Il est clair que l’une des réussites de
Cette multitude de « petites « églises familiales représente
Revenons à l’Ecole. Il faut que ça fonctionne bien, que les enfants apprennent, il faut des maîtres en pédagogie.
« Attentifs aux leçons et aux recettes qu’ils pouvaient recevoir de l’Europe protestante, politiques et pédagogues de la génération de Jules Ferry ont choisi pour maître, sans cesse célébré, véritable « Réformateur » européen au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, le Suisse de langue allemande Pestalozzi…
Que Pestalozzi ait été un jalon inattendu, mais peut-être capital, dans la généalogie de l’école républicaine – nous ne disons pas encore « laïque » – trouve une étrange vérification biographique dans le cas d’Élie Rabier, le presque inamovible directeur de l’enseignement secondaire dans
Pour des raisons multiples, des protestants, chrétiens sans cléricalisme, laïques sans athéisme, ou du moins tenus pour tels, ont très exactement fourni the right men in the right place. Protestantisme et laïcité donc.
Les protestants n’ont pas été « naturellement » laïques, pas plus en matière d’école que d’État, comme le montre le fait que plusieurs pays protestants européens ont encore aujourd’hui des Églises « établies ». Ils se sont ralliés à la laïcité de l’école parce que, dans un pays où ils sont l’infime minorité, elle offrait les plus grandes garanties de protection et de liberté face à un péril clérical, ou tout simplement catholique, dont on les voit exprimer la crainte jusqu’à la fin des années 1950 ! Qu’ils aient conçu pour cette laïcité une reconnaissance fondamentale, pour ne pas dire viscérale, et qu’ils l’aient servie avec passion, hussards parmi les hussards ; qu’ils aient apprécié de trouver entre la structure de leurs Églises et celle de
Ce protestantisme a appris à redouter bien davantage, des années 1830 aux années 1870, les pressions du cléricalisme et l’intolérance tranquille d’une société restée encore profondément catholique, ce qui ne peut que faciliter son ralliement précoce et sincère au nouveau cours ; et que les dirigeants de
On peut parler d’une forme d’échec du protestantisme dans sa volonté de peser en faveur d’une laïcité spiritualiste, voire d’une neutralité sincère ; mais on peut tout aussi bien signaler combien les protestants se sont sentis à leur aise dans la nouvelle école laïque, à laquelle ils ont donné leurs enfants mais aussi beaucoup de maîtres, des « hussards noirs » aux inspecteurs généraux, des auteurs de manuels aux ministres (de Guizot à Jospin, en passant par Jean Zay). Ici se sont retrouvés les deux traits majeurs de leur personnalité historique : une appétence d’origine religieuse pour le livre et l’alphabétisation, mais désormais sécularisée (de la majuscule à la minuscule pour noter le « Livre ») ; et la chance saisie face à l’ouverture d’un espace scolaire qui ne prétend reconnaître que des individus libres et égaux, offrant par là un nouveau destin aux héritiers de minorités hier persécutées, interdites ou reléguées. La laïcité, c’est la perte du handicap pour les protestants et les juifs, et c’est la survalorisation de leur savoir-lire séculaire.
De 1940 à 1945,
En cette fin 2019, devant les incertitudes de la politique laïque ou non du président Macron, les Français de toute philosophie se lèvent pour que l’Etat renforce la laïcité de l’Etat et la développent dans toutes les écoles publiques. Les sondages comme celui qui est publié ce 27 octobre 2019 démontrent une exigence forte, au bon moment.
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