Les religions paradoxales
L'amour prôné par la plupart des religions n'est-il pas universel ? Or, universel veut dire pour tout le monde. Et quand existe l'amour, il n'y a pas de demi-mesure. Alors pourquoi toutes les confessions font-elles passer les animaux au deuxième plan ? La réponse la plus évidente tient en cette conviction des déismes, principalement les monothéismes, qui fera se perdre le monde : ce fichu anthropocentrisme. Bien avant moi, un grand monsieur, Théodore Monod, l'a dit : "le christianisme est la religion la plus anthropocentrique que le monde ait connue". Une seule religion, malheureusement très minoritaire, et essentiellement concentrée en Inde, démontre une totale compassion envers les êtres : le jaïnisme. Il prescrit effectivement le végétarisme et la non-violence absolue envers les animaux.
Dans les trois principales religions monothéistes, que sont le christianisme, le judaïsme et l'islam, on se heurte systématiquement à l'opposition homme/animal. L'animal est cantonné au profane. Dès l'Ancien Testament, on lit l'asservissement de l'animal. L'introduction de l'hostilité envers lui est le concept de péché originel. Pourtant, la Genèse affirme qu'homme et animal ont été pétris avec la même glaise (2, 7-19).
Si le judaïsme soutient dans les Psaumes (145.9) que "l'Eternel est bon envers tous et sa tendre pitié est sur toutes les créatures", il n'enpêche qu'il prône, comme les deux autres grands monothéismes, la souveraineté de l'homme. Toutefois, à la différence de l'islam, qui met l'homme en position d'autorité, de gouvernance, le judaïsme lui impose une responsabilité, une protection de la Nature. On a un animal que si on peut le nourrir. Par ailleurs, les lois noahides, qui correspondent aux sept lois de Noé d'impératifs moraux pour que la Création puisse subsister, peuvent être considérées comme une protection animale. Quant au christianisme, il penche vers la tendance à réifier l'animal. Pourtant, on trouve de nombreux animaux dans le Coran, dont le coq, qui appelait àla prière, l'abeille, qui ne mange que propre, ... (actioninvisible.wordpress.com, 23.11.2017).
Si on remonte dans le temps, on constate que l'Egypte était convaincue de l'immortalité des animaux et des hommes. On relève que la Grèce antique, une partie tout du moins, évoque l'oikeiôsis, principe selon lequel le vivant appartient à lui-même. Pourtant, "tuer dans un contexte sacrificiel n'est pas tuer", dit le Manusmrti, traité des lois de la tradition hindoue du IIè siècle. Et il semble que la conviction en reste partagée, plus ou moins inconsciemment, quand on note la consommation de moutons (islam) et d'agneaux (christianisme). Logiquement, la spiritualité devrait inspirer la bienveillance.
Je préfère donc me tourner vers le philosophe Jacques Derrida, qui a toujours mis l'animal au coeur de sa pensée. On lira avec intérêt son livre posthume "L'animal que donc je suis" (2006). Il parlait de sa "passion de l'animal". Patrick Llored dit d'ailleurs que la déconstruction caractéristique de Derrida représente "la dernière grande pensée de l'animalité en Occident après celle d'Empédocle, Montaigne et de Nieszsche" (nonfiction.fr, 6.2.2013).
Dans un site de tourisme, j'ai lu "Bien entendu, vous ne pouvez pas rentrer dans les édifices religieux avec votre chien". Nous ne devons pas entendre les mêmes choses.
Myroise
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