Où vont les lambertistes ?
Dans un article daté du 22 novembre 2018, publié dans « La tribune des travailleurs » sous le titre « Rouge est le drapeau des travailleurs » Daniel Gluckstein écrit ceci :
« Mais pour le patron de cette entreprise du bâtiment qui envoie 50 camions à un rendez-vous de blocage le 17 à l’aube (1), pour ces entreprises qui contribuent généreusement à la logistique de l’opération, pour les médias, propriétés de grands groupes capitalistes, qui n’ont cessé d’appeler aux blocages, et même de les coorganiser de fait, dire « non aux taxes » sur le pétrole est un premier pas qui, très vite, s’élargit : non aux taxes en général, non aux impôts, « l’État nous prend tout » pour payer des fonctionnaires fainéants, des chômeurs profiteurs, des services publics inutiles, des retraites scandaleusement élevées, et même pour aider les immigrés qu’« on ferait mieux de renvoyer chez eux ». Et puis, ajoutent les patrons et leurs acolytes tout de jaunes vêtus, « y a pas que les taxes : il faut payer pour la Sécu, pour les retraites, toutes ces charges sociales qui étouffent nos entreprises et nous empêchent de faire du profit. » Le petit patron qui tient ce langage a-t-il seulement conscience qu’il ne fait que reprendre… le programme de Macron, contre qui, pourtant, il manifeste ?
C’est ce discours qui a dominé les blocages ce week-end, généralement porté par des « gilets jaunes » expérimentés et organisés, souvent militants politiques de droite extrême et d’extrême-droite venus avec leurs cargaisons de drapeaux tricolores et d’insultes racistes, leurs méthodes de terreur et leur haine de l’ouvrier.
Mais l’ouvrier, le chômeur, le retraité, la mère de famille, eux, ont besoin qu’on ouvre des écoles, des hôpitaux, des bureaux de poste et non qu’on les ferme ! Ils ont besoin de leur Sécu, de leurs retraites !
C’est là qu’est toute la duperie du 17 novembre. Sous le gilet jaune, l’ouvrier reste un ouvrier, et le patron un patron. Sans parler de ceux dont la chemise brune dépasse sous le gilet jaune (2) !
(1) Vu sur BFM TV, le 16 novembre.
(2) Uniforme des SA, sections d’assaut du parti hitlérien en Allemagne dans les années 1920 et 1930. »
Soulignons la teneur de son discours pour ceux qui, comme nous, lors de notre première lecture, ayant passé le moment de la surprise, ne seraient pas certain d’avoir bien compris.
Voici donc ce que Daniel Gluckstein a vu dans le mouvement des gilets jaunes. Pour lui c’est un discours patronal et raciste « qui a dominé les blocages ce week-end ». Il veut bien admettre cependant qu’il y avait aussi des ouvriers. Il dit pour finir « Sous le gilet jaune, l’ouvrier reste un ouvrier, et le patron un patron. Sans parler de ceux dont la chemise brune dépasse sous le gilet jaune (2) ! » Et, pour ceux qui ne comprendrait pas ce qu’est « la chemise brune » il prend le soin d’expliquer dans une note que c’est une référence à l’uniforme des SA, sections d’assaut du parti hitlérien. En plus des patrons, il y avait donc des nazis. Et il a expliqué auparavant que cette mobilisation des patrons et des nazis revêtus de gilets-jaunes a été organisée par les milliardaires qui tiennent les médias. Il écrit en effet : « pour les médias, propriétés de grands groupes capitalistes, qui n’ont cessé d’appeler aux blocages, et même de les coorganiser de fait, dire… »
Nous n’avons rien trouvé de plus ignominieux comme ramassis de calomnies haineuses contre les gilets-jaunes.
Rappelons donc qui est ce Daniel Gluckstein. C’est pour beaucoup le plus connu des lambertistes. Il a été candidat à l’élection présidentielle de 2002 où il avait obtenu 0,47% des suffrages. Il est le principal dirigeant du POID (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique). Il est entré chez les lambertistes après avoir milité dans la Ligue Communise (ancêtre de l’actuel NPA) à un moment où les lambertistes pouvaient encore être considérés comme des trotskistes. On sait que les lambertistes se sont scindés en deux groupes le POI et le POID au cours de l’été 2015. Daniel Gluckstein était déjà le principal dirigeant avant cette scission. Il avait été désigné par Lambert lui-même comme devant être son successeur. Cette nomination d’un dauphin est en elle-même significative du changement de mœurs chez les lambertistes qui a précédé leur capitulation au moment de la grande trahison de Mitterrand.
Rappelons ce que nous avons écrit à ce sujet dans notre livre « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon », lorsque nous avons expliqué ce qu’une réelle avant-garde du mouvement ouvrier aurait dû faire à cette époque :
« Qu’aurait dû être l’avant‑garde en 1981 ? Pour répondre à cette question, il va nous falloir parler maintenant des lambertistes.
Nombreux sont ceux qui n’en ont jamais entendu parler ou qui n’ont entendu à leur sujet que les sornettes que la presse dominante se plaît à répéter : il s’agirait d’une secte qui en pratiquant l’entrisme aurait pénétré les rouages de l’Etat dans le but de faire de sombres complots… La réalité est tout autre. Les organisations lambertistes comme l’AJS (Alliance des Jeunes pour le Socialisme) et l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste) étaient aussi puissantes à l’époque que l’UPR de nos jours. Ils avaient environ 5 000 militants actifs et l’UPR a environ 30 000 adhérents. Les lambertistes étaient la cible des puissants qui les craignaient autant qu’ils craignent l’UPR aujourd’hui. Ils étaient d’ailleurs traités de la même manière : tantôt blacklistés, tantôt calomniés. Ils étaient les mieux placés pour tenir le rôle d’une avant‑garde. Les lambertistes, héritiers du trotskysme, dirigeaient l’UNEF et la MNEF. Ils avaient une forte influence dans toute l’Education Nationale par le biais d’une tendance de la FEN. Des gros points d’appui dans d’autres syndicats principalement à FO mais aussi dans la CGT. Ils faisaient des rassemblements monstres notamment 8 000 jeunes au Bourget le 1er février 1969. Ils réunissaient des milliers de personnes dans des meetings sans que la presse n’en dise un seul mot. Cette organisation s’était construite en quelques décennies à partir de quelques dizaines de rescapés du trotskysme. Ils avaient dû pour cela combattre le stalinisme dans des conditions extrêmement difficiles. Les agressions physiques et les campagnes de calomnies et d’intimidations diverses étaient monnaie courante. Cela les avait amenés maintes fois à passer des compromis avec les réformistes du PS pour ne pas être seuls face aux staliniens. Ils votaient par exemple les rapports moraux des réformistes dans les syndicats de la FEN alors que cela était parfois contestable. C’est un délicat jeu d’équilibriste que de savoir passer des compromis sans tomber dans la compromission. Ils étaient alors à contre‑courant de la doxa journalistique qui diagnostiquait une disparition de la lutte des classes. Le 15 mars 1968, « Le Monde » titrait « Quand la France s’ennuie » et les organisations dîtes « d’extrême‑gauche » ne voyait de salut que dans l’exotisme révolutionnaire. Seuls les luttes d’émancipation dans les pays du tiers monde et la guerre du Vietnam méritaient de retenir leur attention. Au même moment, quelques semaines avant les événements du mois de mai, envers et contre tous, les lambertistes créaient en milieu étudiant la FER (Fédération des Etudiants Révolutionnaires). Les événements de mai 1968 ont complètement confirmé qu’ils étaient les seuls à être dans le vrai. Nous pourrions dire la même chose aujourd’hui au sujet des partisans du Frexit.
Mais dans les années qui ont précédé 1981, une étrange symbiose est apparue entre certains pans de l’OCI et le PS au moment où, avec le programme commun, l’alliance entre le PS et le PCF ne devait se faire, du point de vue de François Mitterrand et de ses amis, qu’à la condition que le PS soit plus puissant que le PCF. Cette obscure symbiose va grandement aider le PS à prendre ainsi des points d’appui face au PCF dans un secteur où il était absent. Elle va en effet lui permettre de s’implanter dans le milieu étudiant en s’accaparant, à peu de frais, la direction de l’UNEF. Les dirigeants de la MNEF ne vont d’ailleurs pas attendre d’avoir adhéré au PS pour apprendre, dans cette Mutuelle des Etudiants, à pomper le fric de la collectivité et cela deviendra la fameuse « affaire de la MNEF ». Les mœurs des dirigeants lambertistes en milieu étudiant connurent alors une profonde mutation. Dans les élections au CROUS le bourrage d’urnes — pratique complètement étrangère aux trotskystes — devînt une pratique admise pour « battre les staliniens ». Après avoir gagné la direction de l’UNEF en faisant campagne contre la politique de participation des syndicats aux instances de gestion des universités, les élus de l’UNEF investirent les structures participatives. Le comble sera une pratique de financement de l’OCI bien étrange. Les cadres demandèrent aux militants de se faire octroyer une aide personnelle auprès du service social dont ils dépendaient pour la verser à l’OCI. Une militante protestera en écrivant « Un comble ! Poussant l’absurde à l’excès, j’ai proposé pour la bonne cause, la prostitution ou la quête dans les églises. » (Lettre citée par Pierre Salvaing dans « Ce que je sais de ce que fut l’OCI », document accessible sur le web). Ces mœurs n’ont rien à voir avec le trotskysme.
Ce n’est qu’en 1986 que les dirigeants de l’UNEF sont passés avec armes et bagages au PS mais dès 1980 le secteur étudiant échappait à l’OCI en tant qu’organisation trotskyste. Les dirigeants de l’UNEF avaient déjà un pied dans le PS. Le vaillant combat mené pour conquérir la direction de l’UNEF, notamment lors du congrès d’Orléans en 1970, aura été vain.
Le basculement vers la capitulation devant le PS s’opère quand les lambertistes appellent à voter pour François Mitterrand dès le premier tour aux présidentielles de 1981. Ils mettent alors leur drapeau et leur politique dans leur poche. Il n’est plus question de critiquer François Mitterrand. Ils ne diront pas un mot de son passé de pétainiste et de bourreau des nationalistes algériens. Ils oublient les belles formules de Léon Trotski : « La vérité est toujours révolutionnaire (…) Dire la vérité sur la bureaucratie réformiste, c’est l’écraser dans la conscience des masses. » Avec un pareil soutien, bien des militants vont se dire que, quant à soutenir ainsi le PS, il serait sans doute aussi bien d’y entrer. Dans les années qui vont suivre, Pierre Lambert va ainsi faire cadeau de toute une flopée de cadres au PS à commencer par Jean‑Luc Mélenchon dès 1977 suivi par bien d’autres : Lionel Jospin, Jean‑Christophe Cambadélis et toute la direction de l’UNEF… Pierre Lambert se livre ainsi à un sabotage de l’organisation trotskyste. Il va d’ailleurs exclure les militants les plus conscients, comme Stéphane Just. Il se fera aider dans cette besogne par Jean‑Christophe Cambadélis qui n’était déjà plus à cette époque qu’une taupe du PS dans l’OCI. Les lambertistes vont dès lors contribuer à semer des illusions au lieu de les combattre et principalement l’illusion qu’à elle seule l’élection de François Mitterrand allait apporter des solutions.
Certes, il était juste d’appeler à voter pour François Mitterrand au 2ème tour — et seulement au 2ème tour — afin de battre Giscard d’Estaing, le candidat des capitalistes. Mais c’était la seule raison de ce choix et une véritable avant‑garde aurait dû exprimer toute sa méfiance en montrant bien que le combat pour un gouvernement des travailleurs n’était en rien assimilable à la promotion d’un tel candidat comme président de la république. Le vieux mot d’ordre traditionnel adressé aux dirigeants traîtres : « Rompez avec la bourgeoisie ! » devait se traduire par : « Pas d’alliance avec les Radicaux de Gauche ! Pas de ministres à la solde des capitalistes ! » L’OCI a fourni un service d’ordre au PS pour encadrer les manifestations d’enthousiasme qui ont accueilli la victoire de François Mitterrand. Au lieu de pallier ainsi aux insuffisances du PS, une avant‑garde aurait dû émettre des mises en garde et des appels à la vigilance contre les trahisons. Au moment où François Mitterrand et les socialistes appelaient la population à rentrer sagement dans ses foyers, il fallait dire que le maintien de la mobilisation populaire était indispensable pour exiger que les élus mettent en œuvre immédiatement leur programme notamment la 90e des 110 propositions des socialistes : « Un grand service public, unifié et laïque de l’éducation nationale sera constitué ». Il fallait exiger que la loi soit votée immédiatement après les législatives afin d’être opérationnelle dès la rentrée scolaire de septembre 1981 ou, au plus tard, à celle de 1982. Il fallait dire que sa mise en œuvre devra être saluée et appuyée par une grande manifestation populaire convoquée par tous les syndicats. Voilà notamment ce qu’auraient dû être les thèmes de propagande d’une avant‑garde qui lutte pour un véritable gouvernement des travailleurs. Ajoutons que, dès que les plans de licenciements dans la sidérurgie ont été annoncés, une véritable avant‑garde aurait dû lancer les mots d’ordre : « Tous à l’Elysée ! », « A bas les traîtres ! », « Le pouvoir aux travailleurs ! », « Grève générale pour l’interdiction des licenciements ! ». »
Les lambertistes ont donc tourné le dos au trotskisme dès 1981. Ils viennent assurément de franchir un pas de plus en tournant le dos à la plus puissante mobilisation de la classe ouvrière des dernières décennies. Ils dépassent ce qu’avaient fait les staliniens au début de mai 1968. Nous nous souvenons en effet des ignominies dirigeaient contre la jeunesse étudiante que l’on pouvait lire dans l’Humanité lors des premières journées de mai 1968.
Comme jadis les staliniens, Daniel Gluckstein se croit autorisé à distribuer le label « mouvement ouvrier » à qui lui plait. Il refuse ce label à tous les militants de l’UPR dont nous faisons partie. Il le refuse aussi aux gilets jaunes. Merci à lui de nous situer ainsi avec nos frères de classe.
Quel est le critère qui lui permet d’accorder ou non son label ? Cela reste un mystère. Certes, il souligne que Marine Lepen et Dupont Aignan ont affirmé leur soutien aux gilets rouges. Mais ce n’est pas toujours pour lui un critère de rejet. Lors de plusieurs référendums nous avons vu ainsi des personnalités assurément réactionnaires voter comme nous. Ce fut le cas en 1969 lors du référendum qui a chassé De Gaulle. Ce fut le cas en 2005 lors du référendum où les français se sont prononcés contre l’Union Européenne. Ce fut aussi le cas en Angleterre lors du référendum en faveur du Brexit. Cela n’empêchait pas Daniel Gluckstein de parler de « vote de classe ».
Il souligne aussi qu’on voit chez les gilets jaunes des drapeaux tricolores et qu’on entend la marseillaise. Oui ! c’est regrettable, nous n’y voyons pas de drapeaux rouges et ils ne chantent pas l’internationale. Pourquoi ? Le fait que quelques sympathisants des Lepen et Dupont Aignan soient parmi eux n’est pas suffisant pour l’expliquer.
Il souligne aussi que les dirigeants des syndicats n’ont pas appelé au soutien des gilets jaunes. Il écrit plus loin dans cet article : « C’est un fait, aussi : les dirigeants des centrales syndicales, s’ils ont résisté à raison aux pressions visant à les entraîner avec les gilets jaunes… ». Il s’en félicite donc. L’absence des syndicats est assurément aussi un critère qui l’incite à refuser d’accorder son label « mouvement ouvrier »
Laissons-le à ses critères. Nous préférons pour notre part puiser les éléments de notre réflexion chez LéonTrotski.
Dans le « programme de transition » Trotski consacre un chapitre à la question des « syndicats dans l’époque de transition ». Il souligne les limites de ce que peuvent apporter les syndicats dans les grandes mobilisations de la classe ouvrière. Il dit notamment :
« Les syndicats, même les plus puissants, n’embrassent pas plus de 20 à 25% de la classe ouvrière et, d’ailleurs, ses couches les plus qualifiées et les mieux payées. La majorité la plus opprimée de la classe ouvrière n’est entraînée dans la lutte qu’épisodiquement, dans les périodes d’essor exceptionnel du mouvement ouvrier. À ces moments-là, il est nécessaire de créer des organisations ad hoc, qui embrassent la masse en lutte »
Nous voyons chez les gilets jaunes cette « majorité la plus opprimée » de la classe ouvrière dont parle Trotski. Il ajoute plus loin :
« Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. »
La classe ouvrière à maintes fois au cours des dernières décennies fait l’expérience de cette trahison des dirigeants syndicaux qui ont emmené les mobilisations vers des impasses. Nous voyons avec les gilets jaunes cette majorité la plus opprimée de la classe ouvrière qui ne fait plus confiance aux directions syndicales. Les gilets jaunes ne veulent surtout pas que les appareils dirigeants des syndicats se rendent maître de leur mouvement. Ajoutons que l’absence d’avant-garde ouvrière se fait cruellement sentir. Imaginons un moment ce que serait ce mouvement s’il existait aujourd’hui l’équivalent de ce que nous avons connu avec l’AJS (Alliance des Jeunes pour le Socialisme) et la FER (Fédération des Etudiants Révolutionnaires) dans la jeunesse. Oui, c’est cela qui manque pour que nous puissions y voir des drapeaux rouges et pour y entendre l’internationale.
Ajoutons cette citation de Lénine que nous trouvons sur l’indispensable site web de « Marxistes.org » https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/07/19160700k.htm
« La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l'explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans cette participation, la lutte de masse n'est pas possible, aucune révolution n'est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s'attaqueront au capital, et l'avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d'une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l'unir et l'orienter, conquérir le pouvoir, s'emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d'autres mesures dictatoriales dont l'ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne "s'épurera" pas d'emblée, tant s'en faut, des scories petites-bourgeoises. »
Nous avons ainsi au total une bonne description de la composition sociale des gilets jaunes. A côté des plus opprimés de la classe ouvrière, ceux que Hollande appelle les « sans-dents », nous trouvons des « scories petites bourgeoises », des « ouvriers arriérés » qui viennent avec leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Nous ne trouvons pas les professionnels de la politique et du syndicaliste dument affublés du label « mouvement ouvrier » décerné par Daniel Gluckstein. Mais voilà, « objectivement » les gilets jaunes s’attaquent au capital.
Nous avons l’intention, tout en ayant bien conscience que nos forces sont minimes, de nous comporter telle une véritable avant-garde. Nous voulons exprimer « cette vérité objective d'une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité » pour tenter de l’unir et de l’orienter vers la conquête du pouvoir.
Terminons en tournant le dos définitivement à cette pacotille de révolutionnaires que sont devenus les lambertistes. Il ne leur reste plus qu’à parler de révolution les jours de fêtes pour faire des commémorations un jour de la commune de Paris et un autre jour de la révolution d’octobre. Les masses en mouvement vers la révolution se passent d’eux et n’ont que faire de leur mépris.
Essayons de rassembler une véritable avant-garde du mouvement ouvrier. Cela ne peut se faire de notre point de vue qu’au sein de l’UPR qui lutte, sans aucun sectarisme, pour le Frexit.
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