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Accueil du site > Actualités > Politique > Bérégovoy, l’oublié de la mitterando-nostalgie

Bérégovoy, l’oublié de la mitterando-nostalgie

Alors que la France renoue avec l’ère mitterrandienne et idéalise un président aux multiples facettes, la mémoire collective tend à effacer la dureté et l’affairisme de cette période qui se sera conclue pour Pierre Bérégovoy, ancien Premier ministre, par une mort mystérieuse, un 1er mai, sur le bord d’un canal de la Nièvre.

La vie de P. Bérégovoy, "Béré" pour les familiers, aura été une véritable success story, telle que la République les aime. Fils d’un immigrant ukrainien, obligé de travailler très tôt en raison de la maladie de son père, ses diplômes se limiteront à un certificat d’étude et un CAP d’ajusteur et de dessin industriel. Ceci ne l’empêchera pas d’occuper des postes et des fonctions de premier plan : secrétaire général de l’Élysée, ministre des affaires sociales, puis trois fois ministre de l’économie et des finances, sous trois gouvernements différents, avant de devenir Premier ministre.

Ses origines modestes, sa réussite construite sur la volonté, et aussi sa probité, son désintéressement en auront fait un homme à abattre. Le recours imprudent à un prêt immobilier sans intérêt auprès de Roger Patrice Pelat, l’ami et homme de l’ombre du président de la République, signera sa perte.

Le déchaînement médiatique orchestré à son encontre amènera F. Mitterand à prononcer, lors de l’éloge funèbre, ces phrases devenues célèbres : "Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous. "

Reste le mystère. Le décès de P. Bérégovoy intervient à la veille du procès pour délit d’initié dans l’acquisition de Triangle par Péchiney, dans une décennie où l’affairisme est roi. Les profits, dans cette opération, étaient passés par certains des circuits financiers de Thomson (Socofinance). Libéré des contraintes du pouvoir, il aurait pu témoigner devant la justice sur un certain nombre de dossiers, dont celui-ci.

Certes, on disait l’ancien Premier ministre profondément déprimé, et affecté par le cumul de l’importante défaite aux élections législatives de mars et de la polémique sur le prêt de M. Pelat. D’accord, deux mois avant, au moment de son départ de Matignon, il n’était pas bien. Mais il avait remporté les élections législatives dans sa ville de Nevers, et tous ses proches attestent qu’il avait des projets, qu’il allait mieux.

Plus troublant, on relate que des témoins auraient entendu deux coups de feu. Aucun mot d’adieu n’a été trouvé, alors que Pierre Bérégovoy était très proche de sa famille, qui a réfuté la thèse du suicide. Son carnet, sur lequel il notait tout, a disparu alors qu’il l’avait dans sa poche une demi-heure avant sa mort. A-t-on voulu effacer la trace du dernier rendez-vous ? On voit aussi, sur l’unique photo du mort, sur le brancard, que l’orifice au sommet du crâne n’est pas très grand, et ne ressemble pas à la trace que laisse, dans la majorité des cas, un 357 Magnum, l’arme de service de son garde du corps, que Béré est censé avoir subtilisée dans une boîte à gants. Aucune expertise balistique n’a été effectuée, et la famille a toujours réclamé en vain le rapport d’autopsie. En fait, il n’y a pas eu d’enquête. Sous la pression politique, en un quart d’heure, une vérité officielle s’est imposée, celle du suicide d’un homme désespéré.

Un suicide de plus à la longue liste des disparitions tragiques d’alors, celui de René Lucet, directeur de la Sécurité sociale (retrouvé mort « suicidé » avec deux balles dans la tête le 4 mars 1982), de François de Grossouvre (ancien conseiller du Président, retrouvé mort le 7 avril 1994, avec une balle dans la tête, au Palais de l’Élysée), ou de Pierre-Yves Guézou (responsable des écoutes téléphoniques de l’Élysée, retrouvé pendu à son domicile, le 12 décembre 1994).


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6 réactions à cet article    


  • Thucydide Thucydide 14 janvier 2006 21:06

    Un hommage indispensable, en effet, à un grand oublié. Oublié parce qu’il n’avait pas l’assurance (pour ne pas dire plus) de certains ; oublié parce que quand, enfin, on a daigné lui accorder le poste de premier ministre, c’était au moment du sauve-qui-peut généralisé, à un moment où il y avait plus de tomates à prendre dans la figure que d’honneurs à recevoir ; et oublié à cause de cette fin de carrière bien malheureuse, une faute vénielle qui l’aurait poussé au suicide mais qui n’aurait pas fait rosir les joues de qui-vous-savez à l’âge de 4 ans.


    • Prosper Prosper 26 janvier 2006 17:14

      Est ce à dire que Bérégovoy a été assassiné ?


      • Jack Minier (---.---.89.65) 26 janvier 2006 18:34

        Quelques précautions d’abord !... Je suis romancier et les faits divers sont pour moi un sujet permanent d’inspiration. Certains plus que d’autres... 

        La disparition de Bérégovoy laisse en effet sur une impression de complot non résolu. Il paraît que Béré était dépressif... Mais il est tout de même étrange que le type de la DST chargé de sa sécurité laisse son flingue à portée de main (dans la boîte à gants) d’un gars qu’il sait dépressif ? 
        D’abord, on pourrait penser que ces gars là ont des holsters faits pour ça et qu’ils n’ont pas l’habitude de laisser leurs artillerie derrière eux sans surveillance... Ensuite, ils doivent être un minimum formés à la psychologie ?

        Il y a là pour le moins une grave faute professionnelle de sa part. Sauf... Sauf si on considère qu’il en aurait reçu l’ordre "de plus haut", mais ça c’est du roman bien sûr ! 

        Bah ! Il y a bien aussi quelques autres bizarreries.. Par exemple, dans les semaines précédentes, Bérégovoy fut tout de même le seul parlementaire a avoir eu le privilège de voir visiter son coffre par des "professionnels"... Et ce n’est pas donné à tous les cambrioleurs de s’attaquer au coffre d’un Premier Ministre dans l’enceinte même de l’Assemblée Nationale !!!

        Il semble qu’il valait mieux faire partie des ennemis de Mitterand que de ses amis proches, car la liste énoncée dans l’article pourrait s’allonger au moins des noms de Charles Hernu (ancien ministre de la Défense, lui aussi suicidé) et de Roger-Patrice Pelat, homme d’affaire, suicidé lui aussi d’un coup de fusil dans sa propriété solognote, lui aussi mouillé jusqu’au cou dans l’affaire des "initiés" de Triangle, et se trouvant être - heureux hasard - le fameux "prèteur à titre amical" de 1 Million de Francs en liquide à Bérégovoy pour acheter son appartement parisien... Coquette somme pour l’époque qui a été très officiellement remboursée par une vente de meubles de qualité. (Sans en tirer aucune conclusion j’ajouterai que, comme chacun sait, ce sont dans les ventes aux enchères et les casinos que se blanchissent le plus facilement les fonds d’origine douteuses.) 

        Ca tombait en effet comme des mouches autour de l’ami François.. De là à en conclure des choses qu’on ne peut pas prouver, il y a une marge que je me garderai moi aussi de franchir, mais il y a des jours où on ne peut pas s’empêcher d’additionner deux et deux... Et si le soupçon d’assassinat(s) n’est pas étayé par des preuves, il est largement suffisant pour servir d’argument à un excellent roman que quelqu’un écrira peut-être un jour, quand les délais de prescription seront tombés, ou avec d’autres noms de héros. 

         


        • (---.---.28.157) 1er mai 2006 17:32

          Moi je me rappel de Bérégovoy qui dénonce la corruption à l’assemblée nationale avec une liste de noms dans la main. Et ca m’étonne qu’un type aussi brillant se tire une balle sans plus de raisons. Quand on est premier ministre, on sait que la politique n’est pas tendre. Ca m’étonne vraiment qu’il ai decider de partir aussi brutalement et qu’il n’y ai pas eu de véritable enquête. Parceque aujourd’hui si Rafarrin, Villepin ou Segolene Royal se suicidaient ce serait quand même bizarre non ? Moi je pense qu’ils sont nombreux à être corrompus. Je fais parti des blazés.


          • Le Monolecte (---.---.179.12) 2 septembre 2006 12:51

            Ainsi donc, voici le retour d’Alain, le pin déplumé des Landes, le fils prodigue de la Chiraquie moribonde, revenu tout sourire de son TIG hibernant chez nos cousins à l’accent charmant. Qui a dit que notre pays ne faisait rien pour la réinsertion


            • magicboss (---.---.76.107) 27 janvier 2007 15:08

              Héhé ...

              Certains sur ce forum ont intérêt à masquer encore la vérité ... héhé ...

              www.univers.ch/911

              Vous savez bien que tout cela est organisé ... Il y a bien plus de preuves de complot mondial que celles que l on nous vomit à la TV sur la mort de Bérégovoy, les attentas du 11 septembre, les attentas de Londres, Pearl Harbour, l’Irak, le Vietnam ... et même les OVNIS et le développement des énergies nouvelles ...

              Et des obscurantistes tentent encore ici d’en faire douter ... héhé ...

              Ne perdez pas trop d’énergie à discuter des détails de cette ou cette « affaire » ... il faut frapper en haut de la pyramide ... et attendre la réaction ....

              Et ridiculiser les obscurantistes qui font douter ....

              Il n’est pas question à présent d’etre croyant ou pas ... Il n’est pas question de religions, de banlieues, ... Il n’est pas question du Monopoly mondial ...

              Il est important désormais de savoir ... Et tout ceux qui brouillent la vérité sont des petits agents conscients ou inconscients de l’obscurantisme ...

              Bernie

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Henry Moreigne

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