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Accueil du site > Tribune Libre > Du repas essénien de Bibracte à la Cène de Léonard de Vinci

Du repas essénien de Bibracte à la Cène de Léonard de Vinci

On sait par Flavius Josèphe que les Esséniens accordaient une grande importance au rite du repas. Après s'être purifiés, ils entrent dans le réfectoire comme dans une enceinte sacrée ; ils s'asseoient en silence, et après avoir reçu chacun leur pain, ils prennent la parole dans un ordre déterminé, en économisant au maximum les mots (Guerre des Juifs, II, 129 à 133).
 
On sait également par les manuscrits de la mer Morte que lors du saint repas, le prêtre tendait le premier la main sur le pain consacré et que le messie espéré agira de même quand il viendra (Rouleau de la Règle, VI, 2 à 6). 
 
Il étendra sa main gauche sur le pain de vie, et de sa main droite aux deux doigts dressés, il bénira toute la congrégation de la communauté (Rouleau de la Règle, II, 18 à 22).
 

 

I. LA CATHÉDRALE DE CHALON-SUR-SAÔNE EST UNE PURE MERVEILLE.

Premier grand monument construit en Gaule, au III ème siècle, c'est par le chapiteau du choeur, celui qui est à la droite de l'autel - à la droite de Dieu - qu'il faut commencer la lecture. En haut de la colonne du ciel, les deux martyrs éduens "Etienne" voient prophétiquement, dans le ciel, le messie annoncé. C'est ce que disent également les Actes des Apôtres lors de la lapidation d'Etienne : "Rempli du Saint Esprit, et fixant son regard vers le ciel, Étienne vit la gloire de Dieu et Jésus debout à sa droite. Et il s'écria : " Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu" (Ac 7, 56 -57).

A la droite de l'autel de Chalon, et donc de Dieu, le messie étend sa main gauche sur le pain de vie, et de sa main droite aux deux doigts dressés, il bénit toute la congrégation de la communauté qui, dans la nef de la cathédrale, attend dans le recueillement le plus total. Derrière lui, le drapeau blanc des Esséniens authentifie la scène.

il est également écrit que lorsque le messie d'Israël viendra, il sera reçu à la grande table de la communauté pour le saint repas, et que le "prêtre" sera, par rapport à lui, à une place d'honneur (Règle pour la congrégation d'Israël, II, 11 à 22).

Je suis très étonné que les archéologues et historiens de métier ne se remettent pas en question quand, articles après articles, je remets au jour l'importance historique de l'antique Cabillo citée par César et Strabon. Il est vrai que je ne suis pour eux qu'un historien amateur qui ne mérite aucune considération (cf. livres et articles de M.Christian Goudineau). Nous avons pourtant là le chaînon manquant qui nous dit pratiquement tout sur la naissance du christianisme/essénisme en Gaule, et cela donne à la ville de Chalon-sur-Saône un rôle insoupçonné et méconnu de capitale rayonnante. On pouvait pourtant le présentir à partir du texte de Strabon qui y voyait la cité des Eduens, Bibracte/Mont-Saint-Vincent n'en étant que la forteresse... Μεταξὺ μὲν οὖν τοῦ Δούβιος καὶ τοῦ Ἄραρος οἰκεῖ τὸ τῶν Αἰδούων ἔθνος, πόλιν ἔχον Καβυλλῖνον ἐπὶ τῷ Ἄραρι καὶ φρούριον Βίβρακτα (Géographie, IV,III, 2)

Dans un autre chapiteau, la population de Chalon est aux pieds de son Seigneur.

II. LE BAS-RELIEF SCULPTÉ DE L'ÉGLISE DE MONT-SAINT-VINCENT EST UN EXTRAORDINAIRE DOCUMENT.

Au centre, le messie essénien des documents de Qumrân met la main droite sur le pain de vie et, de la gauche, il offre à la cité la prospérité par son assiette remplie d'une abondante nourriture. Je rappelle que ce messie est descendu à Chalon comme l'indique le chapiteau précité de la cathédrale. Le bas-relief ne fait que reprendre ce qu'on sait déjà.

A la droite de ce christ, l'empereur Posthumus - qui, vers 260, règne dans sa ville de Chalon-sur-Saône (1) - entoure de ses bras la communauté juive riche d'une bourse bien remplie ainsi que la population qui se réjouit de ce rapprochement en joignant les mains. Voulue par Posthumus, c'est le signe d'une alliance entre la ville de Chalon et les colons juifs qui, au Ier siècle avant J.C., ont décoré l'église de Gourdon de fresques.

Derrière ce groupe de trois, Victorinus - qui règne à Bibracte/Mont-Saint-Vincent (2) - approuve l'alliance en portant à son front sa main gauche, signe essénien de reconnaissance, tandis que, derrière lui, ses notables font, l'un, le signe de renoncement au péché, l'autre, le signe d'acceptation.

En fond de tableau, le mur enduit d'or est semé de Tav, dernière lettre de l'alphabet hébreu en signe de croix. Notez également les grands cols blancs de Postumus et de Victorinus, ainsi que la tunique or de ce dernier (il est issu de la famille régnante).

A gauche, Postumus, à droite Victorinus, tels qu'ils sont représentés dans leurs médailles.

A la gauche du messie/christ, un premier groupe de trois tranche par son immobilisme à côté d'une assiette vide. Le personnage central, apparemment assis et donc notable, montre un visage surpris, neutre et sans expression, ainsi que celui qui l'accompagne, lequel fait pourtant le signe essénien, mais à moitié, en repliant les doigts. Troisième personnage du groupe, la femme/population fait le signe d'acceptation en montrant son linge vide de fruits, de légumes, de fleurs et autres produits de la terre.

Dans l'assiette du dernier groupe de trois hommes ne se trouve qu'un simple poisson - celui des évangiles. Le poing fermé de l'un indique un débat houleux, la main posée de l'autre appelle au débat philosophique. Quant au personnage debout, sa main droite dressée proclame son refus du christ de Chalon tandis que sa gauche s'appuie sur un codex qui ne peut être que celui de l'Évangile et de son Christ.

Or, dans l'Évangile, le Juif Judas a trahi le Christ. Dans ce bas-relief, c'est le contraire. Judas est reçu à la place d'honneur, à la droite du Seigneur. Sa bourse y est honorée comme, jadis, celle de Mercure, dieu du commerce.

III. EXPLICATION POLITIQUE. 

Ce n'est qu'à la charnière du III ème/IV ème siècle que le césar romain Constance-Chlore fondera l'Autun monumental que l'on connaît, avec son théâtre. Mais au III ème siècle encore, le lieu du pouvoir se situe toujours sur l'oppidum de Bibracte/Mont-Saint-Vincent et sur celui de Chalon, à Taisey.

C'est sous le règne de l'empereur romain Gallien, qui a installé son fils à Chalon, que naît la ville des bords de Saône, mais c'est son général Postumus qui se bat aux frontières et qui regroupe les errants dans la nouvelle ville qu'il entoure de remparts et qu'il dote d'un grand pont. L'empereur romain Gallien se révélant défaillant, Postumus prend le pouvoir, faisant scission d'avec une Rome incapable d'assurer le contrôle aux frontières. Il se fait reconnaître comme empereur gaulois à Chalon tout en laissant l'héritier légitime, fils de Victoria, régner à Mont-Saint-Vincent, la capitale historique. En toute logique, Victorinus devient le César de Postumus, ce qui le désigne comme le successeur prévu. En toute logique, Postumus cherche auprès de la riche diaspora juive, l'aide principalement économique qui va lui permettre de gérer la ville populeuse qu'il a fondée. Il ne fait pas de doute que ce sont les Juifs qui ont financé la construction de la cathédrale tout en apportant la nourriture aux barbares que Postumus y a regroupés ; mais ce sont ces barbares qui, en échange, ont fourni la main d'oeuvre.

IV. POUR PEINDRE SA CÉLÈBRE CÈNE, IL EST MANIFESTE QUE LÉONARD DE VINCI S'EST INSPIRÉ DE CE BAS-RELIEF.

Vasari ne le dit pas. Il précise seulement que Léonard a eu du mal à trouver des modèles dont les visages correspondaient à ce qu'il voulait exprimer. J'en déduis qu'il cherchait des personnages qui ressemblaient à ceux du bas-relief mais qu'il lui fallait des modèles vivants pour les peindre d'après nature. En revanche, croyant y voir la cène de l'Évangile, il a amélioré, selon lui, ce qui lui semblait imparfait. C'est ainsi que le visage de son christ est plus dans le style de beauté de son époque. C'est ainsi qu'il a modifié des attitudes, notamment dans les gestes, mais qu'il a conservé l'essentiel de la composition, notamment par groupe de trois.

Des assiettes en faïence fine à la bordure richement décorée ont remplacé les écuelles antiques de métal ou de bois. Les verres de Venise se sont substituées aux gobelets gaulois. La main droite du Christ se tend vers le pain comme pour le bénir tandis que la main gauche s'ouvre dans un geste qui est plus de révélation que d'accueil.

A la gauche du Christ, le scepticisme du personnage du premier groupe s'est transformé en stupéfaction face au miracle de la Révélation, tandis que celui qui l'accompagne affirme qu' IL EST, ce que la femme pécheresse mais repentante - Marie-Madeleine - confirme par un geste de foi (certains veulent y voir l'apôtre Philippe ; il est vrai que cette Marie-Madeleine est bien masculine ; il est vrai que Marie-Madeleine ne faisait pas partie des apôtres, mais sur le bas-relief, c'est bien une femme).

Léonard a bien compris que le dernier groupe était dans un débat mais, pour lui, c'est seulement pour constater qu' IL S'EST RÉVÉLÉ comme les textes l'avaient annoncé, ce qu'indique la main ouverte qui a remplacé le poing fermé pour dire : C'EST LUI, LE CHRIST.

A droite du Seigneur, Jean ne se penche pas sur la poitrine de Jésus, comme le dit un évangile - ce qui aurait été contraire au bas-relief - mais vers un Pierre qui a pris la place de Postumus. Après ma Marie-Madeleine supposée, on devine le deuxième problème qui s'est posé à Léonard car, dans l'interprétation évangélique, le personnage qui se croise les mains ne peut être que Jean alors que, pourtant, sur le bas-relief, c'est une femme. Le souci d'exactitude de Léonard l'a conduit à représenter un Jean efféminé... ou un Jean femme, ce qui est tout de même étonnant. Exit l'hypothèse du Da Vinci Code qui voulait y voir une Marie-Madeleine, épouse du Christ. Autre souci d'exactitude de Léonard, la présence de Judas près du Seigneur, mais un Judas qui se penche en arrière comme pour s'écarter des deux apôtres, tandis que sa duplicité est mise en évidence par la main droite qui va se saisir du pain et par la bourse que la main gauche enserre. Quant au groupe suivant, c'est l'heureuse surprise face au miracle de la Révélation.

D'après Wikipédia, Léonard recommandait dans ses écrits de peindre « les figures de telle sorte que le spectateur lise facilement leurs pensées au travers de leurs mouvements ». À cet égard, la Cène est une illustration magistrale de cette théorie des « mouvements de l’âme » (motti dell‘anima), saint Thomas sceptique tendant l’index, saint Philippe, se levant pour protester de son innocence, saint Barthélemy, indigné, appuyant les mains sur la table…

Ô fragilité des interprétations ! Certains veulent surtout voir dans la Cène de Léonard la trahison de Judas. Léonard y voit surtout, il me semble, le miracle de la Révélation bien qu'on n'y voie pas clairement l'évocation de l'eau ransformée en vin ou de la consécration du pain. Or, dans l'Évangile, c'est plutôt une scène d'adieu, la Cène du dernier repas avant la marche à la mort. Curieusement, on n'y voit pas de gens pleurer.

Qu'importe ! 

Rendons à César ce qui est à César, à Léonard de Vinci ce qui lui est dû ! Rendons aussi ce qui lui est dû à l'artiste anonyme, auteur de cet étonnant bas-relief !

E. Mourey 17 septembre 2013

Renvois 1 : Postumus 

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/temples-gaulois-ou-eglises-romanes-60591
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-jugement-de-salomon-au-temps-89757
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-empereur-gaulois-qui-faisait-89568
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quand-le-plus-beau-temple-de-l-133223
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-empereur-gaulois-que-ses-89674
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-l-origine-de-la-ville-de-chalon-132441
 

Renvoi 2 : Victorinus

Les deux Victorinus dans un chapiteau de la cathédrale de Chalon, père et fils. Victorinus fut un empereur très énergique et d'un grand mérite, mais malheureusement, il fut trop voluptueux... à Cologne en compagnie de son fils, il fut victime d'un groupe de factieux qui lui reprochèrent son inconduite. Les soldats le massacrèrent et à la même heure, ils proclamèrent son fils, César, et ils le tuèrent aussi (Trebellius Pollio).

 

Illustrations.

Photo de Victorinus : http://www.forumfw.com/t4035p15-mes-empereurs-gaulois

Photos de Postumus et de la Cène de Léonard : Wikipédia

Photo du bas-relief : Wikipédia, auteur Ivoiry http://commons.wikimedia.org/wiki/File:20120811_Mont-Saint-Vincent_C%C3%A8ne.jpg

Autres photos, de l'auteur

 

 


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35 réactions à cet article    


  • Neymare Neymare 18 septembre 2013 11:44

    Très interessant comme d’habitude.
    « le miracle de la Révélation bien qu’on n’y voie pas clairement l’évocation de l’eau ransformée en vin »
    Les esseniens ne buvaient surement pas de vin (ni un autre alcool d’ailleurs), et mangeaient très frugalement.
    Lorsque le Christ, alors chef de la communauté essenienne, quitte cette communauté (lorsqu’il atteint un état christique), en embarquant quelques uns de ses disciples, il se libère (et les libère par la meme occasion) de ces règles strictes d’abstinence, c’est pourquoi ses disciples, lors du premier repas hors de la communauté, considère que le christ a changé l’eau en vin (puisqu’ils ont le droit désormais de boire du vin) et multiplier les pains (puisqu’ils peuvent manger à leur faim).
    L’écriture de ces faits simples va etre interprétée au premier degré (et mis en scène) par les scribes qui réécriront les évangiles, faisant de ces faits ordinaires des miracles.


    • Antenor Antenor 18 septembre 2013 12:35

      Les Esséniens buvaient du vin. Ce sont les Thérapeutes décrits par Philon qui ne consommaient ni viande ni vin. Jean-Baptiste faisait peut-être partie ces derniers.


    • Neymare Neymare 18 septembre 2013 14:21

      @Antenor
      Merci pour cette précision Antenor, je ne connais pas les thérapeutes, je vais me renseigner


    • Antenor Antenor 18 septembre 2013 19:30

      @ Neymare

      Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est précisément dans l’Evangile de Jean (à l’origine disciple de Jean-Baptiste) que l’eau est changée en vin. Il faut peut-être y voir une métaphore du ralliement du Thérapeute Jean-Baptiste à l’Essénien Jésus de Nazareth.


    • Demian West 18 septembre 2013 11:56

      J’ai lu ce texte sans me soucier des véracités historiennes.


      Et ça se lit comme un roman avec des bons morceaux qui savent troubler le lecteur.

      C’est bien.

      Continuez Mourey, si vous avez raison, la postérité vous reconnaîtra.
      C’est comme pour les artistes, dont vous êtes un peu finalement.

      Bonne journée

      Demian West

      • soi même 18 septembre 2013 13:17

        Je vous préfère avec vos gauloiseries, je ne sais où vous avez pêches cela, cela me fait la même impression que d’un produit culture de grande consommation de Walt Disney.


        • Emile Mourey Emile Mourey 18 septembre 2013 13:24

          @ Demian West

          Merci !

          Un peu artiste, si oui, j’en serais très fier. A Chalon, on me voit plutôt comme un original mais dans les hautes sphères de la Culture, notamment au mont Beuvray - je cite - je ne suis qu’un amateur peu averti.

          A noter que pour les journées du patrimoine qui viennent d’avoir lieu, la ministre avait envoyé quelques jours plus tôt sa directrice des musées pour faire de la pub au mont Beuvray (encore 2,4 millions d’euros et seulement pour la rénovation d’un musée pourtant récent).

          Quant à mon musée éphémère, il n’a reçu la visite que d’environ 150 personnes mais il n’a pas coûté un sou au contribuable.

          • Antenor Antenor 18 septembre 2013 13:36

            @ Emile

            « A la droite de ce christ, l’empereur Posthumus - qui, vers 260, règne dans sa ville de Chalon-sur-Saône (1) - entoure de ses bras la communauté juive riche d’une bourse bien remplie ainsi que la population qui se réjouit de ce rapprochement en joignant les mains. »

            Plutôt la communauté chrétienne devenue bien plus nombreuse et puissante que celle des Juifs à cette époque comme le démontrera le règne de Constantin quelques décennies plus tard.


            • Antenor Antenor 18 septembre 2013 13:44

              Les Eduens via Cléopas et son épouse dans les Evangiles sont un des tous premiers peuples à avoir reconnu Jésus de Nazareth comme le messie d’Israel.


            • Emile Mourey Emile Mourey 18 septembre 2013 14:35

              @ Antenor

              Pas facile de s’y retrouver dans cet imbroglio.

              Ceux dont vous dites qu’ils se sont ralliés au christ des évangiles se trouvent dans le groupe de l’extrême droite avec celui qui pose la main sur le codex (ce codex ne peut être que celui d’un évangile ou des évangiles que les Esséniens de Palestine ont diffusés par écrit dans la diaspora).

              Or, ce personnage montre bien par son attitude et son bras levé qu’il fait opposition, c’est-à-dire qu’il refuse le Christ qui figure au centre.

              Or, ce christ est celui de Chalon qui est descendu dans un chapiteau du ciel.

              Autrement dit, nous avons à l’extrême droite des chrétiens qui croient dans les évangiles et dans le christ venu de Nazareth et à gauche, des Juifs esséniens qui croient dans un christ certes présent mais en esprit et qui sont toujours dans l’attente de sa venue.

              Autrement dit, le Christ qui préside le repas dans la sculpture du bas-relief est une allégorie, et c’est bien là le génie de l’artiste de savoir représenter ce qui n’est que dans l’esprit.

            • Antenor Antenor 18 septembre 2013 22:43

              @ Emile

              Dans l’article vous écrivez :

              « Je rappelle que ce messie est descendu à Chalon comme l’indique le chapiteau précité de la cathédrale »

              Et dans votre commentaire ci-dessus :

              « Autrement dit, le Christ qui préside le repas dans la sculpture du bas-relief est une allégorie, et c’est bien là le génie de l’artiste de savoir représenter ce qui n’est que dans l’esprit. »

              Nous sommes donc bien ici dans une vision messianique chrétienne héritière des Evangiles et de Paul : le messie s’est incarné dans la chair par Jésus de Nazareth en Galilée au 1er siècle et c’est sous forme d’esprit qu’il est présent chez les Eduens plusieurs siècles après.

              Les Juifs eux attendent toujours un messie en chair et en os et non en esprit. Pour que le messie du tympan de Mont-Saint-Vincent ait été reconnu comme tel par des Juifs, il eut fallu qu’il s’agisse d’un personnage réel et bien vivant.

              Deux solutions pour les Empereurs gaulois :

              1. Ils choisissent de s’appuyer sur la communauté chrétienne et reconnaissent par conséquent Jésus de Nazareth comme le messie

              2. Ils choisissent de s’appuyer sur la communauté juive et se présentent eux-mêmes comme les messies


            • Emile Mourey Emile Mourey 19 septembre 2013 05:34
              Ceux dont vous dites qu’ils se sont ralliés au christ des évangiles se trouvent dans le groupe de l’extrême droite avec celui qui pose la main sur le codex (ce codex ne peut être que celui d’un évangile ou des évangiles que les CHRÉTIENS de Palestine ont diffusés par écrit dans la diaspora).


            • Emile Mourey Emile Mourey 19 septembre 2013 05:47

              « Je rappelle que ce messie est descendu à Chalon comme l’indique le chapiteau précité de la cathédrale »...


              « descendu » est un euphémisme. Il faut comprendre : vision de l’esprit, vision prémonitoire, prophétie, allégorie,... tout ce qui figure sur les chapiteaux se passe dans le ciel.

            • Emile Mourey Emile Mourey 19 septembre 2013 06:28

              Vous avez trois croyances : les Juifs purs, les Juifs et gentils qui croient en un Christ présent dans les consciences et dont ils attendent la venue, les Juifs et gentils qui croient en un Christ venu en la personne de Jésus de Nazareth. Cette dernière croyance ne s’imposera officiellement qu’avec le crédo, symbole de Nicée, concile de Nicée. Parmi les saints du calendrier, ceux d’avant Nicée peuvent très bien avoir été des chrétiens de la deuxième croyance.


              Dans le bas relief, le groupe à l’extrême droite appartient à la troisième croyance, celle de Jésus de Nazareth. Quant aux autres, ils peuvent très bien s’être appelés « chrétiens » mais chrétiens vivant dans l’espérance de la venue du messie. C’est d’ailleurs, encore aujourd’hui, l’espérance des Juifs.
              Donc, j’aurais pu tout aussi bien dire que Postumus s’est appuyé sur des Chrétiens espérant dans la venue d’un Christ, mais je pense plus exact de parler de communauté juive. Le personnage sculpté est bien Judas, sa coiffure n’est pas celle d’un Gaulois mais est très certainement juive de l’époque. Et puis sa bourse évoque bien une communauté venue d’ailleurs qui fait du commerce. Les historiens pensent que ce sont les Romains qui ont parcouru la Gaule après la conquête de César, je pense qu’ils ont été supplantés par les Juifs, et cela explique la grande révolte d’un monde judaïsé contre Néron en 70.

            • Antenor Antenor 19 septembre 2013 12:29

              « les Juifs et gentils qui croient en un Christ présent dans les consciences et dont ils attendent la venue »

              Je ne crois pas que cette catégorie ait jamais existé. Les Juifs attendent toujours leur messie mais ils s’adressent à leur dieu dans leurs prières. Il n’y a que les Chrétiens des Evangiles qui pensent que leur christ est présent dans les consciences.

              « Cette dernière croyance ne s’imposera officiellement qu’avec le crédo, symbole de Nicée, concile de Nicée. »

              Si elle s’est imposée, c’est parce qu’elle était la plus répandue. Dans les Actes des Apôtres, on voit bien comment le Christianisme naissant répandu par Paul devient immédiatement une menace majeure pour le Judaïsme tout autour du Bassin Méditerranéen. Dans le Christianisme des Evangiles, c’en est fini du distinguo entre Juifs et Craignant-Dieu, c’est là ce qui fait toute sa force. Le nationalisme inhérent au judaïsme comme à toutes les autres religions de l’époque a longtemps fait sa force mais est devenu le principal obstacle de son expansion. L’internationalisme chrétien a fait sauté cet obstacle. On pouvait devenir chrétien tout en restant gaulois, pas besoin de s’inventer des ancêtres hébreux. Le judaïsme impliquait soit de renier ses racines soit d’être un juif de seconde zone « un craignant-dieu »


            • Emile Mourey Emile Mourey 19 septembre 2013 13:34

              @ Antenor


              Vous pensez que cette catégorie de « Chrétiens espérant en un Christ dans les consciences dont ils attendent encore la venue » n’a jamais existé. 

              Je pense que si. Disons, si vous voulez, qu’ils voyaient le Christ déjà dans le ciel comme l’indique le tympan de Sainte-Foy de Combes dont les auteurs prient toujours le Dieu des Juifs -rex judeorum (inscription sur le tympan) - mais dont l’évêque se présente dans la tenue d’un évêque chrétien.

              Vous dites : Les Juifs attendent toujours leur messie mais ils s’adressent à leur dieu dans leurs prières.

              Oui, mais nous avons ici affaire à des Juifs messianiques, c’est-à-dire à des esséniens ou convertis esséniens qui ont pris le nom de chrétiens ou auxquels les Romains ont donné aussi le nom de chrétiens, et qui ont suivi un chemin d’évolution en Gaule à l’écart des évangiles jusqu’à, pratiquement, Constantin, qui a pris le parti de Jésus de Nazareth au concile de Nicée.

              Toute cette période d’avant Nicée montre qu’il existait de multiples courants, et même après.

            • Antenor Antenor 19 septembre 2013 15:09

              « Oui, mais nous avons ici affaire à des Juifs messianiques »

              Le Judaïsme dans son ensemble est messianique. Je ne pense pas qu’il ait existé des communautés juives non messianiques. Le Talmud contient de multiples références au messie à venir.


            • Emile Mourey Emile Mourey 20 septembre 2013 10:23

              @Antenor


              Oui, mais il y avait à cette époque deux judaïsmes, celui qui était installé à Jérusalem et dont le sanhédrin s’accommodait de l’occupation romaine et pour lequel le messie devait obligatoirement venir en premier à Jérusalem, un jour ou l’autre. L’autre judaïsme était celui des revenus de l’exil de Babylone qui, s’estimant spolié, s’est réinstallé en Galilée dans des communautés dites esséniennes et dont les textes de Qumrân, retrouvés près de la mer Morte, révèlent un messianisme imminent, politiquement opposé au premier et à son Sanhédrin.

            • Antenor Antenor 20 septembre 2013 18:15

              Oui mais cela ne change rien au fond de l’affaire. Dans les deux cas, on attendait un chef de guerre qui allait rétablir le Royaume de David même si le Sanhédrin n’allait pas le crier sur les toits.

              Pour résumer ma pensée, s’il n’y a plus eu de révolte juive après 135, c’est parce que le Judaïsme a perdu de son influence au détriment du Christianisme des Evangiles. Les échecs successifs de 70 et 135 ont dû marquer les esprits.


            • Emile Mourey Emile Mourey 20 septembre 2013 18:56

              @ Antenor

              Vous dites : C’est parce que le Judaïsme a perdu de son influence au détriment du Christianisme des Evangiles

              Absolument pas ! C’est parce que le judaïsme s’est transformé en christianisme (surtout dans la diaspora). Mais le christianisme des évangiles n’est devenu religion officielle qu’à partir du concile de Nicée de 324 où il est affirmé que le Christ s’est bien incarné dans un corps d’homme. Avant, c’est ce que dit Wikipédia : L’empereur romain Constantin Ier convoque le concile. Il vient en effet de réunir l’Empire romain après avoir vaincu Licinius à la bataille d’Andrinople le 3 juillet 324. Se rendant en Orient, il constate vite le très grand nombre des dissensions au sein du christianisme.

              Le bas relief de l’église de Mont-Saint-Vincent qui date de l’époque de Posthumus - 260 - est un témoignage incontournable. Les dits chrétiens de Mont-Saint-Vincent/Bibracte croient en un Christ du ciel et refusent le Christ des évangiles. Idem dans le tympan de Sainte-Foy de Combes. Et même après le concile de Nicée, après l’intervention romaine en Gaule et le retour d’une certaine romanité, si le Christ descend bien du ciel en esprit, il s’incarne, à Autun en Constance-Chlore et à Vézelay dans l’empereur Julien, réalisme politique oblige !

            • Antenor Antenor 20 septembre 2013 23:44

              @ Emile

              Faute de preuves dans un sens ou l’autre, il me paraît difficile de trancher. Cependant, je n’en démord pas que pour soulever les foules, il faut un messie potentiel en chair et en os. Et si c’était le fils de Victorinus ? Postumus et Victorinus traînaient sans doute un peu trop de casseroles pour être crédibles dans ce rôle.

              Il faut se demander pourquoi les soldats l’ont tué juste après l’avoir fait César.


            • Antenor Antenor 20 septembre 2013 23:46

              Cela rappelle l’histoire d’un certain Galiléen crucifié après avoir été proclamé « Roi des Juifs »


            • alberto alberto 18 septembre 2013 16:34

              Salut Mourey,

              Remercions Léonard d’avoir laisser planer le doute sur l’attitude de ce pauvre Judas avec qui l’Église sera par la suite bien injuste, lui qui ne pouvait que se conformer à ce qui avait été prophétisé...

              Mais la Cène de Bibracte a sans doute pu l’y aider ?

              Va savoir !


              • Emile Mourey Emile Mourey 18 septembre 2013 18:40

                @ Alberto

                la Cène de Bibracte a sans doute pu l’y aider

                Exactement. Si Léonard a mis Judas dans le groupe des trois apôtres près du Christ, c’est bien parce qu’il a voulu respecter la disposition des convives du bas-relief. Probablement devait-il penser que c’était un des témoignages le plus proche de l’événement vu l’antiquité du dit bas relief. En revanche, il n’a certainement pas voulu rendre son honneur au pauvre Judas, car Vasari écrit qu’il recherchait un modèle le plus détestable possible mais que personne n’acceptait de poser pour représenter un tel personnage, à tel point que Léonard a menacé d’y mettre la tête du prieur qui s’était plaint auprès du duc de la lenteur de son travail.

              • Emile Mourey Emile Mourey 18 septembre 2013 19:10

                @Neymare

                Je reviens sur ma phrase que vous avez citée : « le miracle de la Révélation bien qu’on n’y voie pas clairement l’évocation de l’eau transformée en vin »

                J’écris par ailleurs que la main gauche du Christ « s’ouvre dans un geste qui est plus de révélation que d’accueil » comme dans le bas relief. D’ailleurs son regard est dirigée sur sa main gauche ainsi que celui du personnage à sa gauche qui semble crier au miracle. Donc, le centre de l’affaire se passe bien vers la main gauche. Contrairement à ce que j’ai dit, c’est bien la répétition de la transformation de l’eau en vin. Un peu plus loin, la carafe est transparente car elle ne contient que de l’eau. Cela signifie que les verres ont été remplies d’eau mais que par un simple regard, l’eau du verre proche de la main gauche s’est teintée de rouge, donc s’est transformé en vin, et du même coup l’eau du verre des convives. En outre, la miche de pain proche annonce, après « le vin, allégorie du sang versé » le « ceci est mon corps qui sera livré »




                • Emile Mourey Emile Mourey 18 septembre 2013 19:33

                  @Neymare

                  Par ailleurs, si on regarde la miche de pain près de la main gauche du Christ, on constate qu’elle n’a pas, dessus, la forme régulière des autres miches déposées sur le bord de la table. J’en déduis qu’elle a été entamée. Autrement dit, Léonard a choisi de représenter la scène entre le moment de l’offrande du pain et du vin, conformément à l’évangile de Matthieu :

                  « Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. » (Mt 26, 26-28)

                  Donc, c’est bien le miracle de l’eucharistie que Léonard a mis au centre de son tableau.



                • Emile Mourey Emile Mourey 18 septembre 2013 20:14

                  La meilleure explication que j’ai trouvée de la Cène de Léonard



                • njama njama 22 septembre 2013 15:11

                  Bonjour Emile Mourey

                  POUR PEINDRE SA CÉLÈBRE CÈNE, IL EST MANIFESTE QUE LÉONARD DE VINCI S’EST INSPIRÉ DE CE BAS-RELIEF.

                  Je ne crois pas comme vous que Léonard de Vinci se soit « inspiré » de quoi que ce soit. La représentation romaine de la Cène est une question éminemment théologique. Le tableau fait par De Vinci ne peut être qu’une commande de l’Église avec un cahier des charges très précis. Sa seule originalité réside non pas dans sa composition - invariable, car elle ne peut dévier du dogme - mais dans la facture et le relief donné par ce peintre aux éléments et personnages qui font partie du tableau.

                  Toutes les Cènes romaines sont identiques, et l’ont été pendant des siècles. L’image véhiculait le dogme créé autour de l’Eucharistie pour la grande majorité des gens qui étaient analphabètes.

                  La représentation romaine est sensiblement différente de la représentation de la Cène vue par les orthodoxes qui ressemble nettement plus à une Pâque juive (ce qui est parfaitement logique avec Jésus et ses disciples).

                  Dans les représentations byzantines, les personnages sont répartis autour d’une table ronde ou en demi-lune et non autour d’une table rectangulaire comme en occident. Cette image de la table est déterminée en partie par la forme de l’autel en orient.

                  Le Christ est situé habituellement à gauche de la table et non au milieu comme dans les représentations de la Cène en occident. Pour marquer la dignité de Jésus, ses pieds reposent sur un piédestal.
                  Sur la table il y a une grande coupe ou l’on voit parfois un poisson. Il y a souvent trois coupes, ce qui rappelle le repas de la Pâque juive ou on buvait trois coupes. En occident on voit, habituellement comme à la messe, le pain et le calice et assez souvent l’agneau pascal.
                  Jésus tend la main pour bénir, tandis qu’en occident il tient souvent le pain ou la coupe, parfois une hostie.

                  L’attitude de Judas, ainsi que l’attitude de Jésus a son égard, n’est pas la même sur les icônes et en occident. Sur les icônes, Judas, au milieu des apôtres, est penché sur la table, il tend le bras et met la main au plat. En occident, Judas est loin de Jésus, mais celui-ci lui tend souvent une bouché de pain ou une hostie.

                  La représentation byzantine de la Cène est proche de la Pâque juive (les trois coupes, la bénédiction), tandis que la représentation occidentale est marquée par la célébration de la messe (place de Jésus au centre, le pain et le calice).
                  http://92.catholique.fr/faq/fetes_jeudi_saint_peintures.htm#DERNI%C3%88RE%20C%C3%88NE

                   


                  • njama njama 22 septembre 2013 15:28

                    Jésus souhaitant fêtait Pessa’h avec ses disciples, c’est une certitude, Marc, Matthieu et Luc l’attestent. Chez Jean c’est moins précis ...

                    Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et ils préparèrent la Pâque.(Mt 26/19)

                    Les disciples partirent, arrivèrent à la ville, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. Mc 14/16

                    Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. Lc 22/13

                    Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux. Pendant le souper … Jn 13/1-2

                    Pendant le souper ????

                    Que Jésus rompit le pain matzot, « azyme » , c’est à dire n’ayant pas levé, (toute nourriture hametz, contentant de la levure étant interdite ce jour-là) n’a rien de particulièrement singulier pour cette célébration de Pessa’h, c’est le rite qu’il continue de perpétuer. Dont le sens très clair est indiqué en Exode 12/27 :

                    Et lorsque vos enfants vous diront : Que signifie pour vous cet usage ?
                    vous répondrez : C’est le sacrifice de Pâque en l’honneur de l’Éternel, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d’Israël en Égypte, lorsqu’il frappa l’Égypte et qu’il sauva nos maisons. Le peuple s’inclina et se prosterna
                    .

                    Jésus perpétue donc ce rite, et visiblement insista (d’après 3 évangélistes) auprès de ses disciples pour qu’il fût accompli !

                    Toute personne qui parle un peu hébreu, est obligé de remarquer l’analogie de consonance entre « hostie » et « motsi » ou « moustzi » suivant les prononciations. ... Le motsi est la bouchée de pain (blanc) que le chef de famille distribue aux convives autour de la table à l’entrée du chabbat aprés avoir prononcé la bénédiction. (rite actuel )
                    même mot que matsa.

                    Donc, oui la Cène représente un repas essénien, plus généralement du rite juif.


                    • njama njama 22 septembre 2013 17:44

                      @ Emile Mourey

                      « Autrement dit, Léonard a choisi de représenter la scène entre le moment de l’offrande du pain et du vin, conformément à l’évangile de Matthieu : »

                      A mon avis le dogme catholique de l’Eucharistie se fonde plus et essentiellement sur Luc (22/15 à 20) que sur Matthieu (26/26 à 29).
                      Je dirais même qu’il exploite outrageusement Luc

                      Dans la Cène relatée par les évangiles canoniques, on notera que seul Matthieu parle de « rémission des péchés » [« pour le pardon des péchés » dans votre traduction], alors que ni Marc, ni Luc, ni Jean n’en parlent.
                      Jean ne dit rien concernant la Cène, il n’en parle pas du tout, sauf du « lavement des pieds ».

                      Seul Luc précise le « faites ceci en mémoire de moi »
                      ce qui implique et permit de justifier le rite (messe, célébration eucharistique) que les premiers chrétiens ne pratiquaient pas si j’en crois la Didaché qui n’en dit que ceci au Chapitre IX :

                      1. - Quant à l’eucharistie, faites ainsi vos actions de grâce. D’abord pour la coupe :
                      2. - « Nous Te rendons grâce, notre Père, pour la sainte vigne de David Ton serviteur que Tu nous a fait connaître par Jésus Ton Enfant. A Toi la gloire pour les siècles. »
                      3. - Pour la fraction du pain : « Nous Te rendons grâces, notre Père, pour la vie et la connaissance que Tu nous a révélés par Jésus Ton Enfant. » A Toi la gloire pour les siècles.
                      4. - De même que ce pain rompu était dispersé sur les collines et que, rassemblé, il est devenu Un, qu’ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans Ton Royaume. Car à Toi sont la gloire et la puissance par Jésus-Christ pour les siècles. "
                      5. - Que personne ne mange ni ne boive de votre eucharistie sinon ceux qui ont été baptisés au nom du Seigneur ; car c’est à ce sujet que le Seigneur a dit : Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens.

                      Seul Luc parle de « nouvelle alliance en mon sang »

                      Seul Luc dit : (qui est répandu) « pour vous », ... alors que Matthieu et Marc disent (qui est répandu, ou versé - selon différentes traductions - ) « pour plusieurs » ou « pour la multitude »
                      Le « pour vous » est très ambigu, il peut signifier les disciples présents à ce repas - les Douze -, puis par extension plus tard, les convertis (baptisés).
                      Cette Alliance ne peut qu’être cette Alliance de Dieu et des hommes qui remonte à Adam, et ainsi le « pour la multitude » prend son sens.

                      L’Évangile de Philippe apporte un éclairage très lumineux sur les paroles mystérieuses prononcées par Jésus dont le rite de l’Eucharistie rappelle la mémoire et véhicule le Mystère, ... qui n’en est pas vraiment un si l’on accorde une signification spirituelle à chair et sang :

                      [18b] La chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu. Qu’est-ce qui n’héritera pas ? Ce dont nous sommes revêtus. Mais de quoi sera-t-il hérité ? Du Christ et de son sang. C’est pourquoi il a dit : Celui qui ne mangera pas ma chair et ne boira pas mon sang n’aura pas la vie en lui. Qu’est-ce que sa chair ? C’est la Parole et son sang, c’est l’Esprit Saint. Celui qui a reçu cela a une nourriture, une boisson et un vêtement.

                      Ce qui correspond d’assez près au sens du chapitre 14 de Jean


                      • Emile Mourey Emile Mourey 22 septembre 2013 20:35

                        @ Njama

                        Merci de toutes ces précisions, mais ce que je veux dire dans ces deux articles, c’est que le repas représenté dans le bas relief de Mont-Saint-Vincent n’a rien à voir avec la Cène des évangiles et que nous faisons la même erreur que Léonard de Vinci en essayant de faire correspondre deux scènes qui relèvent de croyances différentes. Dans le bas relief, nous avons une allégorie politique du III ème siècle avec, au centre, un christ du ciel ; dans la fresque de Léonard, nous avons l’Evangile.

                        • njama njama 22 septembre 2013 22:31

                          D’accord avec vous, si vous admettez aussi que l’allégorie politique se situe aussi dans l’interprétation de ces Évangiles, dans le cas présent par le rite de la Cène.

                          Ce n’est pas toujours évident de se replacer « intellectuellement » dans l’époque antique (y compris en Grèce) où pouvoir spirituel et pouvoir temporel n’étaient pas séparés. N’a-t-on pas accommodé à notre sauce politique contemporaine ce « Rendons à César ce qui est à César », .... et à l’Art (au spirituel) - à Léonard de Vinci - ce qui lui est dû !

                          L’Exode lui-même (favorisé par Dieu) n’est-il pas en soi un acte politique, qui éloigne les Hébreux du pouvoir de pharaon - les libère de cette tutelle, cette soumission (esclavage) -, non réellement pour les faire « sortir » d’Egypte, mais pour les mener dans une province vassalisée par l’Egypte où ils ne dérangeront plus le pouvoir de Thèbes et où leur spiritualité pourra prospérer.

                          On ne peut exclure que les écrits de Luc auraient été frelatés (?), cette histoire de  « nouvelle alliance en mon sang »  ne tient pas tellement la route à mon idée, elle ne me semble pas être corroborée ailleurs.

                          Lorsque Jésus dit (littéralement) : « Ceci est mon sang de l’alliance », il cite une expression du récit du rite scellant la première conclusion de l’alliance entre Dieu et le peuple par Moïse en Exode 24, 8. Moïse asperge le peuple avec le sang de jeunes taureaux offerts en sacrifice de communion, et dit : « Ceci est le Sang de l’Alliance que Dieu a conclue avec vous. »
                          Lorsque Jésus le dit dans ce rite de Pessah qu’il célèbre ce vendredi soir, il restitue donc le Verbe.
                          Jésus s’inscrit donc dans la continuité spirituelle de cet acte politique.
                          Je citais l’Exode, mais les rois pullulent dans la Bible. Il me paraît absurde de vouloir ignorer la question politique dans la Bible. La politique est une question éminemment spirituelle puisqu’elle est l’art de vivre dans la cité (en grec ancien πόλις / pólis ; « cité » dans l’étymologie latine « civitas » ).

                          Merci cher Émile pour l’article. C’est toujours passionnant de découvrir d’autres perspectives.


                        • Emile Mourey Emile Mourey 23 septembre 2013 08:35

                          @Njama

                          Bien d’accord.

                        • Demian West 23 septembre 2013 09:55

                          Il faut rappeler que Vinci est débordant de surprises même des siècles après ses amuseries.


                          Par exemple, on commence à deviner qu’il est peut-être l’auteur du « saint suaire », puisqu’il avait expérimenté les premiers essais de la photographie. Grâce à ses connaissances des éléments chimiques, empruntés au savoir des Arabes, qui permettent de fixer une image du réel par le biais de rayons lumineux.

                          La chambre noire existait déjà.

                          Et on pense que si l’idéaliste Vinci n’avait pas négligé le rendu réaliste comme un simple gadget ou de la science amusante, il aurait créé la première photographie presque un demi siècle avant Niepce.

                          En tous les cas, il était le seul a maîtriser les arts qui auraient pu produire les artifices du « saint suaire » et pour asseoir des intérêts politiques et religieux, une charge qui lui était aisément confiée. Puisqu’il était l’ordonnateur des spectacles princiers entre Italie et France.

                          Aussi, il pratiquait des autopsies et donc, il avait accès à des cadavres pour effectuer la simulation visible sur le « saint suaire » et le visage du Christ a une certaine parenté avec celui de Vinci. Il y a un style très reconnaissable dans la retouche.

                          Les plus grands artistes sont les plus habiles des faussaires.

                          Et depuis le Moyen Âge, les peintres représentaient des charpentiers fabriquant des pièges pour attraper les souris, pour illustrer leur métier de peintre dans leurs tableaux mêmes.

                          Les politiques ont toujours su s’entourer des plus grands artistes pour leurrer les populations et les diriger selon leur main autoritaire.

                          Tout ceci pour dire, qu’il y a forcément des pièges et des leurres dans cette peinture, et que le jeu de décryptage continue...

                          Demian West

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