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Accueil du site > Tribune Libre > « La lettre au père » de Franz Kafka

« La lettre au père » de Franz Kafka

                Une des rares photographies d'un Franz Kafka souriant

 

 Cette lettre écrite en 1919 (cinq ans avant la mort de l'auteur âgé alors de 37 ans) destinée au père de Franz Kafka (1) est sans aucun doute à la fois un témoignage et un véritable réquisitoire contre un homme, un seul qui demeurera au centre de l’œuvre de l’auteur. Réquisitoire qui ne sera jamais remis à son destinataire. Dans le cas contraire, quelle aurait été la réaction de ce dernier ? On ne le saura jamais.

C’est maintenant établi, enfant, Franz Kafka n'a pas seulement vécu dans l’ombre de son père mais sous sa terreur ainsi que ses soeurs ; une fois adulte, c’est ce même père qui n’aura de cesse de se tenir dans l’ombre de son fils, penché sur son épaule, à l’affut, telle une terreur certes contenue au fil des ans mais pas moins indéfectible pour autant.

Le procès de ce père restera en suspens même si l’œuvre à venir de Kafka mettra en scène un véritable système de répression arbitraire dans lequel nul ne doit se sentir en sécurité : niveau de confiance, capacité à garder une estime de soi, contribution à la création de valeurs, construction identitaire… système au sein duquel toute sécurité ontologique est donc inenvisageable avec pour conséquence : défiance de soi-même, peur perpétuelle des autres, perte de confiance dans ses propres actes.

Telle fut l’identité ontologique de Franz Kafka selon l’aveu de l’auteur lui-même.

Qui suis-je ? Que puis-je espérer devenir ? Qui décidera de quoi ? Kafka n’aura pas toujours les moyens de répondre à ces trois questions, et pour cause :

 

 « Quand j’entreprenais quelque chose qui te déplaisait et que tu me menaçais d’un échec, mon respect de ton opinion était si grand que l’échec était inéluctable. »

C'est Kafka qui s'adresse à son père.

 

 L'auteur perdra très tôt le sens de la famille, prenant ses distances, dans le but illusoire de s'en détacher : cette entreprise restera inachevée car on n’échappe pas aux conséquences d’une enfance à ce point brutalisée : une dépendance émotionnelle de chien battu sera toujours tentée de revenir alors vers son maître… comme aspirée pour une force qui n’admet aucun jugement ni abandon.

Un Franz Kafka écrasé donc, jusqu’à se trouver lamentable, par la simple existence physique du père qui restera insensible à la souffrance de ses trois enfants dont un garçon en particulier : l'auteur.

Avec un fils qui, par sa personnalité et son caractère, blessait le sentiment de la propre valeur du père comme une remise en cause de cette dernière à chacune de ses respirations, naîtra de cette expérience limite, un sentiment d’illégitimité d’être au monde qui culminera dans trois œuvres : « La métamorphose » dans laquelle Franz se fait tout petit, insignifiant, insecte ; « Le procès » (2), œuvre onirique dans laquelle la vie devient un véritable cauchemar en rêve ; délire paranoïde aux mille persécutions ; et puis enfin : la disparition administrative et physique du sujet dans « Le château ».

 Devant ce père qui s’autorisait tout ce qu’il interdisait et pour lequel seules ses opinions étaient justes et celles des autres extravagantes même quand il n’en avait pas sur un sujet en particulier, il ne restait plus rien en dehors de lui, et même pas son fils Franz.

Adepte de l’éducation par l’humiliation, incapable de s’empêcher, de se vaincre, en revanche, le père vaincra tous ceux qui se trouvent à sa portée soufflant le chaud et le froid ; c'était selon... selon son humeur.

Pervers narcissique, le père de Franz Kafka ? Sadique ?

Corps gigantesque comparé à « une petite carcasse chétive », voix de stentor, auprès d’une telle figure paternelle, Franz Kafka devra chercher son chemin tout seul, à tâtons, dans l’obscurité d’une enfance ruinée, tout en sachant qu’une bonne partie du tracé de ce chemin avait été décidé très tôt par un père tyrannique avec sa famille mais aimable en dehors, et plus particulièrement à l'endroit des notables de la ville et des clients de sa « maison de commerce » très prospère au demeurant.

Un vrai commerçant ce père, pour sûr !

Au cours de sa lettre, Kafka n’oublie pas d’évoquer ces enfants qui, dans un tel contexte familial, optent pour un dérivatif qui permet de se décharger sur un plus faible que soi : la tentation du bouc-émissaire, véritable souffre-douleur pour toutes les humiliations endurées au quotidien et à propos desquelles aucun compte ne sera rendu. Les sociopathes viennent aussi de là : de ce dérivatif qui, à l’âge de raison, n’a plus rien envisagé d’autre.

Pour son salut, on pourra toujours se réjouir du fait que Kafka n’ait eu aucune inclinaison pour une telle substitution dérivative. C’est l’hypocondrie qui trouvera néanmoins dans cette souffrance de chaque jour, un champ libre pour se déployer.

S’ensuit alors la honte et le procès permanent que l’existence semble lui intenter à chacune de ses paroles, de ses pensées, de ses gestes, de sa manière d’être au monde, jusqu’à en perdre l’usage de la parole.

 

 « Les injures pleuvaient si fort sur les autres que, petit garçon, je ne voyais pas pourquoi elles ne m’auraient pas été destinées, les gens que tu injuriais ne te donnant sûrement pas plus de mécontentement que moi. »

 

 Plus tard, Franz cherchera dans le Judaïsme le moyen de se libérer de l’emprise de son père, dans un premier temps, et dans un second, une possibilité de dialogue avec ce dernier ; là encore, ce fut un échec ; le père de Kafka n’était pas pratiquant ; il fréquentait la synagogue quatre fois l’an.

Torah ? Vous avez dit Torah ? « Du charabia, ta Torah Franz ! » lui répliquera Hermann Kafka, son père.

Mais alors, les évangiles peut-être ? Oui ? Non ? Bon, bon, j’insiste pas herr Kafka Hermann !

 

 Reprenons.

 Si « la lettre au père », cet opuscule de 90 pages, a pour sujet « le père », Franz Kafka n’oublie pas sa mère pour autant ; une mère infiniment bonne qui aimait son mari et ses enfants, dévouée mais incapable de représenter une « puissance spirituelle indépendante » dans le combat que menait l’auteur même si elle a su préserver son indépendance sans toutefois être assez forte pour refuser la manière qu’avait le père de juger et de condamner ses enfants.

Angoisse, faiblesse, mépris de soi, à propos du mariage, Kafka assistera impuissant à l’échec de deux tentatives et alors que pour l’auteur se marier, fonder une famille était l’extrême degré de ce qu’un homme peut atteindre : « Toutes les forces négatives que j’ai décrites comme le résultat de ton éducation, c'est-à-dire la faiblesse, le manque de confiance en soi, le sentiment de culpabilité, s’y sont rassemblées avec furies et ont établi un véritable cordon de troupes entre le mariage et moi. »

Kafka ne fondera donc jamais une famille. A-t-il aussi souhaité conjurer le risque de reproduire ce qu’il a vécu et subi ? Il ne s’engagera jamais, jamais vraiment, auprès d’une femme.

 

 Et pour finir… cela ne surprendra pas le lecteur : le père avait une profonde aversion pour l’activité littéraire de son fils dont il ignorait pourtant tout de l’œuvre ; il ne la lisait pas. En revanche, assez surprenant est le fait que ce père n’interviendra pas dans le choix des études et plus tard, dans le choix de la profession de son fils ; est-ce parce qu’il le jugeait incapable de prendre sa suite : celle de sa maison de commerce ?

Et puis parce que... hors du commerce, point de salut ?! Aussi, à quoi bon interférer !

 

Aucun succès n’était un réconfort pour l’auteur ; du moins, pas longtemps puisque son appréciation de lui-même était en grande partie dépendante de son père.
Avant sa mort, Kafka chargera par écrit son exécuteur testamentaire Max Brod de détruire tous les manuscrits non publiés jusqu’à sa correspondance : « S'il y a des lettres qu'on ne veuille pas te rendre, il faudra qu'on s'engage du moins à les brûler. » Franz Kafka lui-même détruira ou fera brûler par son amie Dora Diamant divers manuscrits.

 Le père a donc eu raison du fils : il triomphe au plus près de l’activité littéraire de Franz Kafka et de l'importance qu'il accordait à sa propre oeuvre : elle aussi devait disparaître avec lui.

 

***

 

  "Lettre au père"...

 En dix pages, tout pouvait être dit car très vite on comprend à quelle personnalité nous lecteurs sommes confrontés avec la figure de ce père en tyran pervers dont on pourra toutefois se demander à quel prix la cruauté de celui-ci a été forgée, de quelles humiliations s'est formé peu à peu ce dédain pour ses propres enfants ; un père qui n’aura rien souhaité savoir, rien souhaité comprendre d'eux tout en pesant de tout son poids sur leur quotidien et sur leur destiné ; un père dont le mépris le dispensait, du moins le croyait-il, de regarder en face la souffrance qu’il infligeait à sa famille.

 

 Disons les choses : ce texte de Kafka condamne au chômage tous les psys quels qu’ils soient, ces curés des temps modernes d’une religion assommante. Ces derniers devront assurément quitter leur cabinet douillet et se priver de revenus confortables – une bonne partie net d’impôts soit dit en passant ! -, pour aller bosser comme tout un chacun.

Désolé Mesdames, Messieurs sangsues et parasites des temps modernes ! Franz nous a éclairés ; nous disposons maintenant d’une grille d’analyse… d’auto-analyse qui plus est, à toute épreuve et en particulier à l’épreuve de vos consultations tarifées au-delà du service rendu !

Mais c’est là le propre des escrocs, c’est sûr !

 

 «  Qu’il crève donc ce chien malade !  » disait le père de Kafka à propos d’un de ses employés tuberculeux ; maladie dont son propre fils, après en avoir perdu deux en bas âge, succombera à l’âge de 41 ans.

 Aujourd'hui ce père est oublié ; certes, les salauds partent en dernier puisque le père de l'auteur décèdera 7 ans après son fils mais la postérité, elle, est sans pitié pour eux ; seul a survécu Franz Kafka pour l'éternité ; ce qui n'est que justice.

 Si l’œuvre de Kafka est censé refléter un monde déshumanisé, si tant est qu’il ait été un jour humain - nous sommes avec cette lettre dans la deuxième décennie du XXè siècle, la boucherie de 14-18, c'était hier -, et si d’aucuns ont vu dans l’œuvre de cet auteur la prémonition de tous les totalitarismes à venir - Etats policiers où règnent l’arbitraire : assassinats politiques, séquestration ; Etats concentrationnaires aussi -, et puis d’autres encore, qui y ont vu, en creux, la grande « purge » des Juifs d’Europe des années 40, ironie suprême, à la lecture de ce réquisitoire qu’est « La lettre au père » qui n’appelle aucune clémence, force est de conclure que le père de l’auteur - un père narcissique, sadique, pervers, impitoyable avec les êtres sans défense -, était sans aucun doute un des tout premiers Nazis d'une histoire qui n’était pas encore en train de s'écrire faute d'avoir été vécue.

 Nazi donc ce père de Franz Kafka ! Le Nazi juif d’une fratrie juive !

Et encore une fois, l’ironie fera que Kafka n’a eu qu’un seul ennemi durant sa courte vie : son père et une santé précaire psychosomatique et non la menace de l'antisémitisme propre aux interprétations de l'œuvre de l'auteur et de l'histoire des sociétés à travers le prisme d’une vision communautariste à l'origine de laquelle on trouvera un ethnocentrisme exacerbé ; prisme qui signe l'arrêt de mort et de la vérité et de toute prospective réaliste car avisée.

 Etant donné le destin de Kafka, doit-on pour autant regretter de ne pas avoir eu un père tyrannique aussi prometteur ? Prometteur d’un fils au talent littéraire qui rayonne aujourd’hui encore dans toute l’Europe et au-delà, alors que nombre de pères ont longtemps eu pour seule ambition que leur fils devienne le cadre moyen ou supérieur gestionnaire d’une économie de services superfétatoires dont tout un chacun pourrait justement faire l’économie si seulement ils savaient renoncer à tous ceux qui savent si bien monnayer tout le bien qu’ils nous veulent.

 

 ***

 

  A titre de conclusion, qu’il soit permis ici d’affirmer ceci : l’échec d’une résilience aujourd'hui tant prisée dont on nous rebat les oreilles et autour de laquelle des « carrières médiatiques » très lucratives prospèrent, après l’expression idiote de « faire son deuil » du verbe « faire » comme on « fait la cuisine », cet échec programmé car personne ne peut surmonter une épreuve aussi traumatisante, celle d'une enfance ruinée - n’en déplaise aux bonimenteurs -, cet échec… c’est bien là toute l’œuvre de Kafka qui, dans la souffrance d’un combat quotidien contre une fatalité paralysante, celle d'un déterminisme ontologique qui ne pouvait qu'être désastreux, a su nous atteindre, nous et une universalité exemplaire dont nombre d’auteurs feraient bien aujourd’hui de retenir la leçon.

 

 

1 - Franz Kafka naît à Prague en 1883, alors capitale de la Bohême, qui fait partie de l'empire austro-hongrois. Il est le fils de Hermann Kafka (1852-1931) et de Julie Kafka, née Löwy (1856-1934). Sa langue maternelle est l'allemand. Il décède le 3 juin 1924 des suites d’une pneumonie.

2 - A ce propos, on pourra sans hésitation se reporter à l’adaptation cinématographique époustouflante de cette oeuvre par Orson Welles et l’interprétation tout aussi exceptionnelle de l’acteur Anthony Perkins né Kafka.


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7 réactions à cet article    


  • blablablietblabla blablablietblabla 1er février 2016 17:26

    Super , j’ai lu qu’un livre de Kafka la métamorphose , d’ou on a tiré l’expression« kafkaien » .

    Bravo l’auteur chapeau pour cette rétrospective de l’écrivain que je connaissais pas du tout sa biographie !

    • Passante Passante 1er février 2016 18:04

      non.

      lisez baudelaire, vous verrez le génie le plus noir de tous les temps ;
      lisez les lettres de baudelaire à sa maman, vous trouverez un imbécile accompli.






      • Philippe VERGNES 2 février 2016 14:23

        Bonjour Serge ULESKI,


        Oui !

        ... et bravo pour cette présentation d’un auteur dont on peut diagnostiquer sans peine qu’il fut la victime innocente d’un père pervers narcissique.

        Vous m’avez devancé dans la présentation de ce monument de la littérature (il faut dire que j’avance comme un escargot dans mes projets d’écritures qui tournent majoritairement autour de la théorie de la perversion narcissique et du fascisme que génère les défenses intrapsychiques sollicitées).

        Je préciserais cependant un point sur lequel (le plus important à mes yeux) je reviendrais un jour : c’est que les ouvrages principaux de F. Kafka que vous citez dans votre article, et plus particulièrement Le Procès, décrivent de façon magistrale l’atmosphère dans lequel baignent toutes les victimes de pervers narcissique (ou de manipulation perverse) et qui est celui d’un climat totalement abscons d’une « faute sans nom et sans faute ».

        Tel est l’ambiance de fond véritable équivalent de « meurtre d’âme » dans laquelle évoluent et se développent les proches de ce genre de personnalités toxiques.

        Un seul petit bémol, compréhensible toutefois et qui ne n’entache en rien la qualité de votre article. Il concerne vos considérations sur les psys. Compréhensibles car vos vues les concernant sont pertinentes dans bien des cas, mais il existe aussi des exceptions. Rares j’en conviens. Toutefois cette rareté n’est pas une raison suffisante à mes yeux pour les mêler au reste de la « troupe ».

        • Serge ULESKI Serge ULESKI 2 février 2016 20:50

          @Philippe VERGNES

          Merci pour votre contribution.


        • Passante Passante 2 février 2016 21:48

          re-non.

           
          bien que je sois d’accord en partie avec ce que vous dites chacun dans sa lecture,
          je reproche à l’auteur d’adopter la réduction psycha qu’il dénonce :
          typique du psy par exemple, décontextualiser, 
          comment lire cette lettre sans l’envisager comme partie du Journal dont elle est tirée ?...
          ce Journal révèle justement tout le système dans lequel Franz est pris, 
          l’affaire familiale, le mariage, ou pas,
          on ne me convaincra pas qu’il n’ait pas situé son père comme simple rouage 
          dans cette vaste maternité bourgeoise.

          quand il écrit la lettre au père, il essaie de fixer la douleur, 
          mais sans illusion sur le fait que dans son caractère, 
          ce père n’est qu’une autre mère, d’où d’ailleurs l’engendrement des univers terrifiants 
          propres au surmoi archaïque, où nul idéal du moi n’est encore convié.

          mais kafka n’écrit pas dans son père, voilà l’erreur à contourner,
          il écrit à son père, sur son père, pas dedans.
          céline aussi aura son château, et un père youpin ? allons...
          idem dans le cas hölderlin et les tentatives de laplanche comme de kristeva de tout centrer sur le père de l’enfance, là où le Poète évoque plus.

          kafka est irréductible et insoluble par là, c’est tout.

        • Passante Passante 2 février 2016 22:27

          allez, encore un bout :

          donc prague, et à la remorque des boches, 
          mais tout le contexte autour de franz est juif, c’est pas rien.
          franz dans son Journal, il parle des « assassins » dont seule l’écriture permet de quitter le rang, ainsi l’écriture comme position ; 
          et aussi de sa famille, père, mère, etc. avec entre autres cette lettre au père.

          un juif est quelqu’un qui sait que le commandement d’honorer père et mère précède immédiatement celui de ne pas tuer, et qui sait qu’il ne s’agit pas là, à la grecque, de matricide ou parricide, mais bien pire est ce dont cette succession se trouve porteuse...

          le christ, renvoyant lui-même aux prophètes, michée, se souviendra des plus proches 
          qui peuvent être les plus ennemis, 
          ça rigole pas, il s’agit de ne pas tuer, 
          là où je me reconnais comme le nécessaire lapsus de cette géographie dont je ne peux surgir qu’au lieu même où mes géniteurs auraient (et ont) donné n’importe quoi 

          pour que je crève 
          ou que je tue

          c’est la question du souhait,
          la hauteur de ce qui est souhaité ou pas,
          on raconte qu’il y a des lieux où il suffit d’un souhait pour tuer, terribles lieux.

          • Serge ULESKI Serge ULESKI 8 mai 2016 08:40

            Billet de blog dont j’ai modifié le titre quelques jours plus tard :

            « La lettre au père de Franz Kafka : la menace de l’ennemi de l’intérieur »

            Tout en développant l’idée de cet « ennemi de l’intérieur »

            Si l’œuvre de Kafka est censé refléter un monde déshumanisé, si tant est qu’il ait été un jour humain - nous sommes avec cette lettre dans la deuxième décennie du XXè siècle, la boucherie de 14-18, c’était hier -, et si d’aucuns ont vu dans l’œuvre de cet auteur la prémonition de tous les totalitarismes à venir - Etats policiers où règnent l’arbitraire : assassinats politiques, séquestration ; Etats concentrationnaires aussi
            - , et puis d’autres encore, qui y ont vu, en creux, la grande « purge » des Juifs d’Europe des années 40, ironie suprême, à la lecture de ce réquisitoire qu’est « La lettre au père » qui n’appelle aucune clémence, force est de conclure que le père de l’auteur - un père narcissique, sadique, pervers, impitoyable avec les êtres sans défense -, était sans aucun doute un des tout premiers Nazis d’une histoire qui n’était pas encore en train de s’écrire faute d’avoir été vécue.

             La menace venait donc de l’intérieur, tout entière de l’intérieur : Nazi le père de Franz Kafka ! Le Nazi juif d’une fratrie juive.

            Encore une fois, l’ironie fera que Kafka n’a eu qu’un seul ennemi durant sa courte vie : son père et une santé précaire d’une origine très certainement psychosomatique, et non la menace de l’antisémitisme propre aux interprétations de l’œuvre de l’auteur et de l’histoire des sociétés à travers le prisme d’une vision communautariste et ethnocentrique exacerbée ; prisme qui signe l’arrêt de mort et de la vérité et de toute prospective réaliste car avisée.

             

             (On retrouvera ce danger de l’intérieur, cette menace sur la communauté juive avec la recommandation de leurs leaders de se conformer à l’obligation du port de l’étoile jaune à la demande du régime de Vichy. Et bien des années plus tard, on retrouve ces leaders médiatiques juifs, tous unis derrière Israël, qui n’ont de cesse de qualifier de « mauvais Juif » tous ceux qui, dans cette communauté, auraient le malheur d’exprimer quelques réserves quant à la politique de cet Etat étranger ( voir à ce sujet Rony Brauman) qui n’a rien à offrir au monde et dont il n’y a pourtant plus rien à sauver depuis 1967 ; cette pression exercée sans vergogne ni respect pour la liberté de conscience sur les Français juifs leur fait courir un véritable danger... danger de mort, qui plus est, étant donné la nature de l’Etat et du régime israéliens - A ce sujet, lire une étude publiée ICI)

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