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Commentaire de mmarvin

sur Pourquoi nous sommes à la veille d'une révolution


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Mmarvinbear mmarvin 18 mai 2009 17:56

Il y a un point qui n’a pas été abordé il me semble... Le fait que les Révolutions ne sont jamais prévisibles à l’avance.

Bon il est clair que quand un sociologue ou un politologue annonce une Révolution pour l’année prochaine, il y aura forcément un moment ou il aura raison. Mais la théorie de prévision me semble a peu près aussi fiable que l’astrologie ou la cartomancie...

On a un exemple tout près de nous : Mai 68.

En janvier, De Gaulle se plaignait presque dans ses voeux que le calme régnait dans le pays et que rien ne semblait changer pour l’année en cours.

Et pourtant, cinq mois après, on le retrouve en Allemagne, hésitant, se rendant auprès de généraux pour prendre conseil. Se retirer ou prendre le taureau par les cornes et faire un come-back plus dévanstateur encore que le Débarquement ?

Le choix fut fait. Le retour. La dissolution de l’assemblée et la question posée au peuple. Voulait-il le Changement ou la Continuité ? Au vu des résultats (raz-de-marée historique des gaullistes, avec une opposition parlementaire réduite à quasiment rien), on comprend pourquoi les 68huitards les plus acharnés ont les élections démocratiques en travers de la gorge...

Selon moi, une des conditions première pour la venue d’une Révolution est une lente montée de la pression sociale, sans que rien ne se voie ou ne soit perceptible. Un peu comme une cocotte-minute.

Pour 68, la montée s’est faite sur vingt ans. La libération a remis en place un régime social très patriarcal et conservateur qui a rassuré la population après les six années de guerre. Mais leurs enfants ont commencé à en avoir assez que rien ne bouge. Ils en ont eu assez de voir que toute la société était sclérosée, que l’Université ne leur offrait rien s’ils n’acceptaient pas une mise en conformité totale avec les normes en vigueurs. Les femmes en ont eu assez de se voir traitées en éternelles mineures, sous la tutelle de leur père ou de leur mari, de ne pas pouvoir travailler sans leur autorisation, de ne pas même pouvoir ouvrir un compte en banque sans la signature du mâle familial le plus proche...

Et en 68, pour une connerie, la soupape lache. Tout pète parce qu’une direction d’université refuse de laisser les étudiants garçons d’aller dans les dortoirs des filles.

Et s’ensuivent par contagion opportuniste un mouvement artistique puis ouvrier. Le flot de vapeur s’echappe plein pot et la structure de la cocotte-minute menace d’exploser. Mais bientôt, De Gaulle comprend que le mouvement, si bruyant et voyant qu’il soit, est très minoritaire dans le pays. Il laisse les excités fermer les raffineries et quand aucun magasin n’a de ravitaillement ni les pompes d’essence, il voit la majorité silencieuse commencer à râler.

Il ne lui reste plus qu’a porter le coup de grâce. La dissolution, et le raz-de-marée bleu qui s’ensuit. Pour la gauche et l’extrême gauche qui se vantaient du soutient populaire même parmi les silencieux, le coup est plus que rude, et il faudra près de 20 ans avant que la Droite perde le pouvoir.

Parce que les gouvernements qui ont suivi ont retenu la leçon. Quand la pression monte un peu haut dans la cocotte, on relache un peu la soupape pour évacuer l’excédent.

Parfois, je me demande même si certains gouvernements ne font pas exprès de vouloir faire passer une loi ou une réforme scandaleuse, histoire de forcer la manifestation et donc de détendre ainsi la pression, au prix d’une carrière politique d’ un pauvre énarque choisi plus ou moins au hasard pour être sacrifié...

Ca ne m’étonnerai pas d’eux...


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