Je voudrais par de
tels appels et mise en gardes faire remarquer que la langue hébraïque ne dut pas naître par enchantement, mais dut
certainement provenir du brassage des hébreux avec plusieurs peuples et
civilisations, au contact desquels, ces nomades, une fois sédentarisés,
finirent par adopter une langue
syncrétique s’inspirant des langues de tous ces peuples et civilisations, tels
l’akkadien, le babylonien, l’égyptien, le phénicien, l’araméen, ainsi que
toutes les branches cananéennes, et même la langue arabe *, voire l’ancien
persan (dont d’ailleurs on retrouve des traces dans l’hébreu biblique).
Je crains mon
cher Paradisial, que la théolinguistique soit un domaine hautement spéculatif
et qui vous conduit à d’étranges conclusions et assertions : en effet le
concept de langue syncrétique pour l’hébreu fondé sur les tribulations des
Patriarches bibliques est plus qu’hasardeux : la linguistique ne connaît pas
ce genre de langue syncrétique, semble-t-il, l’hébreu a été, on ne peut plus
étudier, et il n’apparaît pas être une langue syncrétique intégrant au gré de l’Histoire
telle ou telle langue…selon les aléas du moment.
L’hébreu
appartient bien au groupe sémitique, au groupe occidental, et plus
spécifiquement au groupe cananéen : hébreu et moabite appartenant au
groupe sud, phénicien appartenant au groupe nord : quant aux relations
avec les autres langues et groupes sémitiques : la proximité la plus
grande est avec l’araméen, et dans une moindre mesure avec le groupe arabe
(central)…bref pas de langue syncrétique mêlant dans une biblique fusion
akkadien, babylonien, égyptien, etc….
Oui, je dis araméen, car personnellement, je n’estime
pas que la langue araméenne soit
postérieure à l’hébreu, comme le prétendent par concordisme certains
archéographes, mais plutôt le contraire, allant jusqu’à considérer l’araméen
comme étant la langue mère principale de l’hébreu, fait qui pourrait
justifier à lui seul le retour des enfants d’Israël vers la langue araméenne
après leur période hébraïque.
Nul besoin d’en arriver
à cela puisque les inscriptions les plus anciennes que ce soit en ancien hébreu
ou araméen sont presque coïncidentes : aux alentours du Xè siècle av JC :
dans l’espace cananéen pour l’hébreu ( inscriptions de Khirbet Qeiyafa
(encore à étudier) mais aussi Calendrier
de Gezer), dans l’espace syrien pour l’araméen (cités-états araméennes
de Damas, Hama, Arpad,etc…) : bref pas d’araméen, langue mère de l’hébreu :
influence certes mais pas de filiation ou ascendance : ces deux langues
appartenant à des groupes distincts : linguistiquement parlant…la seule
langue-mère potentielle ou probable serait le proto-sémitique pour toutes les
langues sémitiques…après niveau théolinguistique, je ne sais pas…
La langue arabe est parente avec l’araméen.
Sont-elles soeurs ?!! Ou bien, l’une serait-elle la parente de
l’autre ?!! Nul ne pourrait le confirmer. Par contre, il est certain que
l’écriture arabe a été dérivée de
l’écriture nabatéenne (du Sud de l’Arabie), laquelle avait été tirée de
l’araméen.
Petite correction pour
conclure : l’espace nabatéen se situe au départ dans l’espace nord-arabique puis
extension dans l’espace syro-palestinien, pas au sud de l’Arabie mon cher
Paradisial : au Sud nous sommes dans l’espace yéménite (donc sud-arabique) :
le nabatéen étant un dialecte nord-arabique et non sud-arabique.
Quant à la
proximité entre araméen et arabe : certes, mais les deux langues
elles-aussi appartiennent à deux groupes distincts : une hypothèse situe le
foyer originel des Araméens dans l’espace sud-arabique (Rub’ al Khali),
hypothèse renforcée par le fait qu’ils semblent apparaître d’abord au sud de la
Mésopotamie et donc seraient issus de la péninsule arabique (il y a bien
entendu les références à la cité d’Iram/Aram/Irum/Irem/Ubar et le peuple de Ad : les travaux de Zarins
sont à suivre avec attention sur cette question précise).
Pour conclure, il
me semble que la théolinguistique soit encore une science à développer :
vos débuts me semblent loin d’être prometteurs : bref morale : éviter de mêler Croyance
et Science et d’aboutir à des conclusions ou interprétations erronées…