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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > La bande dessinée, quel avenir ?

La bande dessinée, quel avenir ?

Amateur assidu de BD depuis de nombreuses années mais aussi dessinateur à mes heures, j'anime depuis cinq saisons un site de BD. Étant donc à la fois producteur et consommateur de contenus du 9ème art, je me pose depuis longtemps des questions sur l'avenir de la BD face aux nombreuses mutations technologiques en cours. Aussi cet article a pour objectif de présenter un point de vue sur cette question.

Avec un peu plus d'un siècle d'existence, la BD est un jeune média qui a eu, jusque dans les années 1950, une phase longue de développement, le temps d'être reconnu socialement et de trouver et d'établir ses codes. A partir de cette époque et à nouveau pendant peut-être 40 à 50 ans la BD a vécu une période de maturité sous la forme exclusive d'un produit papier avec un modèle économique établi, des séries cultes comme Asterix ou Tintin, une aura et un lectorat, des magazines, des écoles de formation pour les dessinateurs et les scénaristes, soit en définitive tout un écosystème socio-économique. Ainsi le format de l'album de 48 pages, que nous connaissons tous, correspondait à une stricte chaîne de production qui permettait d'optimiser les coûts et dont les contraintes étaient intériorisées par les créateurs tout comme elle étaient reconnues par les lecteurs. Ce qui s'est progressivement établi en Europe avec l'école franco-belge s'était également développé, mais selon d'autres équilibres, aux États-Unis avec les comics ou au Japon avec les mangas. Il s'agit clairement de l'age d'or de la BD sous forme de papier.

Puis, à partir des années 1990, l'introduction du numérique a changé d'abord la partie création puis progressivement la partie distribution. Cette dernière phase n'est toujours pas achevée et, comme nous le verrons, tarde à trouver son propre équilibre. La création a changé tout d'abord parce que l'irruption des outils numériques à bouleversé le métier de conception, permettant de réduire les coûts et les délais de production mais aussi démultipliant les possibilités graphiques. Ainsi un nouveau métier est progressivement apparu, le coloriste, ce qui a eu pour effet concret de faire émerger des albums de plus en plus travaillés, avec des styles plus marqués et des formats plus variés. Contrairement à l'époque précédente qui avait consacré des écoles graphiques (la ligne claire par exemple) et abouti à une certaine uniformité, la période actuelle permet toutes les audaces. C'est d'ailleurs également le cas pour les autres médias (livre, cinéma ou musique) qui deviennent entièrement numériques et qui se rapprochent d'un petit nouveau, les jeux vidéos. De même les liens et le passage entre ces différents médias se sont amplifiés.

Où en est la BD aujourd'hui ?

L’ACBD (Association des critiques de BD) produit chaque année un rapport sur l’état de la BD dans l’espace francophone qui peut nous éclairer sur cette question [1].

Selon ce rapport, nommé « 2013, l'année de la décélération », dans un contexte où le livre en général est plutôt stable, on assiste à une légère baisse des publications de BD avec 5169 titres paru soit une régression de 7%. On ne trouvera cependant que 1625 véritables créations, le reste étant des rééditions ou des traductions, dont presque un tiers est constitué de traductions de manga.

43% du marché est par ailleurs dominé par quatre grands groupes sur les 332 éditeurs ayant publié en 2013 dans l’Europe francophone. Le plus important succès est le dernier « Asterix » avec 2,5 millions d’exemplaires vendus, suivi du dernier « Blake et Mortimer » avec 450 000 exemplaires. 117 titres sortent à plus de 50 000 exemplaires et appartiennent presque tous au domaine franco-belge et s'inscrivent dans la poursuite de séries initiées à l'age d'or du papier.

Enfin, ce sont 1678 auteurs de BD qui ont produit au moins un album en 2013 et le rapport estime que la plus grande partie, à peu près 1500 d’entre eux arrivaient à vivre, mais de plus en plus mal, de leur art.

Ce rapport est donc en demi teinte. Que doit-on en conclure pour la BD ?

On en conclura certainement que les affaires se portent bien pour quelques gros éditeurs grâce à des rééditions, traductions d'œuvres éprouvées et poursuite de séries à succès et donc finalement grâce à une faible prise de risque. En revanche pour les auteurs, scénaristes et coloristes, la profession semble en voie de paupérisation, avec un risque à terme d’une baisse de l’expérimentation et de la nouveauté.

Un secteur donc encore innovant, mais qui tendrait vers de plus en plus de conformisme.

Du coté du numérique il convient d'abord de regarder les acteurs économiques importants. Rappelons d'abord l'éditeur Manolosanctis qui fit faillite il y a un an et demi [2]. Cet éditeur avait basé sa stratégie sur un projet éditorial audacieux qui l'avait fait couronné comme projet numérique innovant par le Centre National du Livre en 2009. Il s'agissait alors de faire connaître de jeunes auteurs en les publiant sur le site de l'éditeur. Le public pouvait alors lire les BD gratuitement et de manière illimitée et les auteurs préférés étaient ensuite édités en version papier. L'aspect innovant provenait de ce que la ligne éditoriale était en partie partagée avec les lecteurs.

Outre cette disparition, notons que le secteur s'est plus récemment fortement resserré avec le rachat en début 2014 de ComiXology, le leader de la distribution de BD numérique, par Amazon [3].

Par ailleurs la numérisation de BD à partir d'œuvre papier se poursuit. Ainsi Iznéo, l'acteur majeur du marché européen distribue plus de 6000 BD numérisées sur toutes sortes d'écrans, du smartphone à l'ordinateur et en trois langues. Basant sa démarche sur la location ou la vente, il poursuit petit à petit sa politique de numérisation de l'immense fond de BD francophones en accompagnant de nombreux éditeurs classiques qui voient dans cet acteur un intermédiaire indispensable. Pourtant, dans le même temps, l'offre pirate progresse plus rapidement avec de 30 000 à 40 000 titres de qualité très variable (certains sont de simples copies d'écran). Notons aussi que le musée numérique offre un fond très important de BD libres de tous droits, avec à peu près 15 000 titres constitués principalement de comics américains publiés avant 1959 [4]. L'intérêt ici est d'avoir accès à des titres et des séries qui étaient devenues depuis longtemps introuvables.

La difficulté pour le lecteur est alors de se retrouver dans cette jungle de titres et de possibilités.

Ces BD ne sont cependant pas vraiment numériques, étant plutôt simplement numérisées et restant configurées dans le format classique de la planche ou de la page. On attendait de fait plus de la BD numérique, surtout dans un contexte ou la palette des supports numériques s'est considérablement étoffée avec des ordinateurs portables, des smartphones ou des tablettes et devrait continuer à croître avec peut être bientôt des écrans souples ou d'autres supports encore, comme les lunettes, montres et autres objets connectés.

On peut donc en première impression être déçu par l'évolution de la BD que l'on attendait plus innovante, avec plus d'animations, peut-être à mi-chemin entre le dessin animé et le dessin figé. Sur ce point en particulier il ne s'est pas produit grand chose de durable, probablement parce que les moyens nécessaires à faire de l'animation, même limités, dépassent les compétences et le temps disponible d'un seul dessinateur et qu'aucun des grands éditeurs n'a jugé ce créneau suffisamment rentable pour s'y investir.

Alors où se trouvent les innovations ou tout du moins les changements ?

Tout d'abord il convient de constater que les blogs de BD semblent rencontrer un grand succès même si aucune statistique n’est possible. Aucun modèle financier clair n’émerge non plus, ce qui fait que le milieu à du mal à se professionnaliser. On peut citer pêle-mêle les très célèbres : « Pénélope Joli cœur », « Tu mourras moins bête » ou encore « l'actu en patates » et des centaines d’autres encore. Le média utilisé, le web, rend pratiquement instantanée la diffusion tout en rapprochant le lecteur de l'auteur à travers les interactions que sont les commentaires. Il en résulte une autre dynamique et un autre rapport social à la BD qui rencontre un grand engouement d'un public déjà acquis à la lecture sur écran. Les thèmes sont multiples, principalement humoristiques et tournés autour d'une sorte de journalisme du quotidien tandis que la forme subit de nombreuses expérimentations, comme la BD sans aucun dessin [5] à la BD sans bulle [6] en passant par n'importe quel mélange de style... Pour beaucoup, sans modèle économique, les auteurs peuvent se permettre toutes les audaces.

Ce secteur est rendu d'autant plus dynamique qu'à la barrière de la technique près, il est relativement facile de se lancer pour les auteurs qu'ils soient amateurs ou pas. Ainsi il y a de nombreuses possibilités d'héberger ses bd en ligne, comme par exemple avec le site webcomics [7].

Avec ces blog de BD, le changement n'est finalement pas tellement dans la forme de la BD, mais plutôt dans le foisonnement de l'offre et dans le rapprochement entre les auteurs et les lecteurs.

En revanche, les expérimentations sur des systèmes hybrides comme chez Marvel il y a une dizaine d’années n'ont pas eu de succès. C'est pourtant à cet endroit, dans le mélange entre différents médias, musique, animation, jeux et dessins que l'on attendait l'avenir de la BD.

Un certain nombre d'innovations comme les lecteurs flash ou sans flash ne semblent pas prendre non plus car trop calés sur le concept de page [8]. On peut citer par contre les webtoons qui connaissent un grand succès en Corée. Le système de lecture, sans y paraître, repense en effet radicalement l'espace traditionnel de la BD en abandonnant le concept de page. De ce fait, il s'écarte de la possibilité d'une publication papier (qu'il rend plus difficile), mais il facilite grandement la lecture sur tablette ou téléphone. Limité pour l'instant à la Corée, il attirerait quand même plusieurs dizaines de millions de lecteurs chaque mois, presque le tiers de la population du pays [9].

Soulignons aussi, malgré l'échec de Manolosanctis, que le lien entre le papier et le numérique n'a jamais été aussi fort et contribue d'un équilibre qu'il convient de regarder de près. D'abord une sorte de modèle financier un peu bancal se met en place. Plusieurs jeune artistes ont, en effet, commencé par faire leurs armes sur des blog BD avant d'être publiés en papier. Ce passage par internet avec la sanction des lecteurs permet probablement aux éditeurs de limiter les risques propres à toute publication et donc finalement favorise globalement l'innovation dans toute la filière. De même, inversement, beaucoup d'auteurs de BD établis possèdent leur site web ou leur blog sur lesquels ils produisent notes, brouillons, page de lancement et petites BD. Ceci leur permet alors d'échanger avec leurs lecteurs et de mieux coller aux attentes du public en profitant de la proximité qu'offre le web. Enfin de manière plus large il y a transposition des œuvres, du livre vers la BD, de la BD vers les jeux vidéo et les films d’animation, etc. Ainsi en 2013 c'est 200 œuvres, d’Albert Camus à Marcel Proust, soit 5,1 % des nouveautés qui sont transférées sous forme de BD.

Une autre perspective intéressante est de faire le lien entre plusieurs médias numériques. La saison 1 à 4 de triste vie de bureau – le blog BD que j'anime – est ainsi liée à des applications sur ipad qui permettent de charger trois fois par semaine la planche du jour [10]. Ce qui est intéressant dans ces rapprochements c'est la complémentarité des médias. Le blog BD permet de publier, en plus de la série, des articles et des commentaires tandis que l'appli facilite la lecture sous forme de livre et apporte des bonus spécialement pensés pour la tablette. Nous restons cependant toujours dans le domaine du libre, c'est à dire sans modèle économique direct permettant de faire vivre les auteurs.

Enfin il est important de noter que les BD purement numériques débordent peu à peu dans l'espace publique avec des festivals, des awards et donc que finalement les lecteurs vont au fond de l'interaction accélérée que nous commentions, jusqu'à aller rencontrer physiquement leurs auteurs. Ainsi le rapport 2013 de ACBD nous indique qu'il y aurait de plus en plus d’événements organisés autour de la BD sur le territoire francophone européen : 514 en 2013 (contre 489 en 2012). Le plus célèbre d'entre eux étant bien entendu le festival d'Angoulème. De notre coté nous retiendrons le festival des blogs ou Festiblog [11].

Alors qu'elles sont les perspectives à venir ?

Pour l'instant, nous l'avons vu le papier résiste bien et même se nourrit du numérique qui lui apporte une autre dimension, des compléments et un espace d'innovation. Mais aucun modèle numérique satisfaisant n'émerge vraiment qui permettrait de s'affranchir totalement du support papier Au contraire les éditions papiers traditionnelles permettent au travers du scan sauvage de nourrir un marché « pirate » de plus grande envergure que celui de l'offre officielle et payante et par là même semblent étouffer dans l'œuf le développement d'une offre BD numérique concurrentielle.

Les trois modes de financement qui sont expérimentés, le streaming comme Iznéo, le format cbz ou pdf à payer et télécharger ou la publicité ne suffisent pas à financer les auteurs.

Il semble donc que nous sommes aujourd'hui dans une situation de blocage où le libre numérique vient modestement nourrir le papier commercial selon un équilibre peu satisfaisant.

Peut être faut-il encore attendre pour que cet équilibre se brise, la démocratisation des tablettes, la multiplication des nouveaux supports et surtout qu'émerge réellement une nouvelle génération de lecteurs, moins attachés au papier et donc prêts à soutenir et financer des auteurs qui ne s'exprimeraient que dans le numérique...

 

Bibliographie

[1] rapport ACBD 2013 : http://www.acbd.fr/2044/les-bilans-de-l-acbd/2013-lannee-de-la-deceleration/

[2] Le dépôt de bilan de Manolosanctis : http://www.actualitte.com/univers-bd/fin-de-partie-pour-l-editeur-manolosanctis-en-recherche-d-un-repreneur-31464.htm

[3] Rachat de ComiXology : http://www.tomsguide.fr/actualite/comixology-amazon-kindle,41047.html

[4] musée numérique : http://www.actualitte.com/comics/le-musee-numerique-des-comics-compte-plus-de-15000-oeuvres-48530.htm ]

[5] BD sans dessins : http://www.labandepasdessinee.com

[6] BD sans bulles : http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/les-bd-muettes-un-retour-remarque-108490

[7] L'hébergeur numéro 1 des blog BD : http://www.webcomics.fr

[8] Tinyshaker, un lecteur de BD pour le web : http://julien.falgas.fr/post/2011/06/03/TinyShaker-le-lecteur-turbomedia-sans-flash

[9] Un exemple de webtoon sur un site en anglais à partir d'une traduction du coréen : http://www.webtoonlive.com/

[10] Le blog « triste vie de bureau », l'appli triste vie de bureau et l'appli l'ile du B : http://www.zarbo.info

[11] Le site du festiblog : http://www.festival-blogs-bd.com/


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7 réactions à cet article    


  • Baarek Baarek 23 avril 2014 12:01

    Bonjour,

    Je vais commencer par une question qui se veux rhétorique : Qui n’est pas fan de BD ?

    Comme vous dites, plusieurs générations ont baignées dedans, et qui vont eux-mêmes imprégner leurs enfants... Mon père lui-même, grand collectionneur, ne les vendraient pour rien au monde, et il est hors de question, que je m’en séparent une fois qu’il sera dans l’au delà.

    Le succès des BD s’est effectivement effrité, notamment avec la popularisation des comics et des mangas, qui venant de sociétés aux mœurs et cultures différents, amène des sujets et réflexions qui le sont tout autant. L’esprit s’ouvre et cherche à s’amuser et se distraire.

    L’apparition du numérique à sapé la popularité de la BD, et aussi sur un point sur lequel je me permet d’insister : La qualité du dessin. Ce critère est très important pour moi. Étant le seul membre de la famille qui ne possède pas ce talent artistique, je reste admiratif devant la réplique de Tintin dans le requin sous-marin admirant les abysses et sa faune, le tout peint sur un mur de 5 mètres sur 5 mètres. C’est pourquoi le dessin fait à la main est important. Nombres de BD fast-food sont assemblées sur ordinateur, et nous laisse sans le principal élément de la BD : Son style. (Aussi appelé : âme, signature...)

    Vous consultez également quelques BD en ligne comme j’ai pu le lire, auriez-vous d’autres exemples en tête ? A titre personnel j’aime beaucoup les BD de Ultimex et Monsieur le Chien. (Attention l’humour y est corosif et ne plait pas à tout le monde.)

    Merci pour votre article, à bientôt.


    • Za Legras Za Legras 23 avril 2014 16:00

      Merci pour vos remarques,
      Certains aiment le style, l’œuvre d’art que constitue un bel album et ils ont raison !
      Pour ma part je trouve que la bande dessinée (papier) a beaucoup progressé en qualité ces dernières années, grâce au numérique qui permet de dépasser l’impression classique et donc quasiment de « peindre » de merveilleux albums au prix bien sûr d’équipes plus importantes et notamment de ce nouveau métier qu’est le coloriste.
      Quand à l’univers de la BD sur internet, je suis d’accord que l’on trouve tout et rien à la fois. Mais c’est aussi un lieu où justement les auteurs peuvent accrocher un public, interagir avec et progresser. La plupart, ceux qui publient depuis longtemps, sont bénévoles et ne peuvent continuer que parce qu’ils ont un autre métier qui leur procure la soupe du soir. Par ailleurs, beaucoup de nouveaux talents ont fait leur premières armes sur un blog BD avant de publier, grâce à leur succès, et c’est tant mieux.
      Pour ce qui est de vous conseiller des blog BD, bien sûr il y a le mien « drôle de vie de bureau »  smiley
      Mais le mieux que je puisse faire pour ne pas être trop partial c’est de vous renvoyer sur les annuaires de blog BD qui vous ouvrent à des centaines de blog très divers et très actifs.
      Ainsi, outre les références dans l’article, je vous conseille par exemple :
      - http://blogsbd.fr/
      - http://comicsblog.org
      - http://annuaireblogbd.com/
      - http://www.bdamateur.com/
      etc.

      Essayez aussi (si vous lisez l’anglais : http://www.webtoonlive.com) les webtoons coréens ; expérience intéressante, même si c’est probablement mieux en coréen smiley
      La plupart de ces annuaires forment en tout cas de vraies communauté d’échange et il est intéressant d’y participer et d’encourager les auteurs, qui sont, comme sur agoravox, souvent amateurs et bénévoles...
      Bdesquement,
      Za


      • G.L. Geoffroy Laville 23 avril 2014 17:33

        Je suis comme beaucoup un amateur de BD et je tiens à saluer l’auteur pour cet excellent article.

        Je regrette de ne pas avoir le temps d’être plus constructif.

        Bravo encore


        • Za Legras Za Legras 23 avril 2014 23:59

          Merci beaucoup

          Za

        • bakerstreet bakerstreet 24 avril 2014 08:53

          Vous savez de quoi apparemment vous parlez, et ne peut pas porter de jugement sur toute cette partie technique. Mon avis ne vaut que ce qu’il vaut, le témoignage lambda disons, d’un plutôt ancien lecteur de BD. 


          Il y a eut un moment où la BD m’est tombée des mains. Peut-être est ce l’effet de l’âge, ( j’ai 59 ans), à la qualité de ce que je trouvais, un peu prétentieux et souvent sans talent. Ceci n’engage que moi, mais à partir du moment que le festival d’Angoulême a existé, qu’on a commencé à considérer la BD comme un art, celle ci a perdu de son insolence. Un peu comme le rock quelque part....

          J’ai appris à lire dans les BD ; les vulgaires BD qu’on trouvait dans les tourniquets des buralistes dans les années 60 ( Tartine, Vigor, Akim, vous voyez le mauvais genre)...Pourtant il y avait parmi ces gens qui dessinaient à toute vitesse sur du mauvais papier de vrais génies.....J’ai grandi avec le journal Pilote, qui n’était qu’au début des années 60 l’équivalent de Spirou, un journal pour gamins de 10 ans, et qui s’est lentement bonifié avec l’apport de toute cette génération ( Cabu, Gotlieb, Bretecher, Mandrika, Fred,Druillet, et j’en passe) témoins d’une France qui bougeait et grandissait à toute vitesse, vers son adolescence, pas la quarantaine... 

          Finalement il est arrivé à la BD ce qu’il est arrivé à la gôche 20 ans plus tard, l’embourgeoisement, la culture bobo.

          Le numérique, non merci. Pas plus que pour les romans je ne m’y mettrais. Un livre, depuis 2000 ans, c’est de la substance, un toucher, une odeur, un contact. Impossible de m’amputer de cette dimension, même avec le prétexte du modernisme braqué sur la temple. D’ailleurs, on le sait bien, les sciences cognitives nous le révèlent, la lecture n’est pas la même, en diagonale plus rapide, amnésique du début de la page quand on est à la fin...

          Je regrette mon bon vieux tourniquet du buraliste, et les quelques sorties en albums,une consécration à l’époque, réservée aux meilleurs. Je suis assez dubitatif devant la qualité, ou du moins le manque de certaines publications. . Édifiant, malgré le luxe de l’édition, la qualité du papier, et souvent même la qualité graphique : 
          De très bons dessinateurs parfois, mais trop bons dessinateurs, qui se regardent dessiner, oubliant le lecteur. N’est pas Schuiten qui veut !

          La quintessence de la BD, c’est par exemple pour moi les peanuts : Un monde minimaliste, un coup de crayon rapide, quelques cases, des déclinaisons sur 50 ans de création, appliqué à un monde de quelques gamins, et de leur chien, une exploration de l’enfance, de la névrose et du rêves, avec une humour rédempteur. 
          A chacun ses peanuts au fond. L’essentiel est de les trouver. 

          On ne s’en laissera pas plus que l’art du piano bien tempéré de Bach, même si les autres vous disent que c’est toujours pareil.

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