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Les commentaires de -



  • Pierre-Marie Baty 13 décembre 2011 17:48

    La Chine, Etat communiste, et qui n’a jamais cessé de l’être, est tout simplement, et brillamment, en train de détruire le capitalisme avec ses propres armes.

    Et je pense que nous l’avons bien cherché. smiley

     



  • Pierre-Marie Baty 13 décembre 2011 12:35

    Bonjour Monsieur,

    Félicitations pour votre clairvoyance. Vous n’étiez pas seul à faire cette prédiction, mais l’on doit vous reconnaître d’être parmi les seuls à l’avoir fait à haute voix.

    Mais il est difficile d’avoir raison trop tôt, et peut-être eût-il été plus économique de ne pas vous faire ostraciser trop tôt.

    Les parcours politiques ressemblent à des parties d’échecs...

     



  • Pierre-Marie Baty 12 décembre 2011 19:03

    N’y a-t-il vraiment que ces deux alternatives ?

    Les gouvernements ne tiennent que parce que les citoyens les respectent. Même les gouvernements fascistes. Pour ma part, si un gouvernement s’arroge le droit de me prescrire comment vivre et quoi penser et se met à ponctionner le fruit de mon travail au-delà de ce que je lui juge nécessaire, je l’ignorerai.

    Et je ne donne pas cher de sa survie à moyen terme si de plus en plus d’autres se mettent à suivre cet exemple.

     



  • Pierre-Marie Baty 11 décembre 2011 13:30

    Bonjour,

    Vous y allez fort smiley Qu’on appelle le domaine de la spiritualité un système organisé de croyances je suis tout à fait pour, mais qu’on le pare du nom de science, non, nous n’en sommes pas encore là. smiley

    Mais pour répondre à votre question, c’est la première réponse qui est la bonne. Avant 2002 je considérais ce sujet avec le plus souverain dédain, comme le jeune scientiste matérialiste que j’étais. En ce qui concerne les NDE je croyais dur comme du bois à la thèse hallucinatoire. Mais elle a été fortement ébranlée par l’expérience et le domaine du doute raisonnable a depuis lors changé de côté.

     



  • Pierre-Marie Baty 9 décembre 2011 15:57

    Doter le FMI de 200 milliards pour qu’il nous les reprête avec intérêt, c’est soit l’aveu de la plus abyssale incompétence, soit de la haute trahison. Au choix.

    Je ne paraphraserai pas Einstein sur la connerie humaine, mais il y a des moments quand même où certains sont tellement loin sur cette courbe de Gauss que j’en viens à considérer que tant de connerie concentrée dans une seule personne ne peut être que statistiquement improbable.

     



  • Pierre-Marie Baty 9 décembre 2011 12:40

    Bonjour,

    Aucun problème à publier mon témoignage, au contraire. Mais une recommandation cependant :

    Ne le prenez pas comme parole d’évangile.

    L’expérience que je vous ai relatée a bientôt dix ans. C’est dire si j’ai eu le temps d’y réfléchir et de la tourner dans tous les sens. Elle a forcément été altérée. Je me suis construit mon propre modèle autour, un paradigme assez grand au point que rien n’est pour le moment venu le contrarier, mais il est très probable que certains aspects de l’expérience aient été annihilés par ma mémoire, et il est possible que d’autres aient été magnifiés. La mémoire est sélective : elle ne garde que ce qui nous arrange. Sans compter que le message lui-même est déjà altéré lors de la transmission, car, de l’expérience réelle :

    - j’ai retenu et relate maintenant ce que j’en comprends, c’est-à-dire une moindre partie,

    - vous allez retenir ce que vous en comprenez (et une grande partie des gens ne retiendront même que ce qui les arrange), c’est-à-dire une partie moindre encore.

    N’oubliez pas : « Doutez de tout, et même de ce que je vais vous dire. » — Bouddha Sakyamuni

    Je vous souhaite une bonne journée smiley



  • Pierre-Marie Baty 9 décembre 2011 12:08

    C’est le désir d’outrage qui est une marque de bêtise, qu’il soit blasphématoire ou pas.

    Si vous voulez vous entreprendre à légiférer contre la bêtise, vous n’avez pas fini...



  • Pierre-Marie Baty 8 décembre 2011 20:20

    Ce modèle me semble compatible avec mon expérience, tout en oblitérant complètement (est-ce un oubli ?) une expérience essentielle.

    Je ne regrette pas d’avoir lu vos trois articles sur le sujet. L’expérience ubiquiste et atemporelle est effectivement compatible avec l’appréhension d’un nombre plus grand de dimensions d’espace-temps.

    Ensuite, notre interprétation diverge. Vous maintenez la séparation entre l’individu et le restant de l’univers, et vous échafaudez des théories qui me font penser à de la science-fiction (sans intention péjorative, je vous assure) à ce sujet, alors que j’ai trouvé que cette séparation s’abolissait au fur et à mesure qu’on prenait conscience de notre nouvel état.

    Mon expérience fut une réalisation progressive de ceci :

    - Tous les lieux sont le même, à savoir ici,

    - Tous les temps sont le même, à savoir maintenant,

    - Tous les êtres, sentients ou non, objets ou choses, sont le même, à savoir quelque chose que je n’ai pas encore découvert, mais que je soupçonne fortement d’être la seule chose qui soit.

     

    J’ai l’intuition que ceux qui ont dit les choses suivantes mériteraient d’être mieux compris :

     

    « Tous les êtres sont le Bouddha. Tous ont en eux la sagesse et la vertu. » — Bouddha Sakyamuni

    Tous les êtres sont effectivement le même être. Ils ne sont pas une partie de ce même être, ils sont la totalité de cet être, seulement ils n’en ont pas conscience. Il est possible de le redécouvrir. Cette prise de conscience s’appelle l’éveil.

     

    « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » — Jésus de Nazareth

    Quand l’auditeur aura compris cette phrase, parce qu’elle est formulée au futur et non à l’impératif, il considèrera son prochain comme, c’est-à-dire très littéralement en tant que, lui-même. Prochain = toi-même. Il ne s’agit pas d’une comparaison mais d’une identité. Notez qu’il a dit bien d’autres choses de cet acabit : « qui me voit, voit le Père » et autres « ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites ».

     

    « Je suis Atoum-Rê le grand Dieu qui est venu à l’existence par lui-même. A moi appartient hier et je connais demain. Je suis le phénix d’Héliopolis, celui qui embrasse tout ce qui existe. » — Livre de la Sortie au Jour, improprement appelé « livre des morts ».

     

    Je précise que je suis agnostique. smiley



  • Pierre-Marie Baty 8 décembre 2011 19:26

    Très joli texte !

    La pauvreté n’est pas un défaut, et la frugalité est même une qualité enviable ! Eh, nos vies sont faites de choix... smiley



  • Pierre-Marie Baty 8 décembre 2011 19:18

    Bonjour M. Russin,

    Je tenais à vous dire que j’apprécie d’autant une réaction comme la vôtre qu’elle vient d’une personne qui est née et qui a vécu en Roumanie socialiste.

    Je pense que ça mérite d’être souligné.

    Bonne journée smiley



  • Pierre-Marie Baty 8 décembre 2011 19:07

    Sans qu’il soit nécessaire de paraphraser Woody Allen, je pense que l’immortalité n’a strictement aucun intérêt.

    Il faut être jeune et n’avoir pas vécu grand-chose pour avoir à ce point peur de mourir. Je vous assure que de nombreuses personnes âgées qui sont contentes d’avoir vécu ce qu’elles ont vécu, attendent tranquillement la mort comme une bienveillante délivrance.

    Je pense que l’être choisit l’heure de sa mort. Même quand elle semble survenir par accident ou par attentat. Je ne vous demande pas ni même ne vous invite à partager mon point de vue, parce que je sais ce qu’il contient de choquant et d’apparemment contradictoire. Aussi je respecte ceux qui pensent le contraire et ne chercherai pas à les détromper, j’attends juste d’eux qu’ils tolèrent mon point de vue différent.

    La contradiction se lève quand on réalise que notre esprit est bien plus vaste que notre ego, et que l’empire que nous croyons avoir sur nous-mêmes n’est qu’un ridicule parc à bébé à côté de l’immensité du possible. L’ego est un concept arbitraire, dont nous occupons les premières semaines de notre vie à délimiter le périmètre.

    Je le répète : l’ego est un concept arbitraire. C’est donc une séparation qui a été posée ad hoc au milieu d’un élément homogène pour distinguer ce qui est ceci (« moi »), et ce qui est cela (« pas moi »).

    Cette séparation, c’est nous qui l’avons instaurée.

    Mais notre empire est bien plus vaste que notre parc à bébé. Question hautement spéculative, mais divinement intéressante... smiley

     



  • Pierre-Marie Baty 8 décembre 2011 01:59

    J’ai eu un accident de voiture, une collision frontale. On a dû me désincarcérer. J’ai violemment mangé le volant dans les mâchoires, et le moteur m’est revenu dans les jambes. C’était un soir de février. Je me souviens des dernières secondes avant l’accident comme au ralenti, une sorte de ralenti de plus en plus lent - j’imagine que c’était lié aux doses massives d’adrénaline que mon cerveau était en train de produire. La voiture qui arrive en face, et l’impossibilité de l’éviter. Le temps se divise alors en une succession d’instants de moins en moins étendus et paradoxalement de plus en plus longs. Comme une asymptote.

    Ensuite, extinction des feux et blackout pendant un temps indéfini. Je n’ai aucun souvenir du choc. Mon esprit se rallume pendant la désincarcération proprement dite : je constate que je me trouve à l’extérieur de mon véhicule, comme en suspension arrêtée dans les airs. C’est assez étrange. Je me dis que je vais tomber, mais en même temps je sais que non. J’essaie de bouger, et je vois que je peux me déplacer dans les airs sans effort, il me suffit de penser à un angle de vue sur la scène pour instantanément y être. Au départ, je ne m’en rends pas bien compte parce que je suis assez perturbé par la scène que je découvre : ma voiture comme passée au compacteur, et des gens autour qui s’affairent avec des outils. Je perçois comme un bruit strident de scie électrique, mais c’est assez lointain en fait. Je baigne dans une sorte de silence ouaté. J’entends les cris comme à travers une sourdine. Et je constate que la personne qui a la gueule en sang comme dans les films américains avec la mâchoire dans une configuration bizarre, c’est moi. Et je me dis instantanément que je suis mort. Ca y est. « Ca, c’est fait. » comme on dit après une catastrophe.

    Je commence à me dire que c’est assez étrange, surtout que cette personne dans la voiture je la regarde comme un inconnu, comme un autre. On a l’habitude de se voir dans un miroir, mais la synchronicité des mouvements entre nous et notre reflet fait qu’il est assez facile de réaliser que le reflet et nous sommes indiscutablement la même personne. Mais dans ce cas de figure, c’est comme de se découvrir sur une vidéo. C’est aussi perturbant. Sauf que vous êtes aussi le cinéaste, et que tous les plans sont possibles - et même simultanément. C’est encore plus perturbant.

    C’est cet aspect des choses qui est le plus déroutant au début : la faculté d’ubiquité. On est littéralement partout où on veut être, et au même moment si on en a envie. Par exemple, j’étais derrière ce pompier accroupi auprès de ma portière qui bricolait je ne sais quoi avec je ne sais quel outil mais j’étais en même temps en train de survoler à vingt mètres de hauteur cette ambulance Citroën qui arrivait sur la route et dont le bruit des sirènes avait poussé ma curiosité à aller la voir. Et j’étais aussi dans ce garage que je venais de quitter il y a quelques minutes, où la personne que je venais de voir rangeait les sièges. Et j’étais aussi incarcéré dans mon fauteuil, le volant entre le palais et la gorge, et le fémur plié.

    Je ressentais surtout de l’étrangeté. La sérénité n’est pas venue tout de suite, loin de là. Et j’ai réalisé que je ne souffrais pas et j’ai aussitôt compris que c’est parce que j’avais décidé de ne plus souffrir. Comme si j’avais pris acte du signal de la souffrance, et que je lui avais signifié que je l’avais bien comprise, qu’il n’était plus nécessaire qu’elle s’impose à mon esprit. J’ai d’ailleurs gardé cette capacité à faire abstraction de la souffrance depuis lors. Désormais quand quelque chose me cause une violente douleur physique, arrive un point où j’éteins l’interrupteur et je ne ressens plus rien. Mais ce n’est pas instantané, et avant que je le fasse, je ressens toujours une sensation désagréable. Et qui plus est, ça peut être dangereux : cette année je me suis causé des brûlures chimiques en montant un mur de parpaings et en brassant le ciment à mains nues et sans gants - oh ça vous pouvez rigoler -, parce que je suis un gros con d’autodidacte qui ne prend jamais conseil avant d’entreprendre un truc qu’il n’a jamais fait avant et qui ne lit pas les précautions d’usage. Je ne m’étais pas rendu compte que le ciment avait déjà perforé mes mains. Je l’ai vu quand j’ai réalisé que ma peau était anormalement tendue. Rien d’étonnant : il y avait des trous dedans ! Enfin, quoi qu’il en soit, je n’avais aucune expérience d’une quelconque technique de yoga auparavant, j’ai découvert cette faculté « sur le tas » et c’est convaincant : la douleur n’est insupportable que tant qu’on est convaincu que nous n’avons pas le choix et qu’il faut souffrir. C’est faux.

    Ubiquité, maîtrise de la souffrance - et c’est marrant d’ailleurs, parce qu’alors que je flottais où mon esprit voulait bien se poser, je ressentais les signaux corporels de mon corps dans la voiture comme s’ils ne m’étaient pas adressés. Je « recevais » les signaux comme on reçoit des factures par la poste au nom de quelqu’un d’autre. On sait que c’est une mauvaise nouvelle, mais on s’en fout, elle ne nous concerne pas. Elle concerne seulement l’amas de matière organique sanguinolente qui est là, et tout compte fait, c’est bien peu de chose.

    Je me souviens que le ciel avait une couleur bizarre, orange. Mais je ne sais pas trop si c’est le ciel du lieu de l’accident ou l’un des autres ciels de l’un de ces autres endroits de ma connaissance où j’ai entrepris d’aller faire un tour voir ce qui s’y passait au même moment. Notez que ce ne fut pas un enchaînement de visites successives : je faisais tout cela au même moment. C’est presque impossible à se représenter (je dis presque à dessein).

    Je me souviens aussi que j’ai pensé que ces gens qui s’agitaient autour des voitures me faisaient penser aux ouvriers de la fusée lunaire de Tintin quand ils découpent la porte de l’habitacle à la scie circulaire pour libérer les cosmonautes. Pourtant je ne me souviens pas d’avoir vu précisément de scie circulaire, mais je me souviens bien que cette comparaison s’est imposée à mon esprit.

    Ensuite, profitant d’une sorte de « temps mort » dans ce qui était en train de m’arriver (aucun ange à l’horizon, pas de lumière blanche, du moins pas encore...) je me suis mis, étant d’un naturel curieux et expérimentateur, à essayer de juxtaposer plusieurs points de vue en ayant pleine conscience de chacun d’eux. Je m’attendais à faire l’expérience d’une sorte de vision kaléidoscopique ou pire, une sorte de « bouquet TV » mais en fait il est apparu qu’être à plusieurs endroits à la fois était aussi naturel qu’être au même. C’est assez révolutionnaire de le penser.

    Comme par exemple en temps normal il ne vous paraît pas naturel d’être à la fois là où vous êtes et dans la pièce à côté, en fait en ces moments ça nous paraît aussi naturel que le fait d’être assis sur votre fauteuil à la fois sur votre fesse gauche et sur votre fesse droite : c’est le même lieu pour vous au final. Et en relisant cette comparaison je me rends compte que c’est exactement ça : il est absurde de vouloir changer d’endroit puisqu’il n’y en a qu’un. Il n’y a pas plusieurs lieux, il n’y a que des points de vue où nous n’avons pas encore réalisé que nous étions déjà. La plaisanterie « va voir là-bas si j’y suis » ne croit pas si bien dire !

    Alors effectivement aussi, on voit très bien, on entend très bien, on a une excellente acuité visuelle, auditive, olfactive, tactile : on ressent même des sensations qui ne sont pas les nôtres. On peut choisir de voir ce que voit quelqu’un d’autre, ou de sentir ce qu’il sent. On a accès à toutes les données de la situation, tous les points de vue, toutes les expériences - du moment qu’on CHOISISSE d’en faire l’expérience.

    Je fais une image que seuls les informaticiens comprendront, mais qui illustre parfaitement ce qu’on ressent à ces moments-là :

    root@universe   ̴ # _

    J’ai aussi essayé de voir si je ne pourrais pas accélérer les choses (parce que ça traînait en longueur cette désincarcération), et là, ce fut effrayant : je me suis retrouvé INSTANTANEMENT enfourné dans l’ambulance, enfin plutôt mon corps, et moi autour de l’ambulance, dessus, dessous, devant, derrière, et surtout en train de voleter comme un oisillon autour de la tête de ce pompier penché qui disait à mon corps étendu d’une voix tonitruante : « vous m’entendez M. Baty ? » et qui m’expliquait les choses comme à un demeuré dur d’oreille... J’avais envie de lui seriner dans les tympans : « mais fous-moi donc la paix... » smiley

    Instantanément projeté dans le futur, j’ai choisi d’arrêter tout de suite l’expérience et de faire pause et retour arrière, et pof me revoilà en arrière en train d’être installé sur le brancard (et donc à l’extérieur de l’ambulance, juste désincarcéré) - tout en étant spectateur de la scène, très ennuyeuse au final (alors qu’au même moment j’étais aussi dans l’ambulance, j’étais cette fois à deux « temps » différents), et j’en venais à me demander ce que je foutais là, alors qu’il était évident que j’aurais pu parcourir le vaste monde et découvrir ses merveilles en l’espace d’une pensée. Ce que je fis sûrement d’ailleurs, mais je ne m’en souviens très mal. Je sais que j’ai fait un peu de tourisme, mais je ne sais ni où ni pourquoi, et je n’ai pas dû aller bien loin. Quelques appréhensions rémanentes, sans doute.

    Bref, non seulement les lieux se superposaient, comme si toutes les distances étaient abolies et l’univers se résumait à un point, mais aussi le temps : selon ce que je choisisse de voir, de sentir, d’entendre ou de faire l’expérience, j’étais ici, ou bien là, ou bien aux deux endroits à la fois, soit maintenant, soit avant, soit après ; je pouvais m’y rendre à l’instant présent qui avait eu cours hier, comme je pouvais choisir de « visiter » l’un des futurs probables de chaque événement.

    Je dis l’un des futurs probables parce que dorénavant pour moi le temps a perdu (et pour de bon !) son caractère linéaire. Le temps c’est une collection d’instants présent empilés les uns sur les autres, en quelque sorte « épinglés ensemble », et chaque instant en supporte une infinité d’autres, un peu comme une pyramide inversée, ou un arbre généalogique que l’on déploie ou que l’on replie à loisir. Il n’y a qu’un seul temps, c’est le présent. Par contre, il y a des choix, et des conséquences. A vrai dire, il n’y a même que ça. Le présent d’hier est le même que celui d’aujourd’hui, hier est en train de se décider aujourd’hui, et tous les demain possibles, dont (mais sans restriction à) celui que nous choisirons de vivre, se décident en cet instant également. C’est en tout cas comme ça que je l’ai compris.

    Les médecins m’ont dit plus tard que mon coma n’avait pas excédé « quelques minutes ». Je ne sais absolument pas ce qu’ils entendent par « quelques minutes », deux ou cinquante-neuf, j’imagine que la vérité est quelque part entre ces deux valeurs. Mais je peux vous assurer que quand on le vit, on a tout le temps nécessaire à partir du moment où on réalise « comment ça marche ». On va-et-vient à loisir dans l’espace et dans le temps. Dans toutes les directions. Passé, futur, et latéralement.

    Je pense que ce fut une chance pour moi de comprendre ça rapidement. Ca m’a permis de faire ces expériences. Il est probable que je n’aurais pas eu la curiosité de les faire sinon. Je pense que quand on est projeté là-dedans, on est un peu comme en roue libre au début : tellement habitué à notre temps linéaire et à notre singularité, on se réveille à UN endroit précis et le temps a l’air (A L’AIR) de s’écouler normalement. Donc, on vit (on CHOISIT de vivre) comme d’habitude, et ainsi crée-t-on notre réalité. Et on finit par passer à côté d’une expérience extraordinaire en la vivant de manière complètement linéaire. Je pense que c’est parce qu’inconsciemment on CHOISIT que ça se passe comme ça. Par habitude et aussi parce que c’est culturel. Mais il suffit de réaliser que ça peut se passer autrement et ça devient assez génial.

    Les possibilités sont infinies. Il aurait suffi que je choisisse de faire l’expérience de quelque chose, et pouf je l’aurais reçue instantanément, j’en suis convaincu. J’aurais sans doute pu m’amuser à faire le poltergeist facétieux, mais ça n’avait aucun intérêt en face de l’impeccable sérénité de l’esprit qu’il comprend qu’il n’a plus AUCUN besoin. Pas même celui de faire un miracle.

    J’aurais pu choisir de créer un halo de lumière convaincant, et il serait apparu. Et j’aurais sans doute eu envie de m’y diriger. J’aurais pu choisir de voir apparaître le Christ, Bouddha, Ctulhu ou le Grand Schtroumpf, et ils seraient apparus là devant moi aussitôt. J’aurais pu choisir de m’interroger sur mes grands-parents disparus, et cette seule pensée aurait suffi à me projeter en leur compagnie. Ils m’auraient parlé, ou plutôt je n’aurais pas eu conscience de créer leurs paroles, et je leur aurais répondu. Ce petit jeu aurait pu durer jusqu’à ce que je me décide à choisir de plonger dans cette paix qui semblait me tendre les bras, et j’aurais alors compris que tous ces autres êtres n’étaient que d’autres parties de moi-même, d’autres alter ego, la seule chose qui soit, l’entité universelle dans laquelle mon instanciation mortelle était sur le point de se diluer.

    Je me souviens avoir lu par la suite quelques articles qui parlaient de NDE, et j’ai lu qu’un petit américain ayant vécu une NDE avait écrit un bouquin dans lequel il décrivait qu’il avait vu Jésus qui n’arrêtait pas de monter et descendre du ciel sur un ascenseur et qu’au paradis il y avait des poneys arc-en-ciel (ou quelque chose d’approchant). J’ai franchement rigolé et pour vous dire la vérité je rigole encore en m’imaginant votre tête si je vous dis que je trouve son récit très crédible, car je crois qu’il a raison, il y a bien des poneys arc-en-ciel au paradis. Et bien d’autres choses encore !

    Le truc très désagréable qui mit fin à cette expérience, fut que je me suis retrouvé happé vers l’ambulance au moment même où (toujours en compagnie de cet horrible pompier qui m’invectivait) un infirmier ou je ne sais quoi injectait je ne sais quelle saloperie dans mon corps étendu. Et c’était glacial. Métallique. Je savais que ça allait mettre fin à tout et que j’allais me retrouver à nouveau prisonnier de ce corps souffrant (sur ce point j’avais tort, car j’ai pu emmener l’interrupteur avec moi. Malin le lapin smiley) Et pendant que j’étais aspiré vers ce corps, à peu près comme un aspirateur aspire de la fumée, je m’évertuais à tourner autour de la tête de mon « tortionnaire » en lui hurlant (croyais-je) de me laisser tranquille, que je ne voulais pas de son aide, que j’étais très bien là où j’étais et qu’il serait bien mieux inspiré de se mêler de ses affaires.

    A un moment précis je me suis dit (mais pourquoi me le suis-je dit ?) qu’il était trop fort et que je n’avais PLUS LE CHOIX. Et c’est à ce moment précis que j’ai réintégré instantanément mon corps. (relisez bien cette phrase)

    Ensuite, nouveau blackout et je me suis réveillé à l’hôpital après les opérations de la hanche et de la mâchoire. En réa. Ma mère souriait en me tenant la main. Elle avait l’air désolé. Je l’ai vue dans un brouillard nauséeux pendant deux secondes, et puis j’ai replongé.

    Je me suis réveillé définitivement cette fois le lendemain, dans une chambre du CHU. Avec une amnésie complète qui portait sur une semaine avant l’accident, jusqu’aux dernières secondes avant celui-ci. Je ne savais même plus où j’habitais : cela faisait 4 ans que j’habitais dans une ville, et je croyais à nouveau habiter dans celle d’avant. J’ai reconstitué ma mémoire petit à petit, jusqu’à aujourd’hui.

    Voilà mon expérience.

    Je pense que nous sommes la même entité collective, mais nous l’avons oublié.
    Et quand nous mourons, nous rentrons à la maison.



  • Pierre-Marie Baty 7 décembre 2011 22:48

    Bonjour,

     

    Je suis passé par une NDE en 2002 et j’en garde un souvenir impérissable.

     

    Je me permets de le signaler parce que j’ai eu tout le temps nécessaire pour bien comprendre ce qui m’arrivait. Ce ne fut pas une expérience fugitive ni mal comprise. J’ai eu tout le temps nécessaire pour bien réfléchir à ce qui m’arrivait. Le temps n’existe pas comme nous nous le représentons. Lors d’une NDE, tous les lieux sont le même endroit, et tous les instants se superposent. On passe avec agilité d’un point du référentiel espace-temps à un autre et même à plusieurs à la fois, autant qu’on veut, le temps d’une pensée, à mesure que nous prenons connaissance des nouvelles possibilités de notre esprit. On comprend ces choses-là progressivement mais ça vient vite. Quand ça vient très vite on a le temps de faire quelques expériences amusantes dans l’au-delà avant de succomber à cette envie irrépressible de poursuivre le voyage et d’aller faire ce grand plongeon définitif dans la seule chose qui existe smiley

     

    Cette expérience m’a fait réaliser des choses et poser des choix qui ont changé le cours de ma vie. Maintenant, j’ai une grande sérénité au sujet de ma propre mort (d’ailleurs, le simple fait d’écrire ces trois derniers mots me gêne comme si j’écrivais une absurdité sémantique).

     

    Je vous en parlerais volontiers plus longuement mais je pressens que ce sujet va donner lieu (il le donne déjà) à une guerre de tranchées entre commentateurs. Mais je préviens d’avance que j’ai déjà dérouté plusieurs théoriciens sur le sujet.



  • Pierre-Marie Baty 6 décembre 2011 22:32

    Fantastique. Je n’aurais pas dit mieux. Je reconnais la plume d’un éveillé. Bienvenue, frère, et au boulot smiley

     



  • Pierre-Marie Baty 6 décembre 2011 21:43

    Vous avez sans doute raison. Je pinaille beaucoup, et souvent pour pas grand-chose. smiley



  • Pierre-Marie Baty 6 décembre 2011 18:22

    M. Llabrès,

    En ce que vous dites :

    « Parce que la laïcité est bâtie sur la rationalité de l’esprit humain »

    Or, ce n’est pas la laïcité (qui est une politique) qui a pour fondements la Raison, mais l’agnosticisme (qui est une position personnelle).

    L’agnosticisme est le choix de respecter toutes les religions tout en ne reconnaissant de caractère révélé à aucune.

    La laïcité est une politique, donc un choix qui consiste à dire que partir du postulat que la tolérance envers toute religion tout en se tenant prudemment à distance de toutes est la meilleure façon de réaliser la paix sociale en matière de religion. Mais il s’agit d’un postulat, donc un choix empirique.

    La laïcité n’a pas de « valeurs universelles », si vous lui en donnez, vous en faites une religion, et vous sortez du champ de la Raison. La Raison n’admet rien d’universel. Tout schéma explicatif est propre à un cadre particulier, qu’on appelle paradigme ; l’extrapolation, qui est un outil de la Raison, permet de lui en chercher un plus grand. Mais aucun paradigme n’est universel, sinon l’extrapolation n’aurait plus de sens, n’est-ce pas ?

    Ainsi, si on se revendique de la Raison, on n’admet aucun « principe universel », pas même les « Droits de l’Homme », pas même la Raison elle-même.

    Tous ces cadres sont des systèmes organisés de croyances qui ont, paradoxalement, davantage à voir avec la religion - en tant qu’ils promeuvent quelque chose d’universel, donc d’ultime - qu’avec la Raison.

    (maintenant, ce serait gentil que personne ne me fasse dire ce que je n’ai pas dit :))

     



  • Pierre-Marie Baty 6 décembre 2011 13:25

    Bonjour M. Llabrès,

    Je pense que vous confondez laïcité et agnosticisme.

    La première est une politique, le second une position personnelle. La première est l’expression politique du second, mais c’est le second qui est basé sur la Raison - ou du moins, une conception particulièrement prudente de celle-ci. A l’image du scientifique dans la plaisanterie suivante :

    Un religieux, un ingénieur et un scientifique sont dans un train et voient par la fenêtre un mouton blanc.

    Le religieux dit : « Dans ce pays, tous les moutons sont blancs. »

    L’ingénieur dit : « Permettez Monsieur ; il serait plus juste de dire : dans ce pays, il existe des moutons blancs. »

    Et le scientifique : « Je vous prie de bien vouloir m’excuser si je vous corrige, mais l’exactitude scientifique est que dans ce pays, il existe au moins un mouton dont au moins l’un des côtés est blanc. »

     smiley



  • Pierre-Marie Baty 6 décembre 2011 13:08

    Bonjour l’auteur,

    Vous y allez fort, en disant que Saint Nicolas n’est pas connu en-dehors de la Belgique, de la Hollande, de l’Alsace et de la Lorraine ; dans tous les pays de liturgie orthodoxe, Noël pour les enfants c’est Saint Nicolas, l’évèque bienveillant et son effrayant Père Fouettard, et pas ce Santa Claus rouge et vert importé d’Amérique. A l’est de l’ancien rideau de fer, ils ne connaissent pas notre mythologie obligatoire ! smiley

     



  • Pierre-Marie Baty 3 décembre 2011 21:57

    Bonjour monsieur,

    Vous écrivez :

    « Par exemple elles émettent sur les marchés financiers 1000 obligations et reçoivent 1000 en cash. Puis les investisseurs doutent de la solvabilité de ces banques et les obligations chutent à une valeur de 400. La banque rachète ses propres obligations décotées à 400 et son bénéfice net est de 600. Les normes prudentielles comptables ont pensé à la pénibilité du travail des banquiers, et leurs recommandent de simplement déclarer une augmentation de bénéfice de 600, un »gain contre intuitif« , sans réaliser la moindre des opérations quand elles doivent se recapitaliser. »

    En est-on vraiment à ce point ? Ca me paraît hallucinant qu’on autorise une entité à émettre des obligations survalorisées en visant une décote immédiate. C’est le contraire de ce pour quoi on s’introduit en bourse. Que font les autorités des marchés financiers ? Elles ne font pas leur boulot, à l’évidence. Pourquoi ? Sont-elles noyautées ? Mais ces gens seraient alors tous des ânes, ils doivent bien se rendre compte qu’ils scient la branche sur laquelle ils sont assis ?

    J’en suis éberlué. Je savais qu’une partie des hauts financiers n’avait rien à faire dans les sièges où ils sont assis, mais là, tant de bêtise, ça me dépasse. Il n’y a que la veulerie qui peut pousser à trafiquer des bilans de cette manière : et y avoir recours massivement, c’est proprement suicidaire.

     



  • Pierre-Marie Baty 2 décembre 2011 15:21

    Jacques Attali dit ceci :

    « [...] comme le marché constitue la meilleure façon d’organiser le libre choix de biens privés sous la contrainte de la rareté. »

    Ceci est un dogme. Quand quelqu’un qui se décrit comme un philosophe en vient à professer des dogmes avec une telle conviction, vous pouvez être sûr qu’il s’agit non seulement d’un charlatan mais aussi d’un imbécile, parce qu’il ne semble même pas avoir conscience de l’oxymore qu’il profère.