@popov
Bonjour Popov
Je suis démasquée ^^
Mes arrière-grands
parents ont quitté la Russie en 1921, quand tout était perdu...
Question de vie ou de mort. Mon arrière-grand père Gavriil était
l’un de ces authentiques et turbulents Cosaques qui aura combattu
jusqu’à la dernière extrémité. S’il n’avait eu la charge de 12
enfants (hé oui !! et deux autres naîtront en France...) je pense
qu’il se serait battu jusqu’à son dernier souffle. Il a toujours
regretté de n’être pas mort au combat...
Quitter la Russie et
abandonner son cheval, a été pour lui un véritable arrachement et
il ne s’en remettra jamais. Il va traîner jusqu’à sa mort une
foutue dépression qu’il noyait dans l’alcool, le jeu, et les
discussions sans fin avec d’autres exilés russes. Ce n’était pas un
mauvais bougre mon aïeul, il était seulement malheureux. Il
espérait dans un hypothétique retour. Son pays lui manquait.
Pendant quelques temps,
il a fait partie de cette troupe de Cosaques qui donnaient des
spectacles de Djiguitovka... Il existe quelques films sur You tube de
leurs exhibitions... Mais il a vite laissé tomber car pour lui la
Djiguitovka était un art de guerre et pas un spectacle de cirque...
A Paris, il a fréquenté
Nestor Makhno qui crevait de faim dans des taudis et devait bosser à
l’usine malgré de graves séquelles dues à ses blessures, et
Gavriil l’a aidé dans la mesure de ses moyens. Il avait une certaine
admiration pour Makhno et comprenait plus son combat que celui des
bolchéviques...
J’aurais adoré le
connaître mon aïeul... J’ai une photo de lui à cheval, prise
durant la première guerre mondiale, il est magnifique...
Quant à l’arrière-grand
mère, c’était un roc... Elle a tout pris en charge et tout fait
pour que ses enfants puissent s’intégrer en France. Elle a commencé
par franciser leurs prénoms et elle s’est décarcassée pour leur
offrir une vie correcte. Elle a aussi élevé sa petite fille, ma
mère... Contrairement à son homme, elle a vite compris qu’il n’y
aurait probablement aucun retour vers la Russie et elle en a pris son
parti. Elle n’a pas toujours eu la vie facile avec ses quatorze
gamins mais elle était admirable de courage.
Eux,ils ont sauvé leur
peau. Mais d’autres membres de la famille, des frères de Gavriil,
n’ont pas eu cette chance et traqués par la Tcheka, ont fini aux
Solovki, le premier camp, prélude à ceux du Goulag, ou fusillés...
Disparus...