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Accueil du site > Actualités > Economie > UNIROSS : un nouveau cas d’école ?

UNIROSS : un nouveau cas d’école ?

Crédit Lyonnais, Enron, ou Lehman Brothers, sont des noms qui résonnent pour vous comme une insulte aux principes de bonne gouvernance ? Gemplus ou Synodys vous rappellent tristement que des technologies de pointe françaises sont désormais la propriété de puissances étrangères, à la suite d’opérations orchestrées de main de maître par leurs services de renseignement ? Alors attendez-vous à entendre parler d’Uniross d’ici les prochains jours...

Le cas de cet emblème du savoir-faire français crée le buzz aussi bien sur les tribunes indépendantes que sur les sites « sentinelles » (journalisme citoyen, veille stratégique…). La blogosphère n’est pas en reste, un vent de mobilisation souffle sur ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Uniross ».

Uniross est le leader européen de la fabrication de piles et de batteries rechargeables, et a su malgré son indépendance, entrer dans le Top 3 mondial. L’entreprise a tout d’une véritable « success story » bien de chez nous : elle a été rachetée par sa propre équipe dirigeante en 2001, dans une période de difficultés et de restructuration interne, tandis que son propriétaire de l’époque souhaitait s’en séparer pour reconfigurer son portefeuille d’activités. Les managers d’alors montent une opération de LBO et se lancent dans l’aventure du rechargeable grand public.

Malgré la frilosité de certains investisseurs institutionnels, l’entreprise double son chiffre d’affaires en un an, pour atteindre des sommets de performance : son chiffre d’affaire annuel a été multiplié par cinq en seulement six ans ! Ces résultats s’expliquent notamment par un effort d’innovation sans relâche, qui a permis à la société de lancer le développement d’une technologie inégalée de pile à combustible en partenariat avec le CEA.
 
Seulement voilà : dès le début de l’année 2008, la crise financière fait des petits. Tandis que certains investisseurs d’Uniross font faillite, l’entreprise cherche en vain des financements provisoires en vue de procéder au lancement de ses nouveaux produits et de compenser, accessoirement, la hausse des cours du nickel. Mais d’après les nombreuses informations qui circulent, ses banquiers font la sourde oreille et, pis encore, exigent le remboursement de sommes colossales sur une période déraisonnablement courte.

Voici donc l’entreprise placée sous procédure de sauvegarde. Mais celle-ci ne règle pas le problème sur le fond, Uniross risque d’être placée début décembre en liquidation judiciaire. L’incompréhension touche aussi bien Christophe Gurtner, son PDG, que le simple journaliste citoyen que je suis. Encore que… A la lumière du faisceau d’indices, l’affaire n’est peut-être pas qu’une histoire de crise financière.

Malgré 30% de croissance par an, le développement de technologies clés pour la France, et un vaste réseau de distribution international, le titre Uniross a perdu 80% de sa valeur depuis le début de l’année. Il n’en faudrait guère plus pour que l’animal blessé n’attise la convoitise du chasseur peu « fairplay » ! Et le chasseur potentiel pourrait bien être l’un de ses principaux concurrents chinois, puisque la PME française a su conquérir la seconde place sur le marché asiatique au nez et à la barbe des géants régionaux. On ne peut que s’étonner de la rayonnante passivité des banques, à l’heure où certains fonds d’investissement prédateurs disposent des fonds propres suffisants pour se porter acquéreurs de la promotion exceptionnelle de l’année !

Une chose est certaine : une mise en liquidation judiciaire d’Uniross arrangerait certains financiers, ou devrais-je dire commerçants, dont la vocation n’est apparemment plus le financement de notre économie, mais la réalisation de marges sur des opérations d’achats-reventes. Par la même occasion, nul doute que le principal concurrent d’Uniross, un géant chinois, verrait en cette opération de braderie une immanquable occasion de faire coup double : racheter un concurrent devenu gênant, et s’accaparer -sans effort insurmontable-, une technologie française de pointe qui sera peut-être demain le cœur de nos véhicules propres. Je ne rapporte même pas la campagne de rumeurs qu’a subi le PDG d’Uniross, comme le rapportent certains articles du Net. Celles-ci auraient eu pour effet d’empêcher le jeune dirigeant de convaincre de nouveaux investisseurs éventuels !

Je conclurai donc en m’interrogeant sur quatre points. D’abord, l’annonce faite hier chez DAHER par le Président de la République est la bienvenue, mais on l’aurait souhaitée plus diligente. Le fonds stratégique d’investissement devrait être opérationnel courant décembre, mais sera-t-il encore temps de sauver Uniross ? Ensuite, peu de temps après le Grenelle de l’environnement, comment est-il concevable que rien ne soit fait pour protéger ces technologies dites sensibles, dans la mesure où elles concernent directement la souveraineté technologie et l’indépendance énergétique de notre pays ? Par ailleurs, comment se fait-il qu’en plein cœur de la crise financière, dont on sait qu’elle fait le bonheur des poches encore bien remplies, on n’ait jamais autant parlé de dépénalisation des affaires financières ? Pour terminer, où passent les centaines de milliards d’euros garantis par nos propres économies au bénéfice des banques ? Elément de réponse : les banques ne financent plus nos entreprises, mais le Wall Street Journal faisait mention il y a quelques jours de la volonté de BNP Paribas de racheter une banque de détail russe…

Uniross n’est qu’un cas parmi d’autres. Bien des entreprises saines, performantes et innovantes subissent aujourd’hui un incompréhensible décrochage entre la finance et les résultats de l’économie dite réelle. Notre société fait face à une double crise : non seulement il nous incombe de comprendre pour mieux réguler et, le cas échéant, assainir le système. Mais de surcroît, il nous faut désormais veiller à ce que les rôdeurs de la finance ne profitent pas de cette période d’errements pour piller un patrimoine technologique national, fruit d’intenses efforts de recherche, d’investissements conséquents, et parfois d’implications personnelles lourdes !


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23 réactions à cet article    


  • Internaute Internaute 22 novembre 2008 09:18

    De tous les griefs que vous avez contre le gouvernement et le système financier, le seul qui me paraisse justifié est la question de savoir où passent les centaines de milliards d’euros garantis par nos propres économies au bénéfice des banques.

    Pour le reste, les banquiers n’ont jamais eu pour vocation de soutenir l’industrie mais seulement de gagner des intérêts en plaçant de l’argent auprés des industriels, ce qui n’a rien à voir. De la même manière les fabricants de piles ont pour vocation de gagner de l’argent en vendant des piles et pas de subvenir aux besoins du clochard qui n’a plus de piles pour faire fonctionner sa radio.

    On paye un système qui donne une importance exagérée au financement par les banques alors qu’il faudrait donner la priorité au financement par l’épargne et l’actionnariat. Ceci suppose un changement profond de notre régime fiscal. Votre entreprise n’a pas à rembourser ses actionnaires contrairement à ses banquiers et serait donc en meilleure posture si elle avait levé du capital au lieu d’obtenir des crédits. L’autre facteur est la libre concurrence internationale qui pousse à la baisse continuelle des prix alors qu’il faudrait augmenter les marges pour que les entreprises puissent survivre. Il faut cloisonner les marchés. Que Uniross vende en Europe au prix européen les piles faites en Europe et vende en Chine les piles faites en Chine au prix chinois. C’est la seule solution durable. Pendant les années de vaches grasses, Uniross n’en a pas profité pour diminuer sa dette, ce qui est une méthode de gestion à la mode, mais la met aujourd’hui en difficultés.

    Ceci dit, je n’en sais pas plus sur Uniross que ce dit l’article et construit mon commentaire à partir de là.



    • c.leullier 25 novembre 2008 11:27

      Je pense au contraire que la vocaion première des banques est justement le financement de l’économie ! Il suffit pour s’en convaincre d’observer la réputation que se sont construit certains opérateurs historiques, qui jouissent d’une image de marque gage de leur rente ! Et le retour au protectionnisme est-il une solution, sachant qu’Uniross a pu créer des dizaines d’emplois en France grâce en grande partie à son internationalisation ? 

      Concernant Uniross, le problème n’est ni le mode de financement de l’entreprise (la levée de fonds par MBO a eu lieu il y a 7 ans...), ni un problème d’endettement à proprement parler : en effet, son chiffre d’affaire annuel a été multiplié par 6 en seulement 6 ans, et les prévisions de croissance de l’entreprise reflètent de loin sa capacité d’endettement. Le problème auquel est aujourd’hui confronté Uniross semble être un problème de couverture de son besoin en fonds de roulement, puisque la frilosité des banques aurait poussé l’entreprise à puiser dans ses bas de laine... J’ai trouvé d’autres sites qui parlent de l’affaire, et des articles à rapprocher du cas qui nous intéresse ici :

      http://eco.rue89.com/2008/11/20/uniross-une-pme-torpillee-par-ses-banquiers
      http://eco.rue89.com/2008/11/20/fonds-souverain-une-arme-anti-crise-de-petit-calibre
      http://www.infoguerre.fr/?p=1626


    • foufouille foufouille 22 novembre 2008 11:33

      la crise est pratique pour certains
      j’ignorais que nous avions encore des industries
      on va devenir un pays du tiers monde et devoir apprendre le chinoix
      comment on dit bwana en chinois ?


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 22 novembre 2008 12:07

        " Mais d’après les nombreuses informations qui circulent, ses banquiers font la sourde oreille et, pis encore, exigent le remboursement de sommes colossales sur une période déraisonnablement courte. " avez vous écrit,

        Encore un histoire de variation de durée d’un crédit. Evidemment que la hausse du taux du crédit, ou la réduction du délai de remboursement sont des armes condamnant l’entreprise à l’étranglement à terme. Il n’y a pas besoin d’aucun diplôme en économie pour comprendre cela.

        Dans une conjoncture favorable, les financements peuvent se détendre et permettre aux entreprises de privilégier l’investissement sur le remboursement. Cette souplesse aurait permis aux nombreux jeunes propriétaires d’immobiliers neufs de repousser quelques échéances au vu de leurs difficultés passagères.

        Mais tout ce système repose sur une confiance à très long terme que la conjoncture immédiate met en péril. Mais, qui sont les vrais moteurs de cette confiance, les élections américaines ou la croissance chinoise ? La formidable explosion des technologies ou la fin du monde proche ? Vivons nous plus une révolution technologique salvatrice ou sommes nous victime d’une ésotérisation maléfique ? Est-ce le portefeuille des millions de travailleurs quotidiens honnètes ou les viols permanents des mafias qui dominent les marchés ? Le plus puissant pays mondial sera-t-il le grand frère de l’umanité ou un prédateur pire que tout ?

        La grande perte de confiance actuelle en dit long sur ces questions en suspens...

        Mais, pour revenir à votre sujet, la plus grande véritable révolution de notre temps est la maison entièrement autome qui produit toute l’énergie dont elle a besoin y compris celle qui alimente la petite voiture légère sur un rayon de cent ou jusqu’à cinq cent kilomètres. Seulement, ceci réduit à zéro les nombreux abonnements qui contraignent actuellement l’humain à son administration. C’est donc cette technologie qui est la plus prisée de nos jours. Le captage des brevets et les entraves bancaires mettant en péril toute les tentatives d’éclosion de ces technologies alternatives, ( EV1, Tucker, etc..) témoignent du complot soigné exercé par les puissants.

        " Le cas de cet emblème du savoir-faire français crée le buzz aussi bien sur les tribunes indépendantes que sur les sites « sentinelles » (journalisme citoyen, veille stratégique…). La blogosphère n’est pas en reste, un vent de mobilisation souffle sur ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Uniross ».

        S’il est un domaine crucial qu’il faut absolument protèger et qui mérite de se mobiliser...c’est bien celui-ci !

        Lisa SION.


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 22 novembre 2008 12:18
          • Barrage de la grande distribution : les piles jetables sont les seules à être proposées largement au consommateur dans les "têtes de gondoles". Trouver des piles rechargeables relève du parcours d’obstacles, confinées dans un hypothétique coin bricolage.
          • Barrage des banques, ensuite, qui n’ont que faire de financer une PME pour quelques centaines de milliers d’euros dans les technologies critiques quand on peut gagner des milliards au casino mondial de la finance. D’autant plus que Christophe Gurtner, patron de l’entreprise n’appartient pas aux cercles de "l’establishment" et n’est pas le "copain" d’hommes politiques puissants.

          J’ai trouvé ce complément édifiant sur éco 89.


        • foufouille foufouille 22 novembre 2008 13:51

          l’autre barrage est que les piles rechargeables ont un voltage plus faible. 1.2 au lieu de 1.5v
          les chargeurs les plus sont tres bas de gamme et a charge rapide, ce qui diminuent la duree de vie des accus


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 22 novembre 2008 15:53

          @ foufouille, 

          Peux-tu développer ou faire un article sur le sujet, ça m’interresse, merci. L.S.


        • foufouille foufouille 22 novembre 2008 16:42

          les appareils electriques admettent une variation de voltage de 10% en voltage. en dessous la source de courant cauffe, au dessus c’est l’appareil qui chauffe
          hors les piles rechargeables font 1.2v au lieu de 1.5. il y a donc un manque de 0.3v a chaque unite de batterie
          certains clavier demande 4.5v. 3 piles rechargeables feront 3.6v. des fois ca marche donc pas ou mal
          et surtout moins longtemps car la consommation en watt est la meme

          cette technique est egalement utiliser pour griller les appareils apres X heure d’utilisation
          un modem (ou autre) est fourni avec un transformateur (la petite boite noire que l’on branche sur le secteur) sous dimensionne
          le transfo delivre 10w, l’appareil en demande 15. le transfo qui est pas prevu pour sortir autant de watt chauffe.
          la resine qui recouvre les fils de cuivres de la bobine du transfo finit par fondre, augmentant ainsi le voltage
          le modem lui recoit maintenant trop de voltage. c’est son tour de chauffer plus. les composants finissent par griller
          il ne fonctionne donc plus

          c’est les bases de l’electronique p=uxi


        • foufouille foufouille 22 novembre 2008 16:53

          pour les piles rechargeables et le chargeur
          il ne faut acheter le petit qui est un chargeur rapide. la charge se fait en quelques heures a fort amperage
          la pile chauffe ce qui reduit sa duree de vie de 10x ou plus
          solution acheter le chargeur en bas du rayon qui est plus gros a 10€
          en charge lente, ca peut prendre 3jrs. il faut aussi decharger la pile avant la charge
          ce type de chargeur est utile jusqu’a 600 (ma/h)

          pour les piles rechargeable modernes, il faut investir ds le plus gros (50€ mini)
          un chargeur intelligent reconnait le type de pile. ni-cd, ni-mh ou li-ion. il decharge la pile puis charge progressivement et detecte la fin de charge
          il peut aussi faire un cycle de netoyage (utile pour les vieilles ni-cd). charge-decharge plusieurs fois
          si une pile rechargeable chauffe trop, cas de la charge rapide simple, elle finit par "claquer"


        • Marc Bruxman 22 novembre 2008 20:11

          Il ne faut pas réver, le banquier qui prête du fric pour un LBO (puisque c’est de cela qu’il s’agit) sait très bien qu’il a de fortes chances de ne pas le revoir surtout si les bénéficiaires ne semblent pas avoir fait "ce qu’il faut" (sachant que le ce qu’il faut n’est pas dans l’intérêt social). Ils sont généralement très durs avec ce type de crédit car ils veulent limiter au maximum leur perte. 

          De plus les crédits de type "LBO" sont souvent à taux variable et les conditions de remboursement draconiennes (remboursement sur une courte période presque toujours obligatoire). Si ces conditions n’étaient pas imposées et acceptées aucune banque ne voudrait préter pour un LBO car c’est beaucoup trop risqué. 


        • Marc Bruxman 22 novembre 2008 20:44

          Autre chose à prendre en compte qui est spécifique au marché technologique, c’est l’effet de levier très grand des investissements.

          Il n’est pas rare de voir une boite de techno valorisée à 100 ou 200 fois les bénéfices ce qui veut dire qu’il faudrait à un investisseur plus d’un siècle pour revoir son fric. Tout cela c’est à cause de la croissance très rapide de ces entreprises. 

          Et donc si vous avez une boite de technologie et une techno intéréssante, vous pouvez trouver beaucoup d’argent et souvent même au dela de vos capacités de remboursement. C’est un pari sur l’avenir. Celui qui vous prête le fric pense que grâce à cette thune votre boite va croître tellement vite qu’il va récupérer 1000 ou 2000 fois la mise. D’une certaine façon c’est grâce à cela que la technique avance aussi vite : Parce qu’il y a un afflux de pognon sur le secteur qui permet un développement extrémement rapide. C’est le coté positif du système.

          Mais si vous avez une telle boite et qu’il devient apparent que vous ne pourrez tenir vos promesses, alors la réaction des investisseurs change du tout au tout, et ce systéme financier qui a été votre allié à l’origine devient alors votre pire ennemi et généralement à partir de ce moment la, soit votre boite trouve un acquéreur rapidement, soit elle est condamnée. C’est le coté négatif du système. 

          Mais au final pour l’instant, le secteur technologique et ses salariés ont toujours étés gagnant dans ce système malgré ses défauts. Quand je regarde mon expérience je m’apperçois que les salaires, les conditions de travail et de tout ce qui est mon quotidien dans mon secteur d’activité n’ont pas l’air d’être partagés ailleurs. 

          (Je serai beaucoup moins ethousiaste sur les LBO). 


        • Romain Desbois 8 décembre 2008 07:03

          Déjà je ne comprends pas que nombre d’objet soient encore alimentés par des piles jetables alors que l’on sait faire en solaire (comme des montres par exemple).
          Alors que le consommateur paie le recyclage des piles (inclus dans le prix d’achat), Que choisir il y a Trois quatre ans, dénonçait l’incurie du système de collecte et de recyclage qui bon an mal an ne récupérait même pas 50% des piles usagées.
          Contacté à l’époque, le minitère de l’écologie de Nelly Ollin m’a répondu que tout allait bien et que cela était satifaisant.

          Pour l’entreprise, il est vrai que le tissu français est fragil car trop dépendant des monstres du CAC40 (dont elles sont souvent que des filliales de sous traitance). La transformation en coopérative pourrait être la solution pour nombre d’entre-elles , pas très en vogue france (La plus célèbre est les lunetiers Atoll mais peu savent que c’est une coopérative). C’est pourtant une expérience humaine passionnante.


        • zelectron zelectron 22 novembre 2008 16:04

          Un triste exemple :
          c’était son nom, Société Générale pour favoriser le commerce et l’industrie en France : elle s’appelle aujourdhui SocGen

          A propos l’industrie, le commerce, l’artisant, l’agriculture n’ont toujours pas le droit de fonder une banque mutuelle protégeant leurs intérêts, les organismes financiers actuels s’y opposent avec tour à tour energie, hypocrisie, manoeuvres douteuses, chantages divers et variés....


          • Proudhon Proudhon 22 novembre 2008 18:49

            Il existe quand même le Crédit Coopératif qui se démarque dans sa logique banquaire. Le problème vient plutôt des gens qui continuent malgré tout de laisser le peu d’argent qu’ils détiennent au mains des banques traditionnelles.


          • Bof 22 novembre 2008 21:25

            @ zelectron : Vous écrivez : " l’industrie, le commerce, l’artisant, l’agriculture n’ont toujours pas le droit de fonder une banque " et bien je pense que ce n’est pas tout à fait exact. Il y a eu l’Union Meunière qui a formé une banque ....mais, il faut bcp trop d’argent ! voilà le problème je crois.


          • Romain Desbois 8 décembre 2008 07:17

            mieux encore que le crédit coopératif, la NEF !
            Là pas de risque de subprime !!!!!


          • Marc Bruxman 22 novembre 2008 20:07

            L’entreprise a tout d’une véritable « success story » bien de chez nous : elle a été rachetée par sa propre équipe dirigeante en 2001, dans une période de difficultés et de restructuration interne, tandis que son propriétaire de l’époque souhaitait s’en séparer pour reconfigurer son portefeuille d’activités. Les managers d’alors montent une opération de LBO et se lancent dans l’aventure du rechargeable grand public.

            Il parait indispensable d’expliquer au lecteur c’est qu’un un LBO (Leverage Buy Out) ou dans le cas présent un LMBO vu qu’il vient de l’intérieur de la boite. 

            Donc un LBO :
            Trouvez une boite saine et très rentable. Allez voir votre banquier en lui disant que vous êtes l’homme de la situation et ... bénéficiez de 90% de réduction sur la valeur de cette boite très rentable ! Comment ? Et bien c’est très simple ! Au lieu que VOUS preniez un crédit pour racheter la boite, vous rachetez la boite et c’est la boite elle même qui prend le crédit pour rembourser. Le mec qui vous vend la boite est content (vous ne négociez pas trop les prix vu que ca ne vous coute rien) et VOUS êtes contents car vu que vous avez acheté ca 10% de sa valeur, même si ca en perd 50% vous aurez encore gagné plein de fric. Dans l’histoire, le grand perdant est .... les salariés. 

            On étudie en école de commerce ou toutes formations assimilées comment faire un LBO. Ca ne se fait pas dans la finesse. La boite avait beau être super rentable avant, elle est maintenant super endettée. Et donc il faut la redresser. Alors la il faut d’une part avoir de la chance et des conditions économiques favorables (c’était le cas) mais ne pas avoir peur de se conduire en véritable enfoiré. Il faut réduire les coûts comme un porc. Cela se fait en rognant sur TOUT. Bien sur cette réduction des couts va détruire l’innovation et les futurs produits. C’est pour ca qu’elle doit être extrémement aggressive de façon à profiter des produits déja développés et ramener du profit financier. Au bout de quelques années (pas trop sinon le manque de développement produit va se voir), vous trouvez un pigeon pour vous racheter l’entrprise et vous empochez une plus value malsaine. 

            Un groupe de salariés de l’entreprise qui fait cela en croyant bien faire pour la boite n’a surement pas intégré cet aspect très déstructeur du LBO (ils sont peut être parti d’un bon sentiment comme beaucoup de gens qui font des LBO parce qu’ils révent d’être proprio d’entreprise). Mais ce mode d’acquisition ne pardonne pas et sauf cas exceptionnel il faut avoir une gestion très dure pour ne pas couler la boite. 

            A lire votre histoire c’est malheureusement ce qui s’est passé ici. 

            Pour le reste, que les chinois rachètent la boite n’est pas forcément un mal. Le mal a été fait lors du LBO et de la probable mauvaise gestion qui s’en est suivi. (Ou plutot gestion inadapté au LBO qui précéde parce que la gestion qui suit un LBO ne peut pas être considéré comme bonne). 



            • foufouille foufouille 22 novembre 2008 21:14

              exemple tres lisible
              ca montre la folie de certains
              merci bruxman


            • wesson wesson 23 novembre 2008 02:16

              Bonsoir M. Bruxmann,

              je croyais pas avoir à écrire cela, mais vous avez parfaitement raison. Rien à rajouter à votre propos.

              Je me permet d’élargir un peu le champ. Les LBO ne sont finalement que la consécration de l’emprise du capitalisme financier sur l’industrie. C’est un formidable levier obligeant toute entreprise l’utilisant à bazarder toute vélléité de croissance, de développement durable en la focalisant sur un seul et unique but, un ROE (Return On Equity - Retour sur investissement) à court terme maximal.

              Bref, si il faut massacrer un outil de travail pour obtenir 1 ou 2 % de rentabilité financière en plus, il n’y aura pas le soupçon d’une hésitation, même si cela conduit à des licenciements massifs.

              Car le joli monde des LBO, ce n’est rien d’autre que cela.


            • Marc Bruxman 23 novembre 2008 03:26


              Merci. A la base cet article m’a pas mal énervé parce que ca disait en gros, "ca coule c’est mal les chinois vont racheter" et que cela passait sous silence la très probable principale raison à savoir le LBO (ou ceux qui l’ont pratiqués passaient presque pour des gentils). 

              Je me permet d’élargir un peu le champ. Les LBO ne sont finalement que la consécration de l’emprise du capitalisme financier sur l’industrie.

              A l’origine non ! Le but de cette pratique était de permettre la transmission d’une entreprise entre personne physique lorsqu’un entrepreneur prenait sa retraite. Vous trouviez un mec compétent mais peu fortuné qui rachetait l’entreprise par ce biais. Les premiéres opérations datent au minimum des années 70, même si la pratique n’était alors pas nommée. Mais jusqu’à l’an 2000 environ, la plupart des LBO étaient réalisés avec des ratios d’endettement supportables. Et il y a pas mal de cas durant la période initiale ou cette pratique a été favorable à tout le monde. (Car souvent il valait mieux pour les salariés être rachetés par un entrepreneur local que d’être racheté par un grand groupe lors d’une transmission d’entreprise). 

              Le problème c’est quand les fonds de Private Equity (investissement dans des boites non cotées en bourse) se sont mis à utiliser le LBO de façon industrielle. L’outil ne change pas, mais les ratios d’endettement eux étaient modifiés. Les premiéres opérations étant des succès, la pratique a été poussée à son maximum, atteignant le paroxysme de la connerie après l’an 2000 quand des boites subissaient des LBO de LBO. (Ce qui est l’équivalent de prendre un Sofinco pour rembourser un Cofidis) et que les ratios d’endettement imposés étaient proprement délirants. Le sommet de la folie LBO ayant été atteint entre 2005 et 2007 ou des opérations toutes plus délirantes les unes que les autres ont vu le jour. 

              La ou il y a une morale c’est que la plupart de ces fonds ont depuis perdus beaucoup d’argent et que la pratique est actuellement virtuellement arrétée ou tout au moins les excés se sont calmés depuis début 2008. Bref, le marché aura finalement régulé de lui même cette pratique et on devrait avoir la paix pour quelques temps et revenir à une utilisation plus responsable de l’outil. 

              C’est un formidable levier obligeant toute entreprise l’utilisant à bazarder toute vélléité de croissance, de développement durable en la focalisant sur un seul et unique but, un ROE (Return On Equity - Retour sur investissement) à court terme maximal.

              Oui sauf dans quelques rares cas ou c’est un outil politique pour changer de façon musclée une culture d’entreprise trop rétive au changement (le cas a existé aussi). Et dans ce cas, une fois le choc passé et la réforme faite, le nouvel endettement peut s’avérer très supportable et la boite repart. Pour donner un exemple, il y a parfois des cultures d’entreprises très conservatrices dans certaines PME et dans certaines boites au début des années 90, rien qu’installer une machine à commande numérique dans l’atelirer provoquait protestations et refus. Ou d’autres dans les années 80 ou les employés du bureau d’étude refusaient la CAO (cas m’ayant été rapporté personellement par une personne de confiance). A ce stade, malheureusement, seul un choc permet parfois de débloquer la situation quand toutes les autres méthodes ont été employées. 

              Tout ca pour dire qu’il n’y a pas QUE des mauvaises utilisations des LBO, même si les mauvaises utilisations ont été très largement majoritaire dans la période allant de 2000 à 2007. 

              Bref, si il faut massacrer un outil de travail pour obtenir 1 ou 2 % de rentabilité financière en plus, il n’y aura pas le soupçon d’une hésitation, même si cela conduit à des licenciements massifs.


              Le problème n’est pas tant les licenciements en tant que tels mais la destruction de l’outil de travail via :

              • L’arrêt de toute maintenance non strictement nécéssaire sur le matériel. (Malheureusement vu). 
              • L’arrêt de toutes les opérations de recherche et développement. 
              Des fois il peut être nécéssaire de licencier dans une entreprise, mais saborder son service R&D est la plus sure façon d’aller à la ruine. 

              Après, des entrepreneurs prêts à détruire une boite pour un profit immédiat, il y en a malheureusement toujours eu. Bernard Tapie n’a pas eu besoin de LBO ou d’outils financiers complexes et il a pourtant fait fortune comme cela. Il y a des dizaines de personnes dans l’histoire qui ont fait beaucoup d’argent en reprenant un outil de travail et en le saignant au maximum. 

              Le problème c’est qu’interdire complétement les LBO serait une erreur car l’outil sait être utile lorsqu’il est utilisé de façon raisonable. Il est assez difficile si vous regardez les cas qui ont marchés ou pas de fixer des conditions "limites" à ne pas dépasser, chaque entreprise étant un cas unique. 

              Après qu’il y ait des enculés est une autre affaire, il y en a beaucoup dans les fonds d’investissement et j’en sais quelque chose puisque mon secteur (tech) en est très dépendent. Mais la vérité est que ces mêmes fonds font partie de l’écosystéme et que l’on ne peut pas s’en passer. Et que si l’on me demandait de fixer des régles précises je ne saurais pas dire lesquelles. Parce que ce qui serait inacceptable pour mon entreprise et même pour la plupart des entreprises est parfois très adapté à un cas particulier. Et qu’il ne faut donc pas se l’interdire. 




            • Walid Haïdar 24 novembre 2008 02:54

              Marc Bruxman, je saute sur l’occasion de ce cas particulier pour essayer de convaincre le libéral que vous êtes, que l’intervention d’une conscience collective sur les marchés n’est pas une mauvaise chose.

               Vous venez d’expliquer que la régulation est souhaitable pour la majorité des cas mais que la loi est juste un outil inadapté car lésant certains cas particuliers. (je résume ainsi votre propos car pour moi, une auto-régulation post traumatique est moins souhaitable qu’une régulation intelligente qui anticipe le naufrage).

              Ca ne veut pas dire qu’il ne faut pas agir globalement sur le système (par un système d’incitations, voire des lois), ça veut dire qu’il faut que le système d’incitations doit être le plus à même de favoriser les bons comportements, et tant pis pour les défauts et les cas particuliers lésés (la perfection n’existe pas).

              Si la jungle ou le "chacun fait ce qui lui semble intéressant" conduit à des naufrages, autant réguler en lésant certains pour éviter les naufrages.

              Devant la complexité, le crétin formate tout, le flemmard intellectuel regarde les intérêts se déchaîner, le sage tâche de comprendre le mieux possible (et donc réfléchit avec tous) pour poser un cadre souple et dynamique (intelligent) en vue d’éviter que la liberté de chacun oublie de considérer que nous avons tous, aussi, intérêt à ce que les comportements destructeurs, entropiques, résultant de la défense d’intérêts trop gourmants, soient faiblemet représentés dans la masse des comportements des acteurs.

              Il est crétin de croire qu’on peut réguler des systèmes complexes à l’aide de cadres rigides, mais il est profondément stupide de croire que laisser faire fera par miracle émerger une organisation non catastrophique.

              Il est intellectuellement lâche de s’arrêter à la conviction qu’il n’y a rien de mieux à faire que rien.

              Autrement dit, l’état, la démocratie, a son mot à dire en économie, car le marché existe pour l’homme et par l’homme, et qu’il est absurde d’inverser ce qui est la source et ce qui est accessoire.


            • wesson wesson 24 novembre 2008 08:43

              Bonjour M. Bruxmann,

              "A l’origine non ! Le but de cette pratique était de permettre la transmission d’une entreprise entre personne physique lorsqu’un entrepreneur prenait sa retraite"

              C’est là ou notre opinion diverge, et où je ne risque pas de vous convaincre.

              Pour moi tout ceci se résume à un rapport de force. Lorsqu’une force s’exerce, elle le fait au maximum de ses possibilités, jusqu’à rencontrer une force supérieure qui va la contraindre. C’est un principe physique qui se vérifie dans tous les cas.

              Le corrolaire financier de ce principe est que, si vous établissez une loi dans une intention louable, mais que votre loi ne prévoit pas de garde-fou contre ses dérives, alors elle va dériver, aussi invariablement que l’eau s’écoulerai de votre main recourbée.

              Comme je ne peut considérer que les législateurs n’ai pas eu les moyens d’entrevoir les dérives de la législation sur les LBO, pour moi la transmission de l’entreprise n’était qu’un prétexte, le but réel étant une pompe à finance, au détriment de l’outil industriel, et cela dès le départ.

              Quelque fut l’intention initiale du législateur, ce n’est finalement pas important, nous avons vu ce que ça a donné. Certes les choses se sont un peu calmés, mais plutôt par manque de carburant que par volonté de régulation. A la prochaine embellie financière, tout recommencera quitte à refaire une belle bulle. 

              C’est pourquoi il FAUT sévèrement encadrer cette pratique, voire les proscrire dans les cas les plus évident de pompage financier.


            • Lisa SION 2 Lisa SION 2 1er décembre 2008 01:51

              rendez vous compte, l’avenir de ce maillon crucial, développé sans le concours de la recherche publique, indépendant, témoin brillant et autodidacte, né de la liberté d’électrons libres et de la confiance des banques en un concept vital, judicieusement inclus dans toute la chaine de la filière électronique en flèche, en expansion logarithmique au vu des croissances des cent vingt pays en demande, se joue le 1er décembre 17h.

              Les seatting-perspectives d’évolution technologiques croissent à une vitesse toujours plus proche de la lumière, chaque nouvel appareil individuel lié à la filière, se voit immédiatement ouvert un marché considérable au point que son prix de vente n’importe peu. A delà de deux, trois ou quatre milliards de clients potentiels, même à un centime d’euros, l’affaire est rentable, sauf en cas de passage par un palais de justice. Les prix des caméras commencent aujourd’hui chez nous autour de dix euros, c’est à dire qu’ils sont fabriqués dans un pays émergeant pour dix centimes, voire un seul. Elles sont d’une qualité encore moindre, mais l’évolution est si rapide que l’on peut considérer avec confiance le cap professionnel atteint très bientôt et surtout, accessible à tous. http://www.rue89.com/chinatown/les-etats-unis-bloquent-un-investissement-high-tech-chinois. Si le mieux est l’ennemi du bien, le Môle est le pire des meaux

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