Pierre Muller
En 2005, je m’aperçois que ma commune vient d’acheter des "machines à voter" (terme trompeur qui masque leur nature informatique) du même fabricant Nedap que l’Irlande a suspendu l’année précédente (en 2006, ce pays a
finalement jugé ses 7500 ordinateurs inutilisables, ils dorment toujours dans leurs entrepôts). En France, l’administration assène que "tout est parfaitement sûr", les communes distillent une
étonnante communication prétendant qu’il ne s’agit pas du tout d’ordinateurs... estomaquant l’informaticien que je suis. Je constate que mes inquiétudes sont largement partagées dans la communauté des informaticiens. Des
travaux scientifiques étrangers confirment mon analyse. L’épais brouillard de secret industriel qui nappe le vote électronique ne fait rien pour me rassurer.
Je fonde alors le mouvement d’alerte citoyenne
Ordinateurs-de-vote.org. En 2006, plusieurs communes sont convaincues d’abandonner leur projet d’équipement en ordinateurs de vote. L’élection par Internet de l’Assemblée des Français de l’Étranger
est critiquée. Une
pétition lancée en 2007 rassemble plus de 100 000 signatures. La grande majorité des candidats à la présidentielle
expriment leur opposition. Des
actions juridiques sont lancées.
En 2008, tout nouvel équipement a été gelé par le Ministère de l’Intérieur, mais la seconde génération se prépare, et le vote par Internet se répand rapidement dans la sphère professionnelle.