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Pierre Muller

Pierre Muller

 
En 2005, je m’aperçois que ma commune vient d’acheter des "machines à voter" (terme trompeur qui masque leur nature informatique) du même fabricant Nedap que l’Irlande a suspendu l’année précédente (en 2006, ce pays a finalement jugé ses 7500 ordinateurs inutilisables, ils dorment toujours dans leurs entrepôts). En France, l’administration assène que "tout est parfaitement sûr", les communes distillent une étonnante communication prétendant qu’il ne s’agit pas du tout d’ordinateurs... estomaquant l’informaticien que je suis. Je constate que mes inquiétudes sont largement partagées dans la communauté des informaticiens. Des travaux scientifiques étrangers confirment mon analyse. L’épais brouillard de secret industriel qui nappe le vote électronique ne fait rien pour me rassurer.

Je fonde alors le mouvement d’alerte citoyenne Ordinateurs-de-vote.org. En 2006, plusieurs communes sont convaincues d’abandonner leur projet d’équipement en ordinateurs de vote. L’élection par Internet de l’Assemblée des Français de l’Étranger est critiquée. Une pétition lancée en 2007 rassemble plus de 100 000 signatures. La grande majorité des candidats à la présidentielle expriment leur opposition. Des actions juridiques sont lancées.

En 2008, tout nouvel équipement a été gelé par le Ministère de l’Intérieur, mais la seconde génération se prépare, et le vote par Internet se répand rapidement dans la sphère professionnelle.

Tableau de bord

  • Premier article le 30/05/2006
  • Modérateur depuis le 24/11/2008
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Derniers commentaires



  • Pierre Muller Pierre Muller 26 août 2006 11:37

    @candidat007

    J’ai été assesseur lors du dernier référendum. C’était avec des machines à voter, et je n’ai pas aimé du tout. J’avais l’impression de jouer dans une pièce de théâtre. L’appareil crache le matin un ticket avec un zéro dessus, et on nous demande de le signer, certifiant ainsi que l’“urne” est vide. Le soir, un autre ticket sort avec les résultats dessus. Ensuite le PV des résultats est rédigé, et on remballe vite la machine.

    J’ai refusé de signer ce PV, car je ne savais rien de la machine : je ne savais pas ce qui était censé y être (c’est un secret industriel), ni même ce qui y était réellement, puisqu’on ne fait aucune vérification de ce que contiennent les machines. Etre informaticien ne m’a aidé en rien, si ce n’est à prendre conscience de la vacuité de toutes ces procédures.

    D’autre part, j’ai observé (en étant physiquement présent) le vote par Internet qui s’est tenu en juin. Le sentiment d’une pièce de théâtre était encore plus fort. Le vote a duré 6 jours : il fallait donc organiser des tours de garde entre les assesseurs. Cela s’est fait le premier jour : je me souviens qu’une des assesseurs, très inquiète, a répété à plusieurs reprises : « vous me donnez les horaires que vous voulez, mais je ne veux surtout pas être présidente du bureau ».

    A la fin de l’élection, deux des assesseurs, les plus compétents en informatique, un de chaque bord politique, ont exprimé une longue liste de réserves en signant le PV de résultats (je travaille à publier ce PV).

    Les trois experts ont confirmé qu’aucun contrôle n’était possible par les assesseurs. Vous aimez Magritte ? Alors lisez celui-là.

    L’auteur de cet article habite le Havre, ville qui s’est équipée l’année dernière en machines à voter. Je serai curieux d’avoir son avis dessus. C’est stimulant d’imaginer tous les systèmes de vote électronique possibles (mais des universitaires y travaillent depuis des années...), mais il faudrait se coltiner avec ce qui se fait réellement, en ce moment et sous nos yeux souvent indifférents.

    Pierre Muller,
    webmestre de www.recul-democratique.org
    Citoyens et informaticiens pour un vote vérifié par l’électeur



  • Pierre Muller Pierre Muller 23 août 2006 10:26

    @yan essal

    le vote peutêtre ouvert pour les électeurs qui le demandent , certains électeurs dont je suis ne craignent pas d’affirmer publoiquement leur vote

    « Le vote public, présenté malheureusement encore par certains comme démocratique, est pourtant réservé aux situations révolutionnaires ou aux régimes totalitaires. Il n’est, en aucun cas, compatible avec l’État de droit. »

    « Ne prendre qu’un seul bulletin par exemple - celui que l’on va utiliser - est une atteinte évidente au secret du vote. Même si cette pratique est fréquente elle n’en reste pas moins condamnable et il appartient au juge électoral d’en rappeler l’interdiction.

    La seule exception que l’on peut admettre parce qu’elle ne remet pas en cause le secret du vote c’est le choix unique effectué par l’un des candidats pour lui-même (ce qui n’est pas forcément très élégant...) ou encore par une personnalité politique aux opinions bien connues. »

    selon les cahiers du Conseil Constitutionnel.

    Il y a aussi un passage intéressant sur toutes les actions qui avaient entouré le vote du 2ème tour de la présidentielle 2002 (décontamination du bureau de vote, marcher à reculons...).

    En fait le vote public, c’est la porte ouverte à la vente de votes.

    Imaginons une machine à voter qui délivre automatiquement une attestation de vote papier .

    C’est ce que sont en train de mettre en place les Etats-Unis (27 états ont rendu cela obligatoire). Mais ce n’est pas si simple que cela en a l’air. Ce pays peut difficilement se passer de vote électronique, car une élection générale, c’est 10 ou 20 choix faits par l’électeur (députés et sénateurs fédéraux + de l’état, shérif, procureur, quelques référendums...).

    Essayons de réfléchir aux avantages apportés par les machines à voter. Ils ne me paraissent pas bien consistants au vu des risques en balance.

    Je ne mentionne pas le vote par Internet, car le concept d’impression d’un bulletin vérifié par l’électeur ne fonctionne pas dans ce cas.

    Pierre Muller,
    webmestre de www.recul-democratique.org
    Citoyens et informaticiens pour un vote vérifié par l’électeur



  • Pierre Muller Pierre Muller 23 août 2006 01:45

    Pour ceux qui se demandent ce qu’il y a derrière l’image qui illustre l’article, la réponse est cette animation rigolote.



  • Pierre Muller Pierre Muller 23 août 2006 01:42

    Je suis moi aussi informaticien, comme beaucoup de ceux qui ont posté ici. Mais je ne vais pas m’en prévaloir pour donner du poids à mon opinion sur le vote électronique. Mes connaissances, dans la moyenne des informaticiens, me servent à comprendre ce qu’écrivent les experts du sujet, pour la plupart des universitaires américains, ou des spécialistes en sécurité comme Bruce Schneier.

    Je rappelle d’abord qu’il y a deux familles de vote électronique : les ordinateurs qu’on place dans les bureaux de vote à la place des urnes (nom officiel : machines à voter) et le vote par Internet. Je pense que personne ici n’attend grand chose des machines à voter, même les défenseurs du vote électronique qui espèrent les avantages de la démocratie directe.

    Les machines à voter ont pour but d’alléger (un peu) la logistique de l’organisation des élections par les municipalités. Elles ne permettent guère de multiplier les scrutins. Ce sont pourtant elles qui sont déjà utilisées, et qui vont l’être de plus en plus dans l’immédiat. C’est de l’informatique de qualité très ordinaire, et aucun de leurs fabricants n’a jamais songé à prouver son logiciel.

    Il y en a même qui utilisent de la cryptographie sans rien y connaitre, juste pour avoir l’air sérieux, comme le raconte le Pr Doug Jones : « They were happy to assert that they used the Federally approved Data Encryption Standard, but nobody seemed to understand key management, in fact, the lead programmer to whom my question was forwarded, by cell-phone, found the phrase key management to be unfamiliar and he needed explanation. On continued questioning, it became apparent that there was only one key used, company wide, for all of their voting products. The implication was that this key was hard-coded into their source code ! »

    Parlons-donc du vote par Internet. Justement une telle élection s’est tenue ce mois de juin en France. Ce fût l’occasion de prendre conscience que c’est une technologie immature, et pour longtemps. On a aussi réalisé que les assesseurs ne pouvaient exercer aucun contrôle. Trois rapports ont été produits, et tous ont rappelé l’existence du rapport SERVE, du nom du système de vote par internet conçu pour les militaires américains. Ce rapport a conduit à l’abandon de ce système sans même qu’il soit utilisé. Qu’on redoute le vote par Internet, ou qu’on l’espère, ce n’est pas réaliste en l’état actuel de la science.

    Concernant l’avénement espéré de la démocratie directe, j’ai du mal croire qu’une technologie puisse résoudre miraculeusement les problèmes de notre démocratie. Rien n’empêche de déjà multiplier les référendums avec le vote traditionnel, et même de poser plusieurs questions le même jour. Ce serait un peu coûteux, mais on ne parle pas en milliards, et quel est le prix de la démocratie ? Le dépouillement de referendums n’est pas très long : 45 minutes m’a-t-on dit à l’occcasion du celui de 2005 (5 minutes en ce qui me concerne... c’était des machines à voter). Au pire des machines d’aide au dépouillement, du type compteuses de billets de banque, pourraient être utilisées (en les auditant par des recomptes aléatoires).

    Enfin, pour agir contre la mise en place des machines à voter, nous avons besoin d’aide. Nous ne sommes pas nombreux, et le temps presse : déjà environ un million d’électeurs concernés, et beaucoup d’achats vont se décider avant la fin de l’année. C’est peut-être encore le temps de la parole... mais il ne faudrait pas qu’il dure trop longtemps.

    Pierre Muller,
    webmestre de www.recul-democratique.org
    Citoyens et informaticiens pour un vote vérifié par l’électeur



  • Pierre Muller Pierre Muller 23 août 2006 01:36

    Je suis moi aussi informaticien, comme beaucoup de ceux qui ont posté ici. Mais je ne vais pas m’en prévaloir pour donner du poids à mon opinion sur le vote électronique. Mes connaissances, dans la moyenne des informaticiens, me servent à comprendre ce qu’écrivent les experts du sujet, pour la plupart des universitaires américains, ou des spécialistes en sécurité comme Bruce Schneier.

    Je rappelle d’abord qu’il y a deux familles de vote électronique : les ordinateurs qu’on place dans les bureaux de vote à la place des urnes (nom officiel : machines à voter) et le vote par Internet. Je pense que personne ici n’attend grand chose des machines à voter, même les défenseurs du vote électronique qui espèrent les avantages de la démocratie directe.

    Les machines à voter ont pour but d’alléger (un peu) la logistique de l’organisation des élections par les municipalités. Elles ne permettent guère de multiplier les scrutins. Ce sont pourtant elles qui sont déjà utilisées, et qui vont l’être de plus en plus dans l’immédiat. C’est de l’informatique de qualité très ordinaire, et aucun de leurs fabricants n’a jamais songé à prouver son logiciel.

    Il y en a même qui utilisent de la cryptographie sans rien y connaitre, juste pour avoir l’air sérieux, comme le raconte le Pr Doug Jones : « They were happy to assert that they used the Federally approved Data Encryption Standard, but nobody seemed to understand key management, in fact, the lead programmer to whom my question was forwarded, by cell-phone, found the phrase key management to be unfamiliar and he needed explanation. On continued questioning, it became apparent that there was only one key used, company wide, for all of their voting products. The implication was that this key was hard-coded into their source code ! »

    Parlons-donc du vote par Internet. Justement une telle élection s’est tenue ce mois de juin en France. Ce fût l’occasion de prendre conscience que c’est une technologie immature, et pour longtemps. On a aussi réalisé que les assesseurs ne pouvaient exercer aucun contrôle. Trois rapports ont été produits, et tous ont rappelé l’existence du rapport SERVE, du nom du système de vote par internet conçu pour les militaires américains. Ce rapport a conduit à l’abandon de ce système sans même qu’il soit utilisé. Qu’on redoute le vote par Internet, ou qu’on l’espère, ce n’est pas réaliste en l’état actuel de la science.

    Concernant l’avénement espéré de la démocratie directe, j’ai du mal croire qu’une technologie puisse résoudre miraculeusement les problèmes de notre démocratie. Rien n’empêche de déjà multiplier les référendums avec le vote traditionnel, et même de poser plusieurs questions le même jour. Ce serait un peu coûteux, mais on ne parle pas en milliards, et quel est le prix de la démocratie ? Le dépouillement de referendums n’est pas très long : 45 minutes m’a-t-on dit à l’occcasion du celui de 2005 (5 minutes en ce qui me concerne... c’était des machines à voter). Au pire des machines d’aide au dépouillement, du type compteuses de billets de banque, pourraient être utilisées (en les auditant par des recomptes aléatoires).

    Enfin, pour agir contre la mise en place des machines à voter, nous avons besoin d’aide. Nous ne sommes pas nombreux, et le temps presse : déjà environ un million d’électeurs concernés, et beaucoup d’achats vont se décider avant la fin de l’année. C’est peut-être encore le temps de la parole... mais il ne faudrait pas qu’il dure trop longtemps.

    Pierre Muller,
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    Citoyens et informaticiens pour un vote vérifié par l’électeur

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