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Commentaire de Aube

sur Et si Royal était (un peu) révolutionnaire ?


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Aube Aube 18 juin 2008 22:41

@ Mako :

"La criminelle," comme vous y allez.... Tout choix humain comporte des avantages et des inconvénients. Les conséquences peuvent en être parfois dévastatrices, surtout si on occupe de hautes fonctions. A mon sens, je ne considérerai jamais comme criminelle une personne qui avait agi avec une conscience universelle, c’est à dire une personne qui avait cherché à concrétiser le meilleur de qu’elle pouvait, au sens le plus universel. C’est quant même, selon toute vraisemblance ce qui avait sous-tendu la volonté de Ségolène Royal d’avoir ainsi préservé les enfants d’abus sexuels. Vous pouvez sans doute lui reprocher de ne pas avoir été parfaite, de ne pas avoir envisagé ces dénonciations calomnieuses, mais non d’avoir des intentions criminelles.

Ce qui me surprend dans vos textes, c’est l’absence de toute volonté constructive. Tout n’est que critique, agression et destruction. Alors qu’il y a une nécessité criante à trouver de meilleures solutions à ces difficiles problèmes. Un peu, comme si quelque chose était brisé en vous ?

Il y a néanmoins un point où nous nous rejoignons sur le fond : notre défiance à l’encontre de la justice. Vous dénoncez ses graves abus de pouvoir, vraisemblablement à juste titre. La nature humaine est malheureusement trop souvent celle de privilégier ses intérêts égoïstes, son pouvoir personnel, au détriment de la responsabilité universelle de sa fonction. Un désastreux aspect de la logique mercantilement égoïste du libéralisme. Alors, les abus peuvent devenir particulièrement abjects lorsqu’on est investi d’un pouvoir à l’encontre d’êtres sans défense et que l’on en abuse. Qu’il s’agisse d’accusés ou d’enfants.

Personnellement, je ne conçois la justice et sa logique répressive que comme un médiocre pis-aller. Je ne crois pas aux loyautés fondées sur la crainte. Je crois qu’il ne sert à rien de réprimander les humains, si ce n’est pas leur propre inetlligence qui le fait. Tout ce qu’un être humain parviendra à intérioriser comme règle par conviction personnelle, par indulgence envers les autres, par affection envers les autres, sera mille fois préférable aux contraintes. Malheureusement, nous ne sommes pas assez intelligent(e)s pour toujours agir ainsi... Alors on a édicté des règles assorties de contraintes. C’est aussi là que commence l’erreur et l’arbitraire. Vous en citez nombre d’exemples affligeants. La loi n’est égale que sur le papier. Une même procédure, une même sanction, aura des effets autrement dévastateurs si la personne concernée était en détresse émotionnelle ou si elle vient de gagner cent millions à la loterie. Sur le fronton de chaque tribunal et de chaque poste de police devrait être inscrit que la logique de contrainte n’est que le résultat de notrte incapacité à trouver de meilleure solution, mais que la porte reste ouverte à tout progrès. Que, jamais un fonctionnaire ne devrait être contraint d’agir à l’encontre de sa conscience, de ce qu’il ressent être le meilleur. C’est cette vision-là qui sous-tend ma volonté de faire progresser les choses. Mais une seule intelligence n’y suffira jamais. Une mise en réseau, une mise en commun des idés a plus de chances de faire évoluer la Justice vers moins de contraintes et plus de respect librement consenti. Ce sera bien meilleur et évitera autant d’abus de pouvoir.

Mais vous devez voir aussi que l’on ne peut rien construire avec une logique de guerre. Blesser, agresser les gens ne peut que les renfermer sur la défensive et le rejet. Toute volonté se raidit dès qu’on l’agresse. Alors, si vous voulez que votre combat ait un sens, vous devez lui donner cette chance d’aboutir. Sinon, cela restera juste une machine de guerre anti-Royal qui générera ces tristes préoccupations : comment s’en protéger ? Comment la détruire ? Alors que vous ne pouvez exclure que Ségolène Royal finisse par réussir et qu’elle aurait alors les meilleures chances de corriger cela.

Ni vous, ni moi, ni personne ne pouvons rien changer à ce qui s’est déjà passé, mais nous pouvons changer l’avenir.

Je suis convaincue que nous avons une responsabilité universelle à agir du mieux que nous pouvons. Et ce n’est pas cette logique de guerre.


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