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Commentaire de Dragoncat

sur C'est ton tour, bizut' !


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Dragoncat (---.---.246.87) 17 octobre 2006 16:10

Je suis né en 1967. A la sortie du lycée, voulant faire des études « longues » -j’envisageais trois à quatre ans - j’ai été obligé de faire une « préparation militaire ». A l’époque (préhistorique pour certains), le départ au service était obligatoire à 22 ans. Il fallait faire cette « prépa » (deux fois une semaine dans l’année) et l’obtenir (il y avait des perdants) pour pouvoir repousser son service à 25 ans.

Pour faire court, les gars qui nous encadraient ont passé quinze jours à se régaler de faire chier tous ces « fainéants d’étudiants ». Rien de physiquement dangereux mais des exercices suffisamment humiliant pour pousser quelques uns d’entre nous (moyenne d’âge 20 ans) à quitter le « stage » avant la fin en pleurant.

Pendant ces 15 jours, j’ai entendu mes camarades de jeux se plaindrent à juste titre de ces pratiques dégradantes, lamentables, honteuses etc. smiley

A la fin des 15 jours, ceux qui étaient reçus, dont j’étais (2 recalés sur 90 personnes environ) se sont vu proposé de revenir l’année suivante, pour faire partie de l’encadrement.

Pour être précis, il n’y avait ni paie ni avantage : le seul intérêt était de revenir au même endroit avec un grade minimum pour faire chier la « fournée » suivante. Et là, à ma grande surprise, j’ai vu plus de la moitié des victimes considéré cette proposition le sourire aux lèvres, visiblement tentés.

Tous ceux qui avaient passé 15 jours à morfler et à se plaindre trouvaient soudain amusant de revenir faire subir les mêmes choses à d’autres. Une anecdote qui en dit long sur la nature humaine.

Pour info, j’ai eu le bon réflexe d’envoyer se faire foutre ceux qui venaient l’oeil pétillant me proposer de perdre 15 jours de ma vie à humilier les autres.

Je ne jette pas la pierre à ceux qui subissent dans le cadre d’un bizutage scolaire. Il n’est pas toujours facile de trouver le courage de rompre avec l’attitude du groupe au risque de se faire marginaliser ensuite.

Mais pour ceux qui sont du « bon côté du manche », ce sont au choix des sadiques au petit pied qui éprouvent un sentiment de puissance à humilier les autres sans risque, ou encore, des lâches trop heureux de faire subir aux autres ce qu’ils n’ont pas eu le courage de refuser.

Pour faire court, le bizutage est dans 95% des cas (je ne dis pas 100% par prudence) une des formes les plus lamentables d’expression de la lacheté.


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