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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Présidentielles, Le Pen superstar


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 30 novembre 2006 13:56

Je diverge avec la position de l’auteur sur la question de l’attitude à avoir vis-à-vis du FN sur un point essentiel : Il semble considérer que le FN est un parti démocratique comme les autres dès lors qu’il est soutenu par 1/4 des électeurs, et qu’il n’est pas légalement interdit.

Je considère quant à moi que le FN n’a pas de légitimité démocratique telle que l’on pourrait le considérer comme un parti comme un autre, en accord en cela avec tous les autres partis politiques démocratique de la gauche et de la droite qui refusent de s’allier avec lui (et je rends hommage à J. Chirac d’avoir fait capoter toutes les tentatives en ce sens).

Je pense au contraire de l’auteur :

1) qu’aucun dialogue n’est possible avec le FN en tant que tel et ses dirigeants car leur présupposés politiques sont contradictoires avec le possibilité même d’un dialogue rationnel et démocratique (voir Habermas)

2) que toute tentative de réinsérer le FN dans le cadre du jeu démocratique ordinaire est une manière de légitimer un parti qui ne pourrait prétendre au pouvoir qu’autant qu’il pourrait s’allier avec des partis démocratiques de droite ou de gauche, lesquels ne franchiraient le pas que si ce parti n’était plus « diabolisé ». Or Il ne faut donner aucun espoir à ceux qui seraient tentés de considérer que le FN pourrait être un parti avec qui il ne serait plus scandaleux de s’allier pour gouverner.

Que le FN fasse 25% des voix ne m’effraie pas si les autres partis lui font résistance et mettent en place un cordon sanitaire solide autour de lui et c’est cette résistance qui est décisive. Je ne pense pas qu’il puisse faire plus de 50% à lui tout seul. Si c’était le cas alors nous serions au bord de la guerre civile, sauf, qu’à mon sens, il ne tiendrait pas longtemps au pouvoir dans le cadre économique européen et mondial qui est le nôtre. Mais à quel prix et avec quelles conséquences pour la situation de notre pays dans le monde et en Europe ?

Mais ce refus de dialoguer avec le FN ne signifie pas, au contraire, qu’il ne pas faille tout faire pour démonter sa propagande auprès des personnes qui seraient sensibles à sa démagogie. En effet ses discours entretiennent comme le dit justement l’auteur la xénophobie ordinaire. Mais il faut pour cela que l’on reste ferme sur le principe que le FN, compte tenu de ses positions xénophobes et révisionnistes, n’est pas et ne peut pas être un parti de dialogue.

Le danger qu’il représente sur le plan politique n’est pas qu’il obtienne une majorité mais que par une attitude laxiste à son égard on légitime ses thèses au point que les partis démocratiques puissent trouver avantage à s’allier avec lui ou doivent compter sur son appui pour gouverner et que Le FN les soutienne comme la corde soutient le pendu pour en tirer profit ; le FN est d’abord une machine à faire du fric et JMLP sait qu’il ne tiendrait pas au pouvoir plus de 3 mois dans le contexte politique intérieur et européen et ce n’est pas son but. Son but est de peser sur les forces démocratiques de droite et de gauche dans le sens de la xénophobie et du racisme culturel. Ce qui ne pourrait qu’alimenter la violence xénophobe à laquelle on vient d’assister et dont on eu un écho dans certains fils de notre site.

La question du poids du FN est d’abord une question sociale et les partis démocratiques doivent tout faire pour réduire le sentiment justifié d’insécurité personnelle et sociale qui font le lit de sa démagogie.

Je constate sans trop de surprise que certains intellectuels d’extrême gauche exaspéré par la tournure des én=vènement qui ne leur est est aussi favorable qu’ils l’espèraient, spéculent déjà sur la possibilité d’intégrer le FN dans le jeu politique pour changer la donne et se donner de bonne raison d’avancer leur éternel projet révolutionnaire. Une alliance tactique de fait entre extrême droite et extrême gauche se dessine pour mettre en échec la démocratie prétendument bourgeoise. On sait cela depuis Weimar.

Mais que diable (c’estle cas de le dire) l’UDF vient-elle faire ans cette galère ? voudrait-elle jouer le rôle du Zentrum allemand à la fin de la république de Weimar ?


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