Affaire DSK : nous ne savons rien
Nous ne connaissons encore que la version de la victime présumée.
La version de la défense ne sera connue qu’en fin de journée. Aucune
preuve n’est disponible encore : les tests d’ADN sont en cours.
Certains politiques ont parlé de complot, de manipulation.
Christine Boutin, Dominique Paillé, Jacques Attali.
Christine Boutin : « Je pense que vraisemblablement on a tendu un piège à Dominique Strauss-Kahn et qu’il y est tombé« . « ça peut venir du FMI, ça peut venir de la droite française, de la gauche française« , dit-elle.
Dominique Paillé évoque « une peau de banane » glissée sous
les chaussures du patron du FMI, dont chacun connaîtrait, selon lui,
« la vulnérabilité » par rapport aux femmes.
Jacques Attali évoque l’hypothèse d’une « manipulation » survenue dans un hôtel Sofitel qui appartient, a-t-il relevé, à une chaîne française.
Si complot il y avait, il est certain que le cadre était bien choisi :
une chaîne française (possibilité de complicité) mais aussi des faits
qui se déroulent sur le territoire américain. On ne peut rêver mieux car
la procédure accusatoire assure d’une montée en épingle rapide avec de
effets retentissants et sensationnels. Ajouter à cela la tendance d’une
certaine paresse américaine à s’outrager avec tapage des atteintes aux
bonnes moeurs. Il est évident qu’en France, l’enquête aurait fait
beaucoup moins de bruit. Elle aurait traîné en longueur et, fidèles à
leur habitude, les journalistes français auraient joué leur rôle de
perroquets du pouvoir. Ils auraient étouffé une affaire de plus.
On vient d’apprendre que la version de départ a été modifiée sur un
point important : DSK n’a pas oublié l’un de ses téléphones portables
dans la suite de l’hôtel. Ce prétexte a été utilisé par la police pour
qu’il rappelle et pour le localiser. Ce point n’a pas été corrigé
immédiatement et la version est devenue : « DSK a fui précipitamment en
oubliant son portable, preuve qu’il est sûrement coupable. » Les
partisans de la thèse d’une manipulation apprécieront…
Enfin, DSK, s’il est réputé pour son amour effréné des femmes, n’a
jamais, aux dires de ses proches, fait preuve de violence. Cela ne lui
ressemble pas.
A l’heure actuelle nous ne savons rien
Nous ne savons rien sur cette hypothèse de manipulation et rien sur
la culpabilité de DSK. On peut encore imaginer un quiproquo. L’homme
sortant nu de la douche et, vexé de voir arrivé la femme de ménage qui
ne devait pas s’y trouver, la prend à partie, la sermonne vertement.
Mais pourquoi alors l’avoir retenue contre son gré ? Pour essayer de la
calmer ? De lever le quiproquo ? Pour la sermonner à nouveau ? DSK
aurait alors fait preuve de contrainte physique pour essayer de
maîtriser la jeune femme, conscient sans doute des conséquences qui
n’allaient pas manquer de suivre en cas de scandale. Enfin, comment
peut-il y avoir quiproquo ? DSK parle un excellent anglais et la femme
de ménage, d’origine africaine, travaille depuis trois ans dans cet
hôtel. Elle parle donc certainement anglais et peut-être même le
français.
La thèse privilégiée est pour le moment celle de la victime dont la
bonne foi se présume. La femme que les médias ne cessent de désigner
sous l’appellation de « jeune femme » comme pour appuyer sur la
vulnérabilité voire l’innocence de cette mère de famille qui n’est
pourtant plus assez jeune pour se laisser tromper sur les intentions
d’un homme qui la presse à commettre de actes sexuels.
Et puis surtout, il y a cette accusation de pénétration buccale dans la salle de bain. Ici, l’ADN va parler.
Mais pour le moment, nous ne savons rien.