Pierre-Marie Batty,

Il y a une énorme différence entre franc-maçonnerie et club d’influence.

Le Siècle, tout comme ses deux ancêtres (la Fondation Saint-Simon et le Club de l’Horloge, d’ailleurs tous deux dénoncés par Mélenchon à l’époque de leur existence), est un club d’influence. Au départ lobby patronal moins caricatural que le MEDEF, il s’est mit à intégrer depuis 2003-2004 des personnalités politiques de tous bords.
Le Siècle est une organisation structurée avec pour vocation d’influencer la politique dans le sens des intérêts de ses membres (c’est-à-dire la conservation du consensus de Washington).

La franc-maçonnerie n’est pas structurée, encore moins monolithique. Il y a des milliers de loges différentes, la plupart affiliées à aucune obédience, une petite minorité affiliées à une obédience (GODF, GLNF, etc.), la plupart qui ne se mêlent pas et ne se mêleront jamais de politique, d’autres qui s’en mêlent de temps à autre et une portion absolument marginale qui y consacrent l’essentiel de leur temps, des laïques, des athées, des religieuses, des spirituelles, des anticléricales, des catholiques revendiquées, des œcuméniques, et une immense majorité qui n’ont aucune position sur la religion ou sur la spiritualité, etc., etc., etc.
La franc-maçonnerie dans son ensemble n’a pas vraiment de vocation, et les raisons sociales de chaque loge lui sont propres en même temps que très « gratuite » (parce que ça ne mange pas de pain de se déclarer favorable à la liberté, à la justice, à la paix, au progrès, au bien, et autres trucs du même acabit).

Quant à la démarche de l’engagement de Mélenchon en franc-maçonnerie, il s’agit manifestement d’une démarche spirituelle, ce qui n’est pas commun dans la franc-maçonnerie. Cela l’éloigne donc logiquement des mécaniques sociologiques souvent à l’œuvre dans les loges et surtout dans celles affiliées à l’une des deux grosses obédiences (GODF ou GLNF), à savoir luttes d’ego, petits chefs, et tutti quanti.