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Commentaire de Kookaburra

sur L'euthanasie... enfin !


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Kookaburra Kookaburra 11 mars 2012 11:33

 

Le sujet provoque des réactions émotionnelles, viscérales, avec des commentaires parfois plus agressifs que raisonnables.

L’euthanasie est une question extrêmement complexe qui nous amène au carrefour entre vie et mort, entre libre choix et croyance religieuse, entre thérapie et intervention médicale pour induire la mort  ; une question qui met mal à l’aise car elle nous confronte à la fin de notre propre vie.

A l’origine, au sens étymologique, l’euthanasie c’est la bonne mort, donc quelque chose de bien. Puis le mot a pris une connotation plutôt négative et en est venu à s’identifier exclusivement à l’euthanasie active directe avec ou sans la volonté du sujet. On pense tout de suite au fait de tuer un patient. C’est pourquoi l’expression «  aide à mourir  » est préférable.

Mais il y a trois formes d’euthanasie qu’il faut distinguer parce que l’on peut être en faveur d’une forme et contre une autre  :

L’injection mortelle – l‘euthanasie active

L’interruption du traitement de survie – l’euthanasie passive

La mise à la disposition du patient des substances nécessaires pour se suicider – l’aide au suicide.

Le problème de l’aide à mourir concerne tout le monde. La vie s’allonge et les techniques de survie se perfectionnent. Il n’y a pratiquement plus de famille qui ne soit pas tôt ou tard confrontée à la question. Le personnel soignant s’y trouve confronté aussi, car c’est maintenant surtout à l’hôpital que l’on meurt. C’est donc devenu un problème de société.

Les projets de loi sur l’aide à mourir comportent certaines conditions, entre autres les suivantes :

* Que des patients en phase terminale d’une maladie incurable sont concernés.

* Ils doivent exprimer leur désire de mourir par écrit et par demande orale répétée sur une période de temps.

* 2 médecins doivent approuver et valider la volonté du patient.

* Une instance judiciaire doit être avertit.

On comprend que l’accès à une aide à mourir impliquerait un parcours de combattant.

Quels sont les arguments contre l’aide à mourir  ?

Il y a les raisons religieuses. On trouve quelque part dans le Deutéronome  : «  C’est moi qui suis Dieu, qui donne la vie et qui le reprends.  »

Les raisons religieuses sont valables et même inattaquables, mais nous vivons dans la tradition libérale, héritée du siècle des Lumières. Nous ne pouvons pas invoquer cette tradition religieuse pour interdire l’euthanasie au niveau de la société. Il faut trouver d’autres arguments. Il y a l’argument dite de la pente savonneuse  : si l’on commence à légaliser l’euthanasie, jusqu’à où ira-t-on  ? dit-on. Le nazisme n’est pas loin  ! Mais l’argument n’est pas excellent. D’une part parce que le rôle de la loi est justement de tracer les limites à ne pas dépasser, et d’autre part parce qu’il n’a jamais été question de pratiquer une euthanasie contre la volonté des personnes. Il apparaît difficile d’interdire ce qu’on estime bon au nom de conséquences mauvaises qui restent des hypothèses. Si l’on dépénalise l’aide à mourir en certaines circonstances bien définies par la loi, on n’oblige personne à faire quoi que ce soit. On donne une liberté négative. Avec des garde-fous. Aussi chaque médecin aurait le droit de refuser une aide à mourir pour des raisons personnelles.

 


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