Jeudi 13 février 2014 :
Menaces sur les comptes bancaires, suite : vers des faillites préventives ?
Nous
avions évoqué il y a un mois dans cet article les menaces pesant sur
les comptes bancaires après les prises de position inquiétantes de
l’Union européenne, du FMI et du Comité de Bâle, l’instance chargée
d’élaborer les normes prudentielles pour les banques. Voici un nouvel
élément à verser au dossier : la déclaration de la française Danièle
Nouy, présidente du mécanisme de supervision bancaire européen (placé
sous l’autorité de la BCE), chargé d’effectuer les stress-tests
bancaires dans le courant de cette année et dont les résultats seront
annoncés en novembre.
Oui bien sûr, les stress-tests bancaires
réalisés jusqu’ici par l’Union européenne n’ont été qu’une vaste blague,
les banques irlandaises et la banque Dexia les avaient brillamment
passés peu de temps avant de se déclarer en faillite. Mais cette fois le
ton a l’air de changer. Dans une interview au Financial Times sur la
santé du système bancaire européen, Danièle Nouy affirme en effet
tranquillement : "Nous devons admettre que certaines banques n’ont pas
d’avenir". Tout simplement. Elle ajoute ensuite qu’elle ne croit pas à
des fusions de banques bien portantes avec d’autres plus fragiles, et
qu’il faudra donc procéder à la faillite organisée de ces
établissements.
Le message a le mérite d’être clair. Ces paroles
martiales indiqueraient-elles un changement de point de vue du
superviseur bancaire ? Formulons une hypothèse : les stress-tests
bancaires seraient cette fois utilisés pour détecter les banques les
plus malades et les déclarer en faillite avant même qu’elles puissent le
faire elles-mêmes et ainsi alerter les déposants et propager la
panique. D’autant que, comme nous l’avions dit, une autre personnalité
éminente (Sabine Lautenschläger, vice-présidente de la Bundesbank et
candidate au directoire de la BCE), a récemment déclaré que la zone euro
devait être capable de définir en l’espace d’un week-end un plan de
restructuration d’une banque en péril.
Ainsi, avant même que les
difficultés d’une banque soient vraiment connues et médiatisées, la
faillite serait prononcée par le superviseur bancaire, et les comptes
des déposants ponctionnés, le tout en 48 heures, conformément au nouveau
mode de règlement des crises bancaires que fait avancer l’Union
européenne. Ce serait en quelque sorte la « faillite préventive » (comme
George Busch avait ses « guerres préventives »).
Ce changement de
ton explique-t-il l’agitation qui règne en ce moment en Italie ? Comme
s’il fallait se dépêcher de régler les problèmes en interne avant que la
BCE armée de sa « supervision » ne débarque, le gouvernement et la banque
centrale italienne s’affrontent pour savoir s’il faut ou non créer une
« bad bank » de façon à soulager les banques de leurs créances douteuses.
Les
banques italiennes se trouvent en effet confrontées à une forte
augmentation de ces prêts « non performants » (149,6 milliards d’euros,
soit 9% de l’ensemble des crédits). UniCredit et Intesa Sanpaolo
étudient actuellement la possibilité de céder des créances pourries à
des fonds anglo-saxons, tandis que Montei dei Paschi cherche de l’argent
frais.
Et ailleurs ? En France plusieurs articles pointent le
manque de fonds propres du Crédit Agricole et de la Société Générale,
mais on ne signale pas de déclarations publiques pour l’instant.
En
Espagne, le gouvernement affirme ne plus avoir besoin de l’aide de
l’Europe, il est vrai que les banques espagnoles ont reçu près de 70
milliards d’euros d’aides de Madrid et 41,3 milliards d’euros par
l’intermédiaire du programme d’aide européen. Mais les créances
douteuses augmentent et la Banque d’Espagne prévoit qu’elles s’élèveront
à 15 % en 2014 avant de commencer à diminuer en 2015… Bref, nombre de
banques européennes restent fragiles, et le couperet risque de tomber
plus vite qu’on ne le pense.
https://fr.goldbroker.com/news/menaces-comptes-bancaires-suite-vers-faillites-preventives-428.html