@Layly Victor
La cuve de l’EPR est prévue pour durer cent ans. Dans cette perspective, un retard de quelques années, pour une tête de série, n’est pas la catastrophe qu’on nous annonce triomphalement.
Un problème majeur qui conditionne la durée de vie des structures d’un réacteur, et en premier lieu la cuve, est celui des contraintes sous irradiation. Pendant la durée de vie d’un réacteur, les structures sont soumises à un flux neutronique. Il faut donc étudier les modifications de la tenue mécanique dues à ce flux. Pour ce faire, on utilise des réacteurs d’irradiation, qui produisent un flux important. Il est impossible de développer une nouvelle filière si on ne dispose pas de tels réacteurs. En France, nous avons le réacteur Osiris, à Saclay, en fin de vie, et le réacteur Jules Horowitz, en construction à Cadarache, qui doit le remplacer. Le chantier a pris du retard, en partie grâce aux bons soins de l’ASN. Le CEA a donc demandé de prolonger l’activité d’Osiris, qui devait être arrêté en 2015. Le sieur Chevet a exigé, pour accepter cette prolongation, de doter Osiris d’une enceinte de confinement comparable à celle d’un réacteur de puissance, ce qui revient à le condamner, car on ne va pas faire des travaux pharaoniques pour deux ans au plus. Heureusement, le gouvernement n’a pas cédé, mais ceci montre la volonté sournoise de Chevet de tout bloquer car, sans réacteur d’irradiation, aucun développement n’est possible. Pour montrer l’irresponsabilité de cet individu, il faut savoir qu’Osiris est un des rares réacteurs dans le monde producteur de Tecnetium123m, indispensable en imagerie médicale (scintigraphies).
Concernant l’affaire de la cuve d’EPR Flamanville, on peut penser que les techniciens d’AREVA ont été convaincus que ce défaut, qu’ils avaient signalé, n’était pas rédhibitoire pour la sûreté. Il est d’ailleurs à la limite des normes. Si non, pourquoi auraient ils commis la folie de monter la cuve et de ne pas prévenir les Chinois, alors qu’ils sont sur le chantier de Taishan et travaillent en étroite collaboration ? Le fait qu’il y ait eu des notes confidentielles, c’est un fait coutumier dans toutes les industries. Quelqu’un qui ne travaille pas comme Cabanel ne peut pas imaginer que dans une industrie de pointe il y ait des protections et un certain niveau de confidentialité. Sans doute aussi que, convaincus de leur bonne appréciation de la situation, ils n’ont pas jugé utile d’ameuter les foules hystériques journalistiques et cabanéliennes.
Il est certain qu’une fois la cuve montée, un changement aurait un coup autrement plus élevé. Il est certain que, les chinois étant à la veille du démarrage de leur premier EPR, le dédommagement qu’ils peuvent demander sera énorme.
Le fourbe Chevet a attendu le moment propice pour planter son coup de poignard, de façon à faire le maximum de dégâts : aggraver les dégâts financiers, rendre le retard insupportable, discréditer les aciéristes français, discréditer les ingénieurs d’AREVA, faire perdre le maximum de marchés à AREVA qui était en train de repartir.
Et vous vous réjouissez ? Vous me dégoûtez.