@papakill
Je me suis renseigné sur les faits de 1981 à 1984 ce qui m’oblige à
revoir ce que j’ai écrit précédemment. Voilà ma version revue et
corrigée.
Je suis
d’accord pour 1983 ou 1984. Je considère comme date charnière la démission d’Alain
Savary le 12 juillet 1984. Elle sera suivie de la démission du premier ministre
Pierre Mauroy le 17 juillet 1984 ce qui marque assurément un changement d’orientation.
On considère généralement que le tournant a été amorcé dès 1983. Il s’agit
essentiellement de l’abandon des promesses et des revendications pour une
véritable réforme laïque de l’enseignement.
Mitterrand,
dès qu’il a été élu a œuvré pour sauver les avantages de la hiérarchie
catholique menacée par une forte aspiration et une promesse pour une profonde
réforme laïque de l’enseignement. Il a nommé Alain Savary Ministre de l’Education
Nationale lequel lui a fait l’affront de mettre au point dès 1982 un projet de
« grand service public laïque et unifié » de l’éducation. Alain Savary sera désormais l’homme
politique que François Mitterrand détestera le plus quoiqu’il se trouvera bientôt
concurrencer à ce grade par Michel Roccard. Mais de 1981 à 1983, François
Mitterrand ne pouvait pas encore s’affranchir de toutes les promesses et des
accords internes au PS sur lesquels il était engagé ce qui l’obligeait à devoir
supporter Alain Savary. Mais il était hors de question pour Mitterrand de faire
passer la loi Savary. Ce n’est que le 18 avril 1984 que le projet est adopté par le
Conseil des ministres et la loi est votée par l’assemblée nationale le 22 mai 1984. Pourtant
cette loi Savary était loin de reprendre les revendications du Programme Commun
de la Gauche. C’était un compromis que même l’UNAPEL et l’archevêque de Paris
jugeaient à peu près acceptable.
Mitterrand reçoit
les archiprêtres, ou autres représentants du pape, et élabore avec eux une
stratégie pour que cette loi soit enterrée. Il met l’appareil d’Etat à leur service,
en particulier la télé, pour qu’ils organisent une manifestation à Versailles le
4 mars 1984. Les journalistes de la télé ne trouveront jamais de termes assez
forts pour majorer la réalité : grande, très grande, énorme, marée
humaine, déferlement, rassemblement le plus important depuis 1944… Cela est évidemment
faux. La manifestation du 13 mai 1968 était beaucoup plus importante que celle
des versaillais et si les organisations ouvrières avaient appelé à une contre-manifestation
on aurait assisté à un raz de marée. C’est, bien évidemment ce que ne voulait
pas François Mitterrand. C’est pourquoi, dans le même temps, il s’emploie à engluer la mobilisation
populaire. Il étudie la question avec le CNAL (Comité National d’Action
Laïque). Le peuple veut sa réforme. On va l’appeler à manifester dans 7 manifestations
dispersées pour faire pâle figure en comparaison avec la manifestation unique
des versaillais. Mitterrand peut enfin sortir son arme comme il l’avait promis
aux représentants du pape. Désormais de la tête du PS jusqu’au plus petit
militant de base, ceux qui continueront à réclamer leur réforme laïque se
feront fermer le clapet avec le fameux « Mais alors ! Vous voulez la guerre
civile ». Et à ceux qui parleront à Mitterrand de ses engagements avec le
programme commun, il affichera son mépris de la démocratie en répondant
« Bof ! Ce programme, je ne l’ai jamais lu ! ». François
Mitterrand peut alors décider le 12 juillet 1984 de retirer le projet de loi.
La trahison est consumée.
Il faudra
voir quel a été le rôle des « lambertistes » de tout poil. Ils
avaient appelé à voter pour Mitterrand dès le premier tour en mettant leur
drapeau dans leur poche. Ils lui ont fourni un service d’ordre... Dans cette
période Lambert à liquider la vieille garde des trotskystes purs et durs en
commençant par Stéphane Just. Il a en même temps embauché Daniel Gluckstein
qu’il a nommé comme dauphin (Quel sens aigu de la démocratie !). Il a
fourni toute une flopée de cadres au PS qui, quant à soutenir le PS, ont jugé
que le mieux était d’y adhérer. Rentre ainsi au PS toute la direction de L’UNEFet
de la MNEF, où ils ont appris à pomper le fric des contribuables ; Jospin,
Cambadélis, Mélenchon... Pour eux commence la période du carriérisme et
l’apprentissage, sous la houlette de Mitterrand, de la fourberie, de la
manipulation, des demi-vérités, des vrais mensonges, du double langage...