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Commentaire de Soucougnan

sur Discours de Macron nous invitant sans coercition à la sobriété


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Soucougnan Soucougnan 9 octobre 2022 01:17

@Jean-Luc Picard-Bachelerie

Quand on est libéral, contrairement à ce que vous croyez cela ne concerne pas toutes les libertés individuelles

Je suis une descendante d’esclaves noirs. Si je vous dis cela, c’est parce que, même si l’esclavage peut vous sembler aujourd’hui être une affaire lointaine et révolue, pour moi, elle ne l’est pas et, du fait de la prégnance de cette tragédie dans mon histoire familiale, la défense des libertés individuelles n’est pas pour moi qu’une simple posture et le libéralisme un vain mot. 

Donc j’ai essayé de comprendre ce qui vous faisait penser que le libéralisme économique, disons le néo-libéralisme pour ne pas le confondre, menait à l’effet inverse de celui recherché. J’ai noté deux points. Le premier c’est l’asservissement à la société de consommation et le second s’appuie sur les idées d’un certain Lippmann qui n’est pas un économiste néo-libéral. C’est même un opposant au néo-libéralisme qui rejetait le laisser-faire et prônait un dirigisme détestable.

Commençons par société de consommation. Nous avons des besoins, mais parce que nous sommes tous différents, il est impossible de nous satisfaire avec des solutions uniques (la même pour tous). Et parce que la perfection n’est pas non plus humaine, il est également impossible d’imaginer une solution à quelque problème qui vaille pour toujours (donc parfaite). Or, dans une économie de marché, ces deux problèmes que sont la pluralité de nos attentes et l’impossibilité de jamais les satisfaire parfaitement, deviennent des sources de richesses pour tous ceux qui peuvent imaginer sans cesse de nouvelles solutions plus variées et innovantes. D’aucuns désigneront ça comme un asservissement à la consommation, mais pour moi, cela contribue à l’amélioration continuelle de notre qualité de vie. Est-ce un mal si le marché a suscité tous ces ordinateurs et que nous pouvons aujourd’hui communiquer ensemble ? 

Vous m’avez parlé de l’obsolescence programmée. Quand je suis arrivée à la fac j’ai mis une ampoule à économie d’énergie dans ma chambre et durant les huit années que j’ai passées là-bas, jamais elle n’a brûlée. Mais aujourd’hui les ampoules à économie d’énergie durent en Europe à peine plus longtemps que leurs cousines à incandescence. Ce qui a changé, c’est que l’UE a interdit les ampoules à incandescence. Du coup, n’ayant plus de concurrence, les fabricants ont cessé de faire des ampoules qui durent. S’immiscer dans les subtils équilibres du marché est l’erreur à l’origine de tous les problèmes. Si les choses tournent mal et que vous en cherchez la raison, elle est là.

Alors vous évoquiez le cas de Lippmann. Et comment que je suis en désaccord avec lui ! Il est l’opposé de ce que je défends. Son dirigisme me révulse. Mais pourquoi diable l’associez-vous à moi qui suis libérale ? Si je ne veux m’en remettre qu’au marché, c’est parce que le marché ce n’est personne. Le marché c’est vous, c’est moi, c’est nous tous qui, par notre jeu économique, écrivons un destin que personne en particulier n’a choisi pour les autres. Car c’est ça qui est important pour la femme imprégnée du désir de liberté que je suis. Je ne veux être l’esclave de personne. Ça peut paraître puéril mais c’est hyper important pour moi ! Vous comprenez ? Et le marché, il n’est personne ! Alors je ne veux que marché pour seul maître. Et je défends TOUTES mes libertés (et les vôtres), non seulement publiques, mais également économiques, car c’est l’unique façon de permettre que notre travail serve à l’amélioration continuelle de la condition humaine.


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