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Commentaire de Soucougnan

sur Discours de Macron nous invitant sans coercition à la sobriété


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Soucougnan Soucougnan 10 octobre 2022 02:34

@Jean-Luc Picard-Bachelerie

Votre ignorance transpire à chaque ligne.


Donc vous ne pouvez pas m’expliquez pourquoi le laisser-faire, tel que le porte par exemple les libéraux de la nouvelle école classique (qui n’existe pas bien sûr) ne peut pas fonctionner. Cependant, je vais quant à moi vous expliquer pourquoi vos espoirs de remplacer le capitalisme sont vains et au passage pourquoi le communisme ne pouvait pas fonctionner. Car il est important de comprendre que le communisme n’est pas en échec parce qu’il a failli en URSS, mais parce que le modèle communiste est confronté à des obstacles théoriques insurmontables.

Pour qu’une société vive, il est nécessaire d’amener des humains à coopérer et donc à travailler ensemble dans l’intérêt d’autres humains ceci afin de servir les intérêts du groupe. Sans cela, nous serions comme des lions solitaires à ne servir que nos propres intérêts. Seulement voilà, se pose alors le problème du moteur de l’activité humaine et j’entends par là, sa motivation. Car il n’y en a que deux possible. L’égoïsme et l’altruisme. Le moteur égoïste peut être sollicité de deux façons. Soit vous agissez dans l’espoir d’un gain, soit pour vous épargner un dommage. Le moteur altruiste marche à la générosité et il y a de multiples façons de la solliciter, je ne vais pas entrer dans les détails. Très vite et de façon empirique, les humains ont su cerner l’existence de ces moteurs et les mettre en œuvre dans la société esclavagiste. Mais il est aussi très vite apparu que le moteur altruiste était nettement moins performant que le moteur égoïste. L’on pouvait choisir d’utiliser la carotte ou le bâton, le moteur égoïste donnait de bons résultats. Le moteur altruiste, en revanche, c’était moins évident.

Mais avec la société capitaliste, l’humanité réussit à amener des individus à travailler pour autrui sans utiliser le bâton et en s’appuyant pourtant sur l’égoïsme. Adam Smith expliqua cela par une image. Un artisan ne fait pas du bon travail par amour d’autrui, mais par amour de lui-même. Autrement dit, le boulanger fera du bon pain parce que sinon, ses clients iront voir ailleurs et lui n’aura plus d’argent. Il ne travaille pas parce qu’il aime ses clients mais parce qu’il s’aime lui-même. Cela suppose une concurrence loyale et libre et, comme je vous l’ai déjà expliqué, tout problème devenant une source de profit pour quiconque lui trouve une solution monnayable, les problèmes d’autrui deviennent des sources de richesses qui suscitent l’appât du gain. Et spontanément, dans la société capitaliste des individus travaillent à satisfaire les problèmes du groupe, cela pourtant, dans un but égoïste. 

Les économistes marxistes pour toutes les raisons que vous devez connaître vont à l’inverse, s’employer à éteindre le moteur égoïste ceci par divers moyens, société égalitaire, disparition de la propriété privée, collectivisation des moyens de production etc. Ils pensaient que l’humain, placé dans un cadre de vie qui n’incite pas l’individu à l’exploitation de ses semblables dans la quête du profit, s’habituerait spontanément à un comportement altruiste. Sauf que très vite, dans la Russie de Lénine, les communistes se heurtent au mur de la nature humaine. Non, le moteur altruiste restait désespérément poussif. C’est Staline qui a résolu le problème. Solution évidente, il a simplement ressorti le bâton (sans nous le dire) et ainsi remis le moteur égoïste en marche. L’astuce a très bien fonctionné jusque dans les années 80 où il a bien fallu se rendre à l’évidence que même comme ça, le modèle capitaliste restait nettement plus performant pour susciter de l’activité. Forcément difficile dans une économie planifiée par un petit groupe d’individus d’égaler le travail de centaines de millions d’autres pour trouver et vendre des solutions aux problèmes de leurs semblables. Sans compter que finalement le bâton c’est nettement moins inspirant que la carotte. Et c’est monsieur Gorbatchev qui va faire comprendre à toute la planète économique où se situait exactement le problème. Car M. Gorbatchev a jeté au feu le bâton de Staline. Et là l’économie russe qui était déjà en crise s’est arrêtée net. Tout le monde a alors pu voir l’obstacle insurmontable qui se dressait sur le chemin de toute doctrine visant à organiser le travail des humains autrement qu’à la façon capitaliste.

Car il n’existe aucun moyen de faire travailler les humains sans utiliser le moteur égoïste. L’égoïsme humain érige des empires, l’altruisme peine à offrir une soupe aux sans abri. Tout modèle économique qui tenterait de se passer de l’égoïsme déboucherait forcément sur une économie de pénuries. Vos espoirs de remplacer le capitalisme et les processus que je vous ai décrit, lesquels conduisent l’humain par appât du gain à s’efforcer de constamment trouver des solutions monnayables aux problèmes de leurs semblables, sont éternellement voués à l’échec, car ils buttent sur le mur insurmontable de la nature humaine.

Donc, vous vous imaginez que le laisser-faire est mort en 1929. Sachez que c’est une récurrence dans les démocraties que de systématiquement replonger dans l’interventionnisme pour une raison ou une autre. Le résultat au final est toujours le même. Cela débouche sur une crise et suscite un retour de bâton qui ramène les libéraux à leurs fondamentaux. Or là voyez-vous pour des prétextes écologiques nous avons abusé d’interventionnisme et la crise est à nos portes. Et comme vous n’avez pas de modèle alternatif à proposer et que vous n’en aurez jamais, devinez qui va se repointer ? Si vous croyez que les appels à la dérégulation du marché appartiennent définitivement au passé, vous allez avoir une belle surprise... smiley


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