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Commentaire de Jean Dugenêt

sur La Grande Terreur en URSS


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 29 novembre 2022 11:56

@Mozart
Bonjour,
Merci encore de faire vos remarques pertinentes. Je commence par ce qui semble le moins important. Vous avez raison de dire :

"Or, le cocufiage montre nettement le mépris que l’on a de sa compagne ou compagnon. On ment pour ne pas affronter le véritable dialogue."

Le mot « mépris » est sans doute fort mais je dirais volontiers « manque de respect ». Je vous invite à écouter ( et peut-être savourer) la chanson « Pénélope » de Brassens.

« Toi l’épouse modèle
Le grillon du foyer
Toi qui n’a point d’accroc
Dans ta robe de mariée
Toi l’intraitable Pénélope

En suivant ton petit
Bonhomme de bonheur
Ne berces tu jamais
En tout bien tout honneur
De jolies pensées interlopes (bis) »

(...)

« N’as tu jamais en rêve
Au ciel d’un autre lit
Compté de nouvelles étoiles (bis) »

Qui n’a pas au moins, de temps en temps, le désir de faire un écart (Un « grand écart » dirait Brassens) ? Je considère le fait que Trotsky (que j’apprécie) ou Hollande (que je méprise) passe aux actes comme des faiblesses compréhensibles.

Passons à l’essentiel. Vous écrivez :

"Non, mon discours pour ce qui est de l’Histoire est une juste observation. J’ai pris quelques exemples récents, mais on pourrait en tirer une règle quasi générale.« 

Votre discours est une juste observation mais rien ne permet d’en tirer une règle générale ni même »quasi générale« . Cela revient à postuler l’inutilité de se rebeller contre l’ordre établi. Cela revient à condamner les révoltes des esclaves, des peuples colonisés, des serfs... A ce compte, il aurait fallu rester à l’esclavage le plus brutal de l’antiquité.

C’est effectivement l’ABC du marxisme de considérer le capitalisme comme la dernière forme d’exploitation de l’homme par l’homme. A partir de là, les rapports de production du capitalisme, comme pour les autres modes d’exploitation antérieurs, a pendant un temps permis un énorme développement des forces productives. Mais, il y a longtemps que ce mode d’exploitation a atteint son maximum. Les forces productives de l’humanité ont cessé de croître dans le cadre du capitalisme. Il faut maintenant passer à un mode d’organisation supérieure. La »fourmilière" ne fonctionne plus selon des règles assurant sa survie. Elle court, collectivement, à sa perte. Cela a été expliqué par Marx alors que le capitalisme était encore dans sa phase ascendante. Plus tard, Rosa Luxembourg a exprimé la même idée en disant que nous sommes face à l’alternative : socialisme ou barbarie.

"J’ai lu le Staline de Jean-Jacques Marie et il montre bien la médiocrité du personnage. Cela rend d’autant moins justice à Trotsky de montrer qu’il a été vaincu par un médiocre."

Vous dîtes là encore des choses justes mais la question des jugements que l’on peut porter sur les personnages est très secondaire. Il s’agissait de bien autre chose que de la lutte entre deux personnes. Il s’agissait soit de poursuivre la lutte pour le socialisme soit de capituler devant les capitalistes en abandonnant cette perspective pour mettre en place un appareil de bureaucrates privilégiés ce qui ne pouvait aboutir qu’à une dictature.

A partir de là, je peux faire un copier/coller d’une partie de ce que je viens d’écrire pour Martin :

===========

A partir du moment où Staline a été celui qui a mis fin à la lutte de la IIIème internationale pour le socialisme, il s’est rangé du côté de l’ordre capitaliste tout en maintenant certaines conquêtes ouvrières comme l’expropriation du capital. C’était donc déjà une première victoire du capitalisme. A partir de ce moment, l’URSS s’est trouvée devant une alternative :
— soit les peuples par des révolutions politiques chassaient les bureaucraties staliniennes pour reprendre la lutte pour le socialisme ;
— soit la bureaucratie restaurait le capitalisme pour asseoir ses privilèges sur la propriété des moyens de production.

C’est la deuxième solution qui a mis fin aux dernières conquêtes ouvrières de l’URSS, 75 ans après la révolution russe. Le capitalisme a alors remporté sa deuxième victoire dans cette région du monde. Pendant un moment, la Russie de Poutine s’est trouvée proche de faire un bloc uni avec les autres capitalistes. L’adhésion à l’OTAN a même été envisagée. Mais, le capitalisme porte aussi en lui la lutte impérialiste entre les grandes puissances pour dominer le monde. Une unité d’une vaste Europe capitaliste (de la pointe de la Bretagne jusqu’à l’Oural) viendrait mettre en péril la domination américaine sur le monde. Les guerres intraeuropéennes sont indispensables pour assurer la domination des USA. Comme toujours, ce sont en apparence des heurts sur des questions de nationalités qui justifient ces guerres, mais elles sont bien le produit du capitalisme. Les luttes inter-impérialistes sont une composante du capitalisme. C’est, comme disait Lénine : « l’ère des guerres et des révolutions ».

==========

Je vous laisse ensuite à vos réflexions sur le nécessaire réalisme : « Pour ce qui est de l’épanouissement humain, il y aura toujours besoin de construire des automobiles, des chaussures... »

Les progrès actuels des sciences et des techniques permettraient que tout cela soit fait par des robots... Et il est impossible de se projeter sur ce que serait l’avenir de l’humanité ayant dépassé le stade du capitalisme. Nous pouvons par contre avoir une vision très réaliste de ce que pourrait être la barbarie finale vers laquelle le capitalisme nous entraîne.


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