AUX CIMETIÈRES MARINS
Par XAVIER GRALL
Publié le 10 novembre 1975
AUX premières heures frileuses de novembre, où allez-vous veuves de Trégunc, de Lanriec, de Névez, de Trévignon ? À quel impossible rendez-vous sous les ifs ?
Vos maris ne sont plus là. Jeunes femmes, vos amants ne reviendront plus.
Elles ont cependant fleuri les tombes, mieux que partout ailleurs, sous des brassées de bruyères et de chrysanthèmes. Ça fait un mois qu’on y pense dans les maisons sans homme. Une sorte d’émulation a suscité des enchères secrètes dans la fidélité au souvenir des péris. Antigones aux durs yeux bleus, femmes d’orgueil farouche, elles ont brossé les croix, chaulé les pierres, ratissé les caveaux. On tient son rang dans cette étrange confrérie du veuvage ! Il ne sera pas dit que la veuve Burel oublie Jean-Marie disparu au large du Connémara. Il ne sera pas chuchoté que Marceline Sellin se moque de son homme perdu avec son chalutier dans l’archipel de Glénan. Et les veuves font de miraculeux printemps au lieu funèbre des sépultures.
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