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En réponse à :


C'est Nabum C’est Nabum 28 mai 2013 14:57

jno


Donner sa langue au chat.

xQuestion de confiance.



Qu’elle soit de vipère ou de belle-mère, pendue ou bien échevelée, la langue qui sèche, qui ne trouve pas la réponse doit être abandonnée au félin domestique. Il en faut une dose de confiance pour confier un bien si précieux à cet affreux greffier capable de sournoiserie comme de fourberie.


J’ai commis l’imprudence d’agir ainsi, de me tirer la langue de dessous le nez pour avouer mon ignorance. Le matou s’empressa d’y mettre un coup de griffe, pour partir avec ce qu’il pensait avoir gagné. Je voulus garder ma langue et ne pouvant la mettre dans ma poche, je la remis aussitôt au fond de ma bouche. Hélas, l’animal m’avait vilainement blessé. La douleur était vive, je ne savais où me mettre, un trou de souris eût parfaitement fait l’affaire mais le chat n’y tenait pas !


Je gardai ma langue quoique bien sanguinolente, on eût pu la prendre pour une langue de bœuf. Je me jurai de ne plus jamais la confier à un animal, fût-il matois et capable de faire patte de velours. Et là stupeur, j’avais une griffe fichée au bout de mon appendice buccal. Que faire pour m’en défaire ?


Je tournai sept fois l’organe douloureux dans ma bouche, je refis la manœuvre dans l’autre sens plus vivement encore. Il fallait agir vite, je sentais ma langue défaillir, elle était fort mal en point, bientôt elle serait morte si je ne trouvais pas de solution. Le temps pressait, la langue était en feu.


Normal me direz-vous pour quelqu’un qui use plus que de raison de la langue de bois. Le tirage étant favorable, le feu prit à une vitesse qui me surprit et effraya le chat qui se sauva sans demander son reste ni sa griffe manquante.


Passa à portée de main, une langue qui fourchait. Elle s’empressa de jeter sur le brasier deux ou trois fourches de son sable pour éteindre l’incendie. Je l’avais échappé belle, le calme revint avec cette chaude alerte. Je voulus faire plus ample connaissance avec ma bienfaitrice.


Mais qui êtes-vous noble dame ? Je suis une langue de chez-nous, vigie chargée de surveiller les dérapages verbaux, les fautes de prononciation et les cheveux qui s’incrustent. J’avoue que jusqu’alors, un cas comme le vôtre, jamais je n’avais eu. Mais je m’en suis sortie à merveille, demain, tout le village en fera des gorges chaudes !


Je voulus pousser plus avant cette relation qui débutait sous un jour favorable. Mêler nos langues était mon but ultime mais la dame s’empressa de me tancer sans ménagement. Vous vous méprenez jeune homme (je sais que l’adjectif est usurpé mais il me plait de l’employer ici, vous n’allez pas faire les mauvaises langues), vous n’avez pas face à vous une dame qui se donne au plus offrant, ma langue est maternelle, nullement péripatéticienne !


Je la vis partir, fière et hautaine, sottement, je restai là, la langue pendante et le cœur en émoi. Quand soudain une quinte de toux me permit de reprendre mes esprits. Hélas le mal se répéta, je compris ce qui se passait : « J’avais un chat dans la gorge ! »


Échaudé par l’expérience précédente, je pris grande précaution pour me débarrasser de celui-ci. Je ne lui confiai rien de moi et me gardai bien d’écouter la devinette qu’il voulut me poser.


Vous qui avez écouté cette histoire, prenez garde de ne jamais prendre au pied de la lettre ces expressions étranges, notre belle langue française doit rester vivante, il vous appartient de ne pas la mettre en péril !


Lingualement vôtre.


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