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Kiosk Kiosk 26 janvier 2014 22:31

La liberté d’expression ne peut pas être conditionnée par la valeur de vérité (vrai/faux) des assertions.

Ce n’est pas de cela que je parle en disant que la liberté d’expression est intrinsèquement limitée. Vous ne pouvez pas exprimer ce que vous êtes incapable de penser. Cette incapacité peut être d’origine biologique ou physique (par exemple impossibilité de percevoir d’autres dimensions que les 3 dimensions de l’espace perceptibles par nos sens) ou d’origine culturelle (ce qui dépend de l’état des connaissances à une époque donnée).

Ceci dit, la valeur d’une assertion dépend de la valeur de son argumentaire et peut être confrontée à ce qui est démontré à un moment donné de la connaissance scientifique. Si donc vous faites l’apologie d’un phénomène propre à créer un grave désordre en vous appuyant sur un argumentaire que la science infirme catégoriquement ou que vous ne pouvez nullement prouver scientifiquement, il sera tout à fait envisageable de vous sanctionner pour cela. C’est le cas avec la notion de races humaines, notamment.

S’agissant de la notion de race, le meilleur livre que j’ai lu sur le sujet est celui du biologiste Bertrand Jordan, L’Humanité au pluriel : La génétique et la question des races (en voici une note de lecture).

J’ai la chance d’être bien plus compétent en biologie qu’en philosophie, aussi ai-je lu avec intérêt le texte auquel vous renvoyez. S’il ne m’apprend rien sur le sujet des prétendues races humaines (dans sa version résumée du moins), il me permet de constater avec grand plaisir que mon idée fait peu à peu son chemin.

Exprimée dans mes propres termes, il s’agit de la notion de « lignées parentales ». Ce que l’étude de nos gênes permet de connaître, ce n’est pas la « race » à laquelle nous appartiendrions ni celle de nos ancêtres, mais uniquement de quelles familles nous descendons. La notion de race bloque lamentablement dès qu’un ancêtre d’une prétendue autre « race » apparaît dans la généalogie, au point que cet ancêtre est évacué, ou au contraire sottement priorisé. Exemples : si vous avez la peau blanche et qu’au 16e siècle un facteur dit « noir » s’est inséré dans votre ascendance, vous êtes étiqueté « blanc ». Mais si ce facteur est votre père, alors vous êtes catalogué « noir », parce qu’un métis, du moment qu’il a la peau foncée, c’est forcément un « noir » aux yeux des racistes.

(Le métissage a lui seul suffit à détruire l’idée de races : un métis n’est d’aucune race, par définition. Or, le métissage est permanent depuis 200 000 ans. La seule pureté d’une race ne pourrait donc être que celle de son caractère utopique. Désolé de faire court sur les brassages entre populations depuis les origines de l’homme, ce n’est pas le sujet ici.)

Les gens d’une même famille présentent entre eux des ressemblances, physiques et génétiques (y compris du côté des tares ou des avantages génétiques). Passées quelques générations, il est plus judicieux de parler de clans, mais les ressemblances sont toujours là, plus diversifiées toutefois puisque davantage d’individus y contribuent. C’est ainsi qu’une maladie peut être plus fréquente dans un clan que dans un autre, sans qu’il soit utile d’introduire une sotte idée de races. Les Bretons sont par exemple plus fréquemment touchés par la luxation congénitale de la hanche que leurs voisins qui leur ressemblent pourtant beaucoup mais qui appartiennent majoritairement à d’autres lignées parentales (plus on remonte dans le temps, et plus les lignées s’entrecroisent. Reste à savoir à quel moment la défaut génétique est apparu.) Bref, avoir la peau claire ou sombre, c’est une histoire de parenté, pas de « race » ; on ressemble à sa famille, quoi de plus normal ?.

Un petit aparté : les armes et médicaments raciaux ! Ils n’ont évidemment rien à voir avec l’existence de « races », mais tout à voir avec les lignées parentales. C’est parce qu’au sein d’une même lignée on trouve statistiquement plus souvent la séquence génétique ciblée qu’ils peuvent avoir un semblant d’efficacité, pas parce que cette cible serait spécifique à une prétendue « race ». En fait, pour trouver des « races » disjointes (étiquetages sans ambiguïtés), il faudrait multiplier considérablement les critères spécifiques (qui resteraient toutefois largement subjectifs), avec pour résultat que l’on déterminerait non pas 3 ou 4 races mais bien entre plusieurs milliers (fourchette basse) et plusieurs milliards (fourchette haute). Encore ne faudrait-il pas s’amuser à modifier quelques critères, car nous définirions alors d’autres races, ne recoupant pas correctement les précédentes.

Le document parle d’égalité. Moi pas. L’égalité des droits existe dans la mesure où les hommes la décident et tentent de l’imposer. L’égalité physique est évidemment une belle ânerie. Toutefois, ce serait aussi une ânerie que prétendre en déduire une hiérarchie. Être différents ne signifie pas être supérieurs ou inférieurs. Ce sont les circonstances qui peuvent faire d’une différence un avantage ou un handicap. Ou les critères que l’on retient à l’instant t. Les hommes sont en général plus forts que les femmes ? Oui, mais les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. Elle est où la supériorité ?



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