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Xavier Lainé (---.---.193.49) 1er décembre 2006 05:29

« Quand quelqu’un vient me demander conseil sur un des points les plus importants de sa vie, par exemple sur la possession de richesses ou le soin à donner au corps et à l’âme ; si sa vie de tous les jours me semble avoir pris une certaine tournure ou s’il parait être d’accord pour obéïr à mes conseils sur ce pourquoi il me consulte, je met tout mon zèle à le conseiller et je ne m’arrête qu’après m’être religieusement acquitté de ma tâche. Mais si quelqu’un s’abstient de me demander tout conseil, ou s’il est clair qu’en aucune façon il ne suivra mes conseils, je ne vais pas, sans y avoir été convié, aller trouver cet homme pour lui donner des conseils et le contraindre, fut-il mon propre fils. » Platon, Lettre VII.

On peut toujours tout condamner, observer que de notre temps c’était mieux, ou pire. On peut envoyer les vieilles barbes se faire voir chez les grecs ou ailleurs. On peut croire son cerveau indemne, même si nous pète à la figure le cynisme d’un responsable de TF1 qui clamait haut et fort rendre des cerveaux disponibles (pour la consommation s’entend). On peut, parcequ’on a un peu lu croire être en mesure de donner des leçons. On peut toujours croire qu’avec nos mots on pourrait ramener l’humanité à un peu de bon sens qui la conforte dans son humanité...

Un jour, mon fils entre, alors qu’il était encore sur les bancs de l’éducation nationale, dans mon bureau : « Mais que fais-tu de tout ces livres ? » me dit-il. « Mais c’est que, vois-tu, derrière chaque livre rangé ici, il y en a encore des dizaines que je n’ai pas lu et qui mériteraient d’entrer dans mon panthéon personnel ». Il ne savait pas ce qu’était le panthéon, m’a jeté un regard incrédule et s’en est retourné. Fidèle à Platon, je n’ai jamais essayé de le convaincre qu’il se trompait.

La société est ce que nous en faisons. Quand l’ignorance et la médiocrité triomphe, il ne faut pas s’étonner que le monde aille comme il va : à chacun de faire le ménage devant sa porte. Et si par hasard, quelqu’un a besoin d’un conseil, et qu’il soit prêt à l’entendre, l’expérience des uns peut toujours être utile aux autres. C’est ce qu’on appelle tisser du lien, transmettre des compétences. C’est cette aptitude à tisser du lien qui a (en partie) fait que l’humanité a pu survivre jusqu’ici. Il semblerait que nous soyons bien décidés à défaire ce que des millénaires de vie, parfois âpre et difficile, ont pu construire, au nom d’un futur radieux promis par la science réduite à la technologie. Libre à nous, mais si je considère que cette idéologie est suicidaire, m’en voudrez-vous si je demande à ne pas faire partie du voyage ?


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